Esthéticiennes : pourquoi transmettre votre savoir-faire à d’autres professionnelles ?
C’est une idée qui séduit de plus en plus d’esthéticiennes : partager leurs connaissances, leur parcours, leur vision, pour aider d’autres pros à se développer. Et je ne vous parle pas d’enseigner une nouvelle technique de massage ou de soins visage. Cela existe déjà, et avec talent, dans notre secteur. Je parle de guider des collègues esthéticiennes dans leur développement professionnel, leur stratégie, leur posture de cheffe d’entreprise. Et après tout, qui mieux qu’une praticienne expérimentée pour parler aux nouvelles générations ?
Pourquoi transmettre ses compétences renforce la profession d’esthéticienne
Plutôt que de craindre la concurrence, envisagez la transmission comme un moyen d’amplifier votre impact. Car partager votre savoir, ce n’est pas “perdre un avantage”. C’est contribuer activement à la professionnalisation du métier, à la montée en compétences, à la fierté collective de ce que vous faites au quotidien.
Partagez, inspirez
Former, c’est aussi semer autour de vous une manière de faire, de penser, d’exercer… Et ce rayonnement, personne ne peut vous l’enlever. Il ne s’agit pas de “former des rivales”. Il s’agit de faire grandir un secteur, d’y apporter votre voix, votre vision, votre rigueur. Et de transmettre sans s’effacer.
Et puis, n’oublions pas une chose essentielle : “Il y a souvent plus d’idées, plus d’impact, plus de croissance, dans deux cerveaux qui se nourrissent mutuellement… que dans un seul qui s’isole”.
Un conseil partagé peut inspirer une autre, qui va l’adapter, l’amplifier, le faire rayonner différemment. C’est ainsi que l’on construit une profession forte : par la co-création, par la diversité, par l’échange.
Attention : le coaching, ce n’est pas juste raconter votre parcours
Informer vos clientes sur les bons gestes, c’est déjà une étape. Former des pros, c’est un autre métier. Aujourd’hui, le mot “coaching” est souvent utilisé à tort. On pense qu’il suffit d’avoir “réussi” pour pouvoir guider les autres. Mais accompagner une professionnelle, ce n’est pas raconter votre propre histoire, c’est l’aider à écrire la sienne, en l’accompagnant avec méthode et justesse.
Accompagner une esthéticienne, c’est :
- l’écouter sans projeter votre propre parcours,
- l’aider à clarifier ses objectifs à elle,
- l’encourager, tout en posant un cadre structurant,
- savoir faire passer des messages… même inconfortables,
- vous adapter à sa personnalité, à son rythme, à sa manière de fonctionner.
Respecter le rythme et les freins de la personne accompagnée
Et surtout, ne tombez pas dans les slogans tout faits : “Il faut sortir de ta zone de confort, ma belle, sinon tu n’y arriveras pas !”.
Perso, je l’ai tellement entendu à l’époque où je faisais du marketing de réseau… que j’en faisais presque une allergie. Mais sortir de sa zone de confort, ça veut dire quoi concrètement ?
Transmettre à vos consœurs, c’est contribuer à la montée en compétences
Ignorer mon fonctionnement d’introvertie ?
Franchement, ce type de discours, même bienveillant, peut devenir violent s’il ne tient pas compte de la personne, de son rythme, de son histoire. Car oui, j’ai évolué. Mais je ne suis pas “sortie de ma zone de confort” parce qu’il le fallait. Je l’ai fait parce que j’ai identifié mes blocages, je les ai apprivoisés.
Coaching : comment aider sans minimiser les blocages émotionnels
Il faut passer à l’action, oui. On doit dire à une personne : “Allez, bouge-toi” si elle reste dans l’inertie. Mais lui balancer un “Sors de ta zone de confort,” sans avoir pris le temps de comprendre les blocages en jeu, peut la désorienter et la décourager : “Je suis nulle. Même pas capable de me secouer. Je n’y arriverai jamais”. Parce qu’on ne pousse pas quelqu’un à traverser ses peurs en niant qu’elles existent.
Ce qui aide vraiment, c’est d’abord d’écouter. D’identifier ce qui freine. De montrer que ces peurs ne sont pas des fatalités. Et ensuite, seulement ensuite, d’encourager un mouvement, mais qui respecte la personne.
Trouver la juste posture entre bienveillance et exigence
La personne coachée a juste besoin d’être comprise, respectée… et guidée. Elle n’a pas à changer en profondeur pour vous ressembler. C’est au coach d’adapter sa posture, son langage, sa stratégie, pour accompagner sans écraser, pour faire progresser sans projeter. Alors oui, les coups de pied aux fesses, parfois ça aide. Mais à condition qu’ils fassent des paillettes. Pas des bleus.
Aussi, quand on choisit de pratiquer le coaching sérieusement, on découvre vite que structurer un plan d’actions ne suffit pas. Il faut également savoir naviguer à travers les blocages que l’autre ne voit pas toujours.
