Christelle Caron, un destin au service de la beauté
LA NAISSANCE D’UNE VOCATION
Lorsque j’étais petite fille, j’accompagnais ma mère chez l’esthéticienne qui, pour me faire patienter, me donnait des petites bandes de cire afin que j’épile des zones sans risque. Cela m’amusait et la gestuelle m’est entrée dans les cellules ainsi. Depuis, je suis amoureuse de l’odeur de la cire. Puis, j’ai grandi et, au collège, pendant les interclasses, je m’amusais à masser mes camarades. C’est ainsi que j’ai attrapé le virus de l’esthétique et du massage.
TOUT CHANGER… POUR L’ESTHÉTIQUE
Dans un premier temps, je me suis orientée vers des études de droit et de commerce. Je suis devenue gestionnaire de patrimoine pendant neuf ans. Suite à un entretien avec un responsable d’équipe, j’ai eu une prise de conscience. Mon métier ne me convenait plus, je ne me sentais pas épanouie, ni à ma place. Certes, je gagnais bien ma vie, mais il me manquait quelque chose qui me fasse vibrer. J’ai réalisé un bilan de compétences. Trois voies se présentaient à moi dont l’esthétique. J’ai passé mon CAP et j’ai suivi de nombreuses formations en massages, mon objectif était d’ouvrir un spa urbain.
MON INSTITUT
J’ai donc racheté un institut. Je travaillais avec Carita, j’avais un sauna infra-rouge quatre places, je faisais beaucoup de massages et d’enveloppements. J’avais créé le soin signature de mon établissement afin de me différencier et j’avais une carte originale car j’avais la volonté d’intégrer une clientèle masculine, ce qui était rare à l’époque. Cela a duré quatre ans, puis j’ai eu des soucis de santé, j’ai dû tout arrêter…
LES EXPÉRIENCES AU FIL DES SPAS
Lorsque j’ai été à nouveau opérationnelle, j’ai travaillé comme masseuse à la thalasso de Trouville. Puis comme masseuse indépendante dans les spas du Normandy et de l’Hôtel Royal à Deauville. Ce fut une expérience fondatrice pour moi, car c’est dans ces deux spas avec de très beaux concepts et une direction avec laquelle je me sentais bien que j’ai pu déployer mes ailes de masseuse avec mes spécialités, j’ai aussi beaucoup appris. J’avais une clientèle fidèle et régulière. Du pur bonheur…
LA RÉVÉLATION DE LA FORMATION
J’avais étudié le kobido avec une personne à la retraite maintenant et qui avait reçu l’enseignement direct du Dr Shogo Mochizuki au Japon. Je pratiquais donc le kobido, ce soin attirait tellement de clientes que je ne pouvais plus répondre à la demande. C’est alors qu’on m’a demandé de l’enseigner au reste de l’équipe. Ce fut une révélation. La formation professionnelle était faite pour moi ! Lorsque la directrice est partie, je lui est emboîté le pas. J’ai prodigué des massages dans divers spas de la région, ce qui a été très formateur. Parallèlement à cela, j’ai commencé à enseigner. La formation est devenue mon cœur de métier et mon métier de cœur. J’ai construit mes formations avec enthousiasme et le plus de professionnalisme possible.
Me former, me faire connaître
J’ai complété mes qualifications avec des formations ciblées : Franck Alexis, Gilles Horclois, Anne Compagnon pour apprendre l’émotionnel massage, le swing massage, le watsu, le deep flow ou encore la posturologie… J’ai étudié avec un kiné-ostéo afin de peaufiner mes connaissances en anatomie palpatoire. J’ai eu la chance que Les Nouvelles Esthétiques me fassent confiance et, grâce aux conférences au Congrès, j’ai été connue et j’ai pu encore mieux développer mon activité de formatrice qui actuellement me prend 90 % de mon temps. J’enseigne dans des instituts, des spas et également dans des écoles. Je propose des formations personnalisées en réflexologie, en posturologie ou en massages corps et visage.
Se former encore et toujours…
Comment dire qu’une formation est meilleure qu’une autre ? J’ai à cœur de me faire former auprès de gens très connus et détenteurs d’un savoir particulier. J’étudie, j’intègre, et je mets ma patte ensuite. Je personnalise. Cela devient mon massage à moi. Chaque enseignant m’a apporté quelque chose au-delà du massage. Par exemple, lorsque j’ai étudié le chi nei tsang, la formatrice m’a ouvert l’esprit sur la médecine chinoise. Anne Compagnon m’a ouverte à l’ergonomie et à une manière différente de travailler avec ma main. À chaque formation, c’est une autre vision du soin et, à chaque formation, je réalise que rien n’est acquis définitivement. L’essentiel est d’avoir de bonnes bases pour ne pas partir dans tous les sens. Et ensuite, on acquiert d’autres formes. J’aime que cela me pousse dans mes retranchements et dans ma vision du soin, et mes acquis.
