La cabine aux deux esthéticiennes
Installée depuis presque 19 ans dans une petite commune des bords de Loire. Je m’étais fait la promesse de ne JAMAIS avoir de salariée ! Une douloureuse expérience dans l’institut dans lequel j’avais travaillé pendant deux ans et demi avant de m’installer venait, à l’époque, renforcer les nombreux témoignages négatifs de chefs d’entreprise déçus que j’avais entendus. Et l’apprentie me direz-vous ? Le problème est que l’apprentie n’est pas autonome, l’idée était d’augmenter l’amplitude des horaires d’ouverture de l’institut, en travaillant l’une ou l’autre. Avec une apprentie, ce n’est pas possible.
Mon installation
Pour m’installer, j’avais choisi l’ancien garage de la maison familiale rénové pour devenir un institut de 16 m² avec un espace d’accueil, des toilettes et une cabine qui faisait également office d’espace vente. C’était petit, mais tous les ingrédients étaient réunis pour me permettre de lancer mon activité et tester les besoins de la clientèle de mon village d’enfance. Je proposais toutes les prestations classiques esthétiques avec la marque Algologie. Trois ans plus tard, nous achetons, avec mon conjoint, notre maison, toujours dans mon village auquel je suis très attachée. Nous la choisissons, entre autres, parce qu’elle va nous permettre d’y construire une extension de 28 m², qui deviendra mon institut. Un espace plus grand que je pourrais agencer comme bon me semble.
Je veux être tranquille
Naturellement, je décide de reproduire le schéma de mon local précédent : un espace d’accueil un peu plus grand, des toilettes, une indispensable réserve et une spacieuse cabine qui me sert aussi d’espace vente. Cela change des codes habituels des instituts de beauté, c’est aussi ça qui plaît à ma clientèle. Un choix qui me permet de conforter mon choix de travailler seule. En effet, avec une seule cabine, impossible d’embaucher. Si je venais à remettre mes principes en question, alors mon espace de travail me rappellerait mon précepte de départ !
Un argument que j’allais ensuite dégainer à plusieurs reprises pendant treize années, afin de continuer de me convaincre que j’avais raison. Mon conjoint est chocolatier, à son compte également, il gère des salariés et apprentis, je l’ai toujours entendu se plaindre de la charge mentale que représente une équipe, et pendant ce temps, je me disais : «Moi, au moins, je suis tranquille !». Je ne travaille que les mardis, jeudis, vendredis et samedis matin, je gagne 1 200 € net avec tous les avantages liés au fait d’avoir l’institut à la maison et éviter les doublons comme l’abonnement Internet, la machine à laver, le sèche linge, le loyer de l’institut qui nous revient…
Et si je sous-louais ?
De temps en temps, l’idée de sous-louer mon institut à une autre personne sur mes jours de fermeture m’effleure, mais ce n’est pas une idée qui me plaît vraiment, je redoute un petit peu que l’on touche à mes affaires… Sans oublier que mon espace est petit et déjà bien rempli…
La formation qui change tout !
Puis, voilà qu’en 2020, j’entame une formation avec l’Académie Esthéticienne Performante pour développer mon business esthétique : je décide d’adopter un concept d’institut de beauté éco-responsable et je mets en application les clés et défis que l’on me donne. Résultats, je me retrouve surbookée pendant les mois normalement creux de l’année ! Une question arrive alors rapidement : comment je vais gérer la saison haute ? D’autant que je ne peux pas embaucher puisque, souvenez-vous, je n’ai qu’une seule cabine !
Je me lance : j'embauche !
L’idée commence tout de même à faire son chemin et je finis par me renseigner auprès du service social de mon cabinet comptable. Si je décide de recruter une salariée, il faudra que je lui propose un contrat de 24 heures par semaine, le minimum légal. Nouvelle question : comment trouver quelqu’un qui acceptera un si petit contrat ? Pendant ce temps-là, le délai d’attente de mes clientes s’allonge et je commence insidieusement à glisser des rendez-vous sur mes jours de congé.
Ma vie de famille passe au second plan pendant un temps, mais cela ne peut pas durer. Bref, je finis par franchir le pas et renonce à mes convictions initiales… Quelle chance ! Je trouve ma perle rapidement, le nombre d’heures lui convient car sa fille n’a que quelques mois. Elle aurait aimé un contrat de 30 heures mais elle s’en rapprochera en me remplaçant lors de mes départs réguliers en formation et pendant mes vacances. Finalement, nous ne travaillerons jamais ensemble comme l’impose la configuration de l’institut.
Des effets immédiats
L’effet de cette décision est immédiat. Notre planning (oui, j’ai dû apprendre à dire nous !) est désormais ouvert du lundi matin au samedi 14h00 pour le plus grand plaisir de nos clientes ravies d’avoir plus de créneaux. Nous pouvons vendre des cures de soins visage et corps sans avoir à faire attendre la cliente pour lui prodiguer sa première prestation. Et surtout, nous pouvons proposer à notre clientèle de nouvelles prestations, comme l’épilation à la lumière pulsée et l’accompagnement silhouette, des prestations très attendues que je n’aurais pas pu proposer en restant seule. De nouvelles clientes font même leur apparition dans notre fichier pour la première fois depuis longtemps. Je n’ai pas de regrets, je n’aurais pas pu embaucher plus tôt, tout simplement parce que je n’étais pas prête à passer le pas.
Conclusion
Mon chiffre d’affaires augmente, je ne travaille plus tous les samedis, je n’ai plus peur de tomber malade, je n’hésite plus à partir en vacances et suivre une formation pendant quelques jours n’est plus un problème. Je travaille moins, je gagne plus et le tout avec une seule cabine, même si j’ai pour projet de m’agrandir… Et c’est bel et bien la morale car il y en a toujours une dans les jolies histoires. Vous avez beau mettre tout en oeuvre pour empêcher les choses d’arriver, si elles sont justes, elles arrivent quand même !