Comment financer la création de mon institut de beauté
Le mois dernier, Laurent Bertrel et Sophie Lenoir, coaches spécialisés en création d’entreprise, vous ont apporté des pistes de réflexion et proposé des outils pour vous permettre de construire votre business plan. Aujourd’hui, ils vous parlent du financement de votre projet et des aides financières qu’il est possible de décrocher.
Création d'institut de beauté : le financement du projet
Puisqu’il est difficile de créer une entreprise sans apport financier personnel, nous abordons ici une question vitale pour vous permettre d’avoir les moyens de vos ambitions. Si vous possédez un capital suffisant pour ne pas emprunter, alors ce paragraphe n’est pas pour vous et nous vous invitons à lire le prochain. Dans le cas contraire, découvrez maintenant les différentes possibilités qui s’offrent à vous pour vous aider à boucler votre budget.
La banque
La banque est bien entendu le premier interlocuteur auquel nous pensons pour obtenir un prêt à la création d’entreprise (PCE). Cependant, il y a une grosse difficulté à surmonter puisqu’il faut convaincre votre banquier de la viabilité de votre projet. Et en cette période de crise, c’est loin d’être évident…
Aussi, nous vous recommandons de contacter en même temps plusieurs organismes bancaires afin de multiplier vos chances d’obtenir une réponse positive. Effectivement, nous avons tendance à oublier que la banque n’est qu’un prestataire de services et qu’il est possible, et fortement recommandé, de faire jouer la concurrence pour choisir celle qui vous convient le mieux. Le dossier financier que vous avez déjà préparé vous sera ici d’une grande utilité et celui-ci doit être parfait.
Nous vous recommandons donc de le soigner tout particulièrement aussi bien sur le fond que sur la forme tout en sachant que vous vous adressez à un spécialiste des chiffres et non de l’esthétisme. Votre dossier doit être attrayant mais sans fioriture. Comme un CV, il doit vous représenter d’une manière sérieuse et mature.
Pensez aussi à préparer vos arguments puisqu’une telle demande s’accompagne toujours d’un entretien oral. Tout comme pour un examen devant un jury, vous devez donc vous y préparer, pourquoi pas en réalisant un jeu de rôle avec une personne de votre entourage jouant l’agent bancaire. Et pour ce faire, découvrez quelques exemples de points à développer avant de prendre rendez-vous :
- Travaillez votre argumentaire en répondant notamment à des questions comme : pourquoi notre agence doit-elle croire en vous ? Quels sont les points forts et les points faibles de votre projet ?
- Maîtrisez le contenu de votre dossier et bannissez les réponses du type «tout est dans le dossier». Vous devez connaître votre projet par cœur et dans les moindres détails. Il faut rassurer votre interlocuteur en lui donnant l’impression que vous savez comment faire pour engendrer des produits tout en limitant vos charges sur une période donnée (de trois à cinq ans).
- Travaillez votre présentation. Vous êtes une professionnelle et vous devez le montrer. L’habit ne fait peut-être pas le moine mais votre présentation va aussi jouer un rôle non négligeable. Aussi, faites exactement comme si vous souhaitiez réussir un entretien d’embauche.
Vous êtes là pour séduire et pour convaincre en prouvant que vous êtes la femme de la situation.
Notez que vous pouvez associer d’autres produits comme par exemple un livret d’épargne entreprise (LEE) permettant d’épargner un capital en vue de créer ou de reprendre une entreprise. Attention, car ce dernier demande un temps de constitution puisqu’une phase d’épargne –de deux ans minimum- est nécessaire pour bénéficier d’un taux d’intérêt garanti. Il convient donc d’anticiper.
Le micro-crédit
Aussi appelé crédit solidaire, le micro-crédit peut vous permettre de recevoir une petite somme d’argent s’il vous est finalement impossible d’obtenir un prêt bancaire. Votre interlocuteur sera dans ce cas l’ADIE ou France Active.
La tontine
Effectivement, cela sonne un peu comme «tantine» et pour cause puisqu’il s’agit de demander un prêt à l’un des membres de sa famille, de son cercle amical ou social (voisins, collègues, etc.).
Cette participation est légale et vous pouvez organiser les échéances de remboursement directement avec le prêteur. La rédaction d’un contrat même succinct est conseillée afin d’éviter toute forme de conflit.
Le crédit-bail
Aussi appelé leasing, le crédit-bail vous donne la possibilité de financer vos investissements matériels dans le cadre d’un contrat de location avec option d’achat. L’avantage est que vous pouvez le faire sans aucun apport personnel. L’inconvénient est qu’il peut au final coûter très cher. Vous devez donc, pour ne pas avoir de mauvaise surprise, bien vous renseigner et surtout lire très attentivement le contrat et en particulier les phrases rédigées en tout petit…
Le financement participatif
Vous le connaissez peut-être déjà sous le nom de «crowdfunding». Très à la mode sur Internet notamment pour lancer une start-up ou pour accompagner l’œuvre d’un artiste (CD, jeu, etc.), le principe de ce mode de financement collectif est d’inviter des milliers d’internautes à apporter leur soutien en investissant dans le projet quelques dizaines ou centaines d’euros. La somme ainsi récoltée peut être suffisante pour se lancer. Même si votre projet n’est pas de lancer une start-up ou votre carrière d’artiste, vous pouvez tout à fait utiliser ce système en recherchant sur Internet la bonne plateforme c’est-à-dire le bon site partenaire capable d’accueillir votre projet.
