J'ai ouvert trois instituts de beauté en zone rurale !
Mes débuts dans l'esthétique
J’ai toujours voulu devenir esthéticienne, l’idée d’apporter du bonheur et de la beauté aux gens me passionnait.
J’ai passé un CAP et un BP en alternance auprès d’une patronne vraiment formidable, elle m’a appris énormément de choses.
Une fois mon BP obtenu, j’ai eu l’opportunité de signer un CDI dans un institut de beauté à quinze minutes de chez moi, à Ingwiller. J’y suis restée trois ans.
C’est pendant cette expérience que j’ai réalisé que j’avais beaucoup d’idées et que je souhaitais faire de l’esthétique mais, à ma manière.
Dans cet institut, je devais aller vite, c’était un peu du travail à la chaîne, cela ne correspondait pas du tout à la philosophie que je me faisais de l’esthétique…
Mon rêve était d’ouvrir ma propre structure un jour, mais avant, je voulais acquérir de l’expérience.
La création de mon institut
Après cette expérience, je devais reprendre l’institut d’une dame qui partait à la retraite, les choses devaient se passer tout en douceur, mais, finalement, rien ne s’est déroulé comme prévu.
J’ai donc décidé de me lancer et d’ouvrir le Studio de Léa. C’était il y a cinq ans, j’avais vingt quatre ans.
Un institut dans un village de 1 500 habitants
J’ai toujours aimé le milieu rural. J’avais beaucoup de contacts dans la région, je prodiguais régulièrement des soins à ma mère, ses amies. Il n’y avait pas de raison pour que tous les habitants en milieu rural ne puissent pas profiter de soins esthétiques.
En 2015, une belle opportunité s’est présentée, il s’agissait d’une ancienne poste de 90 m2 dans le village où j’habitais, à Neuwiller-lès-Saverne. À l’époque, il n’y avait comme commerce qu’un coiffeur, rien de plus, et 1 500 habitants.
Mon compagnon et mes parents m’ont beaucoup aidée pour les travaux et l’installation.
Dans cet espace de 90 m2, j’avais une cabine pour le soin, une cabine pour le maquillage permanent et enfin une dernière pour les épilations, et si jamais nous devions être plusieurs à travailler dans cet espace, ça pouvait convenir.
J’ai choisi de travailler avec Sothys, ma mère utilisait déjà Sothys. J’ai toujours connu et apprécié cette marque qui me permet d’apporter une réponse à chaque problématique.
Pour le maquillage, je travaille avec Artdeco, Obsessio’nails pour les ongles et je suis équipée d’un Starvac.
Le concept du Studio de Léa
C’est un institut simple, comme moi, qui accueille tout le monde : les minces, les moins minces, celles qui ont les moyens, celles qui en ont moins.
Mon objectif est que toutes les clientes se sentent bien chez moi.
C’est vraiment mon point fort : savoir écouter et avoir en permanence le sourire, c’est naturel pour moi, cela ne me demande pas beaucoup d’effort.
Dans n’importe quelle circonstance, selon moi, le positif attire le positif. Être positive, c’est le plus important.
Les premières clientes
Deux, trois semaines avant d’ouvrir, j’ai fait un publipostage dans les boîtes aux lettres en présentant mon institut et en offrant une remise de 20 % pour la première visite.
Comme mon budget était très serré, à part l’impression, nous avons tout fait en famille avec mon compagnon, ma soeur, ma belle-soeur pendant quinze jours.
Ainsi, nous avons distribué dans sept villages, à quinze kilomètres alentour, des offres.
J’ai immédiatement souscrit un abonnement avec Flexy pour simplifier les prises de rendez-vous, les encaissements… Ainsi, avant même l’ouverture de mon institut, deux semaines de mon agenda étaient déjà remplies.
Beaucoup de clientes avaient l’habitude d’aller en institut plus loin, à douze kilomètres et ce n’était que des franchises, elles étaient ravies de trouver une proposition de soins dans leur village.
En 2019, j’ai doublé le chiffre d’affaires de la première année !
