Parcours d'esthéticienne. Nolwennig Henry : «Quitter la cabine m'a sauvée...»
C'est par le plus grand des hasards que je suis arrivée dans l’univers de l’esthétique, malgré mes bonnes notes, je voulais fuir le système scolaire... L’esthéticienne de notre village partait à la retraite, une jeune esthéticienne reprenait l’institut et recherchait une apprentie... J’ai postulé et j’ai été prise et, finalement, ce fut le début d’une belle aventure. J’ai donc fait mes études d’esthétique, CAP et BP, à Joué-les-Tours, en alternance.
Premier poste : responsable d'institut !
Alors que je souhaitais poursuivre mes études avec un BTS, j’ai trouvé un poste de responsable dans un institut franchisé. Je suis ainsi passée immédiatement d’étudiante à responsable d’institut. J’y suis restée quatre ans et j’ai beaucoup appris.
Quatre ans d’expérience en franchise
Dans un institut franchisé, tout est protocolaire, cela m’a appris à avoir une grande rigueur et m’a donné des bases solides pour m’installer par la suite même si je n’en avais aucune envie à l’époque. En revanche, je travaillais dans une ambiance détestable où on me demandait d’épier mes collègues, où nous étions toutes considérées comme des idiotes... Et puis, après quatre ans d’expérience, j’étais toujours payée 1250 € nets, 30 euros de plus que mes collègues, alors que j’étais responsable de quatre instituts à travers deux départements, la Seine Maritime et le Calvados, et dont les frais kilométriques étaient à ma charge ! Tout cela m’a donné la niaque pour y arriver, seule !
L'ouverture de mon premier institut
Dans ma ville, à Lisieux, en plein centre-ville, un institut allait être en vente, j’ai démissionné du jour au lendemain, j’ai peaufiné mon business plan et, deux mois plus tard, j’ouvrais mon premier institut. J’avais un petit peu d’argent de côté et je me suis rapprochée de la Chambre de Commerce de ma ville pour obtenir un prêt d’honneur. En 2014, Bio Esthétic s’ouvrait avec deux cabines et un solarium, mon objectif était de travailler pour moi et que mes clientes soient satisfaites. Je n’en demandais pas plus. J’avais choisi comme marques Phyt’s, Epiloderm, TooFruit et Bloomea.
Ça marche !
J’étais dans ma ville, on me connaissait avec mon prénom si particulier, Nolwennig, et les clientes se souvenaient de moi. Très vite, grâce à mon prénom et à la qualité de mon travail, l’institut a très bien fonctionné. L’année qui a suivi, j’ai embauché. Dès le départ, je me suis payée, je ne me voyais pas travailler pour la gloire. J’avais le même salaire que lorsque j’étais chez le franchisé mais sans les frais de déplacement qui étaient à ma charge, donc je gagnais plus en travaillant moins !
Comment me développer ?
Trois ans et demi après l’ouverture de Bio Esthétic, l’institut était arrivé à son maximum, je ne pouvais pas accueillir plus de clientes, nous étions trois esthéticiennes, il fallait attendre trois semaines pour avoir rendez-vous pour une simple épilation... Et pas question pour moi de supprimer les prestations les moins rentables comme les épilations car j’aime vraiment l’esthétique traditionnelle. J’avais retiré le solarium pour avoir une nouvelle cabine mais ce n’était pas suffisant, je ne pouvais pas développer davantage mon activité...
L’ouverture de mon deuxième institut
Faute de pouvoir agrandir mon institut, et réalisant que la création était ce qui m’animait le plus, j’ai ouvert un deuxième institut : Bio Esthétic l’Annexe, situé à l’extérieur de la ville dans un petit centre commercial. L’Annexe draine une autre clientèle et est complémentaire du premier institut.
Un seul concept pour deux instituts
L’Annexe est la copie parfaite en termes de marques et de prestations que mon premier institut :
- pour ne pas perturber la clientèle, c’était facile, si nous n’avons pas de place dans l’un, nous lui proposons un créneau dans l’autre institut,
- pour me simplifier la vie en termes de gestion, en regroupant les commandes, je bénéficie de tarifs avantageux.
Les deux instituts fonctionnent très bien.
