Et si la peau était un divan ?
Les sommités vont sûrement froncer le nez, horrifiées, mais beaucoup d’entre vous vont certainement se souvenir de cette analogie et, je l’espère, l’utiliseront pour optimiser vos soins car vous les appliquerez sur une surface mieux connue.
Voyons quelles sont les similitudes entre les deux.
Revêtement et épiderme
Comme pour tous les divans, la couche externe de la peau (épiderme) est la plus «marquée», abîmée, tachée, plissée, et doit être rénovée régulièrement.
La peau le fait naturellement et renouvelle ce tissu externe (velours, alcantara, peau naturelle ou peau synthétique) tous les 28 jours, mois lunaire.
Il n’y a pas besoin d’un tapissier pour rénover ce revêtement, mais il est important que l’esthéticienne et le dermatologue prennent soin de réaliser des contrôles réguliers afin d’éviter déchirures, marques et signes irrécupérables.
Exfoliation, gommage et peeling sont les meilleures techniques cosmétiques pour lisser et stimuler le renouvellement cellulaire (turn-over), tout en éliminant les irrégularités, cellules mortes et signes de déshydratation de la couche cornée, ainsi que les premières «taches de café» au niveau du tissu cutané.
Armature et collagène
Cette protéine, la plus présente dans le corps humain, est dure et peu exible. Elle donne leur forme aux organes et articulations en les empêchant de céder aux pressions et aux tractions.
L’armature du divan (qu’elle soit de bois ou de métal) maintient et soutient la structure et, quand elle se relâche, on risque un affaissement structurel.
Le manque de collagène de la peau est mis en évidence par une moindre résistance à la traction, avec un visible assouplissement de la peau, au détriment de la tension et du tonus de celle-ci.
Quand un divan vacille, ou, pour être clair, quand il n’est plus élastique, il est juste en train de s’affaisser.
Le collagène crée un réseau rigide et peu extensible à la manière d’une trame de tapis, qui soutient en profondeur la laine du tissu avec laquelle elle est étroitement tissée.
Quand la peau perd son collagène, elle perd sa trame et, comme un bas qui le, elle se marque de rides.
Ressorts et élastine/réticuline
Un banc en bois ou en marbre est parfaitement rigide, tout comme une couche de collagène pur mais il lui manque l’élasticité typique d’un divan (et de la peau) qui est fournie par l’élastine et la réticuline.
Ces deux protéines sont très similaires au collagène mais elles prennent la forme de ressorts (l’élastine) et de lets (la réticuline) qui permettent le retour à la forme initiale après une extension.
La peau d’une personne jeune revient rapidement à sa forme initiale après une traction, tout comme les ressorts et les lets d’un divan nous font agréablement rebondir.
Le manque d’élastine dans le derme est mis en évidence par une perte d’élasticité et un lent retour à la normale, à la suite d’une traction ou d’une pression.
Les soins et traitements raffermissants préviennent la perte de volume typique du divan qui s’affaisse, là où la pression a rompu les ressorts et les lets élastiques sous-jacents.
Rembourrage et substance fondamentale
Que ce soit en plume d’oie, mousse, neoprène, laine ou coton, le divan est rembourré avec des matériaux qui rendent l’assise confortable.
Le derme, de la même façon, est «rempli» de substance fondamentale, un gel caoutchouteux principalement constitué d’acide hyaluronique.
Ce gel diminue avec les années, laissant apparaître de légers relâchements, puis de vrais affaissements, responsables de l’aspect usagé typique du vieillissement.
C’est pour cette raison que nous, dermatologues, injectons de l’acide hyaluronique en remplissage dermique afin de restaurer le volume perdu, et que les traitements cosmétiques utilisent des principes actifs capables de stimuler le broblaste afin d’en relancer la production.
Cette cellule, d’ailleurs, produit non seulement la partie caoutchouteuse de la peau-divan (acide hyaluronique et substance fondamentale) mais également la partie breuse (le collagène) et élastique (l’élastine et la réticuline).
Il s’agit donc d’un véritable factotum dermique, fabricant de divan.
Au-delà de la métaphore
Connaître l’anatomie et la physiologie de la peau est important pour comprendre à quel niveau les cosmétiques et les traitements dermatologiques agissent et fonctionnent, tout comme il est important, pour qui travaille dans le secteur de l’esthétique et du bien-être, de connaître les pathologies les plus communes.
Cela non pour les traiter (un devoir réservé aux médecins et aux spécialistes) mais pour garantir à vos clientes la sécurité et l’ef cacité des cures esthétiques appliquées aux différents types de peau et à des problématiques diverses.