Parcours d’esthéticienne : Julie Nasri
Mes débuts dans l'esthétique
Après le Bac, j’ai fait un stage d’orientation d’un mois dans un institut de beauté et j’ai vraiment apprécié. J’ai alors passé un CAP et un BP en alternance à l’IFPM. J’étais dans un institut de quartier à Paris où j’ai beaucoup appris. C’est là que j’ai découvert Matis pour qui j’ai décidé de devenir animatrice-formatrice, j’avais 21 ans. Matis est une marque extrêmement technique qui a son propre laboratoire R & D, c’était très intéressant.
Animatrice, Formatrice
Pour Matis, je faisais des soins, de l’animation en institut, ainsi que de la formation.
J’ai très rapidement remplacé la formatrice France pendant son congé de maternité, j’ai adoré former au quotidien, la transmission me touche vraiment. Tout s’est très bien passé, quelques mois plus tard, je formais à l’international.
L’anglais
Je n’étais pas du tout sûre de moi, même si je comprenais, je n’osais pas… Donc, j’ai suivi des cours, les deux heures hebdomadaires étaient prises en charge par l’entreprise. Ces cours m’ont donné confiance en moi et c’était juste ce qu’il me manquait pour me former en anglais.
Le métier de formatrice internationale fait rêver et pourtant…
Formatrice internationale
Au début, je suis partie en Chine à Guangzhou dans la province de Hong Kong, j’étais sur des salons et je formais les équipes. Je partais une à deux fois par mois pour une semaine au minimum.
Ce métier fait beaucoup rêver mais la réalité est que l’on voit surtout des aéroports, des hôtels et des bureaux, même si les hôtels et les restaurants sont magnifiques, ce n’est pas du tourisme. Je suis allée plusieurs fois en Chine, et pourtant, je n’ai jamais visité Pékin ni la Grande Muraille.
Mon plus beau voyage a été en Afrique du Sud, un rendez-vous s’est annulé, les équipes sur place ne voulaient pas me laisser désœuvrée et m’ont conduite dans une réserve où j’ai pu jouer avec des bébés lions ! Forcément inoubliable…
Je suis restée trois ans chez Matis avant d’être chassée pour La Colline en tant que formatrice internationale.
J’y ai fait le même travail que chez Matis, j’y suis restée deux ans.
Transmettre mais différemment…
J’allais me marier, les événements de famille se faisaient sans moi, cela me pesait de plus en plus et puis j’ai développé une phobie de l’avion. Alors que je prenais l’avion quatre fois par mois, je n’y arrivais plus.
Ainsi, depuis 2013, j’ai totalement arrêté les transports aériens. La direction a accepté une rupture conventionnelle.
Pendant six mois, je suis restée chez moi afin de déterminer ce que j’avais envie de faire. Je ne voulais pas retourner en cabine et je ne pouvais pas devenir prof car je n’avais pas le BTS, mais je voulais former, transmettre malgré tout.
Alors j’ai créé un site Internet où je revendais des cosmétiques de marques françaises bio et je proposais des ateliers pour les consommatrices finales en leur expliquant le fonctionnement de la peau, les produits, comment les choisir en fonction de sa peau…
Mon idée est de changer l’utilisation du consommable sans ajouter de contrainte
L’idée des lingettes
J’ai toujours eu cette sensibilité à la nature.
Quand j’ai arrêté de travailler, je me suis demandé quoi faire dans cette société de consommation, qui devenait vraiment aliénante, j’ai estimé que chacun devait faire sa part. En famille, nous avons commencé par changer notre façon de consommer, aussi bien dans l’alimentaire que dans les loisirs.
À l’époque, je faisais les marchés de Noël pour revendre mes cosmétiques bio, mon mari m’a incitée à proposer les lingettes que je fabriquais. J’étais sceptique mais ce fut un très gros succès !
«Mes petites lingettes»
Au début, je ne travaillais qu’avec les consommatrices finales et j’ai eu envie de développer cette affaire dans le milieu de l’esthétique que je connaissais très bien.
Le lancement auprès des instituts de beauté
Pour la cabine, j’ai développé des lingettes à base de micro-éponges de bambou de couleur noire pour qu’elles restent impeccables plus longtemps. Car une lingette claire, après plusieurs lavages ternit forcément.
Après avoir utilisé la lingette coton, vous la mettez à la machine jusqu’à 90°, 60° pour le bambou car il y a un côté élastique. Il suffit que vous ajoutiez les lingettes à votre linge ordinaire.
L’idée est de changer l’utilisation du consommable sans ajouter de contrainte.
