Du diagnostic de peau «médiocre» à la consultation esthétique
Le marché de l'esthétique
De par mon métier, je rencontre énormément d’esthéticiennes et le discours est très clair : «Le contexte de l’esthétique est difficile».
Je suis surpris d’entendre cela car d’après les études et les statistiques, il s’agit d’un marché en évolution, le chiffre d’affaires en France progresse chaque année. Quand je parle du marché de l’esthétique, cela comprend le domaine de la beauté, de la parfumerie, de la cosmétique et des instituts.
Je constate donc une dichotomie entre les études du marché et le discours des esthéticiennes.
L’esthétique est un marché en pleine évolution, il y a de plus en plus de marques cosmétiques, d’innovations technologiques... et en contre-partie, 90 % des instituts stagnent dans leur confort sans prendre le temps de relever la tête pour observer leur pratique quotidienne afin de la comparer à l’évolution du secteur.
C’est une grave erreur.
Sans évolution, sans remise en question, sans changement dans vos pratiques, vous êtes en train de perdre de la clientèle et vous n’arrivez pas à en conquérir une nouvelle.
Les clientes sont de plus en plus informées dans le domaine de l’esthétique et en savent même parfois plus que les esthéticiennes. Cela est une aberration. Notre métier se décrédibilise. La clientèle se tourne vers des spécialistes et fuit les instituts classiques qui ne répondent pas à leurs attentes.
Il faut que cela change et, si les esthéticiennes ne prennent pas le virage, la mort de leurs instituts est programmée.
Changer ses habitudes
Un des éléments clés est la mise en place d’un VRAI diagnostic de peau dans les instituts. Alors, je vous entends déjà me dire : «Je sais faire un diagnostic de peau», «J’en fais à chaque fois», etc.
Excusez-moi de vous dire, mais toutes les esthéticiennes, que je rencontre lors de mes formations et qui me disent ça, font un diagnostic de peau médiocre, à la «va vite» et sans avoir conscience de son importance réelle.
Le diagnostic de peau n’est pas simplement le fait, une fois que la cliente est allongée sur le lit de soin, de regarder rapidement sa peau afin de lui dire «Vous avez une peau grasse, Madame Dupont, on va donc faire un soin purifiant». Non, ce n’est pas ça un diagnostic de peau !
La bonne démarche
Le diagnostic de peau doit être intégré dans une approche client global de prise en charge. Chez Bloomea, nous avons articulé cette démarche autour de trois piliers que nous nommons : Analyser-Traiter-Entretenir.
Comme je réalise dans cet article un focus sur le diagnostic de peau, je vais me consacrer exclusivement à la première étape du parcours client : analyser.
Dans cette phase d’analyse, est intégré le diagnostic de peau avec l’étape que je nomme «consultation».
Cela va permettre de sortir du cadre de l’image de l’institut classique et de coller aux nouveaux besoins de la clientèle qui recherche des solutions sur-mesure, adaptées, et qui souhaite être prise en charge par des esthéticiennes compétentes.
Sans la mise en place d’une «consultation», les clientes vont se diriger vers la concurrence (dermatologue, médecin esthétique, esthéticienne experte...).
Pourquoi mettre en place une consultation ?
Pour évoluer vers une professionnalisation de notre métier adaptée aux nouveaux besoins de la clientèle.
C’est aussi le moyen de faire face à la concurrence. Vous ne pouvez plus rester dans votre petit confort et avoir cette image de «Ginette institut» (je n’ai rien contre le prénom Ginette, je vous rassure, mais cette expression illustre très bien l’institut des années 1980 qui n’a pas évolué).
Pour mettre en place une approche client globale : Analyser - Traiter - Entretenir
Vous n’êtes pas juste une esthéticienne qui doit réaliser le soin choisi par la cliente sur votre carte de soins. La consultation va vous positionner en experte, et vous allez diriger votre cliente vers les soins adaptés en fonction des éléments recueillis lors de la consultation.
C’est vous qui prenez le pouvoir !
