Peau et psy
Irritations, sécheresse sévère, acné, atopie, toxicités cutanées… Quels que soient le type ou la sévérité de leurs problèmes cutanés, tous peuvent retentir sur leur qualité de vie : mal-être, désocialisation, repli sur soi, honte… Quelles sont les incidences de leurs émotions et du stress en particulier sur la qualité de leur peau ? Par quels effets et quels mécanismes se racontent ces liens ténus «peau et psy» ?
La peau, reflet de l'état de santé de vos clientes
Indissociables «peau et psy»
La peau, c’est le reflet de l’état de santé général de vos clientes. À travers elle, peuvent être diagnostiquées des maladies internes thyroïdiennes, cardiaques, rénales, hépatiques… Mais elle est aussi le reflet de leur vie psychique.
En cas de stress notamment, elle peut être plus pâle, plus rouge, plus sèche, plus grasse, sujette à une hypersudation… Le stress peut aussi aggraver tout type de maladies cutanées, mais surtout des maladies inflammatoires comme le psoriasis, la dermatite atopique, l’acné, la rosacée, la dermatite séborrhéique…
Bien que la culture européenne ait tendance à les séparer, il n’y a pas de vie psychique sans activité de neuromédiateurs et il n’y a pas de vie corporelle sans relation avec la vie psychique.
Prenons l’exemple des concours de fin de 1ère année de médecine qui engendrent un stress épouvantable : 80 % des étudiants présentent de l’acné lors des examens alors qu’ils affichent une peau magnifique sur leur carte d’étudiant éditée en début d’année !
Le lien «peau et psy» repose sur des mécanismes différents mais indissociables, psychologiques et biologiques.
En raison du niveau d’anxiété élevé, le corps cherche à exprimer à l’extérieur ce qui se passe au niveau psychique. De façon complémentaire, le mécanisme biologique se traduit par une forte libération de cortisol qui entraîne des effets directs sur les glandes sébacées avec, dans le cas de l’acné, le déclenchement d’une poussée.
Stress et mécanismes biologiques : le rôle des neuromédiateurs…
Que le stress soit physique et/ou psychique, il entraîne des mécanismes biologiques induits par la libération de neuromédiateurs.
Dans le sang, la peau et le système nerveux central, il a pour effet une production accrue de neuromédiateurs ou neurohormones comme l’adrénaline, la noradrénaline, le cortisol, le VIP (vasoactive intestinal peptide), la substance P… dont l’action est pro-inflammatoire.
Pour peu que l’inflammation soit déjà existante, celleci sera alors d’autant plus importante.
Mais le stress ne crée pas une maladie. Il peut l’aggraver, voire la révéler, ou parfois engendrer une poussée.
Aucun problème cutané n’est d’origine psychologique ! Il existe des raisons diverses et variées d’avoir un psoriasis, une acné, une peau sèche… tout comme pour l’hypertension, un ulcère à l’estomac…
Et en cas de facteurs aggravants comme le stress, la fatigue, le surmenage, un traumatisme, des poussées peuvent se déclencher chez certaines personnes à certains moments de leur vie.
Peau & psy : consulter, traiter, soigner…
Quand il y a un problème de peau, vos clientes doivent le traiter. Le traiter non seulement comme un problème médical de peau en consultant un dermatologue, mais aussi en cas d’apparition de facteurs de stress (au sens large du terme y compris la dépression), en essayant d’agir à travers des ressorts d’ordre psychologique : psychothérapie (psychologue ou psychiatre), traitements (psychotropes), techniques psycho-corporelles (méditation, yoga, hypnose, relaxation…).
Cette approche est encore insuffisamment considérée par les dermatologues par manque de temps, déni, ou sous prétexte de l’absence de formation initiale… Mais ils sont heureusement de plus en plus nombreux à tenir compte de l’impact de la vie psychique sur les maladies cutanées et surtout de l’impact des maladies cutanées sur la vie psychique.
