«Votre peau me dit tout de vous»
Pourquoi avoir écrit ce livre ?
J'ai écrit plusieurs livres médicaux dans le cadre de mon travail, destinés aux chercheurs et aux médecins.
Depuis plusieurs années, je notais dans des carnets, des idées, des observations, des réflexions. Je me disais que ce serait très intéressant de les faire connaître au grand public.
J’ai alors écrit mon premier livre grand public «Avez- vous un bon médecin ?» qu’une lectrice a qualifié d’«époustouflant».
Ce livre, écrit d’une manière dynamique et enlevée, rapporte 40 histoires incroyables de ce qu’ont pu vivre des malades avant que le diagnostic ne soit porté, après tant d’écueils, après tant de temps perdu...
Pour toute personne qui s’intéresse à son prochain, je pense notamment aux esthéticiennes qui deviennent souvent les confidentes de leurs clientes, je ne peux que le recommander. Je sais combien il se lit avec une émotion incroyable comme un roman pétillant.
La peau est le reflet de ce qui se passe dans le corps
De nombreux auteurs, des médecins, des écrivains, des philosophes, et bien d’autres, ont écrit que la peau était le miroir de l’âme, le reflet des émotions.
Ce que l’on sait moins c’est que des signes de maladies internes, de maladies générales vont s’exprimer sur la peau et constituer ainsi des motifs de consultation chez le dermatologue, ou simplement des sujets de questionnement.
Le rôle du dermato
C’est le rôle du dermatologue qui ne peut pas se contenter de ne regarder que la peau, de ne traiter que la peau, en ignorant que ce qu’il voit par son examen n’est pas autre chose qu’un des signes appelés symptômes d’une maladie d’un autre organe.
La peau, comme tous les organes de l’organisme humain, n’est pas isolée, et ses maladies résultent d’un dysfonctionnement de différents systèmes comme le système immunitaire, mais aussi résultent d’anomalies, de maladies d’organe interne, comme le rein, le foie, les poumons, l’intestin, l’estomac...
Ainsi, le dermatologue doit s’attacher par son questionnement, par l’examen général, à trouver la maladie de l’organe interne responsable du problème de la peau.
Par exemple, les démangeaisons, que l’on appelle aussi prurit, représentent un symptôme couramment observé en dermatologie. Chacun sait qu’une telle démangeaison est toujours le reflet d’une pathologie systémique.
Et c’est donc par l’examen du corps en général, malade déshabillé, que le dermatologue mettra en évidence des ganglions au niveau des aisselles, au niveau des plis de l’aine révélant ainsi un lymphome malin.
Il fut un temps où le dermatologue concluait à tort à une peau sèche, ou à un prurit sénile, comme si la peau pouvait devenir subitement sèche au point de démanger, ou bien que le grand âge serait en soi une cause de toutes les maladies.
L’esthéticienne et la peau
Lorsqu’on exerce la profession d’esthéticienne, on partage avec sa cliente une certaine proximité, pour ne pas dire une certaine intimité.
Celle-ci permet aux esthéticiennes d’examiner la peau comme le ferait un dermatologue par la vision, par le toucher, par la palpation, parfois même par la percus- sion, quand ce n’est pas par la perception des odeurs.
Et ainsi l’esthéticienne est souvent la première professionnelle à être confrontée à un problème cutané que sa cliente n’aura soit pas remarqué, ou aura consciemment ou inconsciemment tenté d’éliminer de son esprit.
L'intérêt de l'examen de la peau
Des maladies peuvent être décelées grâce de la peau.
Toutes sortes de maladies bénignes ou malignes, d’origine immunitaire, neurologique, hépatique, rénale peuvent être en effet décelées à partir de la peau.
L’intérêt réside dans la découverte précoce d’un des symptômes d’une maladie dont les autres manifestations interviendront tardivement.
Dans mon livre, je me suis attaché à chacune des parties du visage pour en relever une anomalie et la mettre en relation avec un problème interne.
Je vais vous narrer cette histoire incroyable. Je me trouvais dans une rame de métro un jour de grand trafic lorsque mon regard s’est posé à moins de 15 cm des yeux d’un petit homme de la cinquantaine.
