« Je suis toxicologue »

Je suis de formation ingénieure en biotechnologies et diplômée d’un DEA en cancérologie. Mes parents ne souhaitaient pas que je m’oriente vers un métier manuel comme celui d’esthéticienne. Mon ambition était toutefois de travailler dans l’industrie cosmétique mais, après des premiers stages réalisés dans l’industrie pharmaceutique, trouver un emploi dans ce secteur industriel s’est avéré peu évident, raison pour laquelle j’ai commencé ma carrière en tant qu’ingénieure qualité au sein d’un groupe pharmaceutique. Un incident de famille m’a fait prendre conscience que la plus belle chose à faire dans sa vie est d’offrir du bien-être et surtout que la beauté n’est pas futile, elle aide à aller mieux. J’avais à peine 25 ans et je me suis dit que le projet de m’épanouir dans ma propre entreprise devait se faire maintenant ou jamais.

M'épanouir, c'est maintenant ou jamais !

J’ai ainsi ouvert mon institut de beauté après avoir passé mon CAP Esthétique à l’École Françoise Morice et effectué mes stages dans un salon Jacques Dessange. J’avais créé un institut d’une trentaine de mètres carrés dans lequel je travaillais seule. Je souhaitais faire passer le message que la beauté n’est pas futile et qu’elle permet d’aller vers un mieux-être, sans vendre du rêve.

Le désir de connaître davantage les cosmétiques

Pendant ces années, l’émission Envoyé Spécial sur le parabène était diffusée. Cette émission a causé beaucoup de tort à l’industrie cosmétique et mes clientes se posaient beaucoup de questions quant à la composition de leurs produits cosmétiques. C’est cette problématique qui a fini par me faire revenir dans l’industrie car je n’avais pas les réponses.

Mes débuts dans l'industrie cosmétique

En 2008, j’ai rejoint une société qui fabriquait des produits cosmétiques bios et biotechnologiques en tant que directrice adjointe. J’étais aussi bien amenée à faire de la sous-traitance qu’à établir les dossiers cosmétiques, gérer la partie commerciale ou former sur la marque les pharmaciens d’officine. La marque possédait également un institut de beauté. Je pense que lorsque l’on travaille pour une marque et que l’on peut être en contact direct avec les clientes, c’est la meilleure façon de faire des enquêtes marketing.

Alès Groupe

Le 30 novembre 2009, le règlement cosmétique est publié pour une entrée en vigueur en 2013. Dans ce règlement, les enjeux sécuritaires étaient renforcés. Les groupes ont commencé à recruter massivement, c’est ainsi que j’ai rejoint Alès Groupe en tant que directrice de formation pour Phyto et Lierac.

Directrice de formation

J’avais une vingtaine de formatrices, qui formaient les équipes en pharmacie. Je créais et mettais en place les outils de formation et organisais des séminaires avec les clients clé du groupe. J’ai adoré la formation !

Responsable des affaires réglementaires et des produits finis

Comme convenu à mon embauche, je suis passée au laboratoire en tant que responsable des affaires réglementaires. Dans ce cadre, j’ai mis à jour tous les dossiers des matières premières. Pour ce faire, j’ai récupéré les attestations des sous-traitants, répertorié les données de toxicologie de celles-ci… À l’époque, le groupe employait un toxicologue, professeur de toxicologie, qui m’a petit à petit formée à la toxicologie. J’ai ainsi assuré la rédaction du profil toxicologique de nos matières, les attestations de sécurité des produits finis. J’étais en charge de la direction des affaires réglementaires internationales, aussi bien pour les cosmétiques que pour les compléments alimentaires. En plus de mes autres tâches, j’ai eu la gestion des problématiques d’export. Cette période a été passionnante et très enrichissante car je travaillais avec les fournisseurs des matières premières, le service de formulation, les services qualité, le service microbiologie et les prestataires de tests de tolérance et d’efficacité.

La toxicologie des matières premières

Grâce à la toxicologie, j’ai pu obtenir des réponses sur les questions que je me posais à propos des ingrédients qui entrent dans la composition des produits. Je suis aujourd’hui capable de rassurer les esthéticiennes : la réglementation européenne est l’une des plus exigeantes du monde et tous les produits mis sur le marché sur notre territoire sont sûrs pour la santé humaine. Ils peuvent certes contenir une substance dangereuse mais qui est sans danger dans le produit fini pour l’usage qui en est fait !

La formation en toxicologie humaine et environnementale

En 2016, Alès Groupe m’a fait suivre une formation initiale en toxicologie pendant un an, au sein de l’École AgroParis-Tech. L’objectif était de compléter mes compétences avec des connaissances en écotoxicité, gestion des crises et leur communication.

Consultante en affaires réglementaires et toxicologie

Suite à des difficultés économiques au sein de la société, j’ai dû quitter Alès Groupe. Je me suis mise à mon compte en tant que consultante en affaires réglementaires et toxicologie. J’ai pu travailler avec une société dont l’innovation était de récupérer les feuilles de soie des vers à soie pour en faire des masques visage. Il y avait donc de grands enjeux toxicologiques. J’ai pu également accompagner Maison Caulières qui fabrique des cosmétiques à base d’huiles de colza et tournesol sur les aspects réglementaires et toxicologiques. Enfin, j’ai pu accompagner les marques Marbella sur les aspects de tolérance de ses bijoux de peaux ainsi que Diptyque pour la création de bijoux parfumés. En parallèle, j’ai passé un autre master 2 en toxicologie humaine, évaluation des risques et vigilance, à Paris Descartes.

Les débuts difficiles dans les dispositifs médicaux

J’ai eu ensuite l’opportunité de rejoindre Beiersdorf en tant que responsable affaires réglementaires et qualité pour les marques de cosmétiques et de dispositifs médicaux. Je suis allée en parallèle de cela à l’Ifis Groupe y suivre des formations sur la biocompatibilité et la réglementation des dispositifs médicaux. J’ai été ensuite chassée pour rejoindre Fareva en 2020, l’un des leaders de la sous-traitance de la cosmétique, des compléments alimentaires, de la pharmacie et des dispositifs médicaux.

De la cosmétique vers les dispositifs médicaux

Depuis novembre 2021, je travaille au sein d’un organisme de certification pour dispositifs médicaux en tant que directrice de certification. Je gère une équipe de plus de 100 personnes : chargés de projet de certification, évaluateurs de dossiers techniques et des auditeurs du système de management de la qualité. L’univers du dispositif médical est très vaste : il peut s’agir de prothèse mammaire, de hanche, mais aussi l’acide hyaluronique injecté en médecine esthétique, les IRM, les scanners, etc. J’ai eu le goût pour les dispositifs médicaux et notamment la technologie employée en institut. J’ai compris qu’il était possible d’obtenir de très bons résultats sans méthode invasive, grâce à la technologie. Moi qui étais au début de ma carrière pro techniques manuelles, je sais aujourd’hui l’importance d’apporter des beauty devices comme les Leds et toutes les technologies en institut de beauté.

Message aux esthéticiennes

Vous faites l’un des plus beaux métiers du monde. Longtemps, on s’est moqué de ce métier, pourtant, il s’agit d’un métier très riche. Ce n’est pas une profession futile, elle permet d’aider les femmes à aller mieux. On le voit bien dans la prise en charge des femmes qui ont un cancer. Si elles ne sont pas accompagnées et qu’elles ne prennent pas soin d’elles, leur potentiel de guérison est amoindri.