Existe-t-il une psychologie de la réussite ?

L’environnement dans lequel on évolue dès l’enfance joue-t-il un rôle déterminant dans la volonté d’entreprendre ou d’accéder à un poste à responsabilités ?

Certes, un milieu familial qui associe une image positive à l’initiative personnelle, à la prise de risque et au parcours hors des sentiers battus, favorise et encourage l’individu ambitieux dès son plus jeune âge. Une enfance sécurisante où les parents sont à l’écoute et ouverts sur d’autres horizons socio-professionnels que le leur, est particulièrement positif. Cela va notamment permettre de faire naître et grandir sa confiance en lui et en ses capacités…

Le désir de réussite peut avoir cependant d’autres causes ?

Bien sûr, le désir de réussite peut naître aussi d’une volonté de revanche sur la vie si l’individu n’a pas aimé le milieu dont il est issu ou le cadre familial dans lequel il a évolué. Il peut alors décider fermement de prendre le contre-pied de ce qui ne lui a pas plu. 

La réussite professionnelle peut même devenir plus qu’un objectif et s’apparenter à une obsession. Tout ce qu’il va entreprendre pour réussir va constituer pour lui des actes essentiels, qui seront aussi une façon de s’exprimer et surtout d’affirmer sa personnalité.

Celui qui entreprend est-il doté d’un profil qui le différencie de l’individu ordinaire ?

Oui, sans aucun doute. On observe un besoin de pouvoir, de reconnaissance sociale mais aussi une capacité à maîtriser et à contrôler son destin. Celui qui entreprend de créer sa société, de se hisser rapidement sur l’échelle sociale ou d’accéder à des postes importants, est un aventurier porté par son dynamisme, par sa foi en lui-même et en sa capacité d’innover. Le plus souvent anti-conformiste et visionnaire, il ne craint pas de se heurter aux regards et aux critiques de la société. Par ailleurs, il tolère très bien l’incertitude et, le plus souvent, ne craint pas les conflits. Je dirais que les obstacles ont même tendance à le motiver…

La personnalité de l’entrepreneur présente-t-elle d’autres caractéristiques ?

L’entrepreneur est souvent très intuitif et jouit d’une réelle aptitude à évaluer les risques et à les anticiper. Par la suite, l’épanouissement et la fierté qu’il éprouve à gérer sa vie et son travail selon ses propres idées contribuent à le conforter dans la voie qu’il s’est choisie. En définitive, on observe que le désir de faire fortune vient souvent après le besoin de prouver sa valeur, d’être indépendant et de se réaliser.

Assumer ses échecs fait-il aussi partie des qualités de l’entrepreneur ?

Pour lui, le mot «échec» n’existe pas. Il parlera plutôt d’erreur, de lacune ou de faux-départ. Tout ce qu’il ne réussit pas est perçu comme une source d’apprentissage, une leçon dont il va bénéficier. Il est évident qu’il va manifester très tôt de réelles capacités à manager car il sait que son succès dépend aussi des équipes qui l’accompagnent. Et lorsque les résultats ne sont pas à la hauteur, il aura l’intelligence de se remettre en question et de faire évoluer ses méthodes de management si c’est nécessaire. En résumé, un bon leader est capable d’entraîner dans son sillage des personnes compétentes qui vont contribuer à sa réussite.

Comment s’y prend-il pour fidéliser et galvaniser ses collaborateurs ?

Le plus souvent, il fait preuve de constance, de fiabilité et de détermination qui vont inspirer confiance. Atout indispensable, cette confiance va faire naître et nourrir les grandes actions. Une communication claire et efficace est également essentielle pour que l’équipe comprenne les orientations et les objectifs. Il ne met pas longtemps, en règle générale, à cerner le profil de ses collaborateurs et à trouver les leviers (comme par exemple mettre en valeur leurs qualités) afin qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes et qu’ils atteignent les objectifs fixés.

Et lorsque le succès est au rendez-vous, quelles sont les conditions pour se maintenir au sommet ?

La règle impérative pour tout individu qui a réussi professionnellement est, bien sûr, de ne pas vivre sur ses acquis. Il est indispensable de toujours anticiper le futur et les bouleversements liés à notre société en constante mutation. Cela peut se faire en se tenant informé, en restant à l’écoute de toutes les transformations sociales ou sociétales qui s’opèrent au fil des années, et surtout en évitant d’être campé sur des positions trop rigoureuses afin de pouvoir évoluer. En général, l’entrepreneur fait preuve d’une réelle capacité à s’adapter au changement. C’est aussi ce qui le rend parfois imprévisible pour son entourage… Et qui force bien sûr l’admiration d’autrui !

Y a-t-il une différence entre l’entrepreneur homme et l’entrepreneur femme ?

Selon moi, il n’y a pas de différence particulière, le profil psychologique est le même pour qui veut entreprendre, qu’il soit homme ou femme. En réalité, cela fait peu de temps qu’on laisse la possibilité aux femmes d’entreprendre et d’accéder aux mêmes postes que les hommes. On a donc peu de recul, mais on observe que les femmes qui entreprennent sont dotées des mêmes qualités que les hommes. Cependant, on leur demande davantage de faire leurs preuves et de démontrer sur le long terme qu’elles sont compétentes ou aptes à assumer les fonctions qui leur sont attribuées… Les clichés ont tendance à perdurer dans notre société !

Certaines jeunes esthéticiennes hésitent à se lancer, à devenir entrepreneurs… Comment savoir si elles sont faites pour entreprendre ?

À partir du moment où on en rêve, qu’on en ressent l’envie, on peut penser qu’on est fait pour relever ce défi. Cependant, certaines personnes se heurtent à des obstacles qui peuvent être par exemple liés à la conjoncture économique… La motivation est un excellent moteur mais il ne faut pas pour autant nier les réalités. Avant de se lancer, une esthéticienne doit prendre le temps de faire une étude de marché afin de peser le pour et le contre, et ainsi être certaine de faire le bon choix. Sinon, malgré ses qualités, elle peut en effet échouer.

Tous les entrepreneurs ne réussissent pas, qu’est-ce qui fait que certains réussissent et d’autres échouent ?

Selon moi, si un entrepreneur échoue plusieurs fois au cours de sa vie, c’est qu’il n’a jamais réussi à se remettre en question quand le succès lui échappait. Il se trompe en général sur les causes de son échec. En revanche, il ne faut pas s’effondrer à la première difficulté car celle-ci permet aussi de progresser. Il est nécessaire pour l’entrepreneur de tirer les bonnes conclusions quand son entreprise capote, afin de repartir sur de meilleures bases… La patience, le sang-froid et la persévérance sont également indispensables pour réussir à atteindre le sommet !