Les médecins ont-ils le droit de communiquer sur leurs pratiques ?
Les réseaux sociaux regorgent de vidéos spectaculaires, de transformations esthétiques fulgurantes, et de promesses visuelles qui flirtent avec la publicité. Au cœur de ce tumulte : les médecins qualifiés sont ceux qu’on entend le moins.
Pourquoi ? Parce qu’en France, en médecine esthétique, les règles de communication médicale sont floues, strictes, et différemment interprétées.
Une communication autorisée… en théorie, mais intenable dans les faits
Depuis le décret du 22 décembre 2020, les médecins sont officiellement autorisés à communiquer auprès du public. L’article R.4127-19 du Code de la santé publique prévoit qu’ils peuvent diffuser des informations sur leur exercice, à condition que ce soit fait de manière loyale, honnête, non incitative et non comparative.
Sur le papier, c’est clair. Dans la réalité, personne ne sait vraiment ce qui est autorisé. La médecine esthétique est l’un des rares domaines où l’information passe d’abord par l’image.
Mais c’est précisément là que tout se complique :
- Montrer un résultat concret ? Souvent perçu comme une promesse de résultat.
- Expliquer une technique avec des visuels ? Susceptible d’être considéré comme incitatif.
- Publier un “avant/après”, même avec un consentement écrit ? Risque réel de sanction.
Et ce, sans règle unique ni jurisprudence claire. C’est le Conseil de l’Ordre qui interprète la loi, et elle varie sensiblement selon les conseils départementaux, au point que ce qui est autorisé dans une région peut être sanctionné dans une autre.
Les médecins ont donc le droit de communiquer pour informer - mais personne ne sait exactement comment, ni jusqu’où. Plutôt que d’avancer à l’aveugle, ils se taisent.