Temple du Bien-Être : la résurrection d’un institut
Née en Centrafrique, il y a quarante et un ans, Noëlla est arrivée en France lorsqu’elle avait neuf ans. L’histoire aurait été belle si toute petite elle n’avait rêvé de devenir esthéticienne et qu’à force d’un travail acharnée elle le serait devenue.
Pourtant ce ne fut pas le cas et avant de passer avec succès son CAP Esthétique, elle fut femme de ménage dans un hôtel restaurant, caissière, employée polyvalente en grande surface, puis responsable de rayon.
«C’est à cette période que l’idée de travailler dans l’esthétique a commencé à germer dans mon esprit» explique Noëlla, qui s’est alors formée aux techniques de massage et de bien-être. L’idée qu’elle pourrait en vivre s’est peu à peu imposée comme une évidence. Elle a donc passé son CAP en 2009 pour devenir comme elle dit dans un sourire «cheffe d’entreprise dans l’esthétique».
C’est à cette époque, en 2019, qu’elle a racheté un institut à Besançon et a donné naissance au Temple du Bien-Être. Entretemps, elle avait travaillé comme VRP pour un laboratoire cosmétique et comme esthéticienne à domicile.
Une esthéticienne aventurière
C’est un peu comme cela qu’elle se définit. Il faut dire que le gap était large entre l’enfant arrivée de Centrafrique et ce qu’elle est devenue aujourd’hui à force d’un travail acharné.
Lorsqu’elle a racheté le Temple du Bien-être, l’établissement était fermé ; la clientèle l’avait déserté du fait de jours d’ouverture aléatoires et d’une hygiène approximative. Noëlla a donc réalisé une bonne affaire. Mais c’était sans compter sur l’épidémie de Covid qui a imposé un premier confinement. Elle a donc pris son mal en patience et lorsqu’elle a rouvert, le peu de clientèle qui était restée fidèle à l’institut est revenue. Puis le bouche à oreille et une importante communication dans les médias locaux et sur les réseaux sociaux ont fait le reste.
Il lui a fallu une énergie incroyable pour ne pas baisser les bras. «J’étais nouvelle dans le milieu et le Covid est arrivé… J’étais à plat… Mais j’ai cru en moi et en une clientèle que je ne connaissais pas… J’ai communiqué dans les journaux locaux, sur les réseaux sociaux, j’ai créé un partenariat avec le Besançon racing club, le club de basket bisontin, je me suis engagée auprès des associations de commerçants du centre-ville…»
Elles sont aujourd’hui deux à travailler dans l’Institut. Loann qui l’accompagne depuis maintenant deux ans s’occupe plus particulièrement de la partie massage…
«Nous travaillons généralement en binôme sauf en ce qui concerne les soins esthétiques et bien-être dont je me charge personnellement» précise Noëlla.
Une troisième personne va bientôt rejoindre l’équipe dans le cadre d’un contrat d’apprentissage en CAP Esthétique. Ce ne fut pas une tâche aisée que de recruter, raconte Noëlla.
«Beaucoup de personnes qui répondent à mes annonces ont une image erronée de notre métier… Elles n’envisagent pas de travailler le soir, et encore moins le week-end, alors que ce sont des moments où les clientes ont du temps» argumente Noëlla, qui a fait de l’adaptation aux disponibilités de sa clientèle un crédo fort. C’est ainsi que l’institut ne ferme jamais ses portes avant 21 heures les vendredis et samedis.
Et sa clientèle a suivi. Toutes louent le professionnalisme de Noëlla. Ainsi, Agnès, la soixantaine, fréquentait l’institut depuis une dizaine d’années. «J’aime le Temple du Bien-Être pour son hammam et les soins du corps qui y sont dispensés avec beaucoup de professionnalisme, de bienveillance et une écoute permanente. Noëlla sait se mettre à la portée de ses clientes. Elle sait s’adapter et proposer des nouveautés en fonction de chacune. De plus, elle ajuste sa carte en fonction de la saison. J’avais l’habitude d’aller dans d’autres instituts où j’ai croisé d’excellentes esthéticiennes, mais, avec Noëlla, il se passe quelque chose en plus dans la relation qu’elle a su créer avec chacune d’entre nous.»
Même ressenti pour Pauline qui, du haut de ses vingt-deux ans fréquente l’institut depuis un an et demi. «Une amie m’avait offert un soin, c’est comme ça que j’ai découvert le Temple du Bien-Être. J’ai fait un peu de tout : épilations, massages et soins du visage…» Pauline est tellement satisfaite que malgré un départ prochain pour aller travailler en Suisse, elle continuera à venir faire ses soins esthétiques au Temple du Bien-Être.
