Cosmétiques solides : l'avenir du soin ?

En blocs, en barres ou en carrés, colorés et à peine emballés, les versions solides se multiplient dans les rayons cosmétiques, de quoi susciter la curiosité des consommatrices avides de nouveautés. La tendance devrait bientôt gagner les marques d’institut, tant en cabine qu’à la vente, d’où l’intérêt d’en savoir plus sur cette nouvelle cosmétique pour mieux répondre aux attentes de vos clientes.

Quelle différence avec les formules classiques ?

L’eau dans les cosmétiques classiques

La principale différence et celle qui saute immédiatement aux yeux, c’est qu’un cosmétique solide ne renferme pas d’eau ou très peu. Cet ingrédient est majoritaire dans un produit traditionnel, entre 60 à 80 % pour une émulsion, une crème ou un sérum, jusqu’à 95 % pour un gel douche ou un shampooing. On peut le constater en consultant la liste des composants sur le flacon où l’eau (aussi nommée «aqua» ou «water») se situe généralement dans le top cinq des ingrédients. En dehors des eaux actives (eaux thermales) ou des hydrolats de fleurs qui assurent une action soin spécifique, l’eau est utilisée avant tout pour dissoudre les ingrédients de la formule mais aussi pour alléger les formules et donner des textures plus fluides, plus fraîches et plus faciles à appliquer, ce qui facilite par la même occasion le passage des principes actifs dans la peau.

L’eau dans les cosmétiques solides

Dans le cas des formules nettoyantes solides (démaquillant, shampoing, nettoyant corps), l’apport d’eau se fait au moment de leur emploi et c’est à l’utilisateur de doser la quantité qui lui semble nécessaire pour obtenir suffisamment de mousse et bénéficier de leur effet lavant. Pour les produits de soins, on en revient en matière de texture aux anciennes recettes cosmétiques mais avec des composants triés sur le volet. C’est la combinaison de beurres, de cires et d’huiles d’origine végétale, parfois associés à des huiles essentielles et extraits de plantes, qui assurent leur efficacité. Même s’ils se fondent bien à la peau, ces baumes à l’ancienne ne sont pas du goût de toutes les clientes qui craignent l’effet gras et sont désormais habituées aux texture poids plume.

Quid des conservateurs ?

Autre grande différence avec les cosmétiques classiques : les conservateurs, indispensables dans une formule aqueuse, ne sont plus nécessaires dans la version compacte. Exit donc les parabens et autres éléments chimiques censés stabiliser la formule avec, au final, un produit qui contient moins d’ingrédients et donc plus en affinité avec la peau. Une bonne nouvelle pour les plus sensibles qui présentent des irritations ou des réactions allergiques.

Le shampoing, plus difficile à rincer ?

S’il est vrai que ces formules sont très concentrées en principes actifs, elles ne sont pas pour autant plus difficiles à utiliser. Elles exigent en revanche une gestuelle adaptée à leur texture. Pour éviter certains déboires et des résultats décevants, voici quelques points à connaître avant de se convertir à ce type de produit :

- Le shampooing solide ne contient ni silicones, ni sulfates, mais il renferme en revanche des agents moussants qui, compte tenu de leur concentration dans la formule, peuvent avoir un effet desséchant. D’où l’importance de vérifier la liste des composants afin de privilégier ceux qui renferment des tensio-actifs doux et non décapants (Lauryl Glucoside, Decyl Glucoside, Coco Glucoside).

- Il est essentiel de bien faire mousser le bloc shampooing dans les mains avant d’appliquer la mousse uniquement sur le cuir chevelu, du front à la nuque et en insistant sur la lisière des cheveux. Inutile en revanche de le faire mousser sur les longueurs car au moment du rinçage, la mousse qui coule jusqu’aux pointes est suffisante pour entraîner les salissures.

- Sur cheveux longs, l’application d’un après-shampooing s’impose pour compenser l’effet des tensio-actifs, plus concentrés que dans un shampooing conventionnel.

