Parcours d'esthéticienne. Agnès Le Guennec : Sortir de la cabine a tout changé

Je suis passionnéepar la beauté et j'aime aussi procurer du bien-être, aider les gens. J'ai passé mon CAP et mon BP en alternance à Brest. Jeune, mon objectif était d'apprendre un maximum de choses. Au point que je refusais les CDI, au grand dam de ma mère...

Apprendre, apprendre, apprendre

Ainsi, pendant près de dix ans, j'ai enchaîné les CDD en institut, en parfumerie, en spa. Je voulais tout apprendre, pour ouvrir, un jour, ma propre structure. À l'école, j'étais passionnée par les chiffres, mes camarades me disaient : «Agnès, soit tu termines à ton compte, soit tu termines comptable !». Durant toutes ces années de CDD en Bretagne, j'ai énormément appris sur moi, sur mes propres capacités dans le métier. Sur le plan technique, j'ai acquis de nombreuses connaissances et j'ai également appris l'adaptabilité aux techniques de travail d'un endroit à l'autre et le management en fonction des différentes équipes. Tout cela m'a permis d'être la manager que je suis aujourd'hui.

Premiers CDI et grosse déconvenues

Après ces dix années de CDD, j'ai accepté mon premier CDI parce que j'avais envie de me poser. J'ai rencontré mon mari. Pour me rapprocher de lui, j'ai quitté ce CDI pour en prendre un autre dans le Morbihan, mais ça ne s'est pas bien passé... Toute l'équipe subissait du harcèlement moral de la direction pour des détails. La moindre remarque était méchante, à tel point que j'en venais à me dire que j'étais nulle et que je devais changer de métier. .. C'est mon ancienne responsable qui m'a dit : «Cela fait un an que tu es partie et les clientes te réclament encore ! Et nous, on te regrette... ». C'est grâce à elle que j'ai gardé confiance en moi et si j'ai décidé de m'installer, car, à ce moment-là, cela me semblait être la seule option envisageable.

La création de Poudre d'anges

C'est ainsi, qu'en 2012, à Hennebont, j'ai racheté un institut de 80 m2 en redressement judiciaire, le fonds de commerce n'était pas très cher. Cet institut ne fonctionnait plus, tout était fait un peu n'importe comment... Par exemple, pour accompagner un massage, la responsable mettait en fond sonore la radio, la cliente pouvait donc avoir de la publicité pendant son soin et l'institut était vraiment très sale ... Avec une simple visite, j'ai immédiatement vu tout ce que je pouvais changer, toutes les améliorations possibles. Convaincue, j'ai dit à la notaire : 

«Dans quelques années, ici, nous serons cinq !». J'ai donc ouvert l'Institut Poudre d'Anges avec la marque Docteur Renaud. Même s'il y avait de la concurrence, le succès a été immédiat pour plusieurs raisons : 

- J'aime les gens et quand on aime les gens on travaille bien, on a envie de faire de notre mieux. 

- J'avais des tarifs cohérents. 

- Le bouche-à-oreille a très vite fonctionné. 

J'ai beaucoup donné pour ce premier institut, j'en pleurais de devoir refuser des clientes... J'ai pu embaucher une première apprentie au bout d'un an et, après deux ans, une deuxième apprentie. Après trois ans, la première apprentie est devenue salariée, j'ai donc repris une autre apprentie. Finalement, j'ai pris une nouvelle apprentie en plus tous les ans. Et nous sommes arrivées à cinq en cinq ans ! 

L'ouverture de mon deuxième institut

Un institut à quinze minutes du premier, à Lorient, était en vente car il ne fonctionnait pas du tout. Ça n'avait pas d'importance, je me disais qu'avec moi, ça allait fonctionner ! En visitant le local pour la première fois, j'ai tout de suite compris ce qui n'allait pas : la gérante était très négative, il n'y avait pas de peps dans cet institut, ni de méthodologie de travail, pas non plus de communication... tout ça me sautait aux yeux. Trouver une banque pour mon premier institut qui était en redresse­ment judiciaire a été très compliqué. Cinq ans plus tard, comme mon premier institut fonctionnait très bien, il a été très facile de trouver une banque et j'ai gagné un temps précieux. 