Les clientes, sources d’inspiration
«Mes clientes m’inspirent. Elles sont transparentes avec moi, me parlent beaucoup. Je profite de leurs expériences, j’essaie de répondre à leurs demandes ; nous sommes devenues comme une famille. Je regarde aussi beaucoup les réseaux sociaux et je fais beaucoup de formations. C’est un devoir permanent car nos clientes demandent des nouveautés et il nous faut évoluer en même temps que les techniques.»
Cet échange permanent, cette écoute font que l’exigence de la clientèle est devenue très forte. «Il n’y a pas un problème qu’elles me soumettent que je n’essaie pas de résoudre. Si je ne sais pas, je me renseigne, je cherche, et mon expérience fait le reste.»
Sa clientèle représente un large éventail des femmes de notre époque. La plus jeune, onze ans, vient avec sa maman pour des massages et des gommages. La plus âgée, qui va bientôt avoir quatre-vingt quinze ans, vient régulièrement pour des soins du visage et du corps.
Si une clientèle masculine fréquente de plus en plus l’institut - principalement pour des soins du visage et pour la partie hammam - elle ne représente qu’une infime partie de la clientèle de Noëlla.
Un soin signature qui dure trois heures
Ce qui fait la renommée de l’établissement, et lui donne son côté «Mille et une nuit», c’est son hammam traditionnel… Il existait déjà lorsque Noëlla a racheté l’institut. «On l’a agrandi, installé des tables en marbre ainsi que des douches en pierre. Il peut accueillir jusqu’à 30 personnes» précise Noëlla.
C’est en partie dans ce hammam qu’est dispensé le soin signature du Temple du Bien-Être. Il peut durer jusqu’à trois heures et s’effectuer en solo ou en duo.
«Une séance au hammam, c’est une parenthèse hors du temps, durant laquelle on s’abandonne pour mieux se retrouver» aime à dire Noëlla. Elle explique : «On installe la cliente dans le hammam et on lui fournit une fouta, ce drap de bain typique de la culture maghrébine, des chaussons, un peignoir, ainsi qu’un bonnet, et les traditionnels kessa, ces gants en crin pour les gommages.» Sans oublier l’indispensable thé à la menthe.
Le soin commence par un enveloppement purifiant à la vapeur et un gommage du visage et du corps pratiqué avec du savon noir et du rhassoul, cette argile dont les propriétés lavantes et dégraissantes sont reconnues.
Le rinçage s’effectue, au choix, à l’eau de rose ou de fleur d’oranger. Ensuite, la cliente est emmenée dans un endroit plus sec pour un massage de la tête aux pieds pratiqué pendant trente minutes sur une table chaude en marbre. S’ensuivent un soin du visage et un massage du cuir chevelu avec de l’huile d’argan tiède… Enfin, la cliente peut profiter d’un plateau d’apéritif dînatoire.
L’institut peut même mettre ses compétences en matière de bien-être au service de celles et ceux qui veulent organiser des évènements particuliers comme les enterrements de vie de jeune fille ou des anniversaires. Un espace peut être réservé et Noëlla s’occupe de tout : elle propose ainsi différentes formules avec apéritif dînatoire ou repas et des soins corporels…
Et les nouvelles technologies ?
Autant dire que Le Temple du Bien-Être laisse plus la place aux soins traditionnels qu’aux nouvelles technologies, sans pour autant les oublier complètement, puisque Noëlla s’intéresse depuis peu à Modologie et sa technique qu’elle pratique à travers le soin Consilium 7, qui allie haute technologie et cosmétique plus traditionnelle. Noëlla se dit en phase avec cette technologie qui laisse une large place au toucher et qui donne d’excellents résultats.
«Les personnes ont besoin de contacts. Le toucher et la bienveillance sont la base de notre métier. Les nouvelles technologies ne remplaceront jamais cela. Certes, elles optimisent les résultats mais nos mains restent primordiales…» insiste Noëlla, qui donne des conseils à ses clientes pour qu’elles prolongent chez elles, par des gestes et des exercices simples, les soins prodigués à l’institut. «Elles savent que, notamment pour les soins minceur, si elles ne respectent pas les consignes que je leur donne “Noëlla va se fâcher”disent-elles» lance l’esthéticienne dans un éclat de rire.
Se battre pour le métier
Si son institut fonctionne bien, Noëlla n’entend pas s’endormir sur ses lauriers. «Il faut nous battre pour notre métier. Depuis le Covid, beaucoup de personnes se sont équipées d’appareils pour faire de l’épilation chez elles. Certes, elles vont s’épiler toutes seules et cela leur coûtera moins cher mais il leur manquera ce qui fait la qualité d’un soin esthétique pratiqué par une professionnelle : l’écoute, la bienveillance, l’expertise du geste, ce que les non-professionnels qui fleurissent sur le marché ne pourront jamais apporter. Notre métier n’est pas anodin ; on travaille avec le corps de nos clientes, on touche à l’intime et c’est important d’avoir été formée pour le faire dans de bonnes conditions.»