Ce qu'il faut savoir sur la rosacée en tant qu'esthéticienne

La rosacée : une maladie fréquente mais peu reconnue

De nombreuses personnes, et avant tout des femmes, souffrent au quotidien de rougeurs persistantes. Pour beaucoup, les rougeurs sont une fatalité. Elles les considèrent comme une de leurs caractéristiques morphologiques, au même titre qu’elles ont les cheveux blonds ou les yeux bleus, elles rougissent facilement. Pensant qu’il n’y a pas de solutions et banalisant la portée de ces manifestations, elles ne les prennent pas en charge.

En outre, la rosacée est souvent confondue avec d’autres maladies de peau, telles que l’acné. Enfin, beaucoup de patients n’osent pas parler à leur médecin de ces rougeurs ou boutons disgracieux car les circonstances de survenue (stress, émotion, consommation même modérée d’alcool) en font un sujet presque tabou associé à une certaine culpabilité. Près de 8 personnes sur 10 touchées par la rosacée l’ignorent. Cette situation est inquiétante car des milliers de personnes souffrent sans savoir qu’il existe des solutions pour les soulager, et qu’une rosacée non prise en charge risque de s’aggraver. Elle peut mener à des lésions profondes et marquées de la peau. La rosacée risque alors d’avoir des incidences psychologiques et sociales fortes. Il est donc important de la dépister et de la traiter précocement.

En conséquence, l’enjeu est de vous sensibiliser à cette maladie afin de vous offrir une meilleure connaissance des symptômes et de vous montrer que des solutions existent. Et puis, une esthéticienne doit savoir reconnaître la rosacée pour conseiller au mieux ses clientes.

La rosacée est une maladie évolutive

D’origine vasculaire, la rosacée peut s’aggraver avec le temps en évoluant vers des altérations profondes et marquées de la peau.

Quatre stades de la maladie sont classifiés selon sa sévérité :

Stade des flushes

Des rougeurs intenses surviennent en bouffées, accompagnées de sensations de chaleur ou de picotements, parfois des deux. La peau réagit alors à des facteurs déclenchants. Par exemple, la rougeur survenant systématiquement lors du passage du froid au chaud ou en buvant une gorgée d’alcool est significative de rosacée. Le flush de la rosacée a des caractéristiques très précises quant à son intensité, sa durée et sa localisation. Ainsi, il dure au moins 5 minutes et se situe sur les joues. Les rougeurs de la rosacée se distinguent alors de la rougeur diffuse et transitoire chez une personne soumise à un facteur émotionnel.

Stade de l’érythro-couperose

Les rougeurs du visage deviennent permanentes (érythrose) et/ou de petits vaisseaux sanguins dilatés apparaissent sur les joues, les ailes du nez et les pommettes (couperose). C’est en général à ce stade que les patients consultent.

Stade des papulo-pustules

Une inflammation importante avec des lésions cutanées plus ou moins nombreuses du type «papulo-pustules» apparaissent alors. Ces boutons, généralement de petite taille et se limitant au visage, se développent sur les zones des rougeurs.

Stade des œdèmes persistants

Dans les cas sévères, la peau s’épaissit au niveau de certaines zones du visage (nez, et parfois joues, menton, front). La rosacée peut alors être la cause de difformités.

L’évolution de la maladie

La rosacée n’est a priori pas une maladie qui se déclenche de façon soudaine et brutale, par exemple suite à un choc psychologique. L’anomalie vasculaire entraîne petit à petit des troubles. Cependant, l’évolution de la maladie diffère selon les individus. La durée des stades n’est pas homogène. Certaines personnes peuvent souffrir de flushes pendant très longtemps. Un peu de couperose ou des rougeurs finiront par survenir, mais il est possible qu’aucun bouton n’apparaisse. Au même titre, la progression d’un stade à un autre est imprévisible, et le passage par tous les stades de la rosacée n’est pas systématique.

Alors que les stades 1 et 2 sont les plus fréquents, le passage au stade 4 ne survient que très rarement et principalement chez les hommes.

Mais pour autant, les personnes touchées ne connaissent pas toujours les premiers stades de la maladie.

Le retentissement psychologique et social de la rosacée

Bien que cette affection soit une maladie bénigne dans la majorité des cas, elle peut être la cause d’un trouble important lié à des lésions de plus en plus visibles et persistantes. 92 % des personnes atteintes ressentent une gêne psychologique et relationnelle. La personne chez qui survient la rosacée va s’inquiéter de la cause des symptômes mais aussi du regard que les autres vont porter sur elle. Parce qu’elle touche le visage, les patients ressentent une atteinte à leur image, ce qui provoque des difficultés relationnelles.

De plus, le faciès «rubicond» de la rosacée peut avoir une connotation péjorative. Il est souvent assimilé à une consommation excessive d’alcool alors qu’il n’en est rien : une seule gorgée suffit à provoquer des rougeurs. La personne couperosique souffre des interrogations, exprimées ou dissimulées, de son entourage. 40 % des hommes et 20 % des femmes craignent d’être pris pour des alcooliques. La rosacée est une maladie qui impacte le quotidien : 42 % des personnes touchées déclarent que la pathologie leur a fait perdre confiance en elles et 50 % qu’elle a un impact non négligeable sur leur vie professionnelle. La rosacée peut donc avoir un retentissement psychologique majeur, allant parfois jusqu’à affecter gravement la vie sociale professionnelle et personnelle, ce qui justifie qu’on la prenne au sérieux et qu’on la traite.

