Zoom sur le métier de technicienne en extensions de cils

Comment prendre en charge une cliente qui n'a jamais fait d'extensions de cils ? 

La prise en charge d’une nouvelle cliente est différente de celle d’une cliente habituelle.

Est-elle habituée aux prestations regard ?

Lorsqu’une nouvelle cliente vous contacte pour une pose d’extensions de cils, la première chose à faire est de lui demander si elle a déjà fait d’autres prestations en beauté du regard, comme un rehaussement ou une coloration.

Cela vous permet de savoir si elle a l’habitude qu’on lui touche les yeux. En effet, certaines clientes prennent rendez-vous et, finalement, se rendent compte pendant la prestation qu’elles ne supportent pas qu’on leur touche les yeux.

Cette approche permet également de savoir si la peau de votre cliente peut potentiellement supporter des produits.

Est-elle allergique ?

Ensuite, il faut lui demander si elle est sujette aux allergies de façon générale ou bien si elle a déjà fait une allergie ou une réaction au niveau de ses yeux.

Le formulaire de consentement

Si toutes ces étapes sont validées, vous pouvez demander à votre cliente de compléter un formulaire de consentement dans lequel figure les indications et contre-indications pour la pose des extensions. Si la prise de rendez-vous se fait par téléphone et si vous avez du temps, n’hésitez pas à poser des questions sur ce que souhaite votre cliente, vous gagnerez du temps le jour J.

Proposez un test

Enfin, proposez à votre cliente de prendre un rendez-vous «test» d’une vingtaine de minutes afin de pouvoir lui poser quelques extensions et ainsi savoir si elle n’est pas allergique. Il faut ensuite attendre 48 h pour voir s’il y a une réaction. Malheureusement, beaucoup de clientes ne veulent pas se déplacer pour 15-20 minutes, pour «rien» selon elles, mais il faut insister sur l’importance ce test.

Y a-t-il des précautions particulières à prendre lors de la pose ?

Les allergies principales peuvent venir des évaporations de la colle ou bien des adhésifs/ patchs posés sous les yeux mais aussi, plus rarement, du shampoing ou du primer.

Attention aux rousses !

Les phototypes 1 et plus particulièrement les femmes rousses, sont très sensibles. Les femmes à la peau sensible aux produits ou qui ont déjà eu des réactions sont à prendre en charge avec beaucoup de précautions. Vous devez redoubler de vigilance et être très assidue pour les tests.

Lorsque je travaillais en institut, nous avions eu une cliente rousse qui était venue pour un rehaussement, nous lui avions fait un test à l’intérieur du poignet et elle a eu une énorme réaction avec un oedème, elle a gardé une marque pendant plusieurs mois ! Si nous avions directement fait la prestation sans test, elle aurait perdu la vue !

C’est pour cela que j’insiste sur les précautions à prendre avec les clientes spécifiques. Il faut aussi être vigilante avec vos produits car une réaction peut subvenir même si c’est un produit fréquemment utilisé comme le shampoing.

À la moindre réaction, n’insistez pas et changez de produit.

Comment communiquer sur cette prestation ? 

Aujourd’hui, ce qui fonctionne le mieux est évidemment la communication via les réseaux sociaux.

À chaque réseau sa cible

Facebook, Instagram, Tik Tok, chaque réseau a sa cible. Facebook cible les clientes plus âgées, Instagram la génération Y et Tik Tok la génération Z.

Travaillez votre page

Votre page est votre vitrine virtuelle, elle permet aux clientes de voir votre travail, vos tarifs ou encore vos diplômes. C’est pour cela que votre page doit être travaillée et fidèle à votre univers. Les clientes sont curieuses, elles aimeraient se laisser tenter en essayant une pose d’extensions de cils mais ont peur…

Celles qui ne connaissent pas ou peu craignent de se retrouver avec des faux-cils de cabaret…

D’où l’importance de poster régulièrement du contenu pour bien montrer que vous proposez des poses aussi bien naturelles que sophistiquées.

