J'ai testé des soins à petits prix
Pas de marque, pas de soins !
J’appelle un institut d’une franchise de «soins à petits prix». Je demande un rendez-vous pour un soin du visage. L’esthéticienne me répond qu’elle ne peut pas m’en donner car ils sont en train de changer de marque et me demandent de rappeler un ou deux mois plus tard !
Pas de problème, j’attends et je rappelle en lui disant que j’ai déjà téléphoné : peut-elle me donner un rendez-vous pour un soin du visage ?
Voici notre échange :
- Je ne peux pas vous donner de rendez-vous pour un soin visage, nous n’avons toujours pas choisi de marque !
- Bon alors un soin du corps ?
- Non ! C’est pareil : pas de marque, donc pas de soin.
- Mais comment faites-vous ? Vous ne pouvez pas travailler sans aucun soin corps ou visage ?
Et là je me prends une douche verbale où elle m’explique qu’un institut ce n’est pas les soins, mais l’épilation, la manucurie, la beauté des pieds ! Elle me récite une carte pléthorique de tout ce qu’on peut trouver dans un institut en parlant à toute vitesse et avec un ton plutôt agressif.
«- Avez-vous essayé avec les autres instituts de la chaîne ?»
«- Non, je n’y ai pas pensé…»
«- Mais êtes-vous abonnée ?»
«- Non, je ne savais même pas qu’on pouvait s’abonner à une chaîne de franchise d’institut low coast.»
J’avoue que l’expérience présente ne m’en donne pas envie.
Mais, sans tenir compte de ma réaction, elle continue :
«Allez sur le site, abonnez-vous et cherchez dans tous les instituts ceux qui auraient une marque avec éventuellement des soins correspondants».
Mon conseil : quel que soit le prix de vos prestations, et sans doute la saturation du travail «à la chaîne», sans tomber dans un accueil de «palace», soyez au moins bienveillante avec la cliente qui appelle en toute innocence.
L’accueil qui change tout
Pour la qualité de mon enquête, je souhaitais tester une chaîne d’instituts connus sur tout le territoire français.
Je regarde d’abord le site Internet, et je prends connaissance des prix et de la carte proposée. Habitant en banlieue, je choisis d’interroger un institut à Paris et l’autre en banlieue parisienne.
Première expérience à Paris
Malgré mes demandes, à aucun moment la réceptionniste ne me cite un nom de soin.
Elle me dit d’un air détaché et un peu indifférent : «Vous avez un soin relaxant avec des effleurages sur tout le corps» (je reconnais le californien), ou bien «Vous avez un massage plus appuyé avec un gommage suivi d’un massage à l’huile d’argan» (je reconnais le massage oriental), ou alors «Vous avez un massage avec des graines chaudes» (je reconnais le soin Évasion africaine au karité et aux graines d’entada).
Tout cela sans implication et aucun point de repère et surtout pas la moindre question sur mes besoins. Cela ne m’a pas fait rêver.
Deuxième expérience en banlieue
Dans un petit institut de la même enseigne, l’esthéticienne s’enquiert d’abord de mon état d’esprit, de mes besoins et de ce que j’apprécie habituellement dans un institut. Puis, elle me déroule les principaux soins de son menu, en citant les noms, et en référant chaque deillegalillegalscriptif et en le personnalisant.
Par exemple : «Madame, si jamais vous avez mal au dos, que vous dormez mal et que vous vous sentez stressée, je vous conseille l’Escapade à la Gacilly» mais je crains que ce soin ne soit trop doux pour vos goûts.
Peut-être pouvez-vous choisir «L’Échappée en Polynésie» qui vous fera davantage rêver et cela me semble plus adapté pour vous». S’en est suivi un conseil très détaillé entre croisement de mes goûts et de sa carte de soins.
Le paradoxe était que les prix de ces soins étaient un peu plus élevés que ceux de Paris, ce qui est le contraire, en général.