Pour vendre plus
Grâce à la consultation, vous vendez plus de soins, mais aussi plus de cosmétiques... et ça, c’est le nerf de la guerre. Vous pouvez augmen- ter votre chiffre d’affaires de vente de cosmétiques de 30 % en moyenne. Et tout cela sans avoir cette impression d’être une vendeuse de produits.
Pour valoriser votre pratique
Valoriser votre pratique la rendra plus intéressante pour vous, vous vous amuserez dans votre métier. Je trouve cela plus sympa que de juste exécuter une prestation de soin protocolisée.
Qu'est-ce qu'une consultation ?
Une consultation, c’est tout d’abord une prestation à part entière. La consultation devrait figurer sur votre carte de soins avec une tarification spécifique.
En effet, une cliente peut très bien prendre RDV juste pour faire une consultation, car elle souhaite connaître sa peau, vous expliquer ses problématiques et voir ce que vous pouvez lui proposer comme solution adaptée.
Bien évidemment, dans ce cas, à vous de bien faire votre travail et de la convaincre de faire des soins chez vous et lui vendre les cosmétiques nécessaires. Mais si elle souhaite réfléchir à vos propositions, vous avez pris du temps pour elle pour une consultation, donc elle doit payer la prestation.
Pour marquer cette étape capitale qu’est la consultation, vous devez idéalement la réaliser dans une pièce séparée de la salle de soin, dans un bureau. De cette manière, vous serez en face-à-face avec votre cliente et cela permet vraiment de marquer cette étape comme une prestation à part entière.
Si vous n’avez pas la possibilité de dédier une pièce pour réaliser les consultations, alors vous devrez la faire dans la salle de soin.
Par contre, il ne faudra pas que votre cliente s’allonge sur le lit de soin pendant que vous réalisez la consultation. En effet, vous ne serez pas en face-à-face et votre cliente sera déjà dans le contexte du soin étant donné qu’elle est allongée.
Son état d’esprit ne sera pas ouvert pour répondre à toutes vos questions. Dans ce cas, il faudra aménager, en fonction de l’espace disponible que vous avez, un espace avec deux sièges et une petite table, pour être en face-à-face. En- core une fois, l’important est de dissocier clairement la phase de consultation de la phase du soin.
Les étapes d’une consultation
Une consultation se déroule en plusieurs phases.
L’enquête
C’est le questionnaire de consultation. Dans cette phase, vous allez poser un certain nombre de questions à votre cliente. L’objectif de cette phase est de TOUT connaître sur votre cliente afin de pouvoir lui proposer les solutions adaptées en fin de consultation. Les questions vont concerner :
Les objectifs de sa visite
- Pourquoi vient-elle vous voir ?
- Quelles sont ses habitudes de soins en institut ?
- Quelle est sa routine de soins à la maison ?
- Est-ce qu’elle a fait des soins de médecine esthétique ?
- A-t-elle des contre-indications éventuelles à vos soins, des allergies ?
- Est-ce qu’elle suit un traitement médical ? Est-elle enceinte ? Etc.
- Quelle est son hygiène de vie ? Quelles sont ses conditions de travail ? Est-elle stressée ?
- Suit-elle un régime ?...
Bref, il faut tout savoir !
Les explications
Il s’agit de l’éducation de votre cliente sur ces problématiques. Vous devez lui expliquez dans cette étape pourquoi ces problématiques de peau sont présentes, qu’est-ce qu’elle fait mal dans sa routine de soins à la maison et donc quels sont les impacts sur sa peau ?
Elle doit comprendre le POURQUOI. Vous devez donc utiliser vos connaissances physiologiques de la peau, vos connaissances en cosmétiques, et vulgariser le discours avec des mots simples et des images pour que votre cliente comprenne ce qui se passe sur sa peau.
Cette étape d’explication, trop peu d’esthéti- ciennes la réalisent alors que c’est dans cette étape que se jouent votre crédibilité, votre expertise et donc votre force par rapport à la concurrence !