Esthéticienne VS chef d’entreprise
Pour fidéliser ces premières clientes, je suis restée naturelle, je les ai accueillies gentiment avec un sourire aussi chaleureux que sincère, je les ai chouchoutées en essayant toujours de faire au mieux mon travail.
Ainsi, presque toutes les clientes du départ sont revenues, je fus rapidement submergée de rendez-vous. À la fin du soin, ce sont les clientes qui demandaient automatiquement à reprendre rendez-vous.
Ce fut difficile de devoir tout gérer seule, je ne pensais pas avoir autant de travail, je ne voyais plus grand monde, je travaillais non-stop.
C’était dur mais je me suis accrochée et j’ai réalisé à quel point j’aimais ça. Si on veut que ça marche, il ne faut pas avoir peur de travailler !
Cette période difficile a duré un an et demi. J’étais contrainte de refuser du monde.
J’avais un petit peu peur d’embaucher, je me disais que j’étais esthéticienne, pas chef d’entreprise, je ne me voyais pas avoir la responsabilité de payer quelqu’un, mais, à un moment, je n’ai plus eu le choix…
Ma première embauche
Barbara, une ancienne camarade de lycée qui était esthéticienne avant de tomber enceinte, venait faire ses ongles tous les mois chez moi.
Elle cherchait du travail, nous avons passé une journée de test ensemble et je l’ai embauchée. Je pensais que Barbara me permettrait de souffler un petit peu, mais pas du tout, nous avons eu encore plus de clientes, nous étions deux à être débordées maintenant et tant mieux !
Après une année d’activité, j’avais réalisé un chiffre d’affaires de 70 000 euros, toute seule ! Avec Barbara, nous avons réalisé le double !
C’est à la première embauche que les choses se sont débloquées et que j’ai eu moins peur de manager, mais ça m’a fait du bien de travailler seule et le fait que ce soit compliqué m’a appris beaucoup de choses.
Six mois après l’embauche de Barbara, j’ai décidé de prendre une apprentie, Lydie. Tout s’est très bien passé, je l’ai embauchée ! Elle, c’est la spécialiste des soins, des massages, nous sommes très complémentaires.
Un deuxième Studio de Léa
Mon affaire fonctionnait bien, à tel point que j’ai eu envie d’avoir un deuxième institut et c’est ainsi que j’ai racheté l’institut de Mallory à Bouxwiller en 2018. C’est chez elle que j’avais fait mon stage lors de mon CAP.
C’est un institut qui fonctionnait bien et qui travaillait comme moi avec Sothys et Artdeco, mais nous n’étions pas du tout sur le même secteur, nous n’étions pas en concurrence.
J’ai rebaptisé cet institut de deux cabines «Le Studio de Léa». J’ai optimisé l’organisation en travaillant avec Flexy pour les rendez-vous et j’ai revu les stocks.
En effet, on a parfois l’impression d’avoir besoin de tout, alors qu’en fait, pas du tout. J’ai ajouté du pep’s et de la simplicité dans l’approche. C’était un institut assez élitiste, et, au Studio de Léa, toutes les femmes sont les bienvenues.
J’ai redécoré l’espace, j’ai conservé la salariée et j’ai embauché une jeune fille. Ces deux jeunes filles avaient plus de liberté pour s’exprimer, nous avons ainsi organisé des jeux sur les réseaux sociaux et dynamisé nos offres.
Un développement, dans la douleur mais fructueux
Cette période fut particulièrement difficile pour moi, ce fut même la pire, mon bébé avait 6 mois…
Pour racheter cet institut, j’ai emprunté la totalité de la somme, j’avais deux personnes à temps complet, l’enjeu était énorme, je n’avais pas droit à l’erreur.
Mon quotidien était intense, je ne savais plus où donner de la tête entre les deux instituts car je tenais à prodiguer moi-même des soins pour découvrir la clientèle et l’accueillir en personne.
Après quatre mois, j’avais acquis ma vitesse de croisière et avec les modifications effectuées, à la fin de l’année, le chiffre d’affaires avait augmenté de 40 % par rapport à l’année précédente !
