Parcours d’esthétcienne : Mylène Calabre

Les Euroskills

Cette compétition professionnelle européenne pour les jeunes de moins de 23 ans promeut les métiers, tous les deux ans, dans l’un des 28 pays membres de WorldSkills.

Plus de 500 jeunes concourent pendant 3 jours dans 35 métiers répartis selon 6 pôles : Transports et logistique Construction et technologie du bâtiment, Industrie, Arts créatifs et mode, Technologies de l’information et de la communication, et Services. À travers cette compétition, les États membres, les branches professionnelles, les organismes gouvernementaux et les institutions éducatives se réunissent pour élever le niveau de ces métiers et de ces savoir-faire en Europe.

Les Olympiades des Métiers sont, avant toute chose, une mise en lumière de l’excellence et du savoir-faire français en grandeur nature.

Les Finales Nationales réunissent les meilleurs jeunes de toutes les régions de France. Durant 3 jours, 670 candidats représentent les 14 Régions de France, pour tenter d’intégrer l’Équipe de France des Métiers qui participera à la compétition internationale à Kazan en août 2019.

Ces épreuves sont une vitrine permettant de valoriser auprès des jeunes et des familles de nombreuses filières d’excellence. Elles sont aussi l’occasion de mettre en avant cette jeunesse talentueuse qui exerce ces métiers avec passion. Ces jeunes sont des étudiants, des apprentis, des salariés, des créateurs d’entreprise… Ces épreuves leur donnent une occasion unique de mesurer leurs compétences au niveau national et international.

Les Worldskills

Les épreuves au niveau mondial réunissent quelque 1 300 compétiteurs, venus de plus de 77 pays. Au-delà de la compétition, c’est aussi tout le savoir-faire et les compétences d’un pays et d’une équipe qui sont mises en lumière, mais c’est avant tout une aventure humaine extraordinaire. Dans certains pays, comme en Chine, il existe une école pour se préparer aux épreuves et gagner.

La découverte des WorldSkills
Je passais mon Bac Esthétique. Je suis très chalengeuse, je fais de l’aviron en compétition. C’est pour cela que Maryline Cassard, professeur au Lycée Jacques Prévert, m’a parlé de ce concours, et je me suis dit : «Pourquoi pas ?». Nous avons fait une sélection dans notre classe puis des sélections régionales et, finalement, j’ai passé une à une les étapes.

Les épreuves
Il y a plusieurs thèmes : soin corps, soin visage, teinture cils/sourcils, maquillage artistique, nail art, beauté des pieds, manucurie et des choses innovantes comme l’épilation au sucre ou le maquillage avec aérographe. Il y a des épreuves mystères où l’on découvre le sujet cinq minutes avant l’épreuve.

Première tentative à 18 ans

À 18 ans, en première année de BTS, je me suis présentée pour les compétitions nationales et j’ai terminé 7ème de France et meilleur espoir sur 22 participants. Mon point faible c’était les ongles. Pour prétendre participer au concours européen, il faut faire partie des trois premiers et, après, seules la première et la seconde places partent aux épreuves à l’international. J’ai vécu cette septième place comme un échec, mais j’étais très jeune, j’étais encore élève, je n’avais jamais travaillé et c’est en échouant que l’on apprend. Ma victoire en tant que meilleur espoir m’a permis de rapidement rebondir.

Deuxième tentative

Un an plus tard, je me suis ré-inscrite. J’ai terminé première sur 13 participantes lors des compétitions régionales. Pour les épreuves nationales, je n’avais qu’une envie : être sur le podium, c’était mon seul et unique objectif. En mars 2017, à Bordeaux, je suis arrivée en deuxième place.

Les épreuves des Euroskills

Les épreuves européennes ont eu lieu en septembre 2018 à Budapest et j’en suis revenue avec la médaille de bronze. C’est la deuxième fois en France que l’on a un podium en esthétique. Nous étions 16 en esthétique. Je me suis énormément préparée à ce concours, j’ai les WorldSkills dans les veines !

L’organisation des EuroSkills
Le concours a lieu en public, il se déroule dans un centre d’expositions organisé en pôles selon les différents métiers : BTP, industrie, services...
Les épreuves se déroulent sur trois jours, elles commencent dès huit heure du matin et s’enchaînent : massage, ongles, soin visage…

L’épreuve mystère
Le dernier jour, nous avons eu le sujet surprise la Mystery Box : un soin du dos complet. Nous avions quinze minutes pour élaborer le protocole avant de le mettre en pratique. Nous n’avons pas le droit de prendre de notes, nous n’avons pas de produit, rien n’est installé.
Une feuille nous indique les différentes étapes attendues et parfois même la durée de certaines phases lors de cette épreuve. Nous n’avons pas les critères de notations. Le modèle est une inconnue que l’on tire au sort pour chaque épreuve. C’est vraiment le mystère de A à Z.