Accompagner le développement pro sans empiéter sur le perso
Et certains blocages sont parfois tellement enracinés, qu’il faut du recul, de l’écoute, et des outils spécifiques Alors, sachez que faire du coaching business implique forcément une part de développement personnel. Mais attention : ce n’est pas parce vous vous êtes libérée vous-même que vous êtes prête à libérer les autres. Chaque personne est unique. Ce qui vous a aidée peut freiner quelqu’un d’autre. Et vouloir “aider à votre manière”, sans adaptation, peut faire plus de mal que de bien.
Coach business : connaître ses limites face à la souffrance psychologique
En tant que coach, et surtout coach business, il est fondamental de connaître la limite de votre rôle.
Un coach n’est pas un psy. Un coach aide à clarifier des objectifs, à lever des freins, à mettre en place des actions concrètes. Mais il ne “soigne” pas. Il ne creuse pas les blessures passées. Il ne pose pas de diagnostic.
Attention, vous n’êtes pas psy…
Lorsqu’une personne est en souffrance psychologique, en dépression ou face à un trauma non résolu, ce n’est pas à vous d’intervenir. C’est le rôle d’un professionnel de santé mentale. Et il est de votre devoir d’orienter, si nécessaire.
Et même dans le cadre du coaching business, où les émotions sont très présentes (notamment autour de l’argent, de la confiance, ou du syndrome de l’imposteur), votre mission reste d’accompagner l’action, de structurer les étapes, d’éclairer les zones floues, pas de “réparer” l’histoire de la personne. Respecter cette frontière, c’est aussi respecter vos limites… et celles de vos clientes.
Coaching esthétique : l’importance de se former sérieusement
On pourrait croire que pour accompagner les autres, il suffit d’avoir traversé soi-même quelques tempêtes. Et c’est vrai : l’expérience de vie est un socle puissant. Mais ce sont vos clés, vos chemins. Et il y a un monde entre avoir trouvé sa voie… et aider quelqu’un à tracer la sienne.
L’expérience en management : un socle précieux pour devenir coach
Certaines esthéticiennes ont exercé un autre métier avant de travailler dans la beauté. Et parfois, cet autre métier vous a formée bien plus que vous ne l’imaginez.
Je ne me suis pas improvisée coach
Dans mon cas, je ne me suis pas improvisée coach business du jour au lendemain. J’ai été manager en relation client pendant plus de sept ans. Et en gestion de l’humain… croyez-moi, on se pose là. Il fallait à la fois gérer des appels conflictuels, calmer une cliente mécontente, la fidéliser malgré tout…et, en parallèle, accompagner la conseillère qui venait de se faire malmener : l’aider à prendre du recul, à comprendre ce qui avait cloché, à progresser sans perdre confiance.
L’expérience de ma vie m’a servie. J’ai moi-même été très mal managée. Alors, j’ai simplement appliqué ce que j’aurais aimé recevoir… dans un premier temps. Mais ça ne suffisait pas, surtout quand il a fallu faire la même chose en plein PSE, avec la consigne de garder tout le monde à bord, et motivé, alors que le bateau coulait. Ce sont les formations que j’ai reçues en plus qui m’ont permis d’y parvenir.
Se former aux outils de leadership et de communication
J’ai alors eu la chance de recevoir une formation à l’accompagnement au changement, dispensée par l’organisme Dale Carnegie, l’un des pionniers mondiaux du développement personnel et du leadership relationnel.
Pour celles qui ne le connaissent pas : Dale Carnegie est l’auteur du best-seller “Comment se faire des amis”, et ses programmes aident à développer la communication bienveillante, l’impact personnel et la gestion des conflits, autant d’outils précieux pour tout accompagnant. J’ai aussi été formée à la conduite de réunion, à la gestion de recadrage, à la fixation d’objectifs, et aux leviers de motivation pour faire grandir les personnes sans les brusquer. C’est tout cela, aujourd’hui, qui me permet d’emmener des esthéticiennes là où elles veulent aller, dans mes coachings.
Mon conseil
Et si je peux vous transmettre une chose de cette expérience, c’est celle-ci : prenez un moment pour repenser à votre propre parcours. Quels managers vous ont inspirée ? Lesquels vous ont découragée ? Reproduisez ce que vous avez aimé recevoir. Prenez le contre-pied de ce que vous avez subi. Ajoutez-y une pincée de formation, pour structurer ce que vous ressentez déjà intuitivement… Et vous aurez, sans doute, l’un des meilleurs socles pour devenir un bon coach.
Les écoles spécialisées (pour aller plus loin ou si vous partez de zéro)
Et si, après ce petit retour sur votre parcours, vous sentez que vous avez envie d’aller plus loin, sachez qu’il existe aujourd’hui des cursus sérieux pour professionnaliser votre posture d’accompagnante.
Les formations certifiées par l’ICF (International Coach Federation), par exemple, offrent un cadre structurant Ces écoles vous donnent :
- une vraie méthodologie d’accompagnement,
- une éthique du métier,
- et une posture claire à tenir face à vos futures coachées.