Une amie esthéticienne a parlé de moi à une autre esthéticienne qui gère un institut et c’est ainsi que tout a démarré avec une commande de 1 500 lingettes. J’ai ensuite produit 4 000 lingettes pour My Spa.
Une confection éthique
Mes lingettes sont en coton bio de Turquie certifié GOTS Global Organic Textile Standard, c’est un coton qui n’est ni traité, ni blanchi, ni teint. On le voit, les lingettes ne sont pas blanches mais beige.
J’avais un enfant, j’étais enceinte du deuxième, je devais coudre, démarcher en même temps, sans oublier l’administratif, ça n’était plus possible, je n’avais plus de vie.
Je ne pouvais pas développer mon activité en passant mes journées derrière ma machine à coudre, comme une esthéticienne ne générera pas plus de chiffre d’affaires en passant sa vie en cabine. C’est dur à admettre… On reste dans une zone de confort et c’est difficile d’en sortir de soi-même.
Je voulais trouver un atelier de confection en France qui partage mes valeurs au niveau de l’éthique.
Une couturière indépendante réalise toutes les pochettes pour la revente des lingettes à la cliente finale. Aujourd’hui, j’ai tout mon temps pour démarcher des entreprises.
Écologie et luxe
Il ne faut pas opposer l’écologie et le luxe, les lingettes peuvent être personnalisées avec le nom et/ou le logo de l’institut. Certains instituts offrent une lingette à la fin du soin. La cliente découvre ainsi le produit et toute sa douceur. Des clientes s’imaginent que ce qui est bio gratte et ne sent pas bon. L’idée est de donner à l’écologie une image plus haut de gamme.
Je ne pouvais pas développer mon activité en restant derrière une machine !
Les lingettes et les esthéticiennes
J’incite les esthéticiennes à proposer les lingettes en début de soin en mettant en avant leur démarche plus écologique, ou bien en fin de soin en disant : «Vous avez sans doute ressenti la différence par rapport au coton, j’utilise des lingettes plus douces. Elles existent à la vente pour toute la famille».
Le grand format contient quinze lingettes avec un filet de lavage au prix de 35 €, le petit contient quatre lingettes à 14 €. Pour l’esthéticienne c’est moitié prix. Ça marche très très bien.
Généralement, pour commencer, les esthéticiennes prennent un kit cabine et trois kits de lingettes pour la revente, et une semaine plus tard, elles me contactent en m’en demandent plus car ça se vend très bien.
L’écologie pour générer du CA
Les mentalités évoluent. Ce concept n’aurait pas fonctionné il y a encore quelques années. Mon activité n’existe que depuis deux ans. J’ai prévu de me dégager un salaire cette année.
Mon objectif est de développer les lingettes mais ce n’est qu’une petite partie des consommables. Je travaille sur d’autres projets, dont un concept plus global de transition écologique au niveau de l’institut, du spa.
N’oubliez pas que la transition écologique génère vraiment des économies pour l’institut ou le spa. Vous allez diminuer vos charges, augmenter vos marges et développer votre fichier de clientes qui seront attirées par votre démarche.
Mon message aux esthéticiennes
C’est un très beau métier, un métier de passionnées. Merci de faire évoluer la profession parce qu’il y a énormément de choses qui se passent, de personnes qui ont des vrais concepts, qui ont de belles choses à mettre en avant. Continuez à fond !
On ne cesse d’en parler, il va falloir changer notre façon de travailler ! L’écologie doit prendre une place à part entière dans notre profession. Positionnez-vous dès maintenant.
Un concept fort et réfléchi ne peut qu’attirer de nouvelles clientes, générer un nouvel attrait pour votre institut et donc plus de CA.
N’hésitez pas à vous former. Dans un premier temps cela rompt la monotonie, cela permet de vous challenger et vous fait monter en compétence. Cela vous permet aussi de proposer de la nouveauté à vos clientes qui seront d’autant plus satisfaites.
Enfin, pensez à avoir une vision, un concept fort ! C’est à mon sens ce qui fera la différence dans quelques années. Les clientes sont de plus en plus exigeantes, la concurrence va devenir de plus en plus acharnée, avec le développement de toute une dynamique digitale de parcours client.
L’institut doit également se positionner, n’oubliez pas que VOUS êtes les professionnelles de la beauté, que VOUS connaissez la peau et ses besoins comme personne, alors mettez cette richesse à la disposition de vos clientes ! Le conseil, le professionnalisme et un concept bien à vous, voici les clés de votre réussite !