L’onco-esthétique pour retrouver l’image de soi

Qu’est-ce que la médecine ?

La médecine semble aujourd’hui dominée par le progrès technique, réduite à des médicaments et traitements complexes. En réalité, la médecine, c’est l’ensemble de toutes les connaissances scientifiques et des moyens de tous ordres que l’on va mettre en œuvre pour prévenir, guérir ou soulager des maladies, des blessures, des infirmités. Car soigner, c’est aussi un art où les mots comptent autant que les gestes, c’est-à-dire qu’avec des mots on soigne, avec des mots on tue, avec des mots qu’on ne prononce pas, on peut faire du mal et c’est pareil avec des gestes. Alors, de là, à aller suivre Voltaire qui disait «L’art de la médecine consiste à distraire le malade, pendant que la Nature le guérit», il n’y a qu’un pas. Il est alors temps de nous interroger : «Qu’est devenue notre médecine aujourd’hui ?».

Que font les médecins en consultation ?

En consultation, les médecins ont des patients qui, en face d’eux, ont des besoins immenses, des besoins légitimes. Certains médecins sont dans leur bulle, ils font ce qu’ils peuvent mais peinent à circonscrire toutes les problématiques des patients qu’ils ont en face d’eux.

De la médecine prescriptive à la médecine intégrative

La socio-esthétique au service des malades

Aujourd’hui, il y a un milliard de consultations médicales, chaque année, en France. La moitié concerne des symptômes de maladies chroniques. Les médecins prescrivent alors des médicaments dans plus de 90 % des cas, et on jette une boîte sur deux à la poubelle. On jette 7 milliards d’euros à la poubelle ! L’idée, c’est de passer de cette médecine prescriptive à une médecine qu’on appelle intégrative.

• Près de 24 millions de Français souffrent de maladies chroniques :

- maladies cardio-neuro-vasculaires : 32 %,

- diabète : 25 %,

- cancers : 20 %,

- affections psychiatriques chroniques : 14 %.

• 150 000 patients font un AVC chaque année,

• 1,2 million de patients sont suivis pour insuffisance rénale terminale,

• 200 000 patients présentent des maladies inflammatoires de l’intestin,

2 millions de femmes sont atteintes d’endométriose,

• 1 million de patients sont en insuffisance cardiaque,

• 3 millions de patients sont essoufflés, fragilisés par une bronchite chronique,

• 2,7 millions de patients sont diabétiques,

• 200 000 patients sont atteints de polyarthrite rhumatoïde,

• 2 millions de patients sont dénutris,

• 4 millions de patients ont eu un cancer,

• 9 millions de patients sont traités pour une dépression,

71 % des 59 millions de décès annuels dans le monde sont imputés aux maladies chroniques :

- 18 millions de décès sont dus aux pathologies cardio-vasculaires,

- 9 millions sont dus aux cancers.

Tous ces Français souffrent, eux et leurs aidants. Par rapport à ces souffrances, nous avons un système médical qui est finalement très technique, il y a besoin de soins, besoin de prendre soin.

L’Institut Rafaël

L’Institut Rafaël, l’ange de la guérison, symbolise l’esprit qui anime ce bâtiment, où médecins et professionnels non médicaux collaborent pour le bien-être des patients.

40 disciplines réunies

Parmi les 90 soignants et les 40 disciplines réunies, nous comptons des onco-esthéticiennes, capillaristes, conseillères en image, nutritionnistes, sophrologues, psychologues, et bien d’autres. Ensemble, nous élaborons des parcours d’accompagnement sur-mesure, centrés sur l’estime de soi, la nutrition, la gestion des émotions, l’activité physique, le bien-être et le retour à l’emploi.

90 000 soins offerts

En cinq ans, nous avons prodigué 90 000 soins offerts à plus de 5 300 patients, avec des résultats mesurables. Nous évaluons tous les soins : réduction de la dépression sans recours aux médicaments, diminution de l’isolement, amélioration du sommeil et des troubles du transit. Cette réussite prouve combien il est essentiel de travailler main dans la main, en coordonnant toutes ces expertises au service des patients.

Des témoignages émouvants

Voici ce que certains patients, que nous avons accueillis à l’Institut Rafaël, nous disent :

- «On ne peut pas revenir à la vie d’avant, parce qu’on a été transformés, mais c’est une nouvelle vie qui commence.»

