Bien-être et parfums dans les instituts

Quoi que vous en pensiez, le parfum est au centre de la vie. Il en est un témoignage et traduit notre culture, nos émotions et nos états intérieurs. Les expressions populaires nous le racontent : être en odeur de sainteté, l’odeur de la mort, être au parfum, je ne peux pas le sentir, etc.

Si le parfum existe depuis la nuit des temps et dans toutes les cultures, il s’est toujours imposé autant comme parure raffinée que comme vecteur d’énergie, de magie, de lien sacré avec le divin ou la guérison. Mais sur quoi cela repose-t-il physiologiquement ?

Si de nos jours, nous l’identifions dans ses composantes émotionnelles ou d’identification à des archétypes de séduction, il n’en reste pas moins qu’il y a des déclencheurs physiologiques concrets au niveau du cerveau, qui lui donnent toute sa place dans notre vie.

Le parfum sur le plan physiologique

Dans notre structure d’être vivant, l’odorat est le plus archaïque des sens, c’est le flair des animaux qui leur permet de se repérer, d’évaluer un danger et de réagir instinctivement.

Parallèlement à ce principe de base, l’odorat est un des sens les plus raffinés et le plus complexe puisque le plus sensible. C’est un des leviers directs vers les émotions. Évaluer un vin, un parfum, un thé est un art très compliqué qui n’est pas à la portée du premier venu.

Les effets de l’olfaction

Concrètement, lorsque nous sentons une odeur, la muqueuse olfactive, qui tapisse nos narines, enregistre l’information et la transmet au bulbe olfactif par l’intermédiaire des neurones. L’information arrive au cerveau limbique, siège des émotions, qui l’identifie en faisant appel à ses souvenirs et à ses expériences.

Le parfum ouvre les portes de la mémoire et les traduit en réponses sensorielles. Le cerveau est un véritable ordinateur qui analyse, décode et envoie des réponses non seulement sur le plan émotionnel mais également sur le plan physique (respiratoire, circulatoire, relaxation, vitalisation, etc.). Les odeurs peuvent déclencher des réactions physiologiques, énergétiques et émotionnelles.

Parfums et guérison

Si de surcroît les odeurs sont choisies avec intelligence et connaissance, elles peuvent avoir un impact quasi thérapeutique. Des «ateliers olfactifs» ont été créés par Patty Canac pour les Centres de Beauté du CEW.

Leur mission : aider des personnes qui avaient perdu une partie de leurs capacités cérébrales, en particulier leur mémoire, soit à la suite d’un traumatisme crânien, soit après un AVC. La rééducation et la guérison se font par la respiration d’odeurs. Les chemins de reconstruction se font grâce aux arômes les plus variés (fleurs, café, pain au chocolat, etc.).

Le parfum à travers les âges et les cultures

De nos jours, vous avez à votre disposition pléthore de parfums pour vos instituts. Ce sont des parfums dits «artistiques». Ils sont comme un maquillage de l’aura composés par des nez parfois prestigieux et surtout le fruit d’un marketing averti. Depuis des millénaires, les femmes et les hommes ont utilisé les champs aromatiques plus que pour la parure.

Dans l’Antiquité, de l’Égypte à la Grèce et à l’Arabie, les parfums étaient sacrés et utilisés pour les rituels divins, magiques ou pour la séduction : encens, huiles parfumées, résines, onguents, la palette était très large. Les parfums étaient les clés de communication avec un monde subtil et pour augmenter son propre pouvoir. Ils étaient réservés aux prêtres, aux rois et reines ou aux prostituées.

Plus tard, au Moyen-âge, le parfum perd de sa dimension mystique et va servir à la médecine. Certaines plantes ont valeur thérapeutique et leurs effluves participent à la guérison.

Le virage va se situer au XIVème siècle avec «L’Eau de la Reine de Hongrie», sorte de Cologne à base d’alcool destinée à la purification, au parfumage et à l’hygiène interne et externe.

Néanmoins, les voyages autour du monde se sont multipliés et avec eux des matières premières rares sont arrivées jusqu’à nous (jasmin, ambre, vanille, etc.). La parfumerie a évolué. Au XVIIIème siècle, ce fut la naissance du grand art du parfum en France avec J-H Fragonard.

La cour de Versailles ouvre la voie de ce qui deviendra une industrie où la France est leader !

La France, la grande culture du parfum

La haute parfumerie devint à partir du XXème siècle l’apanage de la France qui structura la composition idéale d’un parfum, la reconnaissance des nez, grands artistes créateurs, les laboratoires de référence à Grasse ou ailleurs.

Les plus belles créations virent le jour et ont traversé le temps jusqu’à nous. Mais de même que notre société a évolué globalement en tout domaine, l’univers de la parfumerie est devenu, lui aussi, industriel et soumis à d’autres critères que ceux de la naturalité, des créations complexes et subtiles.