Pourquoi deux instituts ? 

Hennebont est une ville de 15 000 habitants. À Lorient, il y en a 50 000. Ce sont des clientèles très différentes. Par contre, cela nous dépanne énormément. Car, le premier institut était très chargé. Avec cette nouvelle adresse, nous avons la possibilité d'y envoyer les clientes. 

Des débuts difficiles... 

Ce deuxième institut de 60 m2, comme le premier, s'ap­pelle Poudre d'Anges et la marque est Docteur Renaud. J'ai commencé avec une salariée. Contrairement au premier institut, celui-ci a mis beaucoup de temps à décoller. Les clientes me disaient que c'était parce que je n'étais pas en permanence à Lorient, il n'y avait pas mon âme... 

Aujourd'hui à Lorient 

Finalement, à Lorient, il n'y a toujours qu'une salariée mais c'est un choix car cela en fait un lieu très intimiste que les clientes adorent. Par exemple, en soin, la porte de l'institut est systématiquement fermée et le téléphone ne sonne jamais car c'est la réceptionniste d'Hennebont qui gère le planning de Lorient. Au départ, il y avait une esthé­ticienne fixe à Lorient mais j'ai changé les choses. Désormais, l'équipe est tournante et les esthéticiennes se retrouvent à tour de rôle à Lorient, et ça a propulsé le chiffre d'affaires ! À Hennebont, l'équipe est totalement imprégnée de ma manière d'être, de faire, au point qu'elle arrive très bien à la diffuser à Lorient. Les esthéticiennes sont ravies d'avoir la responsabilité d'un institut seule toute une journée, ça leur fait énormément gagner en confiance, elles sont plus sûres d'elles dans leurs prestations, leurs ventes, leurs recommandations. 

Le burn-out était là...

Nous sommes en 2018, je possède deux instituts. Pendant les confine­ments, j'ai été vraiment très active sur les réseaux sociaux. Tous les jours, je faisais des vidéos où je donnais des conseils beauté, j'insufflais ma bonne humeur à tous, à travers mon écran. Tout cela a amené énormément de nouvelles clientes dès la réouverture. Nous avons ainsi réalisé +48 % de chiffre d'affaires entre fin 2020 et fin 2021, mais je n'arrivais plus du tout à gérer, je n'arrivais plus à m'orga­niser, j'étais 30 heures en cabine, je n'en pouvais plus... Mais en tant que capitaine de bateau, vis-à-vis de mon équipe, je ne me voyais pas aban­donner... Le déclic s'est fait lorsque j'ai pleuré en cabine en avouant à l'une de mes collègues que ça n'allait pas du tout, que je voulais vendre... J'étais prête à tout abandonner parce que ça fonctionnait trop bien. Une hérésie quand j'y réfléchis maintenant. 

L'accompagnement qui a tout changé

C'est là que j'ai décidé d'être accompagnée par Expertise Spa Bien-Être avec Tiphaine Modeste. Elle m'a aidée à mettre plein de choses au point et m'a ouvert les yeux en me disant : «Agnès, tu sors de cabine, tu vas t'éclater, ton chiffre d'affaires va se développer». Bien entendu, au départ, j'ai refusé. Mais très rapidement, j'ai constaté les effets. Mes esthéticiennes me disaient : «Agnès, on vous voit plus». Oui, étonnamment, même si j'avais l'impression d'être avec mon équipe en cabine, personne ne me voyait, on se disait «bonjour» à 12h30 ! Depuis que j'ai accepté de sortir de cabine, je fais plus de chiffre, tout le monde est plus serein. Si je suis quatre heures par semaine en cabine, c'est le grand maximum car certaines prestations ne sont faites que par moi et j'ai un petit noyau de clientes, juste pour le plaisir ! Et je gagne ma vie de la même façon. Je ne cours pas après l'argent, je suis à la recherche d'une qualité de vie que j'ai trouvée. 

