Le point sur l’acné et sa prise en charge

Le rôle prépondérant de propionibacterium acnes

Propionibacterium acnes, bactérie anaérobie gram positive, module 3 cibles essentielles de l’acné :

La glande sébacée : stimulation de la sécrétion de sébum par les sébocytes. Au moment de la puberté, l’augmentation de production de sébum par les glandes sébacées sous contrôle hormonal (androgène) favorise la prolifération de
Propionibacterium acnes, qui lui-même active la production de sébum. Un mécanisme d’autoentretien de l’hyper séborrhée et de la prolifération bactérienne est ainsi créé.

Les kératinocytes du follicule pilo-sébacé : stimulation de leur prolifération au niveau de l’épiderme du follicule pilo-sébacé et modification de leur différenciation épidermique. Ces modulations de la prolifération et de la différenciation kératinocytaire, participent ainsi à la formation du comédon, lésion initiale de l’acné.
Propionibacterium acnes joue donc un rôle essentiel dans la formation du comédon.

L’immunité innée de l’épiderme et du follicule pilo-sébacé : elle représente la première ligne de défense de la peau. Propionibacterium acnes est un composant important du microbiome (flore cutanée à la surface de la peau) du follicule pilo-sébacé. En se liant à un ou plusieurs récepteurs présents sur les kératinocytes mais aussi les sébocytes et les monocytes présents dans la région péri-folliculaire, P. acnes induit l’activation de ces cellules qui libèrent des cytokines pro-inflammatoires aboutissant à l’inflammation du follicule pilo-sébacé.


Propionibacterium acnes, en modulant les trois facteurs principaux impliqués dans la pathogénie de l’acné, est une cible clé du traitement de l’acné.

La prise en charge de l'acné

Contre l’acné à prédominance rétentionnelle, l’adapalène 0,1 % ou la trétinoïne 0,025 % sont recommandés à raison d’une application par jour.

Contre l’acné à prédominance inflammatoire, dans laquelle P.acnes joue un rôle central, le peroxyde de benzoyle à 5 % est considéré comme le traitement local de première intention dans les formes localisées.

En cas d’intolérance à ce produit, un rétinoïde topique ou un antibiotique topique associé à un rétinoïde local peuvent être proposés.

L’utilisation d’un antibiotique local en monothérapie est déconseillée en raison du risque de résistance bactérienne.

L’antibiothérapie générale est réservée aux formes d’acné inflammatoire étendues et/ou d’évolution prolongée ; associée à un traitement local (peroxyde de benzoyle, rétinoïde local ou association des deux) en traitement continu de trois mois.

Aujourd’hui, on peut considérer que la présence de souches résistantes de Propionibacterium acnes chez un patient acnéique, peut être associée à un échec thérapeutique ou une rechute rapide.

L’antibiothérapie générale est réservée aux formes d’acné inflammatoire étendues et/ou d’évolution prolongée

Conclusion

- Dans l’acné minime inflammatoire, la prescription d’un antibiotique local seul doit rester une exception. Le traitement privilégié est une monothérapie par le peroxyde de benzoyle (en première intention) qui n’induira pas de résistance bactérienne. En cas d’intolérance à ce produit, un rétinoïde topique ou un antibiotique topique associé à un rétinoïde local peuvent être proposés.

- Dans l’acné modérée à sévère, les cyclines sont associées au traitement local de l’acné (rétinoïde ou peroxyde de benzoyle ou l’association des deux) en se limitant à trois mois de traitement continu.

- Ne jamais associer un traitement antibiotique local et systémique. Le traitement local doit être le peroxyde de benzoyle, ou un rétinoïde topique ou un traitement associant les deux.


Une hygiène adaptée est indispensable

Les adjuvants aux traitements médicamenteux
Pour une efficacité optimale, le traitement médicamenteux de l’acné doit être accompagné d’une bonne routine d’hygiène quotidienne à l’aide de nettoyants et hydratants dermatologiques et noncomédogènes. Ils contribueront non seulement à optimiser l’action du traitement mais permettront également d’atténuer ses effets desséchants et irritants.

Les bons réflexes
Il existe de nombreux facteurs aggravants qu’il convient d’éviter :
- la manipulation des lésions, susceptible de provoquer des poussées inflammatoires,
- les frottements sur les zones touchées : frange sur le front, port prolongé du casque ou d’une casquette, etc.,
- l’utilisation de crèmes et maquillages gras, de produits alcoolisés (eau de Cologne, lotions aprèsrasage...) ou d’antiseptiques qui sont inefficaces et parfois irritants ou sensibillisants,
- l’application de masques exfoliants ou scrub qui décapent la peau.