La présentation de solutions
L’étape suivante est d’expliquer les solutions que vous allez proposer à votre cliente pour résoudre ses problématiques de peau et atteindre ses objectifs. Servez-vous de tous les éléments recueillis dans le questionnement et de vos explications de la phase d’éducation pour montrer que vous avez les bonnes solutions à lui apporter.
Le diagnostic de peau
Je vous décris comment le réaliser ci-après.
La proposition définitive
Proposez à votre cliente le processus idéal des soins à réaliser et des cosmétiques à utiliser. Avec ces étapes, votre cliente sera forcément convaincue de votre compétence. De plus, vous lui proposez des solutions sur-mesure, et les clientes apprécient cela car elles se sentent prises en charge de manière spécifique.
Le diagnostic de peau
Voilà le point central de la consultation : le diagnostic de peau. Cette étape n’est pas seulement de déterminer le type de peau de votre cliente, mais de comprendre sa peau, de faire le lien entre ses problématiques de peau, ses réponses au questionnaire de consultation et de poser le bon diagnostic.
Vous pourrez ainsi proposer les solutions adaptées en termes de soins à réaliser dans votre institut et de routine de soins à la maison.
Lorsque vous faites un diagnostic de peau, il faut vous mettre dans la peau d’une enquêtrice qui va rechercher tous les indices visibles des problématiques exprimées par votre cliente. Cela va passer par plusieurs étapes :
- Explorer la réactivité de la peau/la sensibilité : Est-ce que sa peau est réactive ? Sensible ?
- Observer la qualité du sébum : est-ce que le sébum est fluide, pâteux, compact ? Les pores sont-ils dilatés ? Est-ce qu’il y a des boutons, des comédons, des petits points noirs ? Tout cela dépend de la qualité du sébum.
- Est-ce que le film hydrolipidique (FHL) de la peau est sain ? Présent ? Altéré ? Du FHL dépend l’intégrité de la peau, c’est la couche protectrice.
- La peau a-t-elle une bonne hydratation ? Est-ce que la peau est souple ? Élastique ?
- Comment se fait le renouvellement cellulaire de la peau ? Une desquamation visible est-elle présente ? La peau est-elle granuleuse, irrégulière ou lisse ?
- Est-ce qu’il y a des imperfections au niveau de la surface de la peau : ridules/rides/taches pigmentaires... ?
- Est-ce qu’il y a des vaisseaux apparents ?... La réalisation d’un diagnostic de peau ne s’improvise pas. Vous devez avoir de solides connaissances sur la physiologie, les cellules, l’épiderme...
La compréhension précise des mécanismes de la peau vous permettra de faire un bon diagnostic et de bonnes recommandations de soins !
Les appreils de diagnostics de peau : des outils d'aide à la vente
Nous avons abordé le diagnostic de peau visuel et tactile. Il est aujourd’hui possible de prouver votre diagnostic avec l’aide d’un appareil de diagnostic de peau. Ces appareils vont permettre de confirmer de manière scientifique et chiffrée ce que vous avez découvert. Les clientes sont adeptes de cela.
Savoir que leur peau est déshydratée à 72 %, que leur taux de sébum est de 66 %, visualiser la profondeur de leurs rides sur des images en 3D, etc., sont des éléments qui aujourd’hui sont indispensables dans un institut. C’est ce que recherchent les clientes, c’est ce qui les rassure, c’est ce qui crédibilise votre démarche.
Les appareils de diagnostic de peau ne sont pas là pour vous remplacer, mais ils vont vous donner des éléments tangibles avec des me- sures précises sur un certain nombre de critères. Ils vont renforcer votre crédibilité auprès de votre cliente en lui prouvant par les chiffres ce que vous lui avez dit par oral.
Votre cliente ne peut donc plus mettre en doute votre parole, car les mesures le prouvent. Cela va donc faciliter votre argumentation et augmenter considérablement vos ventes cosmétiques ainsi que votre expertise.
Un double avantage : une cliente rassurée par des mesures chiffrées de l’état de sa peau, et une augmentation considérable de votre chiffre d’affaires.