Cancer et soins esthétiques : des femmes témoignent

Soin esthétique et cancer : "Je n'avais pas envie d'y aller"

J’ai su que j’étais malade en mars 2014. Lors de ma première hospitalisation, le jour où j’ai appris précisément ce que j’avais, plusieurs personnes ont défilé dans ma chambre. Parmi elles, une femme s’est présentée en tant que socio-esthéticienne et m’a donné un rendez-vous à la Ligue contre le Cancer pour un soin. En fait, je n’avais pas envie d’y aller. Je ne parvenais pas à accepter le fait d’être malade ; pourquoi moi ? Après quelques semaines, j’ai transformé la question en pourquoi cela ne concernerait que les autres, que les héroïnes sont là pour illustrer les romans, que je devais reconnaître mes fragilités et faire de ma maladie (à ce jour incurable) une de mes identités. Peu avant le diagnostic, un collègue m’avait demandé si je buvais parce que j’avais le visage rouge. Ces taches sont imputables à la maladie.

Aujourd’hui, elles se sont estompées. Mais, le traitement pris quotidiennement tend à assécher ma peau et parfois des boutons apparaissent autour de ma bouche.

Même si je n’envisage plus d’être jolie, les soins prodigués par la socio-esthéticienne me font du bien.

Les crèmes, les massages, les mots échangés (conseils professionnels et bavardages) sont un réel moment de détente. Quand je sors de la séance, je pense à la suivante et me dis que la maladie n’est pas une fin de sociabilité.

Laurence E.


Les soins esthétiques dès la chimiothérapie

En tout cas, je suis convaincue que l’aide, les soins et les massages m’ont permis de reprendre goût au soin de soi. Déjà, je trouve que l’aide de la socioesthéticienne doit intervenir dès la chimiothérapie car c’est là que les effets sur la peau sont les plus significatifs. Moi, j’ai eu la peau très sèche et j’ai dû prendre pour habitude de bien hydrater la peau de mon visage et de mon du corps. C’est là aussi que je me suis aperçue qu’il ne fallait pas utiliser n’importe quelle crème. J’ai utilisé une fois une crème qui m’a donné des rougeurs pendant une semaine car elle contenait de l’alcool.

À l’époque, je n’avais pas de contact avec une socio-esthéticienne qui aurait pu me conseiller. Tous ces effets ne sont pas spécialement connus des médecins. Ainsi, quand j’ai eu un duvet qui est apparu sur mon visage après ma chimiothérapie, lors de la repousse des cheveux, heureusement que ma socio-esthéticienne m’a rassurée : «Ou ils disparaissaient comme c’est souvent le cas et c’est ce qui s’est produit, ou il serait possible de les enlever». Merci encore pour tout ce que tu fais à la clinique et à la Ligue.

Christine E.


"Cela fait énormément de bien au moral de bénéficier de soins esthétiques pendant un cancer"

En février 2016, on m’a annoncé une très mauvaise nouvelle sur ma santé : j’ai un cancer du sein ! En quelques secondes tout s’écroule... On pense à tout ce qui va suivre : l’opération, les traitements : la chimiothérapie, la radiothérapie et surtout l’image de soi que l’on va refléter... Mon corps et surtout mon visage vont changer ! Et comment faire pour continuer à être toujours au mieux afin de réussir à passer les semaines et les mois sans trop de marques de cette maladie ! Heureusement, nous sommes en 2016 ! Et du côté esthétique il y a eu beaucoup de progrès : la Ligue contre le Cancer de Pau m’a mise en relation avec les socio-esthéticiennes de la clinique. Dans le cadre de cette maladie, j’ai eu droit à des séances de bien-être : soin du visage, massage du dos, manucurie, pédicurie.

Et même à la dermo-pigmentation des sourcils, car après des séances de chimio, mon corps a vraiment été «attaqué» : plus de cheveux, de sourcils, de cils, la peau très sèche, les ongles détériorés et cassants. Je ne veux pas que mon visage ressemble à une «vieille pomme flétrie» ! Il faut hydrater à fond ! Heureusement, elles me conseillent les bonnes crèmes à appliquer. Cela fait énormément de bien au moral de savoir qu’il y a des esthéticiennes formées pour accompagner les personnes comme moi, tout au long de cette dure épreuve que nous traversons. Cela permet aussi d’avoir un lien social avec elles et d’oublier un peu pendant une heure de soin cette maladie... Je me relaxe, je me détends, je suis écoutée et comprise ! C’est vraiment un moment magique ! Mais malheureusement, le nombre de séances n’est pas suffisant pour aider à passer le cap. Je remercie Laetitia et Marie-Anne de me chouchouter avec humour grâce à leurs soins pour vivre au mieux cette maladie !

Maïté B.


La socio-esthétique est une merveilleuse aventure humaine

Ce fut avant tout une merveilleuse aventure humaine avec des professionnelles sensibles, investies et surtout convaincues du bienfait qu’elles pouvaient m’apporter. Merci à elles d’exister. Ma première rencontre fut un grand et beau sourire, sincère et chaleureux qui m’a accueillie.

Un regard bienveillant qui s’est posé sur moi. Une voix douce et rassurante qui m’a invitée à m’initier, au contact de ses mains apaisantes et réparatrices, à la socio-esthétique. À chaque étape de ma maladie, je me suis laissée guider par leurs conseils et soigner par des gestes précis et adaptés, toujours dans la plus stricte intimité. Une aide précieuse qui m’a permis de me réapproprier mon corps et de me réconcilier avec l’image qu’il me renvoyait. Cela a commencé par un cours «effet bonne mine» pour masquer mes traits tirés et recevoir les compliments de mes collègues de travail ignorantes de mes séances de chimiothérapie.

Apprendre à jouer du foulard pour dissimuler le début de mon alopécie, amusant mes amis sur le nouveau style que j’avais pris. Mais aussi, le passage à la tonte qui se révèlera libérateur et où très vite le choix pour moi d’une perruque n’a plus été essentiel car elles m’aideront à me trouver belle telle que je suis. Et mes enfants aussi ! Et puis, se succèdent mes deux séjours en chambre stérile. Des temps d’écoute et de soutien où la parole n’est plus indispensable mais où le toucher y prend toute sa place. Mon corps affaibli et très amaigri qui s’abandonne enfin à une sensation exquise de douceur et de chaleur. Mon esprit qui s’évade lui aussi et vous en remercie.

Florence P.