Nouveau défi : le Spa de l'Évêché
La semaine de mes 30 ans, nous sommes allés avec mon mari déjeuner dans le restaurant d’un complexe hôtelier avec des appartements. C’est nouveau, je savais qu’un spa allait s’ouvrir. Le propriétaire des lieux m’explique que le spa n’est pas prêt d’ouvrir, c’est très compliqué, il n’y connaît rien, il ne peut même pas recruter... Je lui ai proposé de l’aider pour le recrutement, sans arrière-pensée, juste pour lui rendre service. Quelques semaines plus tard, il me recontacte, je crée l’équipe et il me propose de nous associer pour créer ensemble le Spa de l’Evêché. Il s’agit d’un spa de 70 m2 avec deux cabines, un sauna et une piscine. Nous travaillons avec Estime & Sens. Après deux ans et demi, le spa fonctionne très bien.
La bonne idée : augmenter les tarifs
Au départ, nous redoutions que le spa ne fonctionne pas, alors, nous avons mis en place des tarifs très attractifs, trop bas par rapport à ce que nous aurions dû faire. Avec ces tarifs, nous n’avons pas attiré la bonne clientèle. Nous sommes donc passés de 65 euros de l’heure à 75 euros et cette simple augmentation de 10 euros a suffi à attirer une clientèle beaucoup plus qualitative, rassurée par le tarif, reflet d’une certaine qualité.
Les secrets de la réussite
Mon associé Benjamin Cariou a réussi à transformer une ruine en un lieu magnifique, ce qui fait du Manoir de l’Évêché un lieu où il faut bon vivre.
Le restaurant attire la clientèle locale et permet également de faire connaître le spa. Et, une fois de plus, grâce à mon prénom, les clientes ont rapidement été rassurées de savoir qui gérait ce spa et les clientes de mes instituts existants voulaient tester.
La grosse erreur !
Tout se passait bien, sauf que moi, j’étais toujours en cabine... C’est le soir et pendant mes jours de repos que je faisais toute la partie administrative, c’était comme ça... Rester en cabine alors que j’avais deux instituts et un spa à gérer était une erreur, j’aurais pu me développer plus rapidement et plus facilement mais je n’arrivais pas à dire à ma clientèle que je n’étais plus disponible, je ne me sentais pas légitime de ne plus travailler et, pourtant, j’avais conscience qu’il fallait que je quitte la cabine.
Le Congrès des Nouvelles Esthétiques a tout changé !
Lors du Congrès International Esthétique & Spa, en octobre dernier, j’ai assisté à la conférence de Tiphaine Modeste où des esthéticiennes témoignaient de leur changement de vie, grâce à elle. Les larmes ont commencé à couler sur mon visage, j’étais spectatrice de ce qui m’arrivait. Ce que disait Tiphaine résonnait en moi : «C’est celle dont j’ai besoin !». J’ai réalisé à quel point j’étais allée vite, sur tout, j’étais perdue tant j’avais de choses à gérer, j’étouffais... J’ai commencé le programme «Start & Reset» et c’est formidable de sentir tous les petits verrous qui m’empêchaient d’avancer se lever un à un.
Il faut quitter la cabine !
Lorsque Tiphaine me dit qu’il faut quitter la cabine, je sais qu’elle a raison, mais comment faire ? C’est mon mari qui travaille avec moi qui m’a aidée, c’est lui qui a appuyé sur le bouton pour que mes plannings de rendez-vous en ligne se ferment, impossible désormais de prendre rendez-vous avec moi... Quitter la cabine se résumait à appuyer sur un bouton... J’ai compris que c’était la clé, je vais le faire avec souplesse pour certaines clientes, je vais les emmener vers l’esthéticienne qui leur convient le mieux pour que ça se passe bien.
Aujourd’hui
Nous gérons, mon mari et moi, le développement des différentes structures, tant sur l’aspect commercial, que sur la gestion admi- nistrative et financière. Nous nous répartissons les rôles en fonction de nos compétences et de nos disponibilités. Un vrai travail d’équipe !
Faites-vous accompagner !
Nous avons un très beau métier, il faut en être fières, il faut faire confiance à son instinct, le mien m’a permis d’être ce que je suis aujourd’hui. C’est ce qui m’a permis d’avancer. Faites-vous confiance et entourez-vous des bonnes personnes.
L’avenir
Je ne vois aucune limite à mon développement, encore moins depuis que je me suis sortie de cabine ! En 2022, nous allons ouvrir un troisième Bio Esthetic et on ne va pas s’arrêter là ! Mes bilans sont excellents, j’ai même eu les félicitations de mon banquier ! Mes instituts peuvent encore grandir. Dire que je voulais être employée toute ma vie... Finalement, je me suis découvert une passion dans l’entreprenariat, avoir des idées et les mettre en application, c’est ça qui m’anime.