Peau et système nerveux

À quoi servent les neuromédiateurs ? 

Les neurones, principales cellules du système nerveux, servent à transmettre des informations de la peau au cerveau et inversement.

Celles-ci sont transmises via deux supports distincts : l’influx nerveux, moyen de transport électrique, et les neuromédiateurs, moyen de transport chimique.

Ces derniers permettent au système nerveux d’être informé en permanence grâce aux sensations cutanées, mais ils permettent aussi au système nerveux de contrôler l’ensemble des fonctions cutanées.

On connaît, à l’heure actuelle, environ 200 neuromédiateurs, dont une vingtaine pour la peau qu’on étudie depuis une dizaine d’années, ce qui permet d’envisager quantité d’applications en dermatologie et en cosmétique.

Quelles sont les particularités de la relation entre peau et système nerveux ? 

Ils sont tous les deux issus du même tissu embryonnaire, puisque pendant deux semaines de la vie de l’embryon, les deux tissus sont confondus.

Par ailleurs, la peau est l’organe dont l’innervation est la plus dense de l’organisme.

Enfin, les relations entre la peau et le système nerveux sont très étroites, tant au point de vue anatomique, car il y a de très nombreuses cellules nerveuses, que fonctionnel, puisque les fibres nerveuses vont pouvoir fabriquer des neuromédiateurs.

Ces clés vont permettre d’ouvrir les serrures que sont les récepteurs à la surface des cellules cutanées, afin d’obtenir de multiples effets.

D’autre part, on a découvert très récemment que les cellules cutanées sont elles-mêmes capables de fabriquer des neuromédiateurs, comme les endorphines.

Quelles sont les dates clés de la découverte des endorphines ? 

Elles ont été découvertes en 1979 aux États-Unis, lors de recherches sur la toxicomanie et les morphiniques. Les récepteurs, quant à eux, ont été mis en évidence dans les années 60/70.

Progressivement, dans les années 80, on s’est aperçu que les endorphines avaient de nombreux effets sur le système nerveux, notamment sur le rêve, l’imagination, l’euphorie et surtout la douleur, puisque, en principe, à chacun de ses niveaux, elles la contrôlent et l’inhibent jusqu’à un certain seuil.

À la fin des années 90, on s’est aperçu qu’il y avait de fortes quantités d’endorphines dans la peau et qu’elles avaient des effets sur l’immunité et sur la peau elle-même.

Comment la peau peut-elle produire ses propres endorphines ? 

Les endorphines sont avant tout fabriquées par les cellules nerveuses, et elles sont aussi fabriquées par la peau.

En fait, ce sont les kératinocytes (cellules du renouvellement cutané), les cellules de Langherans (cellules sensorielles de la peau), les mélanocytes (cellules de la pigmentation), les cellules de Merkel (cellules neuro-endocrines) et enfin les fibroblastes (cellules du derme qui produisent le collagène et l’élastine) qui peuvent fabriquer des endorphines.

Toutes ces cellules possèdent en effet le gène d’un précurseur commun, la proopiomélanocortine (POMC).

Qu'est-ce que les endorphines et quelle est leur action sur le derme et l'épiderme ? 

Les endorphines sont des peptides ou suites d’acides aminés qui sont fabriqués par les cellules. Elles sont, en résumé, les médiateurs chimiques de la sensation de plaisir, quel qu’il soit : dégustation gastronomique ou sensation de satiété, plaisir du sport ou plaisir sexuel.

Au niveau de l’épiderme, les endorphines ont un effet immuno-régulateur sur les cellules de Langerhans.

Elles favorisent la prolifération de kératinocytes et la production de cytokératine 16, qui participent à l’aspect de surface de la peau.

Au niveau du derme, elles jouent un rôle inhibiteur sur les cellules immunitaires qui s’y trouvent et favorisent la production de facteurs de croissance par les fibroblastes.

Ont-elles d'autrs propriétés ?

Oui, elles jouent en plus un rôle inhibiteur sur les fibres nerveuses.

Ce qui entraîne un effet que l’on peut qualifier d’anti-inflammatoire ou d’apaisant en présence d’une inflammation cutanée, quelle qu’elle soit.