Un troisième Studio de Léa
En mars 2019, la commerciale de Sothys m’a informée qu’un institut était à vendre à Haguenau à 40 km de chez moi. Ce n’était pas du tout dans mes projets…
À tout hasard, j’ai contacté cette esthéticienne, nous nous sommes très bien entendues et j’ai finalement racheté son institut de beauté de deux cabines avec un grand espace boutique en septembre 2019.
J’ai conservé les deux esthéticiennes salariées et Fanny, l’ancienne gérante, avec qui je m’entends très bien et qui vient en free-lance de temps en temps pour le maquillage permanent que je pratique donc dans mes deux autres instituts de beauté mais pas celui-là.
J’ai de nouveau contracté un emprunt total. J’étais beaucoup moins stressée que pour le premier rachat car j’avais compris comment gérer sans être présente physiquement.
Le soutien essentiel des proches
Toute ma famille et mon compagnon me soutiennent beaucoup.
Mon père est chef d’entreprise, il a eu de bonnes et de mauvaises aventures, il a de l’expérience et a toujours su tirer le positif de ses expériences.
Il m’a beaucoup coachée et appris pour ne pas faire les mêmes erreurs que lui.
Au quotidien, il me motive énormément en me disant : «Tu vas y arriver, tu peux le faire, c’est bien, développe ton affaire !». Je devais choisir entre me cantonner à un seul institut ou me développer et, à chaque fois, les occasions se sont présentées à moi, alors, pourquoi ne pas tenter ?
Un quatrième Studio de Léa...
Et en ce moment, je suis en train d’acquérir mon quatrième institut ! Il s’agit d’un hôtel-restaurant à Obermodern qui aimerait que le bail situé près de l’hôtel juste à côté du salon de coiffure soit dédié à un institut de beauté et que ce soit moi car, m’ont-ils dit, «Le Studio de Léa a bonne réputation dans la région».
L’aventure continue donc, toujours avec deux cabines et avec Sothys et Artdeco.
La recette du succès
Il est important d’avoir un entourage qui croit en vous et avoir confiance en vous. Ma devise est : «Si les autres y arrivent, pourquoi je n’y arriverais pas ?».
Mon conseil à une esthéticienne
Il faut continuer à aimer votre métier parce que c’est quand même magnifique d’apporter du bonheur aux gens comme on le fait car, avant tout, vous apportez un beau moment à votre cliente, c’est merveilleux.
Continuez d’aimer votre métier, de faire partager votre passion de l’esthétique à vos clientes, vos collaboratrices. J’aimerais aussi que les esthéticiennes s’entraident plus entre elles.
Plus nous serons nombreuses et plus nous arriverons à démontrer à quel point notre métier est fantastique. Croyez en vous et dites-vous qu’il n’y a pas de raison de ne pas y arriver !
L’avenir
Lorsque j’ai annoncé à mes parents que je souhaitais me lancer dans l’esthétique, ils étaient catastrophés ! J’ai dû commencer par un lycée général, mais, à force, j’ai réussi à les convaincre.
Aujourd’hui, ils admettent que l’on peut réussir en étant commerçant artisan, il faut beaucoup travailler, mais ça marche.
Je n’ai pas spécialement l’intention d’arrêter mon développement…
À ce jour, j’ai déjà trois instituts de beauté, je fais travailler huit esthéticiennes et je gagne convenablement ma vie. Quand j’aurai terminé de rembourser tous les prêts, on verra si je peux m’augmenter… Je suis encore jeune.
Mon objectif est de développer mes instituts, faire en sorte que ça marche, et gagner de l’argent mais pas tout de suite. Il faut avant assurer la pérennité de chaque affaire. J’ai une équipe formidable, je n’ai jamais eu à me séparer de quelqu’un.
Mes esthéticiennes travaillent toutes bien et réalisent un excellent chiffre. Je suis très heureuse, ce que je vis est très excitant. Ces challenges, ces objectifs à atteindre, ces montages d’institut… j’adore ça !
Mon prochain objectif, c’est le Concours Un des Meilleurs Ouvriers de France !
C’est une nouvelle aventure qui commence pour moi. Depuis que j’ai commencé dans l’esthétique, c’est mon rêve, le Graal absolu : un jour devenir Meilleur Ouvrier de France !