Parcours d'esthéticienne : Maëva Rebours
Ma sœur aînée suivait des études dans la coiffure et, au sein de son école, des cours d’esthétique étaient également proposés. Le fait de prendre soin des femmes et de pouvoir en quelque sorte les «réparer» m’est apparu comme une évidence. C’était même une mission de vie !
Les études d'esthétique
Dès la sortie de la classe de troisième, en 1996, je suis partie en classe de CAP Esthétique, à l’École Matile, située à Nantes. À l’issue de ces deux années, j’ai terminé première de ma promotion. J’étais assez fière de moi puisque d’autres élèves de ma classe sortaient du Bac ! J’ai ensuite enchaîné sur deux années de Brevet Professionnel en alternance dans un centre Yves Rocher situé dans le centre-ville de Nantes. Yves Rocher est une très bonne école du métier. On apprend plusieurs proto-coles, différentes techniques, on a accès aussi bien à la cabine qu’à la surface de vente.
De l'apprentissage au CDI
En 2000, à la fin de mes études, le centre Yves Rocher où j’étais en alternance m’a proposé un contrat en CDI. Je suis passée très rapidement responsable adjointe sur la partie retail. La directrice était une femme extraordinaire qui m’a beaucoup inspirée. Elle était très juste, très stricte et exigeante mais extrêmement reconnaissante. Elle avait décelé en moi la possibilité d’entre-prendre. Quand elle est partie, je suis partie également.
Une expérience en parfumerie
En juillet 2002, je suis arrivée en tant que conseillère-esthéticienne chez Marionnaud, toujours à Nantes. J’ai découvert un tout autre univers de la parfumerie. On peut se sentir désemparée face à des murs entiers de parfums. Mais finalement, au fur et à mesure que l’on est formée et que l’on échange avec les clientes, on se surprend même d’être capable de deviner quel parfum correspondrait à la cliente qui vient de passer la porte !
L'univers de la parapharmacie
En 2008, j’ai eu envie de connaître autre chose. J’ai été embauchée en tant que conseillère au sein d’une parapharmacie située dans un hypermarché. Je suis passée responsable de la parapharmacie au bout d’une année. J’encadrais avec le pharmacien deux conseillères. Je gérais les stocks, passais les commandes, réalisais les inventaires, rencontrais les commerciaux. J’ai appris à gérer les commandes de marché annuel, faire les mises en avant et les promotions. J’ai acquis toutes les connaissances nécessaires à la gestion d’un espace.
Des connaissances encore plus approfondies dans les cosmétiques
Les commerciaux des différentes marques, lors des formations, m’ont aidée à comprendre la composition des différents produits. J’ai ainsi davantage compris le fonctionnement de la peau, l’interaction de certains produits nocifs sur la peau. J’ai aussi découvert les cosmétiques bio et les huiles essentielles. Avec toutes ces connaissances, j’étais extrêmement à l’aise pour conseiller les clientes.
Objectif : créer mon institut
Dès mes débuts dans l’esthétique, mon objectif était un jour de pouvoir créer mon propre espace. C’est une fois mes enfants plus âgés que j’ai décidé de créer mon entreprise, en 2015. Pour ce faire, j’ai demandé un Congé Individuel de Formation, aujourd’hui appelé congé de transition profes-sionnelle. Pendant deux mois, j’ai pu suivre une formation de comptabilité via un organisme de formations pour adultes à Nantes car je voulais être capable par moi-même de comprendre le discours d’un comptable. Trop d’entrepre-neurs s’installent sans aucune notion et sont complètement désarmés quand il faut faire des choix. Quand nous ouvrons en tant qu’esthéticienne un institut de beauté, nous deve-nons des cheffes d’entreprise, cela change tout.
Formentera institut féminin et masculin
J’ai ouvert en novembre 2015 un espace de 97 m² et trois cabines à Vertou. J’ai rapidement intégré une apprentie CAP et une salariée à mi-temps, ces deux postes sont devenus des CDI à temps plein. Je ne travaillais qu’avec des produits français, au maximum locaux et le plus naturels possibles, voire bio : Mansard, Vitaman, RoyeR Cosmétique et Kerali.
L’importance du réseau
Il a fallu tout créer de A à Z, j’ai eu la chance d’être très bien accompagnée. Grâce à un ami, j’ai rencontré un expert qui m’a recommandé de créer une EURL au vu de l’investissement financier de départ. En effet, certains statuts rassurent les banques quand vous avez besoin de financement. Chaque situation est différente : la situation familiale, assujettie à la TVA ou pas, optimiser la rémunération du dirigeant… Ce sont des points importants à prendre en considération dès le départ et malheureusement souvent négligés et cela peut coûter très cher à une entreprise s’il faut rectifier le statut à l’avenir.
Tout s’est fait grâce au bouche-à-oreille et au réseau : l’expert m’a fait rencontrer le comptable. L’aventure entrepreneuriale ne peut pas se faire seule. J’ai eu de la chance à cette époque également car tous les commerçants du quartier s’installaient en même temps que moi, cela a créé un lien fort entre nous. Intégrer un réseau d’entreprises permet d’échanger, de connaître d’autres expériences, de s’obliger à sortir de son institut. Et puis, lorsque l’on a un coup de mou, les autres commerçants nous soutiennent. Je fais partie du réseau RDVN et Bellyst qui me soutiennent et m’accompagnent.
