Parcours d'esthéticienne : Catherine Sertin
L’esthétique, depuis toujours
J’ ai toujours voulu m’occuper des gens et faire de l’esthétique. Après mon bac, j’ai passé un BTS chez Elisa Lemonnier. À l’époque, seules trois écoles en France proposaient le BTS.
Après différentes expériences en instituts et en parfumeries, je me suis rapidement orientée vers la formation en devenant animatrice et formatrice pour les Laboratoires Huet qui travaillaient avec des cellules fraîches. Je voyageais dans toute la France pour présenter les produits, animer et faire de la vente. J’ai ensuite travaillé pour Medicoop qui proposait un appareil révolutionnaire avec des micro-courants. Petit à petit, j’ai intégré le siège pour tester le matériel, mettre en place des notices d’emploi, des modules de formation...
L’achat d'une école
Pour aller plus loin, j’ai repris des études en marketing avant d’entrer en tant que chef de produit chez Gatineau pour m’occuper des soins cabine et du maquillage. En séminaires, les représentants regrettaient la fermeture de l’École Gatineau qui formaient de vraies professionnelles, capables de travailler immédiatement. Et lorsque l’une de mes amies m’a dit que l’école de Madeleine Maguin était en train de disparaître, qu’il n’y avait plus que huit élèves, avec Laurent Durant, nous avons décidé de la reprendre pour créer l’École Catherine Sertin. Nous étions jeunes, c’était une opportunité à saisir, je connaissais l’esthétique et le marketing et Laurent le commercial. Nous avions des compétences, de l’énergie et des idées.
En reprenant une école, nous avions ainsi déjà des locaux aux normes de sécurité avec une petite équipe d’enseignants.
L’école Catherine Sertin
J’ai donné mon nom à l’école parce qu’il nous semblait important d’associer l’école à une personne, transmettre ses valeurs, l’identifier.
Aujourd’hui encore, les gens demandent si Catherine Sertin existe !
Je dois dire que je suis assez fière de cela, cela signifie que nous avons réussi à donner une image à cet établissement et c’est important pour les équipes de pouvoir s’identifier et d’avoir un sentiment d’appartenance.
Les débuts de l'école
Grâce à mes diverses expériences professionnelles, j’avais un réseau, les gens me connaissaient. Laurent Durant a très rapidement pris en charge l’alternance.
Aujourd’hui encore, il va rencontrer les employeurs et accompagne les élèves pour la signature du contrat afin de créer une bonne adéquation entre l’élève et l’employeur.
Immédiatement, nous avons mis en avant le côté professionnel de l’école, on ne vendait pas du diplôme mais de l’emploi, c’est ce qui a fait la différence. Nous avons donc pris en charge les huit élèves restantes avec pour objectif d’en avoir trente à la rentrée de septembre, nous en avons eu cinquante !
L’école aujourd'hui
Je ne m’attendais pas du tout à devenir un jour directrice d’école et je me sens vraiment à ma place, j’aime ce que je fais. Nous sommes fiers d’accompagner des jeunes et des adultes en reconversion, sur le marché de l’emploi, nous avons une responsabilité tant sur la pédagogie que sur leur avenir professionnel. Nous inculquons les valeurs de ce métier au travers de nos formations, le savoir-faire et le savoirêtre sont indissociables et permettent un développement des compétences au quotidien.
Laurence Letrou est très vite venue nous rejoindre en tant que directrice pédagogique. Cela fait maintenant 24 ans qu’elle travaille avec nous, c’était un ancien professeur de l’École Maguin comme Catherine Hamart qui nous a rejoints également. Aujourd’hui, nous sommes 24 avec une équipe fidèle.
C’est agréable de gérer des équipes, j’aime le management, je viens du marketing donc j’aime mettre en place des projets, convaincre, faire avancer les choses et j’ai la chance d’être entourée d’une équipe qui suit, qui a envie.
Nous sommes une entreprise familiale et nous assurons depuis 25 ans la pérennité de notre activité. L’histoire continue avec notre fille ainée qui nous a rejoints.
