Cancers Féminins Les idées reçues sont un frein à la prévention
Les idées reçues subsistent autour des cancers féminins
Lorsqu’on interroge les Français, certaines idées reçues ont encore la vie dure, particulièrement en ce qui concerne le cancer du sein. Par exemple, 25 % des personnes interrogées pensent que le cancer du sein se transmet de mère en fille. En réalité, seuls 10 % des cancers sont liés à des prédispositions génétiques et 40 % sont causés par des facteurs de risque liés aux modes de vie et aux comportements. Par ailleurs, 46 % des Français pensent encore que le cancer du sein ne touche que les femmes. Bien que rare, le cancer du sein existe pourtant bel et bien chez l’homme. Parce qu’on le sait encore trop peu, il est le plus souvent diagnostiqué tardivement.
Enfin, près de 15 % des personnes interrogées affirment qu’il est déconseillé aux personnes atteintes d’un cancer de faire du sport. Il est pourtant recommandé de pratiquer une activité physique quotidienne pour mieux prévenir comme pour mieux guérir. Les effets bénéfiques de l’exercice physique se mesurent également avant et après le traitement d’un cancer.
Les Français connaissent mal les cancers féminins…
Avec plus de 50 000 cas par an en France, le cancer du sein est le plus fréquent des cancers féminins. Rien d’étonnant donc à ce qu’il soit le plus cité par les Français invités à se prononcer spontanément sur les cancers féminins qu’ils connaissent. 91 % des Français et 98 % des femmes ayant déjà été touchées par un cancer citent le cancer du sein. En revanche, loin derrière, le deuxième plus cité ne l’est que par un Français sur deux (50 %) et par deux tiers des femmes touchées par un cancer (67 %) : il s’agit du cancer de l’utérus ou de l’endomètre.
Plus inquiétant encore, seul un Français sur cinq (20 %) et 41 % des personnes touchées citent le cancer des ovaires alors même qu’il s’agit du quatrième plus meurtrier chez la femme. Enfin, le cancer du col de l’utérus, souvent confondu avec celui de l’utérus, n’est cité dans ces termes que par 12 % des Français et 16 % des femmes touchées par un cancer.
... et encore moins les «soins de support»
Côté accompagnement des malades, les soins oncologiques de support, c’est-à-dire l’ensemble des soins et soutiens réalisés en parallèle des soins médicamenteux (consultation anti-douleur, soutien psychologique ou conseils esthétiques, diététiques, prise en charge de la fatigue...), restent méconnus de la majorité des Français.
Ils sont 60 % à se dire mal informés sur le sujet et seulement 5 % d’entre-eux se déclarent très bien informés. Chez les femmes touchées par un cancer, le niveau d’information est logiquement nettement plus élevé, 72 % d’entre-elles se déclarent bien informées même si elles ne sont que 13 % à se positionner sur l’item «très bien».
De fait, 68 % des femmes touchées se sont vu proposer au moins un des soins oncologiques de support. Néanmoins, les deux tiers d’entre-elles (65 %) affirment qu’ils ne sont pas suffisamment proposés.
5 IDÉES REÇUES autour des cancers
Le jeûne ou les régimes restrictifs particuliers ont des effets bénéfiques sur le cancer. FAUX.
Les bénéfices n’ont jamais été démontrés. Bien que le jeûne à visée "thérapeutique" soit à la mode, c’est une pratique dont les "bienfaits" ne sont pas prouv"s scientifiquement et qui comporte des risques. En revanche, maintenir une alimentation équilbrée et diversifiée, en évitant de manger trop gras et trop sucré, permet de prévenir les cancers.
Boire un verre de vin par jour est bon pour la santé. FAUX.
L’ASCO (American Society of Clinical Oncology) signale un risque accru même en cas de faible consommation : 10 g d’alcool par jour augmenterait de 5 % le risque de cancer du sein (+ 9 % après la ménopause).
Le café peut s’avérer nocif. FAUX.
Le café, longtemps accusé de causer de nombreux maux, est maintenant considéré comme un aliment protecteur. Une consommation régulière réduirait les risques du cancer de l’endomètre par exemple.
Le vaccin HPV contre les papillomavirus provoque la sclérose en plaque. FAUX.