- «L’Institut Rafaël, pour moi, c’est la maison du bonheur, c’est là où on retrouve le sourire.»

- «Depuis que j’ai croisé la route de l’Institut Rafaël, c’est comme si j’étais née une deuxième fois.»

- «Avec le cancer, on parle de rémission, mais là en plus de la rémission, on se régénère, on y trouve plus de force.»

Donner du temps, de la qualité…

Il y a d’autres projets qui existent à l’Institut Rafaël, associatifs souvent, en France et ailleurs. Nous avons le label Maison Sport Santé, le projet Santé Culturelle avec le château de Versailles, le projet enfants avec notre partenaire ZAG de dessins, cancer et maladies chroniques, les retraites Rafaël hors des murs. Nous avons des actions diversifiées qui permettent un accompagnement à 360 degrés.

Qu’est-ce que la santé ?

La santé ne se résume pas à l’absence de maladie ni au simple «silence des organes». Elle englobe des dimensions multiples : psychologique, émotionnelle, sexuelle, la santé sociale, la santé environnementale. Prendre en compte l’ensemble de toutes ces dimensions de la santé, c’est adopter une approche de santé intégrative qui propose de passer d’une médecine uniquement prescriptive à une médecine intégrative. Et la santé ne se construit pas seulement dans les hôpitaux ; elle commence par la prévention chez soi, en entreprise, à la réhabilitation. Finalement, tous les acteurs de la santé ont une place à jouer. Et tout ce que souhaitent les patients, c’est avant tout se sentir guéris.

40 % des cancers et 80 % des maladies cardio-vasculaires sont évitables !

Aller plus loin que la guérison

Mais, aujourd’hui, quand un patient n’a plus de maladie, il ne se sent pas forcément guéri, parce que la guérison, c’est un état de retour complet à un bien-être physique, mental et social. Donc, pour aider les gens à être guéris, il faut les aider à retrouver un bien-être mental et social.

Construire un parcours santé

L’objectif aujourd’hui est clair : permettre à chaque patient en France atteint d’une maladie chronique de bénéficier d’un véritable parcours d’accompagnement. C’est précisément dans cette dynamique collaborative que nous intervenons, en travaillant ensemble pour offrir un soutien global et coordonné.

Penser la santé autrement

Aujourd’hui, 40 % des cancers sont évitables, 80 % des maladies cardio-vasculaires sont évitables, mais moins de 3 % de nos budgets vont vers la prévention ! Si on travaille sur l’alcool, le tabac, la sédentarité, le surpoids, on peut penser la santé autrement. L’idée, c’est d’arriver à remettre le patient au centre.

La place de l’onco-esthétique

Une de nos patientes âgées de 40 ans en chimiothérapie raconte avoir vécu une expérience douloureuse dans un spa : elle avait pris un peu de poids, perdu ses cheveux, perdu un sein, s’est vu offrir un soin dans un spa. Quand nous lui avons demandé comment s’était passé son soin, elle s’est mise à pleurer et nous a dit : «Quand j’ai enlevé mon peignoir, la praticienne m’a dit qu’elle ne pouvait pas me toucher ! Je me suis sentie rejetée». Cette situation nous a fait prendre conscience qu’il est essentiel d’offrir aux personnes traversant la maladie un lieu d’accueil et d’accompagnement adapté. Cela a été le point de départ d’une sensibilisation pro-active que nous avons menée auprès des écoles d’esthétique de la région pour que les connaissances en oncologie médicale (traitement et effets secondaires), gestes adaptés soient acquis, avec bienveillance et expertise.

La formation

La formation en onco-esthétique vise à préparer les esthéticiennes, et plus particulièrement les onco-esthéticiennes, à intervenir dans un contexte très spécifique : celui du parcours de soin face à la maladie. Il ne s’agit pas de techniques esthétiques, mais surtout de posture professionnelle et humaine. Nous les formons à comprendre les enjeux liés à l’image de soi pour les patientes touchées par la maladie, qui vivent souvent des transformations physiques difficiles, mais aussi émotionnelles. Restaurer la confiance, accompagner avec bienveillance, et proposer des gestes adaptés sont au cœur de cette approche.