Un concept mixte
Je souhaitais que mon institut puisse à la fois répondre aux besoins de la clientèle féminine et masculine avec des prestations classiques. Il ne faut pas prendre une clientèle masculine si on ne se sent pas à l’aise, je n’avais aucune appréhension. J’ai fait très attention au choix de ma tenue de travail, à mon attitude chaleureuse mais très claire, sans ambiguïté. Sur toutes ces années, je n’ai eu que deux comportements inappropriés. Dans ce cas, la séance est écourtée et le client est prié de s’habiller et de partir.
Une décoration adaptée Beaucoup d’hommes de mon entourage me disaient ne pas se retrouver dans l’image très féminine de l’institut. J’ai donc adapté ma décoration avec une vitrine et des cabines noires et blanches, des visuels mixtes, du bois foncé…
Le développement de Formentera
En 2018, j’ai eu l’opportunité de racheter les locaux d’un ancien spa, à une vingtaine de kilomètres de Vertou, à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu. Je l’ai appelé le Spa Formentera Institut et Spa. L’espace, d’une surface de 186 m², comprenait un hammam, un sauna et cinq cabines, dont une duo avec balnéothérapie. Sur cet espace, j’ai pu embaucher jusqu’à cinq salariées. L’intérêt d’avoir ces deux espaces était de compléter l’offre bien être aux clientes du premier institut.
La carte de soins
J’ai conservé les mêmes marques que celles utilisées chez Formentera Institut Féminin Masculin. En termes de prestations, nous étions toujours sur du traditionnel. Les soins visage étaient très peu développés, la vente-conseil inexistante, pas de minceur.
Le succès du spa
Il a fallu trouver comment rendre rentable un lieu qui ne l’avait jamais été en dix ans ! J’ai donc proposé des prestations qui soient plus récurrentes comme le LPG ou la minceur. J’ai aussi développé les soins visage qui permettent une fidélisation et du conseil. Et surtout, pour faire évoluer la vente au niveau du spa, j’ai fait appel à Virginie Vioron pour travailler cet axe, cela a fait une vraie différence dans les résultats.
L’accompagnement d’E.S.B.E.
Gérer deux entreprises était difficile, j’étais sous l’eau car je jonglais avec la cabine, mon rôle de directrice et mes obligations familiales. J’ai donc entamé un accom-pagnement avec Tiphaine Modeste d’E.S.B.E. Nous avons pu tout remettre à plat en retravaillant l’image de marque, la carte des soins, la rentabilité, etc. Cela m’a permis de fondre l’identité de mes espaces : Formentera Institut Féminin Masculin et Formentera Institut et Spa avec une seule communication pour deux lieux, un site Internet pour les deux centres. Cela a simplifié énormément toute ma communication. E.S.B.E. m’a permis d’aller plus loin dans mon métier de cheffe d’entreprise. Mon seul regret est de ne pas avoir découvert E.S.B.E. avant ma première installation ! C’est une formation indispensable si vous souhaitez créer votre institut avec de très bonnes bases dès le départ.
Vers de nouveaux horizons
Passées les trois crises Covid, je me suis retrouvée dans le stress, fatiguée de devoir relancer l’entreprise à chaque fois, avec la peur de refermer encore et encore. J’ai eu la chance financièrement de bien m’en sortir grâce à ma trésorerie, mais pas psychologiquement. Ma priorité était de maintenir le lien avec mes clientes et les aider mais je me suis oubliée, j’étais épuisée. J’ai donc pris la déci-sion de vendre, en novembre 2021 l’Institut de Vertou, afin de me consacrer au spa, mais cela n’était pas suffisant. J’avais trop de fatigue accumulée, il me fallait une vraie coupure pour me reconstruire. Le moindre événement me mettait dans un état de stress disproportionné. J’ai donc revendu le spa en juillet 2022.
L'Artis'Âme : un cocon de soin dans un château
Lorsque j’ai vendu, je me suis interrogée à propos de la suite. Je voulais construire quelque chose avec mes valeurs, avec un souci de rentabilité, d’équilibre professionnel et personnel. J’étais persuadée qu’il était possible de faire autrement.
Un cadre exceptionnel
Je voulais un lieu confidentiel, au calme. Il est tout à fait possible aujourd’hui de se faire connaître sans vitrine. Les réseaux sociaux, Internet, peuvent nous apporter une ouverture sur le monde ! J’ai eu la chance de trouver un lieu exceptionnel, dans un château à Nantes. Le cadre était magnifique, le lieu calme, le loyer très confortable par rapport à ce que j’avais connu, j’ai donc décidé de me lancer à nouveau ! J’ai complètement réaménagé et rénové un appartement de 34 m² dans le château. L’Artis’Âme est né en novembre 2022. Il n’y a pas de caisse, je ne voulais pas que la cliente arrive dans un univers commercial. Mes clientes ne se croisent pas. Je dédie un temps important à chaque rendez-vous.
