Esthéticienne : les questions à se poser avant d’ouvrir une franchise
Créer sa propre activité via une enseigne de franchise est un réflexe de plus en plus fréquent, il faut dire que la solution ne manque pas d’avantages.
Les avantages de la franchise
- Elle permet de bénéficier d’entrée de jeux de la notoriété d’une marque qui a déjà investi pour se faire connaître et créé une image solide dans le grand public.
- Le franchiseur met également à la disposition des candidats un savoir-faire basé sur plusieurs années d’expérience, ce qui permet de gagner un temps précieux dans la création d’un institut. Etude de marché, montage d’un business plan, recherche du lieu et des financements sont autant d’étapes décisives dans la réussite d’un projet mais également d’obstacles parfois insurmontables lorsque l’on manque d’expérience et que l’on doit gérer simultanément toutes ces questions.
- Cet accompagnement est par ailleurs un avantage certain sur le plan financier car l’enseigne de franchise apporte des solutions bien rôdées pour l’aménagement, le réseau de fournisseurs et de partenaires, le tout avec des prix déjà négociés, de quoi faciliter le démarrage d’activité quand on se lance pour la première fois dans l’entreprenariat.
« Dans la majorité des cas, souligne en effet Florent Dulcino, consultant, le concept de la franchise attire des salariés qui rêvent de devenir leur propre patron ainsi que des personnes en reconversion qui veulent créer leur emploi et s’appuient sur cette formule pour gagner du temps et se développer rapidement ».
Ce qui fait hésiter les esthéticiennes à faire le choix de la franchise
Compte tenu de tous ces aspects positifs, pourquoi hésiter à se franchiser ? « Derrière les avantages incontestables d’une franchise se cachent également des contraintes qui peuvent se révéler contradictoires avec la manière dont une esthéticienne voit sa profession et cela même si le nombre croissant d’enseignes beauté bien-être facilite les choses car il est plus aisé de trouver celle qui correspond à sa philosophie professionnelle, explique Florent Dulcino. Voici en quelques mots les points cruciaux sur lesquels il faut bien réfléchir avant de décider si oui ou non, on est fait pour devenir franchisé.
Avez-vous la bosse du commerce ?
Cela peut paraître tomber sous le sens quand on a le projet d’ouvrir un institut de beauté. Mais c’est beaucoup moins évident qu’on ne le croit pour beaucoup de professionnelles du bien-être qui considèrent que l’aspect commercial est certainement un plus mais pas une finalité.
Aimez-vous vendre ?
Dans le cadre d’une franchise, en revanche, les performances dans la vente sont primordiales car la société qui recrute un franchisé pour son réseau attend de lui des résultats et un développement réel du nouveau centre à son effigie. Il faut donc avoir envie de faire du chiffre en vendant des prestations et des produits que l’enseigne met en avant pour des raisons stratégiques. Pour le franchiseur, des qualités commerciales sont donc aussi importantes qu’une solide expertise beauté, ce qui peut se révéler très frustrant pour une esthéticienne expérimentée qui s’investit en priorité dans l’aspect technique de son métier.
Avez-vous envie d’être liée à une enseigne pour plusieurs années ?
Quand vous ouvrez votre propre institut, c’est avec la conscience de vous engager pour plusieurs années afin d’amortir votre investissement et arriver au moins à l’équilibre financier. Mais dans la cadre d’une franchise, cet engagement est encore plus complexe car il fait intervenir un tiers.
- En effet, le contrat signé avec l’enseigne lie le franchisé au franchiseur a une durée moyenne de cinq à sept ans selon les cas, ce qui peut être très long.
- Cela implique en outre le paiement de droits d’entrée de plusieurs dizaines de milliers d’euros et de redevances dont le coût est généralement calculé en fonction de la notoriété et de l’implantation de la marque. Si cela ne fonctionne pas ou si vous voulez changer de cap en cours de contrat, la séparation risque de coûter cher et surtout, elle est loin d’être simple affirme Florent Dulcino, qui n’hésite pas à comparer cette situation à un divorce en bonne et due forme.
- Avant de sauter le pas, vous avez donc tout intérêt à vous interroger en priorité sur la façon dont vous voyez votre évolution sur la plan personnel et professionnel et surtout si l’orientation du franchiseur correspond bien à la façon dont vous envisagez votre métier à plus long terme.
Acceptez-vous que votre marge de manœuvre soit limitée ?
