Microneedling et législation 2025 : ce que les esthéticiennes peuvent (enfin) pratiquer en toute légalité
Microneedling, réglementation et zone grise : où en est-on en 2025 ?
Historiquement, le microneedling désignait une technique de soin de la peau à l’aide de micro-aiguilles destinées à stimuler le renouvellement cellulaire. Mais avec le temps, ce terme est devenu un fourre-tout, galvaudé, utilisé sans discernement par des distributeurs ou praticiennes souvent non diplômées. Résultat : un flou juridique et une méfiance croissante des autorités sanitaires.
Pour bien comprendre, il faut distinguer ce qui relève d’un acte médical, et ce qui peut rester dans le champ de compétence de l’esthéticienne diplômée. Ce sont ces critères de distinction – profondeur de pénétration, nature du produit injecté ou non, usage cosmétique ou non – qui font toute la différence.
Ce que dit l'État : microneedling = interdit aux esthéticiennes ?
Le Ministère de l’Économie explique clairement sur son site que la technique du microneedling, « consiste à faire passer sur la peau un rouleau muni de très fines aiguilles, souvent en association avec un produit cosmétique dont elle fait pénétrer les actifs dans la peau afin d’entraîner une réaction de synthèse de collagène. Dans la mesure où la machine utilisée entraîne une effraction cutanée dans l’épiderme mais aussi dans la partie superficielle du derme, la pratique du microneedling est interdite aux esthéticiens.
Un autre risque de la pratique du microneedling est lié à l’utilisation simultanée de produits cosmétiques, dont le microneedling est présenté comme facilitant l’effet, alors que ces produits cosmétiques n’ont pas nécessairement été évalués pour cet usage. Cette technique est parfois aussi associée à des pigments, le passage des aiguilles faisant pénétrer ces derniers dans la peau : dans ce cas, le microneedling est assimilable à la pratique du tatouage, qui est réglementée. Les esthéticiens doivent, s’ils souhaitent pratiquer le microneedling aux fins de tatouage, satisfaire aux exigences réglementaires applicables aux tatoueurs. Toutes les autres applications de cette technique – ne bénéficiant pas des dérogations prévues au Code de la santé publique – leur sont interdites. »
Pourquoi cette interdiction a-t-elle frappé les instituts ?
Plusieurs facteurs ont joué en défaveur de la profession :
- D’abord, le flou juridique autour des outils et techniques. Faute de réglementation claire, les services de la DGCCRF, de la DDPP ou des ARS ont préféré bloquer ou interdire la pratique plutôt que de risquer un scandale sanitaire.
- Ensuite, les médecins esthétiques ont dénoncé l’usage d’aiguilles par des non-médecins, voyant cela comme un dépassement de compétences.
- Enfin, parce que le traitement PRP, médiatisé par Kim Kardashian sous le nom de « vampire lift », a inspiré certaines personnes se disant « pros », souvent non diplômées en esthétique, à détourner les outils de microneedling, avec des pratiques à risque. Ces dérives ont causé un préjudice à l’ensemble de la profession, car les autorités sanitaires ont mis toutes les esthéticiennes dans le même sac, malgré les protestations des professionnels et syndicats qui condamnaient fermement ces pratiques illégales.
- À cela s’ajoute une explosion de formations peu scrupuleuses, ouvertes à tout public, et alimentant la suspicion sur la sécurité de la pratique.
Face à ce contexte, les ARS ont préféré stopper net le développement de la technique, sans faire de distinction entre les bons et les mauvais élèves. Un coup dur pour les instituts.
ACS PEN : une technique encadrée, validée et… légale !
Pourquoi ACS-Pen/ACS-Skinneedle, lui, est-il autorisé ?
Une victoire juridique importante a changé la donne. Le 16 juin 2025, le tribunal administratif de Strasbourg a annulé une injonction de la DDPP du Bas-Rhin interdisant l’ACS PEN, jugeant qu’il ne s’agissait pas d’un acte médical, car il ne dépasse pas l’épiderme.
Le tribunal a également retenu que :
- L’outil permet une pratique sûre, encadrée par une formation spécifique.
- Aucun rapport sanitaire, ni aucune étude scientifique n’avait démontré de risque bactériologique lié à son usage.
- Aucune plainte n’avait été enregistrée en France ou à l’international depuis sa mise sur le marché en 2016.
Comment ce dispositif a-t-il obtenu cette autorisation ?
L’ACS PEN SkinNeedler est un dispositif franco-allemand, conçu et documenté, avec des données scientifiques démontrables, des tests, des résultats cliniques. Ce n’est pas un gadget importé et revendu sous une marque générique.
Les aiguilles, la forme, la longueur, la matière : tout a été étudié. Ce sont ces éléments qui ont permis, avec l’appui d’une avocate, de prouver au tribunal que la technique était conforme au décret du 6 janvier 1962, qui définit les actes médicaux.
Est-ce que d’autres dispositifs similaires peuvent être autorisés ?
Rien n’est automatique. C’est au tribunal de trancher au cas par cas. D’autres marques devront prouver de la même manière la conformité de leur technologie et l’encadrement de leur formation.
Esthéticiennes : ce que vous pouvez faire aujourd’hui, légalement
Vous pouvez proposer la Stimulation Cellulaire Avancée avec l’ACS PEN, sans risque d’être attaquée, sauf décision judiciaire contraire.
Le 16 juin 2025, le tribunal administratif de Strasbourg a annulé une injonction de la DDPP du Bas-Rhin interdisant l’ACS PEN
Le tribunal a donné raison à la société C.MINCK, distributeur du dispositif, jugeant que les arguments sanitaires de l’administration ne tenaient pas. L’État peut encore faire appel jusqu’au 20 août 2025, mais pour l’instant, l’usage est autorisé, y compris en institut.
Comment présenter l’ACS PEN dans sa carte de soins et sa communication ?
Nous conseillons d’utiliser l’appellation Stimulation Cellulaire Avancée, qui est la traduction de l’acronyme ACS (Advanced Cell Stimulation). Cela permet de sortir du terme « microneedling », trop flou et connoté, et de mieux cadrer la prestation auprès de la cliente.
A 0,15 mm dans l’épiderme, est-ce que cela fonctionne vraiment ?
Incroyable, mais oui. Et nous le prouvons depuis des années dans nos formations et à travers le monde. Le soin reste performant, même sans dépasser l’épiderme. Nos voisins européens n’ont d’ailleurs jamais interdit cette technique. Chaque session de formation est l’occasion de transmettre les preuves, les résultats, les protocoles précis.
Le message de Cécile Michel aux esthéticiennes
Saisissez-vous de cette heureuse nouvelle ! Nous avons une brèche, une victoire, attendue depuis trois ans. Ne restons pas figées dans la peur. C’est l’occasion de reprendre notre place, de démontrer que les esthéticiennes sont des professionnelles compétentes, responsables, formées, à la croisée entre esthétique, bien-être et technique.
Nous ne cherchons pas à concurrencer les médecins esthétiques. Nous avons nos outils, nos forces, nos réglementations. Nos interventions sont utiles, souvent complémentaires. Il est temps de moderniser notre image et de prouver notre légitimité.
Contributeurs :
- Cécile MICHEL, SEO La Skin Académie, Responsable formation ACS SkinNeedler
www.laskinacademie.com - Céline MINCK, SEO SkinNeo – Distributrice ACS PEN SkinNeedler
www.skinneo-stimulation.com