Lors de la constitution de votre dossier de candidature (toutes les offres ne sont pas automatiquement acceptées), nous vous conseillons de bien faire ressortir vos points forts et l’originalité de votre institut, car c’est principalement sur ces critères que vous allez être sélectionnée et que les participants vont vous suivre ou non. En effet, ils agissent principalement au coup de cœur et il convient donc de s’adresser à eux d’une manière émotionnelle mais aussi originale afin de sortir du lot. Alors, n’hésitez pas à mettre en avant votre créativité tout en vous rappelant quand même qu’il s’agit là aussi d’investisseurs.
Le business angel
Le mot est beau et le concept aussi puisque cet ange presque tombé du ciel va vous aider à boucler votre budget et donc à démarrer votre activité. Bien entendu, il ne va pas le faire gracieusement, car même les anges méritent salaire. La contrepartie sera une participation minoritaire et temporaire dans le capital de votre entreprise. Cette prise de participation peut se faire de la part d’une personne physique souhaitant investir une partie de son patrimoine financier ou bien de celle d’une société spécialisée en capital risque. Si vous souhaitez faire appel à un business angel, vous pouvez contacter l’une des organisations suivantes : CIGALES, FinanCités, France Angels, Garrigue, La Nef ou Love Money.
Le revolving ou crédit à la consommation
Avec ce crédit permanent, vous pouvez emprunter à tout moment une somme d’argent définie avec l’organisme créditeur. Mais attention car le crédit à la consommation coûte souvent cher en intérêts et vous devez donc l’utiliser avec la plus grande prudence et seulement après avoir réalisé une simulation chiffrée très précise ; le but étant ici de répondre à la question suivante : «Quel est le montant final (donc tout compris) que je vais devoir payer ?». De toutes les solutions présentées ici, c’est à notre avis la moins bonne et c’est la raison pour laquelle nous vous la présentons en dernier (à utiliser en dernier recours…).
Maintenant que vous savez où chercher de l’argent pour boucler le budget de votre création, découvrez comment obtenir une aide financière.
Esthéticienne : vous créez votre institut, voici les aides dont vous pouvez bénéficier
Il existe en France un très grand nombre d’aides à la création d’entreprise. Nous ne pouvons donc pas toutes les lister ici mais nous vous invitons à creuser très sérieusement ce chapitre en remuant ciel et terre pour en décrocher au moins une.
Exemples d’aides
- Prêt à taux zéro et sans garantie avec par exemple le dispositif Nacre (voir DIRECCTE pour trouver l’interlocuteur le plus proche de chez vous).
- Prêt à taux bonifié proposé par certaines régions.
- Prêt d’honneur sans garantie et à taux zéro (voir APCE ou directement les réseaux d’accompagnement à la création comme Entreprendre ou Initiative France).
- Subvention locale, prime régionale d’aide à la création d’entreprise ou bourse obtenue dans le cadre d’un concours (voir avec les collectivités locales -conseil régional, préfecture, mairie- mais aussi les fondations et même les grandes entreprises.
- Fonds de garantie bancaire (renseignez-vous auprès d’un réseau d’accompagnement).
- Versement des allocations chômage sous forme de capital, aide à la reprise ou à la création d’entreprise (dispositif Arce), aide individuelle à la formation professionnelle pour les artisans (dispositif AIF – voir Pôle Emploi).
- Exonération de cotisations sociales et patronales (dispositif Accre si vous êtes demandeur d’emploi – voir Pôle Emploi).
- Exonération de cotisations patronales, d’impôt sur le bénéfice et/ou impôts locaux, notamment en zones franches urbaines, dans un bassin d’emploi à redynamiser ou une zone urbaine sensible (voir avec les collectivités locales).
- Soutien au commerce de proximité dans les petites communes (Fisac : Fonds d’intervention pour les services, l’artisanat et le commerce –voir DIRECCTE).
- Aide particulière et continue (moyens matériels et financiers…) réalisée par une entreprise accompagnatrice (Cape : contrat d’appui au projet d’entreprise - voir CFE).
- Aides à l’embauche (voir Pôle Emploi), etc.
Aide et création d'institut de beauté : qui contacter ?
D’une manière générale, l’APCE ou le CFE (voir ci-après) sont vos premiers interlocuteurs car ils centralisent une mine d’informations très précieuses. Mais nous venons de voir dans la liste précédente que chaque dispositif d’aide est rattaché à un organisme particulier. Nous vous conseillons donc de choisir votre interlocuteur principal en fonction de votre statut :
- demandeur d’emploi = Pôle Emploi ou APEC (voir notamment les services «Objectif entreprendre – J’y pense et je me lance»),
- activité artisanale = Chambre de Métiers et de l’Artisanat (ou CMA).
Notez bien que cette liste n’est absolument pas exhaustive et qu’un grand nombre d’organismes et d’associations sont à votre disposition pour vous aider et vous accompagner au niveau local dans votre démarche, notamment :
- pour tous les porteurs : AGIR, BGE, EGEE, ETCI, initiative France, PIVOD, Réseau Entreprendre,
- pour les jeunes : ADAM, AFIJ, CIDJ, Fédération Léo Lagrange, Groupement des Créateurs, Mission locale, MOOVJEE,
- pour les femmes : ACTION’ELLES, CNIDFF, Fédération Pionnières,
- pour les personnes handicapées : AGEFIPH.