Si vous n’avez pas eu la chance de recevoir ce type d’apports en entreprise, c’est une excellente porte d’entrée pour sécuriser votre pratique dès le départ. À noter que ces cursus débutent autour de 6 000 €, mais sont particulièrement adaptés si vous partez sans bagage d’accompagnement préalable.
Des compétences clés à développer avant tout
Que vous choisissiez d’apprendre sur le terrain, via votre parcours, ou de suivre une formation structurée, certaines compétences restent essentielles pour accompagner durablement :
Andragogie
Former des adultes, ce n’est pas former des élèves. Les esthéticiennes qui vous écouteront auront déjà leur vécu, leurs croyances, leurs façons de faire. Votre rôle ne sera pas de tout déconstruire, mais de créer un cadre d’apprentissage respectueux et stimulant, qui leur donne envie d’essayer autrement.
Cela demande de savoir poser des questions, reformuler, proposer des exercices concrets… et surtout ne pas infantiliser.
Gestion de groupe (même en ligne)
Vous pourriez être amenée à gérer du coaching de groupe. Animer une telle séance, ce n’est pas juste “diffuser du contenu”. C’est aussi gérer les interactions, les résistances, les énergies différentes.
Et même si votre format est digital, il y aura peut-être un espace d’échange (live, mail, commentaires, groupe, visio…).
Oui aux coups de pieds aux fesses s’ils font des paillettes, pas des bleus
Apprendre à poser un cadre clair, encourager la participation, recadrer avec diplomatie… ça s’apprend. Et c’est ce qui fait la différence entre une “coach sympa” et une coach solide.
Leadership bienveillant (pas maternant)
Le mot “leadership” peut faire peur. On l’imagine souvent comme une posture d’autorité, de pouvoir… ou pire, de contrôle. Mais en réalité, le leadership bienveillant, c’est tout l’inverse. C’est la capacité à guider sans écraser, à poser un cadre sans dominer. Et surtout, à inspirer la confiance, pour que la personne en face se sente capable… et libre.
Attention à une confusion fréquente : certaines basculent, sans le vouloir, dans deux extrêmes qui n’ont rien à voir avec une posture professionnelle :
- Le rôle de “maman autoritaire” : “Fais ce que je dis”, “Je sais mieux que toi”, “Je vais te montrer la vraie voie”, “Et si tu n’y arrives pas… ce n’est pas ma faute, il fallait sortir de ta zone de confort”.
- Le rôle de “maman maternelle” : surprotéger, excuser, éviter de challenger… au risque d’empêcher l’autre de progresser. C’est tout le contraire de la précédente : “C’est ma faute si elle n’y arrive pas, j’ai dû faire quelque chose de travers, etc.”.
Ces deux postures, bien que sincères, peuvent bloquer la croissance de la personne accompagnée. Le leadership, c’est trouver l’équilibre entre fermeté et respect, clarté et écoute, accompagner sans infantiliser. C’est dire les choses quand il le faut. Mais toujours avec bienveillance. Et surtout, ne pas prendre les rênes à la place de l’autre… mais lui rappeler qu’elle les tient déjà.
Clarté pédagogique
Dans un accompagnement, il peut arriver que vous proposiez des supports de réflexion, des ressources pratiques, voire des mini-formations intégrées (documents PDF, vidéos, exercices, templates…).
Et là, une autre compétence entre en jeu : la clarté pédagogique. Aussi, un bon contenu, ce n’est pas forcément un contenu “riche”. C’est un contenu compréhensible, structuré, progressif. Savoir découper ses idées, prioriser les notions, rendre l’abstrait concret… voilà ce qui transforme un savoir en savoir-faire.
Et surtout, faire la différence entre :
- Inspirer : donner envie, motiver (là, vous pouvez parler de votre parcours, si besoin et lancer des vocations).
- Enseigner : transmettre un savoir (s’adapter dans le cas où ce savoir n’est pas bien appliqué, c’est au coach de rectifier son enseignement).
- Accompagner : soutenir l’évolution de l’autre, sans jugement, sans projection de sa propre histoire.
À retenir
Ce n’est pas parce que vous avez réussi que vous saurez faire réussir. Mais rassurez-vous, si vous en avez la vocation, il existe des formations pour bien le faire. Transmettre, accompagner, enseigner… autant de manières de faire rayonner votre expertise autrement. Mais ces nouvelles postures ne s’improvisent pas. Il existe aujourd’hui des outils, des ressources et des formations pour vous aider à le faire sérieusement, humainement… et durablement.
J’ai moi-même choisi d’accompagner les esthéticiennes qui souhaitent structurer une activité de transmission, que ce soit à destination de leurs clientes ou de leurs consœurs. Et pour celles qui souhaitent explorer cette voie, je propose un guide complémentaire pour celles qui veulent transmettre par la formation digitale plutôt que par le coaching : “Les 4 erreurs à éviter quand on veut se lancer dans la formation digitale”.