Esthéticienne : comment choisir la bonne franchise

Pour certains, sauter le pas de l’entrepreneuriat se fait en passant par la franchise. Mais comment s’y prend-on concrètement ?

En premier lieu, il convient de rechercher les différents réseaux de franchise existants. Si vous êtes tentée par une entreprise, généralement, une page dédiée au dépôt de candidature est accessible sur le site Internet de la marque. Il est ainsi aisé d’effectuer une demande de dépôt de candidature. «On est ensuite contacté par un développeur de réseau qui vous demande de remplir un dossier de candidature complet. Vous y indiquez l’apport personnel dont vous disposez pour créer votre entreprise, la ville où vous souhaitez vous implanter, votre expérience personnelle dans le secteur…» détaille Sylvain Bartolomeu. Si on ne sait pas vers quelle enseigne se tourner, plusieurs annuaires de franchiseurs existent. On peut citer entres autres le média l’Officiel de la Franchise, L’Express Franchise, Toute La Franchise, Franchise Magazine, l’Observatoire de la Franchise et également le site Internet de la Fédération Française de la Franchise qui recense les franchiseurs adhérents à la Fédération.

C’est après cela que vous êtes reçue par un développeur de réseau pour un entretien, afin de vérifier votre éligibilité à un projet de franchise. «À partir du moment où l’équipe développement considère que la personne est éligible, on lui remet un DIP (Document d’Information Précontractuel)» spécifie notre interlocuteur.

Un apport personnel minimum est dans la majorité des cas indispensable car financer un projet d’entreprise suppose d’avoir un apport de départ. «En règle générale, cet apport personnel minimum devra être de 30 % du montant total à financer pour créer votre entreprise. Les franchiseurs vous demandent donc de communiquer l’apport minimum dont vous disposez pour savoir d’une part si votre projet est faisable, et d’autre part pour anticiper les fonds que vous pourrez lever auprès d’un établissement bancaire pour concrétiser votre projet» précise l’expert.

Le DIP : un document obligatoire pour informer sur le réseau de franchise en esthétique

Le DIP est un document qui doit être remis à un candidat à la franchise, qui aurait été sélectionné par le franchiseur. C’est une obligation légale. Ce document comporte en général entre 40 et 70 pages. «Le DIP permet au futur franchisé de réfléchir au projet de la franchise en l’étudiant» explique Sylvain Bartolomeu. «Les éléments que contient le DIP sont fixés par décret, mais il peut y avoir d’autres informations que le franchiseur devra vous communiquer, car l’esprit de la Loi Doubin est l’engagement en toute connaissance de cause.» Le décret d’application de la loi Doubin liste ainsi les principales informations qui doivent figurer dans le DIP.

Ce que doit contenir un DIP

Ce document doit contenir un minimum d’informations, comme le détaille Sylvain Bartolomeu, parmi lesquelles :

- les éléments pouvant attester de la solidité de la société franchiseur,

- l’extrait Kbis (carte d’identité de l’entreprise),

- le justificatif de dépôt de la marque,

- l’évolution du franchiseur et du réseau sur les cinq dernières années,

- les deux dernières liasses fiscales du franchiseur,

- le nombre de franchisés qui auraient quitté le réseau avec le motif de départ pour les douze derniers mois,

- la liste de l’ensemble des franchisés qui font partie du réseau,

- une présentation du franchiseur et de ses dirigeants,

- le contrat type qui sera remis pour signature,

- une présentation du marché (principaux concurrents, les grandes tendances du marché ciblé, état local et état général de marché).

Il ne faut pas hésiter à challenger différentes franchises car c’est un choix pour plusieurs années

La lecture d’un DIP ne se fait pas seul

L’accompagnement d’un avocat ainsi que d’un expert-comptable spécialisés dans la franchise est recommandé afin d’analyser au mieux les données fournies par le franchiseur. Le cadre de la loi est en effet parfois vague, ce qui peut rendre la lecture des données peu évidente. Le franchisé a un devoir de se renseigner lorsque le DIP lui est remis. C’est pourquoi, le recours à des experts comme cité est important. «Le document ne doit pas être pris comme argent comptant en l’état. C’est une base que doit prendre en compte le candidat pour poser ses questions au franchiseur» précise Sylvain Bartolomeu. Ceci est notamment important lorsque plusieurs franchisés ont quitté le réseau dans les douze derniers mois. Demander la raison de ces départs au franchiseur s’avère dans ce cas essentiel.