La philosophie du sur-mesure
Il y a une vraie notion d’appartenance chez nous, une vraie fierté. Nous ne donnons pas uniquement des cours, nous proposons un accompagnement pour faire évoluer chaque personne. Et comme tout le monde n’évolue pas de la même façon, nous avons un suivi personnalisé pour aider celles qui en ont besoin et pousser celles qui souhaitent aller plus loin. Voir des élèves qui ont parfois des difficultés et qui se révèlent, c’est fantastique, c’est la plus belle des récompenses.
L’esthétique avant tout
Je viens de l’esthétique et ça fait toute la différence, lorsque l’on parle des évolutions des programmes, je comprends tout et j’enseigne également.
Pour intégrer la formation spa manager, il faut effectuer le cursus de spa praticien et, avant, avoir obtenu un diplôme d’esthétique… En esthétique, on ne peut pas diriger des équipes si on ne connaît pas son métier… J’ai été chef de produit chez Gatineau, parce que je venais de l’esthétique et j’ai réussi à ce poste car je connaissais les soins, et pour développer des soins cabine il faut connaître le métier.
Le management a changé, aujourd’hui, nous sommes clairement sur du management de bienveillance
La jeunesse d'aujourd'hui
On critique beaucoup la jeunesse mais la jeunesse est ce qu’on fait d’elle ! C’est une jeunesse qui a envie de travailler mais qui a un fort besoin d’appartenance et qui a besoin d’être valorisée.
C’est une jeunesse qui veut trouver un équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie privée qui a autant d’importance, ce n’était peut-être pas le cas avant… Elle est prête à s’investir mais avec le juste équilibre. Elle a une forte capacité à réussir.
Le management
Le management a changé, aujourd’hui, nous sommes clairement sur du management de bienveillance. Lorsque j’ai démarré, on a pris du temps pour me former, pour m’accompagner.
Dans les entreprises, nous avons économiquement moins de temps et donc une exigence plus importante et plus rapide, on attend des jeunes diplômées qu’elles soient parfaitement opérationnelles mais c’est impossible et les entreprises doivent l’admettre.
Aujourd’hui, rester 15-20 ans dans une entreprise est exceptionnel, si c’est le cas ça veut dire qu’il faut avoir des postes d’évolution… Les propositions de postes sont multiples, les jeunes ont le choix, donc si ça ne se passe pas bien, elles partent du jour au lendemain.
C’est compliqué des deux côtés…
La philosophie de l'école
Le développement de la confiance en soi
Van Ly Hoang, ancienne élève Catherine Sertin est la responsable événementiel. Ainsi, dernièrement, les élèves ont assisté un maquilleur professionnel Make Up For Ever lors de la Fashion Week. Avec L’Oréal elles font des ouvertures de boutiques, elles participent au forum ELLE Active où elles maquillent les participantes.
Une fois par mois, avec la Fondation EREEL, nous accueillons des femmes atteintes de cancer. Les médecins ont pris conscience qu’il n’y avait pas que le traitement médical, l’estime de soi est essentielle. «Être belle pour ne pas pleurer» est une évidence pour rejoindre la voie de la guérison.
Ces événements permettent aux élèves d’apprendre à travailler vite en s’adaptant à toutes les clientes et toutes les situations, c’est ainsi qu’elles développent leur confiance en elles.
Car si l’on veut réussir, le secret est d’avoir une estime de soi, si on se sent capable, on va y arriver.
Si l’on veut réussir, le secret est d’avoir une estime de soi, si on se sent capable, on va y arriver
Aller plus loin que les référentiels
Laurent Durant se déplace toujours personnellement en entreprise pour signer tous les contrats, ce qui lui permet de rencontrer les entreprises, de connaître leurs attentes, de voir l’évolution du marché et nous-mêmes de faire évoluer nos programmes en complément des référentiels.
