Avec Patricia Riveccio, journaliste indépendante, auteur de plusieurs enquêtes sur le bio et de «La bible du bio dans ma cuisine» (aux Editions Guy Trédaniel), nous faisons le point sur les avancées de cette cosmétique prometteuse et sur son avenir dans l'univers très disputé de la beauté et de l'esthétique.
LE BIO, UNE PRISE DE CONSCIENCE
Le mouvement bio est d'abord né d'un constat plutôt alarmant : les aliments issus de l'agriculture moderne, si prometteuse dans les années 60, non seulement n'étaient pas aussi riches en éléments nutritifs qu'on le pensait mais ils contenaient également des agents, des résidus de pesticides et autres engrais, qui pouvaient à la longue se révéler nocifs pour la santé.
Cette révélation sur l'ensemble de l'alimentation qui arrivait chaque jour dans nos assiettes, associée à une information toujours plus détaillée sur les problèmes environnementaux, a suscité chez les consommateurs de nombreuses interrogations. Et a créé une demande de produits différents, plus naturels donc plus sains, une demande que «seule une minorité avait jusqu'à présent» souligne Patricia Riveccio, adepte convaincue du bio depuis plusieurs années.
Les partisans du naturel n'avaient d'ailleurs pas attendu les soupçons pesant sur l'univers agro-alimentaire et certains ingrédients utilisés en cosmétologie, pour créer des produits qui puisent leurs bienfaits dans la nature et subissent un minimum de transformations chimiques. Un marché jusqu'alors marginal, qui a été propulsé sur le devant de la scène, suivi par d'autres intervenants qui avaient senti cette nouvelle tendance.
LES LABELS, GARANTS D'UNE DÉMARCHE DE QUALITÉ
Et paradoxalement, c'est là où les choses deviennent compliquées. Qu'est-ce qui est bio ou pas, peut-on l'être juste un peu, suffit-il d'avoir la «bio attitude» et de le faire savoir à grand renfort d'opérations marketing et publicitaires pour offrir des produits qui tiennent leurs promesses ? Comme dans tous les secteurs où il existe un intérêt des consommateurs, le secteur de la cosmétique bio a connu un moment de flottement, dû à un manque de réglementation et à la multiplication des offres en peu de temps. Comme pour l'agriculture, il devenait nécessaire d'encadrer la cosmétique bio et naturelle pour que le grand public comme lesprofessionnels de la beauté, puissent s'y retrouver.
C'est ainsi que sont apparus les labels, en France mais aussi dans d'autres pays européens comme l'Allemagne, la Belgique, l'Angleterre et l'Italie, sans compter ceux en provenance des États-Unis, de l'Australie... Ils ont tous leurs propres cahiers des charges (voir encadré Labels et Compagnie) mais, fort heureusement, ces nuances n'empêchent pas de retrouver dans chacun de ces labels une vraie recherche de transparence et de qualité.
De quoi garantir de réelles différences entre la cosmétique bio et la cosmétique conventionnelle. Reste que tout cela n'est pas très simple et que l'idéal serait ,de mettre au point un label international unique avec le plus haut niveau d'exigence.
Ce n'est pas encore pour demain mais un grand pas a tout de même été franchi avec l'arrivée du label européen Cosmos, le label de la cosmétique bio européenne. Il a été mis en place par les six grands labels bio européens (représentant plus de 1000 fabricants de cosmétiques, fournissant plus de 11000 produits dans plus de 40 pays). Un travail de longue haleine, puisqu'il a fallu presque dix ans pour harmoniser les différents cahiers des charges, s'entendre sur de nouvelles exigences, et aboutir en 2011 à Cosmos.
DU SERVICE MINIMUM À UNE VRAIE PHILOSOPHIE DU BIO
En interdisant notamment un grand nombre d'ingrédients «inertes» (huiles minérales, paraffine, silicone...) au profit de substances «vivantes» (extraits de plantes, huiles végétales, etc.), ces labels, associés au label européen Cosmos Organic constituent un gage de qualité. Mais cela n'empêche pas de grandes différences entre les marques dites bio ! Certaines vont en effet se limiter au «service minimum» exigé par le label.
D'autres, plus engagées, vont beaucoup plus loin. Avec des formules dont la part bio est bien plus importante que celle exigée. Mais aussi en choisissant une démarche plus globale pour réduire leur impact écologique en particulier pour tout ce qui touche aux emballages. Et là, l'imagination des «biopartisans» est sans limite.
C'est ainsi que le «verre infini» est apparu sur le marché, un verre composé uniquement de verre ménager recyclé (et recyclable), sans sable, sans calcaire, sans bicarbonate de soude. Tout comme les étuis sans colle, le papier recyclé, les encres non polluantes, la technologie «airless» qui protège les formules de la contamination extérieure, sans ajout de conservateurs, etc.
DES PROGRÈS PERMANENTS DANS TOUS LES DOMAINES
Le bio n'a pas de limites, sauf peut-être dans la mise au point de certains produits : shampooings colorants, déodorants, vernis à ongles... peinent à se mettre au niveau de leurs concurrents plus conventionnels car on n'a pas encore trouvé dans la nature ce qui peut remplacer les substances issues de la chimie de synthèse. Mais les progrès sont permanents et ce secteur très dynamique n'hésite pas à relever les défis apparemment impossibles.
L'exemple le plus flagrant est le maquillage. Grâce à des prouesses technologiques et à un travail acharné de ces laboratoires «nature», on peut désormais trouver des rouges à lèvres, des mascaras, des fards pour le visage et le regard qui répondent aux plus grandes exigences du bio et qui n'ont rien à envier aux autres gammes, ni du côté des couleurs, ni du côté du glamour. De quoi laisser penser que bien des innovations verront encore le jour.
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