En 2015, l’ANSM a mené une étude sur plus de 2 millions d’adolescentes, démontrant que le vaccin n’entrainait pas "d’augmentation du risque global de maladies auto-immunes". En 2017, après administration de 270 millions de doses vaccinales et la vaccination de plus de 60 millions de personnes dans le monde, l’OMS n’a toujours pas observé d’effet indésirable grave lié au vaccin. Très répandue dans d’autres pays du monde –l’Australie vient par exemple d’annoncer que dans moins de 20 ans, il n’y aura plus de nouveaux cas de cancer du col de l’utérus- la vaccination contre le virus HPV pâtit encore d’une mauvaise réputation en France où le taux de vaccination avoisine les 20 %.
On ne guérit jamais du cancer. FAUX.
Si le cancer est dépisté à un stade précoce, il peut désormais être guéri dans 9 cas sur 10.
La maladie, frein à la sociabilité
Être touché par un cancer est souvent synonyme d’un bouleversement du quotidien. La fatigue liée à la maladie et aux traitements empêche bien souvent les patients de travailler et de continuer leurs activités comme par le passé. Mais il existe aussi un impact social du cancer : les malades n’ont pas toujours le courage d’affronter le regard des autres.
Ainsi, près d’une femme sur trois (31 %) a déjà évité de se rendre dans un lieu de sociabilité pour éviter le regard des autres. Dans le détail, 21 % d’entre-elles ont déjà éviter d’aller travailler ou de se rendre à une réunion pour que leur entourage professionnel ne soit pas mis au courant de leur maladie. 19 % ont déjà restreint leurs sorties dans la rue pour éviter le regard des autres et 17 % affirment avoir déjà évité une réunion de famille ou un repas entre amis pour les mêmes raisons.
Les Françaises sont au fait des recommandations et les suivent... pour la plupart !
Selon l’étude, 78 % des femmes concernées font un frottis au moins tous les 3 ans suivant ainsi les recommandations de l’OMS. Parmi celles-ci, 28 % en font tous les ans et 36 % tous les deux ans. Chez les femmes ayant déjà été touchées par un cancer, 77 % en réalisent un au moins tous les 3 ans. Reste tout de même que 8 % des femmes concernées ne font jamais de frottis et que 14 % en font un moins souvent que ce qui est recommandé.
Elles expliquent cela principalement par le fait qu’elles n’y pensent pas toujours (39 %). La deuxième raison invoquée est plus inquiétante : 27 % des femmes qui ne réalisent pas de frottis à la fréquence conseillée déclarent qu’elles ne trouvent pas de gynécologue en qui elles ont confiance. Elles sont par ailleurs 23 % à affirmer que ce type d’examen n’est pas nécessaire.
Côté mammographie, 77 % des femmes interrogées âgées de plus de 50 ans font une mammographie au moins une fois tous les deux ans comme il est conseillé de le faire. Chez les femmes touchées par un cancer, le taux monte même à 80 %. Mais il reste tout de même 23 % de femmes âgées de 50 ans et plus qui n’appliquent pas ces conseils (dont 5 % ne réalisent jamais de mammographie).
Enfin, si les Français sont assez bien au fait des recommandations (63 % d’entre eux répondent à raison qu’il est conseillé aux femmes de se rendre tous les ans chez le gynécologue), seules 46 % des femmes respectent cette fréquence.
Les chiffres à retenir
Des idées reçues subsistent
1/4 des Francais interrogés pensent que le cancer du sein ne se transmet que de mère en fille. 15 % estiment qu’il est déconseillé d’avoir une activité physique lorsqu’on est touché par un cancer.
Méconnaissance des Français
Lorsqu’on parle de cancers féminins, 91 % des sondés citent le cancer du sein. Seul 1 Francais sur 5 évoque le cancer des ovaires par exemple, alors que près de 5 000 cas sont dépistés chaque année en France.
Soins oncologiques de support
65 % des femmes touchées par la maladie trouvent qu’ils ne sont pas assez proposés. 91 % d’entre elles estiment qu’ils aident moralement à supporter le cancer et les traitements.
Impact sur la vie quotidienne
31 % des femmes touchées par un cancer ont déjà évité un lieu de sociabilité pour ne pas affronter le regard des autres.
Bonnes nouvelles
78 % des femmes concernées (25-65 ans) font un frottis tous les 3 ans comme le préconisent les recommandations. 77 % des Francaises de plus de 50 ans et plus font une mammographie au moins tous les deux ans comme il est conseillé. Néanmoins, seules 46 % des Francaises se rendent chez leur gynécologue au moins une fois par an.