Comme tout médecin, le dermatologue doit prendre en compte la vie psychique et proposer des solutions médicamenteuses, dermo-cosmétiques, mais aussi psychologiques en adressant le patient à un psychiatre ou un psychologue dans les situations très difficiles.
Cela fait partie intégrante de son métier et de la relation médecin-malade.
Il arrive que le patient refuse d’aborder l’aspect psychologique, soit parce qu’il attend du dermatologue exclusivement des recettes dermatologiques (crèmes, médicaments..), soit parce qu’il ne tient pas à exposer sa vie psychique.
La maladie dermatologique peut même parfois jouer un rôle de béquille : il arrive de voir des patients guérir d’une maladie dermatologique car ils décompensent complètement sur le plan psychique à ce moment-là !
Il ne faut pas chercher à lutter contre le stress ; c’est au contraire tout l’inverse qu’il faut «prescrire». Il faut combattre cette idée reçue qui laisse croire qu’il ne faut pas stresser !
Si vos clientes acceptent leur stress, si elles le comprennent, si elles en sont conscientes et si éventuellement elles «le vivent» avec des conduites d’adaptation spontanées comme faire du sport ou faire appel à un professionnel (psychologue, psychiatre), c’est nécessaire et c’est bien !
Peau, dermatoses et qualité de vie : quelques chiffres
Les maladies cutanées sont au 4ème rang mondial des maladies reconnues comme affectant le plus la qualité de vie. Parce qu’elles sont visibles, les maladies de peau sont parmi les plus stigmatisantes qui soient. Il n’est pas si rare qu’un patient atteint d’une maladie de peau chronique et invalidante envisage le suicide.
Parce que, tout simplement, le regard des autres, ajouté aux souffrances dans sa chair, aux lourdeurs des traitements, est au-delà du supportable. 16 millions de Français sont touchés par des maladies de peau :
- L’acné concerne 3,3 millions de Français.
- L’eczéma : 2,5 millions de Français.
- Le psoriasis (dermatite atopique) : 2,4 millions de Français.
- Les maladies du cuir chevelu (hors pelade) : 2,3 millions de Français.
Acné
- 46 % des patients souffrant d’acné et ayant une activité professionnelle ont eu un arrêt de travail.
- 45,2 % sont gênés par leur dermatose dans leur vie personnelle.
- 39,2 % sont gênés par leur dermatose dans leur vie professionnelle.
- 80 % des adolescents et 40 % des adultes se disent affectés par leur acné ; 71 % perdent confiance en eux ou voient leur timidité s’accentuer.
- 67 % des patients acnéiques se plaignent de traces, 37 % de cicatrices.
- 44 % déclarent une récidive de leur acné.
Face à ces rechutes, ils expriment un sentiment de fatalité (35 %), de colère (31 %) et de frustration (15 %).
Eczéma
- Parmi les 2,5 millions de personnes touchées en France, 15 % sont des bébés de moins d’un an, 20 % des enfants de moins de 7 ans, 18 % des enfants de 7 à 16 ans.
- 100 000 Français souffrent d’un eczéma sévère.
- Plus d’un patient sur 2 (55 %) a un sommeil perturbé plus de 5 nuits par semaine.
Psoriasis
- 77 % des patients atteints de psoriasis déclarent une altération de leur qualité de vie.
- 7 sur 10 estiment que leur psoriasis les incommode dans leur vie professionnelle, 8 sur 10 qualifient la maladie de «très ou assez gênante».
- 28 % affirment avoir tendance à se replier sur euxmêmes et plus de 30 % ont déjà éprouvé «un sentiment de découragement face au quotidien».
- Près de 10 % rencontrent des difficultés au sein de leur couple et près de 15 % dans leur vie sexuelle.
Xéroses (peau sèche ou très sèche)
- 83 % des patients atteints de xérose souffrent de troubles du sommeil.
- 95 % se déclarent gênés par leur prurit.
- 39 % reconnaissent que la sécheresse cutanée a un impact sur leur vie quotidienne.