Si vous vous tournez vers la franchise, c’est en partie parce que cette formule vous assure un accompagnement pas à pas. Ne pas vous sentir isolée, bénéficier de conseils avisés en cas de difficultés rendent la situation d’entrepreneur beaucoup plus confortable. La contrepartie, c’est que vous cédez une partie de votre liberté d’entreprise.
Un franchiseur met souvent des années pour valider un concept qui cible une clientèle spécifique et se différencie des concurrents. Il a donc étudié toutes les facettes de sa franchise, de la décoration aux prestations en passant par les techniques de vente et chaque franchisé se voit imposer le même package tout comme le lieu où implanter son institut car il doit correspondre à la clientèle ciblée par la marque.
Pour le franchiseur, des qualités commerciales sont donc aussi importantes qu’une solide expertise beauté !
Au quotidien
Si ces impératifs sont clairs avant la signature du contrat, il faut bien anticiper ce que cela représente au quotidien : impossible de personnaliser la déco, d’adopter une technique ou de suivre une formation qui n’entre pas dans le cadre de la franchise, de faire entrer une nouvelle marque pourtant bien séduisante, par exemple !
Acceptez-vous de ne pas être votre propre patron ?
Certains points peuvent se négocier mais pas toujours et ce cadre qui semblait si sécurisant au début peut devenir une contrainte au bout d’un certain temps. « Un franchisé est son propre patron et endosse beaucoup de responsabilités mais il n’est pas indépendant à 100%. Il a évidemment accès à des formations intéressantes mais qui lui permettent essentiellement de progresser dans le cadre imparti afin d’obtenir de meilleurs résultats, pas forcément de s’épanouir en s’ouvrant à d’autres univers» précise Florent Dulcino. C’est pourquoi, si vous aimer travailler en toute liberté et que vous voyez votre profession comme une opportunité de suivre de près les évolutions du marché, la franchise n’est peut-être pas la meilleure solution pour créer votre entreprise.
Êtes-vous prête à faire partie d’un réseau ?
Si cette facette de la franchise n’est pas toujours assez prise en compte, elle a toute son importance au moment de prendre sa décision. Signer un contrat de franchise implique en effet de faire partie d’un réseau d’entrepreneurs qui font le même métier avec les mêmes outils et qui peuvent parfois se transformer en concurrents lorsqu’ils s’implantent à proximité. Cette dimension collective nécessite également de la part de tous les franchisés une participation active à ce réseau. Il faut notamment assister aux événements organisés par la marque dans le but de créer un esprit de groupe mais aussi d’assurer des échanges d’expérience tout en stimulant le dynamisme des participants.
Les enseignes imposent également des formations sur le management, les techniques de vente, la connaissance de la marque, etc…qui permettent d’entretenir la philosophie de la société. Ces rendez-vous sont très positifs pour éviter l’isolement et les moments de découragement mais ils prennent du temps et de l’énergie dans un contexte de travail déjà bien chargé avec le risque pour les personnalités les plus indépendantes de trouver cela trop contraignant.
Avez-vous envie de manager des salariés ?
Ouvrir son institut, c’est passer dans une nouvelle dimension professionnelle. A côté des compétences professionnelles, il faut également gérer la comptabilité, négocier avec les fournisseurs, animer la communication et trouver une foule d’idées pour renouveler la carte de soins et attirer ainsi de nouvelles clientes. Dans le cadre d’une franchise, il faut y ajouter la dimension management.
Aimez-vous travailler en équipe ?
Ces enseignes ne sont en effet pas adaptées aux professionnelles qui souhaitent travailler en solo. « Si le démarrage peut s’envisager sans salariés, leur l’objectif à moyen terme du franchiseur est de percevoir des royalties satisfaisantes, dont le montant est souvent calculé sur le chiffre d’affaires mensuel hors taxe », rappelle Florent Dulcino. Pour atteindre le seuil de rentabilité, il faut donc se développer rapidement et par conséquent embaucher des collaborateurs. Gérer une équipe est un tout autre métier qui exige certaines qualités et surtout constitue un travail hebdomadaire supplémentaire. On peut toujours se former au management, encore faut-il en avoir envie, ce qui n’est pas le cas de toutes les esthéticiennes qui préfèrent garder une forme d’indépendance.
Dans tous les cas, malgré l’accompagnement du franchiseur pour éviter les erreurs de débutant et aplanir les difficultés au démarrage, ouvrir une franchise reste une investissement personnel important qui demande une grande adaptabilité et exige que l’on renonce en partie à sa liberté d’entreprendre.