Mon conseil : c’est une remarque récurrente de ma part : l’accueil est fondamental, l’écoute de la cliente en est la base, la reformulation de son attente est la clé. Travaillez votre accueil téléphonique, vous remplirez votre institut de clientes motivées et qui n’auront qu’une idée : faire votre promotion !
L’esthéticienne qui s'ennuie…
La prise de rendez-vous et l’accueil
L’accueil téléphonique était plutôt agréable, et j’ai eu les renseignements que je voulais. L’institut se situe dans une petite ville de banlieue.
L’espace, l’environnement
L’accueil boutique est un peu encombré mais classique. L’esthéticienne au comptoir vérifie ce que j’attends.
C’est bref, sobre, factuel, sans aucune attention superflue.
Lorsqu’on est habitué à l’univers du spa où il y a une notion de luxe même dans l’attitude, on sent la différence. L’esthéticienne me fait passer dans un couloir étroit qui donne sur l’accueil et la réserve grande ouverte sur les cartons en vrac et me montre une cabine.
Elle me propose en gardant la porte ouverte de me déshabiller, de mettre slip jetable, charlotte et bandeau pour éviter de graisser les cheveux. Elle sort laissant la porte ouverte. Les personnes dans la boutique ont une vue plongeante sur ma cabine. Je ferme, me déshabille. Pas de place pour les affaires.
J’accroche mes vêtements sur un porte-manteau cassé. Rien pour mettre mes bijoux. Le sac à main par terre à côté des chaussures. Je m’installe en escaladant la table très haute qui pourtant est électrique.
Le soin lui-même
- Aucune question personnelle sur la pression et ce que j’attends.
- Elle met des gants de protection Covid.
- Elle commence par la face avant. Le baume est hyper gras et elle en met beaucoup, si bien que je sens ma peau qui regorge de crème. Les gestuelles sont des lissages comme dans un californien simple.
L’esthéticienne a une bonne main, chaleureuse. Mais le massage est plus que basique.
- Face postérieure, exactement la même chose sans plus.
- Elle m’explique que, normalement, il y a une petite touche sur le haut du corps (je suppose nuque et décolleté) mais à cause du Covid, elle ne fait pas cette partie !
- À la fin du massage, elle prend deux oshiboris chauds dans le hotcaby, elle les pose sur les pieds et attend deux bonnes minutes sans rien faire. Comme il y a un miroir sur le mur, je la vois. Elle est plantée et regarde autour d’elle en attendant que les serviettes chaudes fassent leur effet. Elle a l’air de s’ennuyer…
Puis elle m’essuie les pieds avec quelques pressions et me dit que c’est fini et sans autre parole sort de la cabine.
- Je m’essuie car je suis dégoulinante de gras.
- Je retrouve l’accueil. Pas d’essai de vente, pas d’échantillon, pas de vérification si tout s’est bien passé. Je trouve étonnant qu’on me demande de payer sans facture mais on m’explique qu’à cause du Covid on ne donne plus rien.
- Je sors et c’est tout.
Les produits : il s’agit des produits naturels de l’enseigne.
Le plus : l’enseigne est très diffusée, la proposition est intéressante. L’esthéticienne avait une très bonne main.
Le moins : c’est tellement dommage, il y a du potentiel dans la main de l’esthéticienne ! Mais celui-ci n’est absolument pas exploité. Il suffirait de structurer le protocole afin qu’il ne consiste pas uniquement à passer la crème sur le corps.
Quel dommage également qu’il n’y ait une vraie prise en charge et un accueil chaleureux de la cliente.
En conclusion, on a l’impression qu’il n’y a aucune considération humaine.
Mon conseil : s’occuper des autres comme si on était des machines et traiter votre cliente comme un objet ne va pas vous faire du bien à l’âme.
Durée et prix : soin relaxant, 60 minutes, 60 €. Ce n’est pas si bon marché que cela.
