Florence Ansar, fondatrice de Physiobell’ : «Esthéticiennes, arrêtez de vous empêcher de briller !»
Je suis d’une famille où la pensée est reine, où les métiers manuels sont dévalorisés au profit des métiers intellectuels. Le «je pense donc je suis» de Descartes a fait beaucoup de mal. Cette phrase a modelé des siècles de croyances et a relégué le corps à une machine ou du moins quelque chose qui n’était pas important, qui passait après et qui n’était pas valorisé.
Mais aujourd’hui, ça suffit
Nous, les professionnelles de la beauté, portons une expertise qui va bien au-delà d’un soin de peau ou d’une épilation. Nous sommes les gardiennes du bien-être, les révélatrices de beauté, les catalyseurs d’épanouissement.
Pourtant, combien d’entre nous hésitent encore à se reconnaître dans cette puissance ? Combien se cachent derrière l’humilité, la peur de déranger, la crainte d’être prises pour ce que nous ne sommes pas ?
Le poids d’une société qui a dévalorisé les esthéticiennes
L’histoire a décidé que le corps était secondaire, un objet à discipliner, à masquer, à ignorer. Mais toutes ces conceptions ont volé en éclat grâce aux neurosciences et aux découvertes en neurobiologie qui ont démontré que ce n’est pas le cerveau qui contrôlait et affectait le corps mais bien plutôt le corps avec le système nerveux autonome qui influençait et contrôlait à 80 % au moins notre cerveau et les réactions de celui-ci ! Nous savons maintenant qu’il est bien plus que ça.
Le corps parle. Il ressent. Il exprime ce que les mots ne disent pas. Et nous, esthéticiennes, savons l’écouter et le comprendre mieux que quiconque.
Qui vous donne la parole ?
Mais voilà, on ne nous a jamais donné le micro. Nous avons dû nous contenter des coulisses, alors que nous étions prêtes à monter sur scène.
Quand j’ai commencé, moi aussi, j’ai porté ce poids. J’ai porté le regard déçu de mon père et cela a pesé sur mes actions dans mes centres. J’avais l’impression de ne jamais être assez, de ne jamais faire assez pour être reconnue. N’avez-vous jamais connu cette sensation ? Cette impression de ne pas être prise au sérieux, de devoir prouver votre valeur encore et encore.
S’autoriser à briller est un choix
Briller, ce n’est pas crier plus fort que les autres. Ce n’est pas écraser, ce n’est pas prouver sans cesse. Briller, c’est oser exister pleinement dans son rôle, sans s’excuser d’être là.
Osons dire tout haut et fort que nous sommes des expertes de la beauté et du bien-être
Vous n’êtes pas «juste des esthéticiennes». Combien d’élèves de mon école me font part que maintenant leurs clientes leur disent «Mais vous n’êtes pas qu’une esthéticienne ! Vous êtes plus».
Tout dépend de vous !
Changer la perception est une affaire de temps. Oui, c’est long. Oui, éduquer le regard des autres sur la valeur de notre métier est un combat de tous les jours. Oui, montrer que vous êtes des professionnelles du bien-être, des spécialistes du corps et de la peau, des expertes qui transforment la vie des femmes en leur redonnant confiance, en leur redonnant de l’estime, n’est pas simple.
Mais ce n’est pas en minimisant ce que vous faites que les perceptions changeront. Dernièrement, lors d’un coaching de stratégie d’entreprise à une esthéticienne, cette dernière me parlait de sa «petite entreprise», qu’elle faisait des «petits accompagnements»…. Et elle s’est reprise. Elle m’a d’ailleurs dit qu’elle le disait de moins en moins. Pourquoi son entreprise serait plus petite qu’une autre ? Pourquoi dévaloriser sa stature de chef d’entreprise ? Pourquoi s’empêcher d’être fière de son entreprise ?
Et si nous changions la perception de notre métier en nous autorisant à briller ?
Le respect et la reconnaissance ne se quémandent pas, ils s’imposent par la posture. Nous avons passé trop de temps à attendre que l’on nous accorde une place, alors qu’elle est déjà la nôtre. C’est à nous de faire comprendre notre rôle, à nous de parler, de montrer, d’incarner la valeur que nous apportons.
Nous sommes le lien entre le corps et l’esprit. Nous faisons bien plus que des soins : nous aidons les femmes à retrouver leur pouvoir. Nous leur offrons ce que personne d’autre ne peut leur donner : une reconnexion à elles-mêmes, un espace où elles se sentent exister.
Cette esthéticienne s’autorise à briller
Voici un message d’une des esthéticiennes du réseau Physiobell’: «Je viens d’avoir une dame au téléphone pour un bilan, elle me dit : «Je suis une ancienne sportive de haut niveau». Ce à quoi je lui réponds qu’elle a certainement de la cellulite fibreuse. Elle a halluciné ! Et je lui ai dit qu’entre la cure qu’elle va faire (je ne l’ai pas encore vue) et la reprise du sport, elle allait cartonner. Quel changement dans mon discours. J’ai l’impression qu’un immense portail vient de s’ouvrir devant moi. Je prends conscience de tout le potentiel que nous avons. Ça fait tellement de bien !».
Cette esthéticienne s’autorise à briller. Elle a contacté la Chambre de Métiers, elle va avoir un article dans le journal de sa région. Elle s’autorise enfin à être reconnue !
Et vous, quand commencez-vous ?
Alors, soyons visibles. Parlons de notre expertise avec assurance. Valorisons nos compétences. Cessons de minimiser ce que nous faisons. Osons dire haut et fort que nous sommes des expertes du bien-être et de la beauté, et que notre métier a un impact profond.
Plus nous rayonnerons, plus nous changerons la perception de notre métier.
Il est temps. Et si nous commencions maintenant ?
Florence Ansar, Fondatrice de Physiobell'.