Parcours d'esthéticienne. Katia Pichelin.

L’esthétique coûte que coûte

Depuis toujours, je voulais faire de l’esthétique. En sortant de troisième, je n’ai pas été prise à l’école d’esthétique, les écoles privées étaient très chères… Je me suis orientée vers des études médico-sociales. Et dès que j’ai pu, j’ai passé mon CAP. Mes parents ont payé la moitié de mes études et moi l’autre en faisant tous les petits boulots que je trouvais : animatrice en centre de loisirs, aide à domicile, ménage, cours de danse, hôtesse de caisse…

Des débuts prometteurs

En 2006, j’ai ouvert ma petite entreprise d’esthétique à domicile en Auvergne. J’ai très vite développé ma clientèle, j’ai alors ouvert un petit institut de beauté «Styl EsthétiK», puis un plus grand, toujours dans la même petite ville.

La passion d'apprendre

Pour me former, j’ai suivi de nombreux stages en instituts, en parfumeries. Pendant mon CAP, j’allais une semaine de temps en temps à Paris pour prendre des cours intensifs de pratique que je devais maîtriser pour le passage des examens.

En plus des massages, je me suis formée sur les extensions de cils, l’épilation au fil, le microblading, le Hyaluron pen, le BB glow, les ongles… J’ai suivi ces formations dans un centre à Clermont Ferrand, mais aussi chez Formabelle, Formasud, Comptoir Beauté ou Griffe d’Or.

J’adore apprendre de nouvelles techniques. J’ai soif d’apprendre, je suis très manuelle et j’aime passionnément tout ce que je fais ! L’esthétique évolue tellement que ça donne envie d’apprendre toujours plus.

Je ne reste pas sur mes acquis, je me fais former une première fois et je continue avec des perfectionnements. N’oublions pas que les techniques et les produits évoluent. Aujourd’hui, je forme les esthéticiennes de mon équipe et je les envoie également en formation et en perfectionnement. Elles sont très reconnaissantes car ça leur est très utile.

Retour à la case départ

Il y a six ans, avec mon conjoint, nous avons décidé de vivre au soleil, ça a été un gros challenge ! Au départ, j’ai gardé mon institut avec mon employée en Auvergne, et j’ai recommencé à zéro à 550 km, à Perpignan. En arrivant dans le Sud, nous avions un logement d’appoint, trois enfants. Mais comme j’avais encore les charges de l’institut en Auvergne, il n’était pas possible d’avoir un deuxième loyer, on ne connaissait personne, on ne savait pas si ça allait fonctionner… Avec le recul, je me dis que c’était un peu de la folie !

J’ai donc recommencé avec du domicile, puis un institut de 40 m². Et depuis trois ans, je gère un institut Styl Esthétik de 100 m² où je travaille avec Thalac, Eskalia, Griffe d’Or et Yumi. Il y a six cabines, nous sommes sept à y travailler ! J’ai tout fait petit à petit, en fonction de mes moyens et, avec mon mari qui travaille chez Leroy Merlin, nous faisons beaucoup de travaux nous-mêmes : la peinture, le carrelage, le parquet…

La création du centre de formation

Quand je suis arrivée dans la région, j’avais déjà envie de former depuis un bon moment. Le déclic s’est fait, lors des formations. Les autres stagiaires me disaient que je devrais devenir prof ou formatrice, que j’avais une bonne pédagogie. J’ai alors commencé à me renseigner et monté mon projet pour devenir formatrice. En parallèle de mes prestations d’esthétique, j’ai communiqué sur mes formations et le bouche à oreille a très bien fonctionné. Je formais aux extensions de cils, massages, blanchiment dentaire, épilation au fil…

À Perpignan, il y avait peu de centres de formation esthétique qui proposaient un cursus en reconversion professionnelle. Ainsi, beaucoup de personnes n’avaient d’autre choix que de passer le CAP en candidate libre sans aucun suivi pédagogique et sans trop de succès… J’ai donc eu l’idée de proposer une fois par semaine des cours de pratique. Nous faisions passer le CAP en candidate libre en gérant toute la partie pratique avec un suivi.

