Naturel et synthétique
Chimique VS naturel
Le terme chimique ou synthétique est dans l’esprit collectif trop souvent associé à un jugement négatif, diabolisé quelle que soit son origine. Il souffre d’un verdict tranchant, parfois hâtif, avec une sous-estimation, voire une méconnaissance des dangers des molécules dites naturelles.
Que dire des aconits, belladone, colchique et ciguë qui regorgent de poisons naturels ? Que dire des allergènes hautement présents dans les extraits naturels tels que l’huile essentielle de lavande, d’orange, ou de cannelle ?
Sans l’action du chimiste, capable d’éliminer sélectivement l’un ou l’autre de ces composés dangereux, les extraits naturels n’existeraient pas !
Selon le consommateur, rien ne vaut le naturel pour ce qui est de l’innocuité. Or, les molécules synthétisées en laboratoire peuvent être totalement identiques à celles retrouvées dans la nature. Par exemple, la vanilline de synthèse se retrouve à l’état naturel dans les gousses de vanille, il s’agit donc de la même molécule, du même composé.
En revanche, un extrait naturel de vanille, ne contiendra pas une unique molécule mais une multitude, un mélange très complexe même, dont le ratio entre chaque molécule est rarement reproductible, du fait de sa naturalité, contrairement à un assemblage moléculaire strict de composés de synthèse identique naturel, dont le ratio est alors totalement contrôlé et reproductible.
Le rôle du chimiste
C’est bien le chimiste qui déploie des procédés adéquats pour la production d’extraits naturels odorants composés de molécules naturelles présentes souvent en quantité infime de manière originelle dans la plante aromatique.
Cet ensemble de molécules, nommé extrait naturel (huile essentielle, concrète, absolu…) n’est assurément pas sans danger, certains composés sont corrosifs, irritants, allergisants ou encore photosensibilisants comme le bergaptène dans l’huile essentielle de bergamote.
• Les huiles essentielles sont ainsi fréquemment rectifiées, c’est-à-dire retraitées afin d’éliminer des composés potentiellement toxiques.
• Ainsi, les molécules produites en laboratoire peuvent être des molécules identiques à celles trouvées dans la nature.
• L’apport de la chimie permet notamment de ne pas surexploiter la nature pour fournir les matières suffisantes à la parfumerie ou l’aromatique alimentaire.
• Les molécules odorantes produites en laboratoire peuvent être au contraire artificielles, non existantes dans la nature et créées de toutes pièces par les scientifiques.
• Ces molécules produites, qu’elles soient identiques naturelles ou artificielles, sont longuement testées et analysées avant d’être mises sur le marché, bénéficiant d’une vigilance et d’une surveillance accrue qui existe encore après la mise sur le marché.
Ceux composés uniquement de molécules naturelles sont complexes à produire, permettant difficilement d’obtenir un esthétisme olfactif satisfaisant.
En effet, les extraits naturels ne traduisent pas toujours l’odeur initiale du végétal. D’autre part, certaines notes olfactives n’existent pas naturellement.
Citons en particulier les notes marines ou la complexité de certaines notes fruitées.
Le professionnel créateur doit agir en pleine connaissance et conscience de la réglementation et faire résonner l’entièreté de la palette à sa disposition pour faire vibrer les consommatrices.
Le parfum se doit de garder la richesse de tous ses ingrédients, profitant d’un juste équilibre entre synthèse et naturalité.