L’épreuve de maquillage et nail art
Pour moi, l’épreuve la plus délicate a été le maquillage et le nail art, car je devais aller très vite, dès la première seconde de l’épreuve. Le thème de cette année était les années 80 mais avec des contraintes : pas de paillettes, le teint fait à l’aérographe, trois techniques de nail art pour les ongles et trois couleurs au minimum sur chaque ongle, beaucoup de travail donc.

Il faut savoir que dans le temps de l’épreuve est compris tout le temps de l’installation et du rangement. On arrive uniquement avec nos produits de maquillage et de nail art, tout le reste est fourni.

Ainsi, pour cette épreuve maquillage et de nail art, j’avais trois heures avec l’installation et le rangement, sans oublier qu’il faut désinfecter absolument tout, tout doit être impeccable lorsque l’on a terminé l’épreuve. Ces détails peuvent faire perdre beaucoup de temps.

Cette épreuve me rendait anxieuse car, lors de mes entraînements, je dépassais le temps imparti de trois minutes. J’ai rencontré quelques soucis comme une ampoule cassée de ma lampe UV qui a été un problème pour la pose de semi-permanent et m’a fait perdre beaucoup de temps. J’ai donc dû réaliser en 47 minutes le maquillage que je faisais habituellement en 1h15, mais il était magnifique ! Je ne sais pas comment j’ai fait et, en plus, j’ai eu les meilleures notes lors de cette épreuve.

Finalement, l’épreuve la plus difficile est devenue mon point fort.

L’épreuve de soin visage
Habituellement, je suis à l’aise avec les soins du visage et du corps. Mon soin du visage a eu une excellente note, j’étais à un point de la perfection !

Pendant ce soin, je souriais en permanence, j’ai donné absolument tout et j’ai proposé des techniques innovantes pour le massage. Je me disais que c’était la dernière fois que je prodiguais un soin du visage, il fallait prendre énormément de plaisir. L’épreuve consistait à s’adapter au type de peau de la cliente, tous les produits étaient à notre disposition. Mon modèle avait une peau extrêmement déshydratée, presqu’avec des dartres, elle avait une quarantaine d’années, je lui ai donc proposé un soin préventif anti-âge avec une bonne hydratation.

Pour le modelage, j’ai utilisé la technique du kobido qui est très visuelle avec des pincements très spécifiques. Le kobido donne un coup de fouet pour renouveler les cellules. J’ai également utilisé des techniques plus basiques comme les éventails, les tapotements, les battages. De manière générale, la gestuelle doit être aérienne, visuelle, il faut que ce soit beau à regarder.

Pourquoi le Kobido ?
Je voulais absolument suivre une formation innovante pour mes soins visage. J’ai suivi une formation kobido chez Ingrid Millet, car j’étais à la recherche d’une technique qui apporte des résultats et du bien-être tout en étant agréable à travailler et visuelle.

Je suis vraiment très manuelle dans mes soins visage et je pense qu’on pourrait parfois se passer des appareils au regard des résultats que l’on obtient avec des techniques aussi magnifiques que celle-là. Apprendre le kobido était très intéressant pour le concours mais aussi pour mon avenir professionnel également. En entraînement, j’avais travaillé sur chaque problématique de peau. Par exemple, sur une peau grasse, la phase de détente était plus importante car il y a moins de techniques spécifiques pour les peaux grasses. J’avais malgré tout ajouté de gros pincements Jacquet pour vraiment libérer la glande sébacée, et du drainage pour évacuer cet excès de sébum. Je me suis attardée également sur le contour des yeux, où la peau est plus épaisse, pour libérer la lymphe.

Cette année, nous n’avions pas à présenter notre protocole mais nous devions remplir une fiche de diagnostic très détaillée avec le type de peau, la routine beauté à adopter à la maison, les soins à faire en institut. Cette ordonnance m’a beaucoup plu car c’était l’occasion de montrer tout notre professionnalisme et notre savoir-faire.

Mes coachs

Mon experte métier, Marine, était jury à Budapest lors des EuroSkills. J’ai travaillé avec elle tout au long de l’année. C’est elle qui établit les critères de notations et qui est également juge. En effet, les coachs aux Worskills sont aussi les jurés qui notent selon des grilles extrêmement compliquées et affinées.