Les matières premières synthétiques ont progressivement remplacé les fleurs naturelles, les ordinateurs ont pris le rôle des analystes et des évaluateurs, sans parler de la pétrochimie qui pallia les besoins de stabilisation des formules.

La parfumerie 2.0 a pris le pas depuis 40 ans. Mais la vague du naturel et du bio, qui s’est imposée dans l’alimentation et la cosmétique ces dernières années, a permis un virage sociétal global intégrant la parfumerie.

Les approches parfumées naturelles émergent avec des concepts différents et avec deux points communs : pas de pétrochimie et le bien-être comme guide.

Gérer le bien-être par le parfum dans les instituts

Le parfum, lorsqu’il est pur et bien fait et surtout composé par des gens qui savent, a un véritable impact sur nos émotions grâce aux huiles essentielles. C‘est l’aromachologie.

Je pose la question à Christophe Bombana, le fondateur de la marque 100Bon pour mieux comprendre et il nous explique l’articulation entre parfum et bien-être : «Le second nom de parfumeur de bien-être pourrait être, pour moi, parfumeur de pleine conscience. Ce que nous sommes chez 100Bon. Qu’est-ce que le bien-être : «se sentir bien».

Le bien-être, c’est écouter. En italien «sentire» signifie écouter, se sentir vivant, se reconnecter à soimême, se sentir vivant avec la nature, bon, bien dans son corps, sa tête, chez soi et bien dans tous les moments de la vie. C’est exactement l’objectif des produits que nous faisons : bon pour l’esprit, bon pour l’humeur, bon pour la nature, bon pour chez soi». Voilà qui reprécise bien ce qu’est ce fameux bien-être.

L’expérience terrain de Patty Canac, thérapeute par les huiles essentielles Patty Canac travaille actuellement à créer des complexes d’huiles essentielles afin d’apporter des bienfaits concrets à ses patients et à certaines entreprises. Elle a un cabinet thérapeutique depuis des années où elle accompagne des personnes en souffrance. Elle nous dit : «Je viens du terrain.

J’ai pu, dans ma pratique de thérapeute, recueillir concrètement les réactions de mes patients. Ma méthode n’est pas une stratégie marketing. Cela repose sur ce que j’ai observé au cours de mes consultations pendant des années. J’ai pu me rendre compte à quel point les émotions peuvent surgir dans les difficultés en nous déstabilisant.

Mes mélanges d’huiles essentielles étaient des compositions simples, ce n’était pas des parfums en tant que tels, mais ils me permettaient de les rééquilibrer. Je me suis appuyée sur elles, en utilisant mon modèle de respiration et de cohérence cardiaque pour obtenir des résultats. Actuellement je suis en mesure d’évaluer le pouvoir thérapeutique d’un produit parfumé».

Le bien-être par le parfum inspire d’autres approches

Le bien-être est subtil et complexe. Cela ne repose pas sur la même chose pour tout le monde. J’ai voulu avoir une autre approche avec Valérie de Mars, fondatrice d’Aimée de Mars : «Pour moi, le parfum fait partie d’une démarche globale de bien-être lorsqu’il est naturel et formulé avec des huiles essentielles actives.

L’odorat est en lien direct avec l’inconscient et notre mémoire (le cerveau limbique). L’odeur déclenche des réactions physiologiques et une réponse (plaisir, peur ou fuite..).

Portez attention aux émotions provoquées par une odeur de forêt de pins, l’odeur du café du matin ou de la madeleine. Ainsi, et c’est prouvé, la bergamote apporte le sourire aux lèvres (action sur le 3ème chakra : plexus solaire), la rose agit sur l’ouverture du coeur (4ème chakra) et le cyprès de

Provence renforce la vitalité, l’affirmation de soi». Voilà qui précise cet outil parfumé que vous, esthéticiennes, avez entre les mains. C’est un outil d’exception que chacune utilise selon sa volonté et son chemin personnel.

Intégrer le parfum dans un soin

Dans un institut, vous pouvez exposer vos flacons de parfum sur vos linéaires et vous en occuper au moment de la vente. Mais il est également possible de créer des rituels complets que vous pouvez proposer à vos clientes au même titre qu’un massage ou éventuellement une séance de méditation.

Parfois le parfum est totalement intégré dans un soin cosmétique global et parfois il vit en tant que tel, comme une parure de wellness qu’on emporte avec soi.

Par exemple, Altearah Bio n’est pas un parfumeur en soi mais une marque de cosmétiques intégrant l’aromachologie dans ses soins au même titre que les produits, les couleurs ou les émotions conscientes. Sandrine

Desgrippes nous en donne le détail : «Le parfum occupe une place prépondérante dans notre stratégie de soin Altearah Bio. Chaque soin cabine démarre par une séance d’olfactothérapie, c’est-à-dire que la cliente “respire” un parfum de soin, qui l’aide à se relaxer et à lâcher prise pour apprécier pleinement son massage.