Démarquez-vous !

Il y a de plus en plus de femmes qui ne sont pas du tout expertes dans les extensions qui se lancent. Il est donc essentiel qu’en tant que professionnelle vous vous démarquiez. Si les photos sont de qualité, c’est généralement annonciateur d’un bon travail. J’ai moi-même suivi une formation spécifique afin de prendre les meilleures photos possibles pour mettre en avant mon travail sur mes réseaux sociaux.

Quelles formations suivre ? 

Aucun diplôme d’esthétique n’est exigé pour exercer le métier de technicienne regard. La formation Hygiène et Salubrité est uniquement exigée pour le tatouage. Toutefois, il faut être diplômée en esthétique, au minimum le CAP, pour pouvoir ouvrir votre propre institut mais vous pouvez avoir un statut d’auto-entrepreneur pour exercer à domicile ou en freelance.

Être esthéticienne est un avantage car nous avons les connaissances sur la peau, les maladies. Ce sont des notions que nous n’apprenons pas en formation. En tant qu’esthéticienne, vous avez une certaine appréhension de la technique et de la pratique que n’a pas une personne lambda.

Au-delà de ça, il est impératif que vous soyez formée dans les règles de l’art, vous touchez tout de même les yeux ! Vous ne pouvez pas être autodidacte pour cela, c’est impossible, il faut de l’entraînement et je le répète de la formation.

Formez-vous… toujours

Une seule formation n’est pas suffisante, il faut en faire plusieurs, particulièrement au début. Dès la première formation, vous ne pouvez pas pratiquer directement en clientèle, il faut au moins que vous ayez eu entre 5 et 10 modèles pour vous faire la main et pouvoir prétendre réaliser de vraies prestations de qualité.

C’est à force d’entraînement que vous gagnerez en dextérité et précision.

Vous apprenez aussi à placer vos mains et votre corps correctement au fil du temps et des poses. L’idéal est de suivre des perfectionnements tous les 3 à 6 mois. C’est incontournable, il faut vous tenir à la page des dernières techniques.

Le choix des produits fait-il la différence ? 

Les extensions de cils sont majoritairement faites à partir de matériaux synthétiques PBT (polytéréphtalate de butylène), polymère thermoplastique appartenant à la famille des polyesters, c’est l’une des matières les moins allergisantes qui puisse exister, mais il y a d’autres matières comme : la soie, le cachemire, le faux vison…

Peu importe la marque, la matière est la même mais la qualité de cette matière diffère en fonction des marques. Beaucoup de marques font des produits de qualité. Tout est une question de complémentarité entre les extensions, la colle et les patchs. Aussi et surtout, c’est la technique de la technicienne qui prime.

Le couplage de la technique et des produits

Vous aurez beau avoir les meilleurs produits du marché, si votre technique est mauvaise et que vos produits sont mal utilisés, votre pose ne tiendra pas. Être une technicienne avec une bonne technique et employer de mauvais produits ne vous permettra pas non plus d’avoir une pose de qualité.

En effet, utiliser des produits de mauvaise qualité et notamment la colle peut entraîner des brûlures et des réactions allergiques. Le couplage de la technique et des produits est indissociable.

Trouver le bon produit

Pour trouver les meilleurs produits, il faut vous assurer qu’ils correspondent aux normes européennes et il faut les tester. Ce ne sont pas les produits les plus chers qui seront forcément les meilleurs. En revanche, lorsque le prix est trop bas, il faut vous méfier, cela ne reflète jamais un produit de qualité.

Prendre soin de votre matériel

S’il y a bien un outil auquel vous devez porter le plus d’attention lors de vos prestations, c’est la pince ! Le bout est pointu, si la pince tombe, elle se casse, et là, impossible de continuer à l’utiliser.

Pourquoi proposer cette prestation ?

