Le khôl, le secret d'un regard envoûtant venu d'Orient

Le Musée International de la Parfumerie explore, cet hiver, l’univers mystérieux et envoûtant du khôl en Orient.

Utilisé dès l’Antiquité par les Égyptiens, le khôl revêt à la fois une fonction sociale, religieuse et médicinale.

Son usage s’est diffusé dans tout le bassin méditerranéen, en Arabie et dans une partie de l’Asie, où il souligne le regard des femmes mais également celui des hommes.

Elaboré à partir de galène (sulfure de plomb), il était également utilisé à des fins thérapeutiques.

En effet, le plomb contenu dans le khôl, aujourd’hui reconnu comme toxique, permettait de traiter les infections oculaires. En assombrissant les rebords de la paupière, il atténuait également les réfractions de la lumière dues au soleil.

Les recettes de fabrication sont multiples et varient selon les lieux de production. Le produit se conserve dans un flacon ouvragé, généralement pourvu d’un bâtonnet applicateur, réalisé avec les matériaux et les techniques propres à son lieu de fabrication.

Cette exposition est l’occasion de présenter l’importante collection de pots à khôl du Musée International de la Parfumerie et de la contextualiser par le biais d’une scénographie immersive.

Une riche programmation événementielle (conférences, ateliers) permettra d’approfondir les thématiques relatives à l’exposition.

La collection 

Composée de plus de 270 pots à khôl originaires d’une trentaine de pays différents, cette collection est constituée de pots à khôl d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie.

Composés de cuir, perles, métal, verroterie, marqueterie de bois, ivoire, os ou cauris, en forme de bouteilles, de pots ou de tubes, ils reflètent la richesse d’un artisanat aussi riche que varié.

Qu'est-ce que le khôl ? 

Du Maghreb à l’Asie centrale en passant par le Moyen-Orient, les matières premières utilisées pour la confection du khôl sont issues des ressources locales, puis préparées selon des techniques traditionnelles.

Le khôl se compose d’une poudre noire additionnée d’ingrédients pour la fluidifier et en faciliter l’application et l’adhérence, comme l’huile d’olive.

Sa fabrication se fait essentiellement à partir de matières minérales telles que la galène (sulfure de plomb) ou la stibine (sulfure d’antimoine).

Le charbon, le noir de fumée, l’oxyde de cuivre peuvent également entrer dans sa composition.

Au Maroc, le khôl est parfois parfumé à l’eau de rose ou au musc.

Les usages du khôl 

Le khôl est connu depuis l’antiquité pour ses vertus prophylactiques.

Hommes, femmes et enfants se protégeaient ainsi les yeux des insectes, de l’éclat du soleil, des poussières mais aussi des maladies ophtalmiques.

L’usage du khôl revêt aussi une valeur religieuse. Dans l’Égypte antique, lors des rites de momification, les paupières et les sourcils des défunts étaient fardés pour la vie éternelle.

Dans le monde musulman, le khôl, tout comme le henné, a un rôle purificateur : Mahomet demande aux femmes de s’en parer le vendredi, jour de prière, et durant le mois de ramadan.

En Inde, au Yémen ou au Pakistan, il aurait également le pouvoir d’éloigner le mauvais oeil et protège les enfants une fois appliqué sous les yeux, sur la joue et le front.

Mais c’est essentiellement à des fins purement esthétiques que les femmes utilisent le khôl, afin d’intensifier et illuminer leur regard, pour s’embellir mais aussi pour séduire.

Entre tradition et modernité

Désormais, le khôl ne s’utilise quasiment plus que pour ses propriétés cosmétiques, y compris en Occident.

Le mot «khôl», devenu terme générique, s’emploie indifféremment pour désigner une diversité de produits parmi lesquels les eyeliners, crayons, ou autres mascaras actuels qui en constituent les descendants modernes.

Aux recettes artisanales a succédé la production de masse de cosmétiques distribués dans les grands magasins.

Dès les années 1960, avec le développement de la pétrochimie, les matières plastiques rivalisent avec le métal dans le secteur de la beauté.

À la fois plus résistantes, économiques et légères, elles contribuent à faciliter l’application du khôl, notamment grâce aux embouts adaptés qui remplacent ingénieusement le mirwed.

Aux côtés de ces produits contemporains coexiste un marché plus artisanal, dans la lignée des modèles de pots à khôl traditionnels.