Des soins par des professionnels en herbe
Il y a de plus en plus d’écoles de formation aux métiers de l’esthétique et du spa qui proposent des soins et des massages à petits prix pratiqués par des élèves en fin d’études. J’ai choisi de recevoir un massage dans une école très réputée pour la qualité de ses formations.
La prise de rendez-vous et l’accueil
Le réceptionniste qui connaît bien la proposition est à l’écoute et oriente vers l’un des 12 massages. Le spa est ouvert à la clientèle tous les après-midis. Tout est simple, sans emphase mais très bienveillant avec les explications justes.
L’espace, l’environnement
On entre dans l’école dans un quartier chic, à la déco agréable et harmonieuse mais dont on sent qu’on est dans un lieu pédagogique. Un écran plat diffuse des images des élèves en train de masser ou des professeurs prestigieux.
Le réceptionniste donne immédiatement une fiche qui vérifie les éventuelles contre-indications et les goûts de pression pour le soin qui va suivre. À l’heure prévue, les praticiens arrivent et font leur travail d’accueil.
Les mots sont précis comme dans les grandes maisons : vérification de votre nom, présentation d’eux-mêmes en tant que thérapeutes, validation du soin réservé.
Puis, on est accompagné au sous-sol où sont les cabines. Le professeur superviseur est présent discrètement et regarde les élèves agir. Les cabines sont des espaces séparés par des rideaux opaques.
C’est petit mais tout y est : une table de massage confortable, une desserte pour tous les produits, une chaise pour déposer les vêtements et sac.
Le soin lui-même
J’ai choisi un massage suédois qui se pratique avec de l’huile. Ma spa thérapeute m’indique le sous-vêtement jetable, me présente brièvement mon soin, s’informe de ce que j’aime comme pression et comment je me sens.
Elle sort, je me prépare et m’installe.
- La face postérieure : après application de l’huile sur tout l’arrière du corps, tout commence par un massage profond du dos. Pétrissages, lissages, pressions et effleurages s’enchaînent traquant la moindre tension, allégeant ma fatigue et stimulant ma vitalité.
C’est avant tout un travail musculaire qui va s’appliquer précisément à l’anatomie. Je sens que les mains de la praticienne cherchent chaque muscle et libèrent chaque articulation.
Après le dos, les jambes ne sont pas en reste. Elles sont drainées activement et libérées de leurs tensions. Ça y est la fatigue s’envole.
- La face antérieure : les jambes sont servies en premier et tout se met au diapason du bien-être initié de l’autre côté. Après les jambes, tout le ventre, le thorax et les bras sont travaillés sur le même principe du pétrissage, pressions plus ou moins appuyées, lissages enveloppants et tout se termine avec des percussions qui réveillent.
Après le soin, retour à l’accueil où un verre d’eau m’attend. Je règle mon massage et je reprends rendez-vous tout de suite pour la semaine prochaine. Cela vaut le coup car ce n’est vraiment pas cher et c’est de très bonne qualité.
Les produits : pas de marque apparente. Une huile de qualité légèrement parfumée d’huiles essentielles.
Le plus : massage de grande qualité. On sent la formation à la technique attendue dans un spa. Nous ne sommes pas dans la papouille.
Le moins : les cabines qui ne sont pas étanches sur le plan sonique. Je me suis sentie en sécurité même si tout est séparé par des rideaux, mais, on entend les petits bruits des cabines environnantes, y compris les ronflements.
Mon conseil : pour le grand public, c’est une très bonne adresse, mais pour les professionnelles, c’est un trésor de référence. Souvent les esthéticiennes ne vont pas dans les spas car les prix sont parfois un peu trop élevés.
Il est donc toujours intéressant de recevoir un soin de qualité car cela inspire votre propre pratique. Donc, profitez-en !
Durée et prix : Massage Suédois, 50 minutes, 40 €. École Internationale du Spa - Spa des élèves.