Collagène végétal : mythe ou révolution ?
Les cartes ont été redistribuées. La crise sanitaire que nous avons récemment vécue a contraint de nombreux secteurs à repenser leur offre pour coller aux nouvelles attentes des consommateurs. Ces derniers n’ont depuis plus les mêmes besoins, ne formulent plus les mêmes demandes. La naturalité et le respect de l’environnement sont au cœur des attentes. Et il n’est pas question que cela leur coûte plus cher ! Avoir accès à des produits de qualité, sains, et respectueux de l’environnement doit devenir la norme et non plus un argument de vente pour les marques. Ce qui peut expliquer le succès fulgurant de la marque Aroma Zone, dont plus de 60 % des matières premières sont biologiques, élue deux années de suite «Enseigne Préférée des Français» dans la catégorie Enseigne engagée. «Malgré la pression sur le pouvoir d’achat, 27 % des foyers déclarent arbitrer en premier lieu selon les enjeux RSE et c’est pour cela que nous continuerons à mettre notre engagement RSE au cœur de nos démarches» déclarait la marque dans un post LinkedIn.
Baser une campagne publicitaire pour un produit de beauté sur le simple fait que celui-ci est bio est d’un autre temps. Les consommateurs attendent plus : du naturel, de la sensorialité et de l’efficacité. Un véritable défi à relever pour certaines marques de cosmétiques.
Des marques qui veulent innover pour leurs consommateurs
C’est la réalité du marché. Pour rester dans la course, il faut innover. Raison qui, selon Céline Couteau, docteure en pharmacie, spécialiste en cosmétologie, co-créatrice du blog Regard sur les cosmétiques, suffit aux marques pour chercher à innover continuellement. Il convient également de noter que l’influence qu’exercent les réseaux sociaux sur l’opinion publique contribue à faire défiler les tendances en matière de beauté. Pas une semaine ne passe sans voir émerger un nouvel actif tendance, une nouvelle méthode d’application de maquillage, une nouvelle marque… Suivre le rythme des trends sur les réseaux est une question de survie pour les marques si elles ne veulent pas se faire doubler.
Avoir accès à des cosmétiques végétaux compte pour de nombreux consommateurs, comme le souligne Céline Couteau. Chose à laquelle on ne pensait pas auparavant. «Cela concerne à la fois les personnes qui ont une philosophie de vie végane, mais également celles qui d’un point de vue religieux ne veulent pas utiliser certaines matières premières issues du porc ou d’animaux n’ayant pas été abattus d’une certaine manière. Il y a donc un public pour ce type de cosmétiques» explique-t-elle. Des cosmétiques finalement assez universels, ce qui semble être une bonne chose.
Collagène végétal : de quoi s’agit-il ?
Dans le but de proposer aux consommateurs des cosmétiques qui répondent à leur demande, des marques développent des produits contenant des actifs végétaux. En ce moment, c’est le collagène végétal qui a la côte. Mais qu’est-ce que c’est ? Il convient de rappeler dans un premier temps que le collagène est d’origine animale. «Le terme «collagène» est un mot dérivé du grec «kolla» qui signifie «producteur de colle». Une molécule qui joue le rôle de «ciment» extracellulaire et donne, entre autres, du gonflant à la peau» explique Céline Couteau. Normalement, le collagène incorporé aux cosmétiques est d’origine animale. Il est obtenu à partir des poulets, des porcs, des bovins ou des organismes marins.
Le collagène végétal est quant à lui obtenu de différentes façons selon le laboratoire qui le fabrique. Chaque marque possède son propre collagène à partir de végétaux. Il n’est donc pas toujours évident de savoir quel ingrédient entrant dans la composition du cosmétique fait figure de collagène.
Chaque laboratoire propose sa propre définition du collagène végétal
«Le collagène végétal est obtenu à la suite de manipulations génétiques, il s’agit donc d’un collagène OGM (organisme génétiquement modifié). Par biotechnologie, on demande à la cellule de fabriquer du collagène. La qualité n’est à mon sens pas la même que celle du collagène animal» explique Gérard Redziniak, spécialiste en recherche biologie cutanée, dermatologie, cosmétologie et compléments alimentaires.
Une problématique liée à la dénomination
Gérard Redziniak et Céline Couteau sont formels : le collagène végétal n’existe pas puisqu’il s’agit d’une molécule présente exclusivement chez l’animal. Et puis, le «collagène végétal qui est créé en laboratoire ne reproduit qu’une séquence de la molécule du collagène complète» précise Céline Couteau. Raison de plus de ne pas qualifier de collagène végétal une molécule différente somme toute du collagène animal. «On a le même problème avec le lait ou la viande végétale, cela n’existe pas. Il faut que les marques soient «carrées» en indiquant qu’elles utilisent un extrait de telle plante pour obtenir une action similaire au collagène. S’il s’agit par exemple de glycoprotéines, il faut dire que l’on a utilisé des glycoprotéines de tel ou tel végétal. Et de même si on utilise des acides aminés ou encore des peptides» ajoute-t-elle. «On devrait peut-être appeler la molécule Collagène-Like comme nous l’avons vu avec le rétinol» déclare Gérard Redziniak.