Le choix d’une marque pointue
J’ai fait évoluer mon concept. Je travaille aujourd’hui avec Biologique Recherche. La marque possède ses propres protocoles manuels, c’est passionnant.
Le diagnostic qui booste les ventes
J’ai également fait le choix de l’appareil à diagnostic de peau «Skin Instant Lab» de Biologique Recherche. J’étais très sceptique en ce qui concerne les appareils de diagnostic de peau, mais j’ai été conquise lors de la découverte de l’appareil. Cela ne remplace pas mon expertise, cela l’assoit. Lorsque j’ai créé L’Artis’Âme, j’ai proposé des diagnostics de peau gratuitement à mes clientes. Pour ce faire, elles s’inscrivaient sur mon site Internet. J’ai vendu plus de produits que réalisé de prestations, le mois d’après, j’ai réalisé un chiffre d’affaires égal sur la vente de produits que sur les prestations.
Une marque holistique pour accompagner les clientes
Je travaille également avec Altearah Bio pour le corps. J’ai choisi cette marque pour la dimension émotion-nelle qu’elle met en avant avec ses produits. Cela correspondait tout à fait à ma philosophie d’approche qui se veut holistique. Lorsqu’une cliente arrive, on s’assoit, on prend un thé, on discute, au fur et à mesure la cliente se détend et se confie, on prend le temps. Avec Altearah, chaque émotion est reliée à une couleur. La cliente tire au sort une carte au hasard, et elle sera massée avec l’huile correspondante à la couleur choisie. C’est imparable, la carte tirée est toujours juste face aux besoins de la cliente. Après le massage, que reste-t-il à la cliente ? Avec Altearah, les produits revente permettent de faire perdurer le résultat pendant plusieurs jours. C’est une vraie prise en charge globale avec des parfums de soin à respirer, des concentrés…
Aider les clientes à se reconstruire
Je propose également du maquillage permanent avec Biotic Phocea. J’ai suivi ma formation dans le centre de la marque où des personnes en traitement post-cancer y sont exclusivement accueillies. Cela est tout à fait en accord avec mon concept et fait sens avec le programme Wellness for Cancer de Biologique Recherche. J’ai ainsi une approche globale.
Un parcours client unique
Je planifie un rendez-vous le matin et un ou deux l’après-midi. Je ne compte pas le temps que je passe avec les clientes, la prise en charge dure un minimum de deux heures, cela dépend des échanges que j’ai avec la cliente. Mon objectif est de travailler sur la cliente de façon globale et être dans l’écoute afin de lui proposer la prestation la plus adaptée. Lorsque la cliente arrive, je viens la chercher à l’entrée du château. Nous nous installons dans l’espace «salon-accueil» pour discuter, boire un thé, réaliser le diagnostic de peau avant le soin. Ce temps est important, il me permet de comprendre les besoins exprimés ou non, de cerner les attentes. Je fais très attention aux mots utilisés, à la posture de ma cliente. Après le soin, elle s’installe à nouveau dans un fauteuil. Elle reste posée tranquillement, c’est moi qui lui amène le TPE si besoin, les produits et les conseils, puis je la raccompagne à sa voiture.
Ma nouvelle vie
Travailler en équipe ne me manque absolument pas. Je n’ai pas de regret, j’ai eu des équipes superbes, avec de très belles rencontres et amitiés. Mais la gestion RH était vraiment épuisante au quotidien, je n’étais pas préparée à cela et suffisamment structurée à l’époque. Je pense qu’à l’avenir, on va voir apparaître de plus en plus de groupements d’indépen-dants complémentaires qui ont envie de travailler ensemble. Aujourd’hui, j’ai gagné en liberté, je gère mon temps, je ne suis plus accaparée les week-ends et les soirs par mon travail. J’ai énormément gagné en qualité de vie. Et surtout, je suis sortie du stress !
Ce qui fait la différence
Ce qui fait ma différence c’est ma force de travail, ma vision. Je suis une créatrice, j’ai des idées, j’innove. L’expertise aussi, 25 ans d’expérience, ça aide. Le plus important est de rester focus sur son objectif, travailler dur pour l’obtenir et être très bien entourée ! J’ose, je n’ai pas peur d’essayer.
Mes conseils
Il est important de faire ce que vous aimez en termes de pres-tations. Arrêtez de choisir des prestations parce que c’est «normal», parce que la concurrente le fait… Il faut également bien penser votre carte de soins car c’est là que se joue votre rentabilité. Les tarifs de mes soins vont de 95 € à 240 €. En suivant la formation de Tiphaine Modest et en étant coachée par Marie Laure Brana, il n’y a aucun frein à proposer de tels tarifs. Je souhaite être reconnue comme professionnelle et cheffe d’entreprise, et gagner ma vie à la hauteur de mon travail. Arrêtez de vous lancer avec des prestations à 20 euros en faisant de la pub sur Instagram, vous accueillerez la clien-tèle qui correspond à 20 euros !