Les nombreux partenariats de marques permettent à l’esthéticienne qui arrive sur le marché, de maîtriser des protocoles spécifiques, tels que le fonctionnement de l’appareil Bloomea, des techniques de soins Matis, Sothys, Yonka… ou encore le protocole minceur d’Ella Baché. En CQP Spa, les élèves travaillent avec LPG. Grâce à Charme d’Orient, elles savent faire une épilation orientale ou réaliser des prestations ongles avec Shellac. Ce sont des professionnels qui se déplacent à l’école pour leur enseigner les techniques actuelles.
L’école étant également conventionnée Yves Rocher, cela offre l’opportunité aux élèves de bénéficier de leur réseau.
Ces échanges permettent d’être en permanence au contact des professionnels et de s’adapter. C’est ainsi que les élèves apprennent depuis cinq ans déjà à faire une pose de vernis semi-permanent ou une épilation orientale. Nous allons sans doute prochainement enseigner l’épilation au fil…
Le savoir-être
Les employeurs demandent avec insistance à recruter des jeunes qui maîtrisent le savoir-être. Un manque en technique pourra s’acquérir mais il faut que le comportement soit approprié, c’est-à-dire : une tenue impeccable, une attitude professionnelle, savoir s’exprimer, savoir poser une question, être respectueuse, savoir travailler en groupe, arriver 20 minutes avant l’ouverture de l’institut et pas à la dernière seconde, savoir écrire un mail, envoyer un sms correctement, être sur les réseaux sociaux de façon élégante, avoir un répondeur professionnel lorsque l’on recherche un poste… Ce sont de multiples petits détails qui feront toute la différence.
Une image de sérieux
Cette aura, cette image de sérieux et de qualité vient des valeurs que l’école défend depuis toujours.
La sélection pour entrer à l’École Catherine Sertin se fait presque naturellement parce qu’il y a un dossier à constituer suivi par un entretien individuel. Si on n’adhère pas à la rigueur de l’école, on ne vient pas.
Les élèves ont cette fierté de suivre une formation reconnue pour sa qualité. Mais il faut lutter au quotidien pour que les concepts enseignés se transforment en une multitude de réflexes et que l’excellence devienne naturelle.
Les employeurs demandent avec insistance à recruter des jeunes qui maîtrisent le savoir-être
L’évolution de l'école
Nous travaillons sur le Bachelor Animation, Formation, Marketing de luxe et Digital. Il a été mis en place suite à une vraie demande des entreprises et des élèves.
Le pré-requis de ce Bachelor sera d’avoir un BTS Esthétique. L’esthéticienne sera une grande experte.
L’objectif sera de travailler pour des marques en tant que formatrice et/ou commerciale tout en sachant travailler sur les réseaux sociaux, car aujourd’hui il faut être polyvalente. Après deux ans de travail, ce Bachelor sera proposé à la rentrée de septembre 2020.
Cela fait 25 ans que nous sommes passionnés et il y a encore tant à faire, le métier évolue tout le temps.
Nous aimons l’humain, nos élèves, nos employeurs, nos équipes, les voir tous évoluer est très gratifiant. À chaque rentrée, tout est remis en question, la concurrence est importante et nous restons une entreprise familiale avec les valeurs et les moyens d’une entreprise familiale, nous n’avons pas le droit à l’erreur.
Un message
Aux élèves
Il faut être passionnée pour réussir dans la vie et il faut aussi être persévérante, c’est le secret de la réussite. Certaines élèves se disent que c’est trop dur, se découragent, ne vont pas savoir comment dépasser une mauvaise expérience mais il faut s’accrocher, se donner des challenges, sortir de sa zone de confort. En allant uniquement vers des postes que l’on maîtrise, l’évolution n’est pas au rendez-vous. C’est un juste équilibre à trouver.
Aux employeurs
N’oubliez pas que, vous aussi, vous avez été débutant, tout le monde démarre un jour. Il faut s’adapter à cette nouvelle jeunesse bien-être qui veut trouver le juste équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie privée.
Expliquez-leur investissez-les, donnez-leur les outils pour vendre, valorisez-les, donnez-leur des chiffres.
Je n’ai pas de recette miracle, mais je pense que, plus que jamais, il faut accompagner ces jeunes dans la bienveillance.