Le collagène végétal est-il efficace ?
De l’effet tenseur aux propriétés hydratantes du collagène conventionnel
Le collagène est utilisé depuis longtemps dans le domaine cosmétique. «Le collagène est un polymère, il agit donc comme une sorte de pansement moléculaire à la surface de la peau. Il possède des propriétés hydratantes et est connu pour son effet tenseur» explique Gérard Redziniak. Cet effet est toutefois visuel. Car comme l’acide hyaluronique, le collagène est une grosse molécule qui ne pénètre pas dans la peau. «En revanche, les hydrolysats de collagène, qui permettent de pénétrer dans la peau, sont utilisés par l’industrie pour agir en profondeur. On peut alors avoir une action intéressante sur la souplesse cutanée» détaille l’experte en formulation Céline Couteau.
Collagène végétal : une efficacité remise en question
Si on connaît bien les effets du collagène animal sur la peau, il serait plus difficile de confirmer l’action de son cousin végétal. Car chaque laboratoire propose sa propre définition du collagène végétal. «Certaines marques citent un nom de molécule chimique, d’autres en revanche n’indiquent presque rien et on ne sait finalement pas ce qui se cache derrière le terme collagène» explique Céline Couteau. Gérard Redziniak rejoint l’avis de Céline Couteau et se dit sceptique quant à l’efficacité du collagène végétal sur les signes de l’âge. «Le collagène a une structure tri-peptidique ; le collagène végétal n’a pas cette structure. Et puis, il n’y a à ce jour pas assez d’études réalisées comparant les résultats du collagène conventionnel et du collagène végétal» déclare l’expert en cosmétologie.
On devrait peut-être appeler la molécule Collagène-Line comme nous l’avons vu avec le rétinol
Ce denier suggère la nécessité de réalisation d’études comparatives entre les deux molécules pour affirmer l’efficacité du collagène végétal. «Cela coûte néanmoins beaucoup d’argent. Il faudrait aller vers des études assez complètes allant d’études in vitro en passant par des études ex-vivo sur peau jeune et peau âgée. Ensuite, il faudrait réaliser des tests cliniques où l’on prend des panels de personnes jeunes et âgées pour constater par des mesures biophysiques l’efficacité de ce collagène végétal» détaille Gérard Redziniak.
Typology et le collagène végétal
Nous avons ainsi pu échanger avec Elisa Louveau, cheffe de projet recherche & développement chez Typology.
Pouvez-vous présenter votre collagène végétal ? De quoi est-il issu ?
Notre actif est un fragment biomimétique de collagène humain de type I. Il est produit à partir de plantes non OGM cultivées en laboratoire grâce à l’agriculture verticale. On peut leur en faire produire par un processus de bio-ingénierie appelé «Système d’expression transitoire», non OGM. En transférant un gène d’intérêt dans une plante, elle peut alors synthétiser la protéine codée par le gène (transcription-traduction-modifications post-traductionnelles). Nous obtenons une molécule qui imite la structure du collagène humain, avec les mêmes propriétés fonctionnelles, sans recours à des sources animales.
Quelle est son action sur la peau ? Comment la justifiez-vous ?
Les tests in vitro et in vivo du fabricant démontrent qu’il soutient la production naturelle de collagène et stimule ses effets dans la peau, contribuant à raffermir le derme et l’épiderme, tout en retardant le vieillissement cellulaire. Nos tests in vivo sur nos produits ont démontré qu’après 28 jours d’utilisation de notre sérum A34, 78 % des panélistes estiment que leur peau est plus ferme et 82 % la trouvent plus rebondie.
Pourquoi avoir développé votre propre collagène végétal et ne pas avoir misé sur le collagène animal ?
Nous utilisons un actif que nous appelons «collagène végétal», que vous pouvez retrouver notamment dans ces deux produits :
- «A34 - Sérum Rides et Perte de Fermeté Collagène Végétal 1 % + Vitamine C 10 %»,
- «A50 - Crème Visage Rides et Ridules SPF 30 Collagène végétal 1 % + Acide Hyaluronique».
Nous n’avons pas recours au collagène d’origine animale, car tous nos produits sont vegans, et cette option ne correspond pas aux valeurs éthiques de notre marque. Ainsi, notre actif n’implique ni exploitation animale, ni pêche intensive. Par ailleurs, nous n’avons pas développé cet actif nous-mêmes, nous avons opté pour l’actif d’un fabricant hautement expérimenté dans cette technologie.
Qu’avez-vous à répondre aux experts en formulation cosmétique qui déclarent que le collagène végétal n’existe pas ?
En effet, le collagène est une protéine animale. Naturellement, les plantes ne produisent pas de collagène. Cependant, on peut leur en faire produire grâce au processus de bio-ingénierie décrit précédemment. Cette technologie utilise les plantes comme des mini-usines à collagène, on obtient alors ce qu’on peut appeler vulgairement du «collagène végétal», la molécule étant identique à un fragment de collagène humain de type I.