Lorsque mes yeux virent sa pupille entourée de son iris bleu, en myosis, que d’un seul côté, cette contraction pupillaire étant irrégulière, je ne m’arrêtais de faire fonctionner les voies de la mémoire de mon cerveau qui m’indiquèrent rapidement qu’il s’agissait d’un signe caractéristique d’une syphilis tertiaire signe qui porte le nom de ces deux descripteurs, Argyll et Robertson.
Ainsi, l’homme que j’avais en face de moi, avait eu la syphilis et probablement l’ignorait-il.
Mais en tout cas il avait un des signes d’une présente ou future démence, sans compter les anomalies des grosses artères comme un anévrisme de l’aorte.
Ainsi l’examen d’un visage, et ici ce n’est pas à proprement parler la peau, nous emmène-t-il très loin dans un passé ancien ou récent.
Chaque partie du visage livre ses secrets. Qu’il s’agisse des paupières, ou bien du blanc de l’œil ou encore l’aspect du nez ou des oreilles.
Information grâce à la couleur du blanc de l'oeil
Le blanc de l’œil, lorsqu’il paraît bleuté indique de façon relativement spécifique que la personne a une carence c’est-à-dire un déficit en fer.
C’est notamment le cas des femmes qui ont des règles qui durent près de huit jours, ou celles qui portent un stérilet, même si d’autres circonstances peuvent en être la cause, comme la prise de corticoïdes au long cours.
Information grâce au pavillon de l'oreille
Le pavillon de l’oreille est une mine d’informations.
Que de chose peut-on lire dans et sur un pavillon d’oreille.
Sans faire de l’auriculothérapie comme son promoteur le Dr Laugier, qui voyait dans le pavillon de l’oreille un fœtus inversé où le lobe correspondait au cerveau, il est néanmoins des signes pour lesquels les études cliniques apportent une certaine reconnaissance.
Le fameux signe de Franck, c’est-à-dire ce pli au milieu du lobule de l’oreille, est associé de façon relativement significative à un état cardio-vasculaire altéré par l’athérosclérose.
Il est aussi un petit nodule de la conque que l’on appelle le nodule des criminels dont la signification est beaucoup plus discutable. Tant de choses seraient à dire sur cet organe involutif dont on a même perdu la motricité.
Information grâce à la langue
On peut déduire énormément de choses d’un examen des lèvres et de la langue.
D’ailleurs, il ne peut y avoir d’examen clinique en médecine sans examen de la langue car celle-ci reflète ce qu’il peut se passer dans le tube digestif, la langue appartenant à sa première partie. Nous aurions le même intérêt à voir dans l’anus des signes en relation avec des maladies intestinales.
Cette fameuse langue géographique, que de nombreux enfants ont et qui porte cette dénomination parce que des nappes de polynucléaires neutrophiles dessinent sur la langue des formes de cartes de géographie, signifie que la partie haute du tube digestif est infestée soit de bactéries soit de parasites ou alors qu’elle est le siège de processus immuno-allergiques sur un terrain immunitaire affaibli.
Information grâce à la peau
En regardant la peau, on peut déceler une maladie cardiaque potentiellement mortelle. C’est ce qui fait de la sémiologie médicale la discipline la plus importante en médecine.
Ce savoir accumulé depuis des milliers d’années a pu mettre en relation, de façon beaucoup plus sen- sible et spéci que que de nombreux examens biologiques d’aujourd’hui, des signes sur la peau et des maladies cardiaques.
Il en est ainsi de ces pommettes rouges chez une jeune femme qui auraient dû indiquer, avant le malaise qu’elle a fait, qu’elle était porteuse de cette maladie des valves que l’on appelle la maladie mitrale.
Conclusion
Je n’ai pas voulu écrire un livre didactique, pédagogique, surtout pas un livre médical car je sais combien sa lecture aurait pu être rébarbative.
Je voulais que ce livre soit vivant comme le précédent «Avez-vous un bon médecin ?» l’était.
Et ces histoires de vie, qui sont des histoires de chacun et chacune, doivent susciter l’intérêt, la curiosité.
Le lecteur doit se mettre à la place de cette personne dont la vie est racontée dans ces histoires avec ce petit signe qui va changer son existence d’une certaine façon, positive le plus souvent.