Le parfum est le premier point de rencontre avec la couleur qui lui convient le mieux, en fonction de son état émotionnel et de son besoin. Notre parfum de soin est également très présent en rituel à la maison. Notre rituel olfactif reste une expérience intime et profonde pour gérer son état émotionnel au fil de la journée.

Consciemment, on en voit tout de suite le bénéfice. La rencontre instantanée avec la couleur dont on a besoin se fait avec notre parfum, c’est la première impulsion sur le chemin du bien-être».

Quel rituel pour un soin avec du parfum ?

Grâce à cette orientation vers le soin, les marques travaillent sur des protocoles et des rituels ou bien des théâtralisations globales soit dans le spa soit dans l’institut. Jean-Charles Sommerard, directeur de Sevessence, explique : «Quand on entre dans un institut, la cliente s’attend à être choyée, dorlotée, et vivre un moment unique.

Pour garantir un effet bien-être assuré, je crée un parfum avec des huiles essentielles ciblées pour leurs vertus avérées, relaxantes, tonifiantes, équilibrantes… J’aime à travailler avec ces «Smart Fragrances» maison sur une expérience globale et véritablement sensorielle.

Avec les années, j’ai identifié les attentes des instituts qui souhaitent se différencier et créer des instants magiques pour une clientèle exigeante en quête de renouveau. Ainsi, Iyashi Dôme surprend avec élégance sa clientèle, en offrant à la fois une diffusion de parfums à la carte et une boisson plaisir et bien-être».

De son côté, Sandrine Desgrippes a une approche ciblée sur un soin concret et structuré, elles nous décrit la démarche d’Altearah Bio : «À un état ressenti, correspond une émotion, mais aussi un souhait, une envie de mieux-être.

Cela détermine un mot-clé, et donc la couleur adaptée avec une synergie d’huiles essentielles précise et différente.

Par exemple, si votre cliente est stressée, optez pour la Sérénité, avec notre couleur Turquoise (ylangylang). Mais vous pouvez aussi demander à votre cliente de choisir son parfum, en suivant son instinct et son attirance vers une couleur du moment. Si elle veut retrouver calme et tranquillité, elle sera plus attirée par notre couleur Bleu.

En soin cabine, faites choisir une carte couleur “à l’aveugle”. Le soin se déroulera en fonction de cette couleur choisie. Les clientes sont bluffées car cela correspond toujours à leur besoin !».

Patty Canac explique en quoi physiologiquement le parfum contribue au bien-être : «Le parfum de bien-être a besoin d’un protocole strict pour être efficace. Tout d’abord : je respire le parfum (je viens de l’école de David Servan Schreiber fondée sur le souffle).

Donc, pour moi, ce n’est pas un concept ordinaire, car si on respire correctement, on obtient des résultats et on s’apporte d’emblée une manne essentielle. Quand on respire, les globules rouges se chargent de transporter l’oxygène et d’alimenter tout l’organisme y compris le cerveau. Lorsqu’on souffle, on élimine les déchets.

Donc, simplement par l’inspire et l’expire, associés aux molécules des huiles essentielles, on complète l’efficacité de la botanique. Lorsqu’on respire correctement, les odeurs vont dans le système émotionnel, le système limbique du cerveau, siège de toutes les émotions et, rapidement, cela va dans le système nerveux autonome.

Nous savons que tout produit agit sur le système nerveux autonome. Toute odeur renvoie à la mémoire et à cette inscription en chacun de ce que cela réveille. Ce que j’ai pu constater, c’est qu’en prenant en considération l’énergie de la plante, son terroir et son efficacité, nous sommes en connexion avec elle et nous augmentons les possibilités d’agir sur le système nerveux autonome en dehors de la composante olfactive.

C’est-à-dire si on n’a jamais senti certaines odeurs, on ne peut faire appel à la mémoire, donc on fait appel à l’intelligence de la plante et à ses molécules physicochimiques pour transmettre ses bienfaits lorsqu’on va les respirer».

Le choix du parfumeur d’entrer dans cette voie

Basculer vers ce choix de parfums bien-être, naturels, bio ou vegan, n’est pas évident. Il implique de s’éloigner des rives si connues dans notre culture de la parfumerie classique, ainsi que de quitter sa zone de confort. Les motivations appartiennent à chacun. Comme pour vous qui, à chaque pas nouveau, devez vous interroger sur la sincérité de vos choix.

Vous l’avez compris, les parfums du bien-être utile sont plus qu’une tendance, c’est une nouvelle voie solide qui s’ouvre pour vos métiers, avec ses moyens, sa valeur, et un véritable levier pour vous rendre heureuse.