J’avais une salle dédiée à la formation mais, souvent, on utilisait en plus les cabines, ça devenait vraiment difficile de gérer l’espace avec les clientes, les élèves, les formateurs. Alors, lorsqu’un local de 600 m² s’est libéré juste à côté, je n’ai pas hésité ! Notre centre de formation Styl’EsthétiK a ouvert ses portes en janvier 2021 et ça fonctionne déjà très bien. Je suis également formatrice pour Griffe d‘Or, Yumi Nails, Yumi Lashes, Yumi Brows et pour AK Beauty, je suis très fière de la confiance qu’ils m’accordent.

Les élèves en formation

Nous accueillons deux types de clientes : les professionnelles qui souhaitent proposer de nouvelles prestations ou parfaire leur savoir-faire et des personnes en reconversion professionnelle. Avec la Covid-19, nous accueillons aussi énormément de personnes issues du monde médical qui souhaitent se former à l’esthétique. Certaines formations sont éligibles au CPF et Pôle Emploi.

Le quotidien de mon centre de formation

Je forme à des techniques où je me sens 100 % performante. Bien entendu, il y a de nombreuses formations que j’ai suivies sur lesquelles je ne forme pas au final comme le microblading, je préfère laisser cette pratique à des professionnelles qui ne font que ça. Idem pour certains massages comme la réflexologie plantaire. Ce sont des formateurs spécialisés qui dispensent ces formations. Grâce à nos nouveaux locaux, nous pouvons proposer plus de dates, nous ne sommes plus bloqués par la place.

Dans mon équipe, j’ai aussi une personne qui gère des CAP Coiffure et qui forme sur le lissage brésilien, les extensions de cheveux, les chignons de mariage… Nous proposons toute la beauté ! Jérôme, mon conjoint, m’aide beaucoup pour les démarches administratives, les commandes…. Il va finir par intégrer l’entreprise ! J’ai toujours beaucoup travaillé, j’aime travailler ! Mon objectif est que cela continue comme ça : dispenser des formations de qualité dans un lieu adapté et confortable.

La recette du succès

J’aime tout ce qui est nouveau. Proposer des techniques innovantes m’a permis de conquérir une clientèle. Et je suis restée accessible et proche de mes clientes, l’ambiance de l’institut est très familiale. C’est important d’avoir un lien.

Mon message aux esthéticiennes 

Foncez mais avec prudence ! Tout le monde peut y arriver en s’en donnant les moyens. J’accueille de nombreuses esthéticiennes en formation qui me disent : «J’ai peur si ça ne marche pas», mais en étant à domicile ou chez vous, dans une pièce à la maison sans local commercial, les risques sont minimes. Mais c’est vrai, qu’à un moment, il faut prendre des risques, c’est inévitable pour avancer.

La mauvaise image de l'esthétique

Lorsque je dis que je suis esthéticienne, le regard des gens n’est pas toujours bienveillant… C’est triste en 2021… J’ai trois enfants de 18, 14 et 6 ans. Je suis consternée d‘entendre certains professeurs dire : «Ah non, ne vas pas en esthétique, tu es intelligente c’est quand même dommage !». Lors des réunions de réorientations, il y a souvent un discours dégradant du milieu professionnel. Un jour, mon fils a entendu un professeur dire à une camarade : «Si tu continues à travailler comme ça, tu vas finir esthéticienne !». Mon fils est intervenu : «Ma mère est esthéticienne et elle loin d’être bête !». J’explique à mes enfants que les gens ne se rendent pas compte que c’est un vrai métier et que si on était si bête que ça, on ne pourrait pas gérer un institut de beauté et qu’il faut des connaissances pour prodiguer un soin !