J’ai déménagé à Paris en janvier 2018, je devais absolument trouver un centre de formation pour pouvoir m’entraîner. En institut, ce n’est pas pareil. Ma coach a donc été Anne Robert-Bonnay, responsable de la section esthétique de l’IFPM de Nanterre. Elle m’a entraînée plusieurs mois, elle m’a aidée à trouver les bonnes formations lorsque j’avais des doutes, m’a apporté des produits, des aides… J’ai donc suivi la formation en kobido mais également en deep tissue, sur l’aérographe et l’épilation au sucre.

Suite à la compétition, j’ai reçu de nombreuses propositions

Aujourd'hui

Suite à la compétition, j’ai reçu de nombreuses propositions aussi bien d’instituts de beauté, que pour être formatrice. Dans l’objectif d’améliorer mon anglais, aujourd’hui, suite à une candidature spontanée, je travaille à Saint Barthélemy au Spa Guerlain de La Maison Cheval Blanc. Mon objectif est de devenir formatrice pour une marque de soin. Pouvoir transmettre car c’est ce que j’aime. J’ai également envie de découvrir de nouvelles techniques car il y a toujours à apprendre. Je souhaite suivre une formation en massage thaï, avec cette technique, les résultats sont vraiment incroyables, et puis continuer de me former en kobido qui est une technique complexe, à plusieurs niveaux et qui offre des résultats exceptionnels.

Ce concours est de plus en plus connu.

C’est une expérience inoubliable. Cette compétition m’a fait gagner cinq ans en maturité et en professionnalisme et je n’ai que 22 ans, c’est incroyable.

Maintenant, je suis trop âgée pour me présenter à nouveau aux WorldSkills. Mon nouvel objectif est donc de devenir Meilleur Ouvrier de France, mais il faut avoir 23 ans. En attendant, je m’entraîne…

Un message aux esthétciennes

Si vous êtes passionnée par votre métier, alors continuez, c’est beau ce que l’on fait... Et n’oubliez surtout pas de toujours vous former, toujours apprendre, toujours faire une veille. Tout bouge et évolue tellement qu’il faut être en permanence à la pointe.





Focus sur le coach
Anne Robert-Bonnay, responsable section esthétique, IFPM, Nanterre
Depuis trois ans, l’IFPM accueille le concours régional en esthétique et en coiffure. En tant que centre d’excellence, l’IFPM a en charge la mise à disposition des formatrices, du matériel, des produits de nos partenaires marques, des modèles et des locaux.

Pourquoi vouloir être coach ?
La détermination, le haut niveau professionnel des candidates à ce concours, l’engagement personnel que cela représente m’ont donné envie d’aider ces jeunes esthéticiennes à m’investir auprès d’elles. J’aime former, transmettre et lorsque les candidates ont une telle soif de compétences, c’est un pur bonheur !

En quoi consiste la mission de coach ?
Ma mission fut de pousser Mylène le plus loin possible, de lui organiser des formations spécifiques comme le kobido ou le air brush, de mettre à sa disposition tout ce dont elle avait besoin, de l’accompagner lors des déplacements à l’étranger, de la mettre en confiance, de l’assister et de répondre à toutes ses demandes, de l’accompagner et de superviser tout son travail.

Que dire de Mylène ?
Mylène est une jeune femme dont la détermination n’a d’égal que le courage. J’ai vu, dès le premier entretien, une jeune femme courageuse. Je savais qu’elle travaillerait avec acharnement, perspicacité, intelligence et prise de recul. Elle n’a jamais failli, même fatiguée, elle a toujours gardé espoir. Ce sont des jeunes comme Mylène qui nous poussent à mettre en place des projets, à nous surpasser, à ne jamais rien lâcher…

Quelles sont les qualités pour participer à une telle compétition ?
Le courage, l’esprit d’équipe, l’engagement, le professionnalisme, l’écoute, la minutie, la combativité.

Qu’est-ce qu’un concours comme celui-là peut apporter ?
En priorité des révélations sur soi-même, jusqu’où est-on capable d’aller, comment se surpasser… ?
Toutes les portes sont ouvertes dès lors que des jeunes professionnels vivent un engagement aussi fort. Cela prouve leur courage et leur niveau d’excellence. Mylène a eu de belles propositions de travail, à tout juste 23 ans.
Elle a choisi de s’envoler pour Saint Barthélémy, recrutée par le Spa Guerlain. Sa vie professionnelle est déjà riche et ce n’est que le début.
Notre secteur professionnel regorge de talents, il faut une détermination et un courage hors du commun pour arriver à ce niveau d’exigence. La participation aux Olympiades des Métiers ne laisse personne indifférent