- Enfin, l’effet poisseux et l’impression de cheveux alourdis dont se plaignent certains utilisateurs, sont dus la plupart du temps à la mauvaise conservation du shampooing solide. Il doit être parfaitement sec avant d’être stocké dans une boîte ou un sachet spécial et entreposé si possible dans une pièce sans humidité.

Pas question donc de le laisser sur le bord de la baignoire ou dans la salle de douche jusqu’à la prochaine utilisation.

Y-a-t-il plus de risques de contamination ?

Les formules compactes sont parfois soupçonnées d’être moins hygiéniques que les autres car elles sont dénuées de conservateurs et de flacons susceptibles de les protéger de l’air ambiant. En réalité, une version compacte présente nettement moins de risques de contamination qu’une version traditionnelle. C’est essentiellement l’eau et l’humidité qui peuvent créer des problèmes de conservation en favorisant la prolifération d’agents microbiens et bactériens. Il suffit donc de garder bien au sec son cosmétique solide en le stockant dans un contenant percé d’orifices, dans un filet ou un sachet spécial qui laisse passer l’air et permettent l’évaporation de la moindre goutte d’eau.

Qui dit solide dit forcément bio ?

Parce qu’ils sont estampillés écologiques et bons pour la planète, un bon nombre de consommateurs s’imaginent que tous les cosmétiques compacts sont forcément fabriqués à partir d’ingrédients biologiques. S’il est vrai que leur composition sans eau permet d’éliminer un bon nombre de composants qui ont aujourd’hui mauvaise presse, car soupçonnés d’être irritants ou d’être des perturbateurs endocriniens, il n’existe en revanche aucune obligation pour les marques d’employer des ingrédients issus de l’agriculture biologique. À charge donc du consommateur de vérifier la philosophie de la marque et l’origine des composants. Il faut toutefois reconnaître que les entreprises, déjà engagées dans une démarche bio, ont été également les premières à s’intéresser à ce marché du compact, même si désormais de plus grands laboratoires s’y mettent.

Qu'en est-il de l'efficacité ?

L’efficacité des cosmétiques solides est souvent remise en cause, probablement parce qu’il s’agit de gammes courtes avec peu d’ingrédients, a priori moins sophistiqués que les gammes classiques. Effectivement, les produits compacts n’offrent pas de choix de texture et peu de déclinaisons, ce qui peut se révéler frustrant pour certaines clientes attachées à une cosmétique plus ludique. En revanche, ils sont tout aussi efficaces que les autres car ils ont l’avantage d’aller à l’essentiel en concentrant uniquement des actifs utiles au soin et qui, grâce à leur origine naturelle, sont en parfaite affinité avec la peau.

Les cosmétiques solides répondent-ils à tous les besoins ?

Entre les recettes à l’ancienne, lourdes et peu agréables à utiliser, et les formules dernières génération qui mettent en avant le plaisir d’utilisation, la cosmétique solide a dû relever un vrai challenge en termes de recherche. C’est la raison pour laquelle elle s’est d’abord concentrée sur des produits d’hygiène et de soins basiques : le shampooing, le démaquillant, le déodorant, le dentifrice, notamment. Mais grâce à l’engouement récent des consommateurs pour ces versions plus écologiques, l’offre en la matière ne cesse de s’étoffer. On voit désormais apparaître des soins pour le visage, le corps et les cheveux, qui proposent des déclinaisons adaptées à tous les besoins, et dernièrement des produits solaires.

Une bonne idée pour la peau sensible ?

Leur étiquette «écologique» et «naturelle» laisse à penser qu’ils sont également très doux, donc parfaitement adaptés aux peaux les plus sensibles. En fait, comme pour les produits «bio», tout est dans le choix des composants. Mieux vaut éviter ceux qui renferment certaines huiles essentielles dont l’effet sensibilisant est reconnu tout comme le bicarbonate de soude contenu dans quelques déodorants qui peut être source d’irritations. Une fois écartés ces composants, les versions compactes, plus simples et plus naturelles, dénuées d’agents dérivés du pétrole (silicones, parabens, huiles minérales) au profit d’agents végétaux, ont décidément tout pour plaire aux épidermes fragiles.