L’onco-esthétique pour améliorer l’image de soi

L’image de soi dépend de nombreux paramètres : le sentiment d’importance qu’on a, parfois on se sent dévalorisé, on a mis de côté son travail, on perd de la compétence, la vie sociale est différente, le regard de l’autre est différent, la vision qu’on a de soi-même est différente, parfois on ne s’aime plus.

Il y a un véritable travail à mener sur l’estime de soi, qui passe à la fois par le toucher et par les mots. Il est vrai que, dans nos équipes, les esthéticiennes possèdent des compétences et une sensibilité particulière, souvent plus développées que celles des médecins, pour accompagner les patientes dans la reconstruction de leur estime et de leur confiance en soi.

Intégrer les esthéticiennes en soin oncologiques

On le sait aujourd’hui, et cela a été démontré : l’intégration des esthéticiennes permet non seulement d’améliorer l’estime de soi, mais aussi de retrouver un équilibre de vie. Lorsqu’une patiente est confrontée à la maladie, c’est tout son environnement qui est bouleversé : sa maison, sa famille, ses amis, tout cela crée des déséquilibres que chacun tente de compenser à sa manière.

Il donc essentiel de travailler sur cette confiance en soi grâce à des outils adaptés : le massage, le maquillage thérapeutique, les soins hydratants, les soins des mains. Les esthéticiennes disposent déjà d’un savoir-faire précieux et d’une expertise dans ces domaines. L’enjeu, aujourd’hui, est de les intégrer de manière appropriée au sein des équipes soignantes et du parcours de soins, afin de créer une synergie qui bénéficie pleinement aux patientes.

De nombreuses esthéticiennes possèdent les compétences pour accompagner les malades

Les onco-esthéticiennes

Aujourd’hui, on ne peut pas gérer des patientes en chimiothérapie sans avoir des esthéticiennes au sein de l’équipe. L’onco-esthéticienne, qui est à côté de la psychologue, à côté de la sophrologue, va être sensible à de nombreuses problématiques. Les formations sont indispensables en onco-esthétique, pour pouvoir avoir accès à ce travail en équipe.

Êtes-vous prête à accueillir des personnes malades ?

Partout en France, des patientes sous chimiothérapie ou atteintes de maladies chroniques ont besoin d’être accompagnées, mais beaucoup de patientes n’osent pas franchir la porte des instituts de beauté. Elles doutent parfois d’être accueillies normalement… Pourtant, de nombreuses esthéticiennes, bienveillantes et compétentes, pourraient répondre à ce besoin grandissant en élargissant leur pratique.

Il s’agit d’acquérir cette technicité complémentaire, cette expertise spécifique en oncologie et maladies chroniques qui fait d’elles des onco-esthéticiennes. Leur savoir-faire en esthétique est déjà solide ; il ne manque finalement que peu de choses pour permettre aux patientes de se sentir à l’aise, accueillies et comprises.

L’esthétique a sa place partout

Il est essentiel de comprendre que l’esthétique ne se limite pas à l’hôpital. Elle a sa place partout : dans les instituts, au cœur des villes, dans des espaces où chaque personne, malade ou non, peut retrouver un peu d’elle-même, regagner en estime de soi et en bien-être. C’est une démarche inclusive qui dépasse les frontières du soin médical pour s’ancrer dans la vie quotidienne.

À retenir

Il est crucial que vous saisissiez l’opportunité d’entrer dans le champ de la santé. Parce qu’il y a des millions de personnes qui vous attendent. Dans notre pratique, en tant que cancérologues, nous sommes souvent débordés et, malheureusement, nous n’avons pas toujours été formés à offrir cette qualité d’accueil, d’écoute et de soin qui est pourtant essentielle.

Aujourd’hui, nous avons besoin d’équipes plus étoffées et complémentaires pour répondre aux besoins des patients. Et dans le domaine de l’esthétique, il existe un véritable vivier de professionnelles capables d’apporter ce soutien précieux. Vous avez les compétences, la sensibilité, et il est indispensable de vous intégrer pleinement dans ce parcours de soin pour que chacun puisse bénéficier d’un accompagnement humain et global. 


Docteur Alain Toledano, Cancerologue, Directeur du centre de Radiothérapie Hartmann, Président de l'Institut Rafael.