Ce retentissement, à la fois esthétique et psychologique, trouble l’équilibre de vie de la personne touchée de façon variable selon les individus. Lors de l’étude menée par la Société Française de Dermatologie, il a été observé chez les patients interrogés des différences quant au ressenti de la maladie en fonction, d’une part, de l’âge et, d’autre part, du sexe. Ainsi, par exemple, 80 % des hommes contre 58 % des femmes se déclarent gênés dans leur vie sociale. Il ne faut pas oublier que, pour toutes les maladies de la peau, l’intensité de la répercussion psychologique n’est jamais proportionnelle à l’intensité de la maladie en elle-même et varie considérablement d’une personne à l’autre.

Comment une esthéticienne peut-elle reconnaître la rosacée ?

Rougeurs, petits vaisseaux dilatés, boutons inflammatoires localisés au visage… sont autant de signes cliniques qu’il faut prendre au sérieux. Ces symptômes peuvent être annonciateurs d’une rosacée. Ils s’accompagnent généralement d’une sensation de picotements, notamment au niveau des yeux, et de bouffées de chaleur. La rosacée est une maladie inflammatoire qui touche le visage. Des études ont montré qu’elle serait provoquée par une anomalie vasculaire héréditaire au niveau de la circulation faciale. Les rougeurs du visage traduisent la dilatation des vaisseaux sanguins à proximité de la surface de la peau, au niveau du derme. La rosacée est une maladie de l’adulte. Elle débute généralement à 20-25 ans (après l’âge de l’acné juvénile) et connaît un pic autour de 45 ans. Les femmes et les peaux claires sont les plus touchées. Mais les hommes sont, eux, plus gravement atteints.

Les traitements efficaces de la rosacée

Il est possible de corriger les répercussions de la rosacée sur la peau et de contrôler efficacement son évolution. En effet, il n’y a pas de remède définitif, mais une prise en charge précoce permet d’éviter toute aggravation de la maladie. Ayant une peau réactive et sensible, les personnes couperosiques doivent en prendre soin au quotidien. Le respect des conseils hygiéno-diététiques est essentiel. Bien informée, votre cliente pourra reconnaître les facteurs qui provoquent les poussées de rosacée et prendre d’elle-même les précautions nécessaires pour les éviter.

Des règles simples d’hygiène

Conseillez à votre cliente de respecter ces quelques règles d’hygiène :

- nettoyer son visage sans l’agresser : utiliser de l’eau tiède et un nettoyant sans savon,

- essuyer son visage sans frotter avec une serviette en coton,

- adopter un maquillage léger, poudré ou fluide. Il est tout à fait autorisé aux personnes atteintes de rosacée de se maquiller mais il faut proscrire les produits gras,

- utiliser un écran solaire d’indice 20 ou plus quand le rayonnement solaire est intense,

- éviter certains produits cosmétiques : les produits contenant de l’alcool, des acides de fruits, de l’huile et des parfums de menthe peuvent s’avérer irritants.

Les facteurs déclenchants à éviter

- Le soleil : 1er ennemi de la personne couperosique. Il est à la fois facteur déclenchant de poussées et facteur d’aggravation. En altérant les tissus, le soleil majore les effets de la rosacée sur la peau. Une protection solaire efficace est donc nécessaire.

- Les boissons et aliments chauds, les épices piquantes et les boissons alcoolisées. Mais attention la rosacée n’est pas signe d’alcoolisme, une seule gorgée d’alcool peut provoquer une poussée.

- Les facteurs climatiques (chaleur excessive, vent, froid…).

- Le stress.

- Les efforts physiques trop intenses.

Les traitements médicaux

Il existe différents modes de traitement de la rosacée : le stade de la maladie conditionne la thérapeutique à adopter. Mais, quel qu’il soit, le traitement doit être suivi sur le long terme pour être efficace.

Les médicaments locaux

Sous forme de gels, crèmes, ou émulsions, ils ont un effet anti-inflammatoire. Ils permettent ainsi d’agir non sur les vaisseaux apparents mais sur les boutons (les papulo-pustules).

Les médicaments par voie orale

Seuls quelques antibiotiques de la famille des Tétracyclines sont autorisés en France. Ils ont eux aussi une action anti-inflammatoire.

Les traitements physiques

- Le laser

En émettant une lumière, qui sera absorbée par le rouge, ici l’hémoglobine, le laser libère de la chaleur dans les vaisseaux. Selon la durée pendant laquelle cette énergie est délivrée, cela provoque soit la destruction du vaisseau par élévation brutale de la température (photothermolyse sélective), soit l’altération de sa paroi vasculaire et sa sclérose progressive (photocoagulation sélective). Pour être efficace, le laser exige que l’on procède en moyenne à deux ou trois séances en fonction de la sévérité et de l’étendue des lésions. Le traitement par laser n’est pas définitif : les symptômes sont très fortement atténués mais ils peuvent réapparaître au bout de quelques années. De nouvelles séances sont alors nécessaires.

- Les lampes pulsées (IPL)

Sur le même principe que le laser, les lampes de haute énergie délivrent de la lumière qui sera ensuite absorbée par l’hémoglobine. Mais contrairement au laser, la lumière émise n’est pas cohérente.

- L’électrocoagulation

Moins pratiquée depuis que le laser s’est généralisé, l’électrocoagulation consiste à coaguler un à un les vaisseaux sanguins à l’aide d’une fine aiguille de bistouri électrique.

- Le laser CO2 et la chirurgie réparatrice

Le principe de ces traitements réservés aux cas les plus avancés est de procéder à l’ablation d’une partie de la peau hypertrophiée.