LES TEMOIGNAGES DES PATIENTES :
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«Je tiens à vous faire part de l'importance pour nous, personnes fragilisées et souvent dans une certaine détresse morale et physique, d'avoir la chance et l'opportunité de bénéficier des services d'une socio-esthéticienne. Il est essentiel que chacun et chacune puisse conserver sa dignité ; notamment en ce qui concerne la pilosité pour certaines... Je pense que pour beaucoup, en plus du traumatisme réel lié à un handicap, l'épilation est indispensable surtout dans de tels moments où l'on dépend tellement des autres et aussi de leurs regards.» (Patiente)
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«Je suis venue voir la socio-esthéticienne pour parler. Les aides-soignantes n'ont pas le temps, deux minutes c'est déjà Byzance. Elles ne sont pas assez nombreuses pour prendre soin de nous.Ce n'est pas parce qu'on est malade qu'on est obligée d'avoir l'air malade. Cela fait partie de la reconstitution de soi et passe par l'aspect extérieur. C'est aussi cela se réconcilier avec son corps.En règle générale, son corps, on ne peut plus le voir. Les petits détails, qui paraissent des détails pour les autres, ne sont pas insignifiants quand on est malade. Tout prend des proportions énormes. Si cela est bâclé, mal vu, ça prend des proportions. Le personnel hospitalier pense : «C'est pas grave, elle est malade». Quand on s'occupe de moi, c'est une récréation. En règle générale, on ne s'occupe que de la maladie, pas du malade !
C'est important de soigner la tête, ce qu'il y a dans la tête. On a oublié cela trop longtemps ; les gens ne le réalisent pas toujours. J'ai l'impression d'être un objet pour une aidesoignante.ce n'est pas parce qu'on n'a plus ses jambes qu'on n'a plus sa tête, sa lucidité. On a autant besoin que les autres d'être caressée, reconnue en tant qu'être vivant. La maladie est déjà assez présente, si, en plus, elle doit être un écran avec soi et l'extérieur, c'est odieux. Intégrer tout ça, ce n'est pas dans les moeurs. Cela fait des années et des années qu'on a à se préoccuper du problème, mais dans les mentalités, ce n'est pas intégré. Pourtant on fait beaucoup de choses en touchant les gens. J'ai la chance de pouvoir m'exprimer. J'ai l'impression d'être entenduemais pas écoutée ; je le dis. Et de plus, on est dans un monde de communication, qui n'est pas capable de communiquer. Ex. : une infirmière entre pour prendre la tension et dit : «Le bras». On a besoin de parler à plusieurs personnes. Avec ces différentes personnes, on n'a pas forcément le même renvoi. On est tous uniques.
Or, la société veut faire des généralités d'individus. On est tous différents, onne réagit pas pareil. On a des ententes, des discours différents selon les personnes. On ne s'adresse pas pareil à une psychologue, à une aide-soignante. On adapte le langage. Avec certaines personnes, que je parle ou pas, c'est pareil. Alors je ne parle plus. Le corps médical s'occupait jusqu'à alors de la maladie et pas du malade. On ne peut pas dissocier la personne de la maladie. La maladie n'est pasla personne. Ce n'est qu'un aspect de la personne. Quand toute l'équipe, les médecins, infirmières, etc., passent, ils parlent, expliquent ; le patient doit se prêter aux examens, ne rien demander. Sans la participation du malade, on ne peut pas faire ce qu'on veut, vouloir soigner seul la maladie sans la malade, c'est une utopie. Ce qui est important, c'est le respect. Respecter la personne et l'écouter. Vous, vous faites partie du service après-vente : tout ce qui ne va pas, les confidences...» (Patiente 36 ans) -
Le travail de la socio-estheticienne en milieu hospitalier me semble primordial, surtout pour le moral des patients. En effet, parmi tous les soins qu'on peut pratiquer, elle est la seule qui n'est la que pour le bien-etre. Le passage de l'estheticienne rime avec bien-etre, douceur, embellissement. C'est un moment privilegie ou la finalite est uniquement d'etre chouchouté, écoutée. Chacune prend conscience qu'elle a un corps qui, meme si elle souffre d'une maladie, reste un corps qu'il faut regarder, dorloter, il n'est pas seulement existant que par les problemes mais aussi pour lui-meme.
Souffrance ne rime plus avec indifference mais avec chance, chance d'avoir ce corps meme meurtri. On pourrait penser que faire un masque ou une epilation est quelque chose d'accessoire, voire de derisoire, dans un hopital de réeducation, mais moralement ces soins esthetiques sont peut-etre plus efficaces que la rééducation en elle-même, dans la mesure où ils réconcilient la patiente avec l'image qu'elle peut avoir d'elle-même et donc de l'image qu'elle pense que l'autre a d'elle... Parfois les choses qui semblent les plus insignifiantes ne sont-elles pas primordiales ? (Patiente) -
«Accepter le handicap, c'est difficile. Il s'agit de compenser par ce qui est visibleautrement que médicalement. C'est du bonheur, du plaisir.On a besoin d'autre chose, du contact avec la société. Par votre intermédiaire, vous permettez d'oublier le handicap, le fauteuil, de se retrouver comme avant.
Un «plus» c'est une complémentarité de soins, de prise en charge. C'est très important de se sentir bien dans sa peau, dans son corps surtout quand on est handicapée ; c'est déjà pas évident.
Je fais attention à l'aspect physique, pas faire pitié, surtout pas. Ce n'est pas parce que je suis handicapée que je ne suis plus une femme.» (Patiente)
- «C'est extrêmement agréable d'avoir un contact verbal. Votre conversation entre dans mon problème. Vos gestes correspondent à la douceur et de la douceur, on en a si peu pendant les années de maladie. J'ai l'impression d'avoir rêvé, un rêve bien doux. Je regrette une chose, c'est de ne pas en avoir profité plus souvent. À chaque fois, vous étiez tellement accaparée, il vous faudrait plus de temps de votre part pour remonter le moral et le physique. Quand j'allais en institut, c'était que j'étais moins malade, cette action me paraissait agréable, mais banale, alors qu'aujourd'hui, cela m'a apporté de la douceur, de la détente, alors que la maladie prend beaucoup de place. J'ai apprécié ces soins à leur juste valeur, contrairement en institut où ils me semblaient banals.
L'harmonie entre le son de la voix et les gestes a d'autant plus d'importance qu'on est habituée à des conversations rigoureuses. J'avais l'impression d'avoir un visage fripé. J'ai l'impression d'être un vieux linge froissé et d'être repassée à «la pattemouille».» (Patiente 56 ans)
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