Franchise en esthétique : l’importance de comparer les enseignes avant de choisir

C’est au moment de la remise du DIP que vous êtes alors en mesure de comparer les différentes entreprises pour ensuite faire votre choix. «Je rencontre parfois des candidats qui me demandent s’ils ont le droit de se renseigner auprès de plusieurs enseignes. C’est en effet important de comparer. Ne contacter que deux à trois enseignes est assez léger à mon sens. Il ne faut pas hésiter à challenger car c’est un choix de partenaire qui va se faire pour plusieurs années. En moyenne, un franchisé reste dix ans dans un réseau, ce qui justifie l’importance du choix. Un retour en arrière n’est pas possible une fois le contrat signé» explique Sylvain Bartolomeu. En règle générale, la durée d’un contrat de franchise est de cinq, sept ou neuf ans.

Libre à chaque franchiseur d’ajouter d’autres informations à son DIP afin d’éclairer les candidats. «La documentation du franchiseur est aussi une marque de sérieux. Il peut donc y avoir des DIP plus ou moins fournis. C’est pourquoi il est important de lire tous les DIP partagés par les marques et de les comparer» déclare l’expert. Un DIP complet et abouti est un gage de transparence de la part de l’entreprise. L’effort fourni par l’entreprise pour produire des documents peut également vous éclairer dans votre choix.

Esthéticienne : les autres démarches à mettre en place pour faire votre choix de franchise

Contactez des franchisés en place pour vous faire un avis

Sylvain Bartolomeu conseille fortement de contacter des franchisés en place. En amont, le spécialiste conseille de préparer une liste d’une dizaine de questions. Présentez-vous en tant que candidat à la franchise. Demandez l’avis de ces franchisés sur l’accompagnement du franchiseur, si cela était à refaire s’ils le referaient, la fréquence des visites d’animation, les points forts et points faibles du projet, s’ils comptent renouveler leur contrat…

Jouez la cliente mystère pour vous positionner à la place de la cliente

Il est aussi intéressant de jouer la cliente mystère avant de signer un contrat de franchise. «Il faut aller sur site sans prévenir pour voir si les établissements sont homogènes, si l’expérience client est bonne… Cela renseigne sur la marque d’un point de vue consommateur» indique Sylvain Bartolomeu.

Demandez des éléments sur les performances économiques des franchisés en place

Il est également important de demander au franchiseur des informations sur les performances économiques des franchisés en place. «Il n’est pas obligatoire pour le franchiseur de fournir ces éléments. Mais il est essentiel de vous renseigner à ce sujet : le chiffre d’affaires le plus important du réseau, le plus bas…» préconise le spécialiste. «Si le franchiseur refuse de divulguer cette information, cela est généralement révélateur. Un franchiseur qui est transparent, serein, qui connaît bien ses franchisés, saura répondre à la question. Dans le cas contraire, il faut s’inquiéter sur l’état du réseau…»

Faire une étude de marché pour mesurer la viabilité du projet

En outre, faire une étude de marché s’avère essentiel. Cela permet d’évaluer le potentiel de la franchise. Pour ce faire, vous pouvez vous faire accompagner par une société de géomarketing. «Il faut savoir que les franchiseurs déjà établis recensent une liste de partenaires qui peuvent aider les franchisés. C’est généralement au moment de la remise du DIP que cette liste est communiquée au candidat à la franchise» précise Sylvain Bartolomeu.

Ne pas faire votre choix en fonction de vos goûts personnels

Sylvain Bartolomeu rappelle l’importance de raisonner business au moment de votre choix. Il est à son sens essentiel de vous demander si tel concept sur tel marché peut fonctionner et trouver sa clientèle. «La franchise, c’est prendre un savoir-faire clé en main et le mettre en œuvre. Vous n’êtes pas là pour écrire une partition mais en jouer une déjà écrite. Il est important de garder un peu de distance avec le feeling et le coup de cœur» déclare-t-il.

L’expert souligne également le fait qu’un franchisé reste un chef d’entreprise indépendant, à la seule différence près qu’il s’adosse à une enseigne disposant d’un savoir-faire, d’une marque, et lui délivrant une assistance technique et commerciale tout au long du contrat signé. «Selon les secteurs d’activité, les profils de franchisés peuvent varier, mais s’il y a deux dominantes qu’on retrouve chez tous les franchisés quel qu’ils soient, c’est l’esprit entrepreneurial (la résilience, l’auto-motivation et la confiance en soi) et l’esprit réseau (capacité à vivre dans un collectif et donc à faire des compromis pour défendre l’intérêt général de la marque). J’ajouterais également un dernier point. Un chef d’entreprise voit l’opportunité dans les difficultés» conclut Sylvain Bartolomeu.


Sylvain Bartolomeu, Président Dirigeant Associé de Franchise Management