Le management 

Pour gérer mon équipe sereinement, la formation d'Expertise Spa Bien-Être a été très utile. J'étais déjà extrêmement bienveillante avec mon équipe mais tout était un peu confus. Grâce à cette formation, désormais, toutes les procédures sont écrites, c'est beaucoup plus clair pour tout le monde. Nous faisons des réunions tous les mois où je choisis un thème comme le parcours client, la vente et nous en discutons. 

La recette du succès 

Avec Tiphaine Modeste, nous avons fait toute une remise en question aussi bien sur le plan professionnel que personnel. La question était de savoir ce que je voulais véhiculer comme valeurs dans l'institut. C'est ainsi que nous avons déterminé que nous étions des «Créatrices de bonheur par l'expertise du soin». La recette de mon succès est d'apporter à nos clientes de la bonne humeur. Nous avons aussi étudié au millimètre près notre parcours client avec cette prise en charge globale, le but étant de tout personnaliser. 

D'esthéticienne à cheffe d'entreprise

Dans la même rue, j'ai trouvé un local de 200 m2 pour agrandir le premier centre. Je travaille toujours avec Docteur Renaud dans mes deux instituts. J'ai la lumière pulsée depuis déjà neuf ans, j'ai aussi un «Cellu M6», la radiofréquence, la «Fontaine» et le «neo lift» de Bloomea. Aujourd'hui, je fais de la gestion d'entreprise, du management, je ne suis plus esthéticienne, je suis chef d'entreprise, et ça me plaît! Mon prochain objectif est de continuer à développer mon deuxième centre sur ce côté intimiste qui est vraiment son identité. Et si un institut est en vente, j'irai voir ... tout est possible. 

L'importance de la formation

Dernièrement, nous avons suivi des forma­tions en massages, en minceur, en vente, sur les signes de l'âge et le traitement des vergetures. C'est de la culture métier et c'est essentiel. Même si vous avez votre CAP, posez-vous toujours ces questions : Qu'est­ce que le tissu conjonctif ? Comment fonc­tionne la peau ? Comment le collagène se construit ?... Ces notions datent du CAP et, même si vous travaillez au quotidien en esthétique, il faut toujours vous replonger dans ces connaissances. Aujourd'hui, c'est très facile de regarder une vidéo de quatre minutes qui explique le fonctionnement d'un fibroblaste par exemple. Mes esthé­ticiennes me disent que je leur explique très bien, mais c'est parce que je suis tout le temps en train d'apprendre.

Même si j'ai 24 ans de métier, je suis tout le temps en train d'apprendre de nouvelles choses, de me renseigner sur tout, tout le temps. 

Message aux esthéticiennes

Croyez en vos rêves, croyez en vous, en ce que vous êtes. Souvent, les esthéticiennes veulent copier ce que fait la concurrence, elles veulent s'aligner sur leurs prix, et souvent elles n'apprécient pas la concurrence... Au contraire, je trouve que c'est très sain d'avoir de la concurrence, ça nous pousse à progresser, toujours. S'il n'y avait aucun autre institut dans ma zone de chalandise, est-ce que j'en serais là ? Je ne sais pas... 


LE RECRUTEMENT 

Actuellement, nous sommes 12 et je recrute encore ! Je n'ai pas spécialement de problème pour recruter, nous nous entendons très bien, on nous voit souvent toutes ensemble sur les réseaux sociaux en train de faire une formation, de rigoler, de boire un verre... Cette cohésion d'équipe donne envie à des jeunes filles de venir travailler chez nous parce qu'on voit bien qu'ici c'est bienveillant. Et nous sommes aussi très professionnelles dans nos domaines respectifs. 


COMMERCIALE VS COMMERÇANTE 

Durant mes multiples expériences en CDD, j'ai découvert que je n'étais pas une commerciale mais que j'avais ce côté commerçant. La notion de «commerciale» induit une notion d'argent, de chiffres. Alors que la commerçante est avec les gens pour être avec les gens. Aujourd'hui, je donne juste un conseil, une recommandation en disant que c'est un super produit, comme si je parlais à une copine, je ne vais pas vendre, c'est la cliente qui va acheter. Mon objectif n'est pas de vendre mais de donner le bon conseil.