C’est une prestation très fidélisante. La fidélisation se fait très naturellement car il y a un entretien à faire toutes les trois semaines. Les clientes sont très vite accros. Dès le matin, avoir une mine réveillée et un regard de biche sans maquillage est plus qu’appréciable. Donc, si le travail est bien fait et que la pose perdure, votre cliente reviendra. Sans oublier que c’est un moment de détente pour elle.

Comment proposer le bon tarif ? 

Il est question de trouver le juste équilibre. C’est comme au restaurant, il y a des prix pour tout le monde, tout dépend de ce que l’on veut et de la qualité. Certaines clientes pensent que c’est en payant cher que la pose sera de qualité, d’autres ont un petit budget et comparent tout. J’ai vu des poses à 600 euros et ça marche, tout comme des poses à 80 euros !

Je connais beaucoup d’esthéticiennes qui ne vivent que de cette prestation, cela peut aussi être un complément. C’est une prestation qui peut vite devenir rentable, cela dépend du plan marketing. En un an, vous pouvez être rentable en étant chez vous.

En boutique, cela peut être plus long car il y a davantage de charges.

Quel entretien doit faire la cliente pour que la pose dure ? 

L’entretien est très important. Il ne faut pas mettre directement en contact les extensions de cil avec de l’eau ou de la vapeur pendant 24 ou 48 h, le temps de polymérisation de la colle, ne pas utiliser de produits contenant des corps gras directement en contact avec les extensions de cils (crème de soin, produit de maquillage, démaquillant lait, biphasé, shampooing, masque, produit solaire, etc.), ne pas utiliser de coton, coton-tige pour se démaquiller (mouchoir, coton tissé), ne pas toucher les cils, les tirer, les frotter, se gratter trop fort.

Il faut essayer de ne pas dormir la tête dans l’oreiller et nettoyer les cils avec un produit adapté aux extensions de cils plusieurs fois par semaine. Pour le démaquillage, il faut privilégier un mouchoir qui n’accrochera pas, le mieux étant de se démaquiller au doigt. Les shampoings pour extensions sont fournis avec un petit pinceau pour faciliter l’application du produit et le nettoyage, ça fonctionne très bien.

Les eaux micellaires ou les gels démaquillants peuvent être également utilisés, il suffit de vérifier qu’ils ne contiennent pas de corps gras.

Attention au maquillage !

Attention, il ne faut pas non plus utiliser d’eyeliner liquide qui coule entre les cils, sèche et laisse des résidus indémaquillables et qui vont aussi être un nid à bactéries. Recommandez à vos clientes d’utiliser un fard poudre qui ne coule pas.

Quelles sont les pires erreurs commises ? 

Le manque d’hygiène est souvent l’erreur la plus répandue que ce soit du côté de la technicienne que de la cliente.

Du côté de la technicienne

Le matériel doit être impeccable, désinfecté avec minutie pour ne pas transmettre d’éventuelles maladies comme la conjonctivite ou autres maladies transmises par contact direct. Les produits comme les patchs doivent être exclusivement à usage unique et doivent être jetés après chaque prestation.

Par ailleurs, le dosage de la colle et la distance de sécurité paupière extensions sont deux erreurs couramment commises. On voit parfois beaucoup trop de colle, cela étouffe les cils. Utiliser trop de colle irrite fortement la paupière, elle bouche les pores des poils et peut créer potentiellement des orgelets.

Les cils ont chacun un cycle de pousse différent, ils peuvent se coller entre eux et s’arracher s’il y a trop de colle.

Du côté de la cliente

Encore une fois, le manque d’hygiène est la pire erreur des clientes car cela peut causer une blépharite. Cela est dû soit à un manque d’information de la technicienne ou parce que la cliente est fainéante…

Éduquez vos clientes !

Le manque d’attention et l’utilisation de produits inadaptés reviennent assez souvent aussi. Il faut réussir à «éduquer» vos clientes et leur faire comprendre que c’est essentiel. Il reste encore beaucoup trop de techniciennes qui disent à leurs clientes de ne plus toucher leurs cils, de ne pas les laver après la prestation, c’est une grave erreur car plus c’est propre, plus ça tiendra !