LA CRÉATION DE SOINS SIGNATURE
J’ai toujours créé des soins. Quand j’avais mon propre institut, je proposais déjà des soins originaux en dehors des marques. Je suis convaincue par la personnalisation vis-à-vis de la cliente et du lieu. Dès que j’ai commencé à me déployer en tant que formatrice, j’ai eu des demandes des spas. J’ai répondu à la demande et cela fonctionne très bien.
Des soins signature pour moi
Parallèlement à cela, je crée mes propres soins signature corps ou visage au rythme d’un beau soin par an qu’en général je présente au Congrès International Esthétique & Spa comme Saphyr, Révélation de Soy ou Visage de Crystal. Ce sont des rituels très complets car, à chaque fois, il y a le protocole gestuel, le produit à employer et la musique que je fais concevoir. J’en ai créé six en cinq ans ! Une fois créés, j’enseigne ces soins qui sont très appréciés. À chaque fois, je pars d’une expérience personnelle, de ce que je ressens, j’associe les techniques, je travaille sur la philosophie de chacun, il y a toujours un idéal qui sous tend mon travail et ce que je propose.
Des soins signatures pour les autres
Je crée également à la demande de certains clients qui ont des spas ou pour des marques de cosmétiques ou de technologie, comme Iyashi Dôme récemment. Le processus est le même : j’écoute ce que veut le client. Nous échangeons longuement. J’élabore une première approche que je lui soumets et nous avançons ainsi en corrigeant, améliorant jusqu’à ce qu’on arrive à une version qui nous convienne à tous les deux. Ensuite, il y a l’étape de présentation à l’équipe qui a sa vision et veut apporter son grain de sel. Puis nous passons à la formation auprès des partenaires de la marque. J’adore cette facette de ma vie professionnelle.
ÊTRE FORMATRICE
Les qualités pour être formatrice
L’écoute est la base de ce professionnalisme-là et le goût d’être une excellente professionnelle. C’est la base de la transmission. J’aime voir dans le regard de mes stagiaires la satisfaction qu’elles ont dans l’apprentissage et dans le développement de leurs mains. Elles apprennent sur elles-mêmes, comme j’apprends sur moi-même, elles me font découvrir leur univers, leurs techniques, leur philosophie et je trouve que c’est un joli partenariat entre elles et moi. Mais n’est pas formatrice qui veut. Ce n’est pas parce que vous êtes une bonne praticienne que vous serez une bonne formatrice. Il s’agit de développer la pédagogie de l’enseignement, de structurer ce qu’on a à dire, de comprendre la gestuelle et le corps. Cela s’apprend aussi comme le reste !
Mon conseil
Il est très important de rester humble. Si on croit que parce que l’on est formateur, on sait tout, quelle erreur ! On apprend tous les jours. Je continue de me former régulièrement, je vais dans trois à quatre formations par an. Ce qui me permet de développer des capacités professionnelles, en massages, en techniques et en enseignement. Prochainement, je vais étudier une autre approche du massage thaï traditionnel.
La formation en France
Nous avons en France un très bon niveau d’enseignement, mais il était meilleur autrefois. La théorie n’est plus au même niveau. La qualité d’enseignement est en baisse. La motivation de certains jeunes n’est pas au rendez vous. Le constat est que les jeunes esthéticiennes qui veulent devenir spécialistes dans les soins doivent suivre d’autres formations parce que la base n’est pas suffisante. Je me suis toujours formée afin de développer ma carte de soins lorsque j’avais mon institut et jamais on ne m’a appris à comprendre le corps, sa respiration, l’anatomie des muscles, des chaînes musculaires, le sens des muscles et comment masser sans forcer ou s’épuiser lors d’un soin. Masser est pour moi, en plus de ma profession et ma spécialisation, un réel plaisir. Être esthéticienne - masseuse est pour moi le plus beau des métiers, car nous aidons les gens à se sentir bien dans leur corps, à les détendre. Nous les aidons à prendre soin d’eux, à leur faire oublier leur quotidien.
L’avenir de la formation
Il est évident que cela évolue beaucoup et il y a de tout sur le marché. Le nouveau modèle se met déjà en place. Il y a ce que j’observe et ce que je souhaite. Avec le confinement, le e-learning et les formations en distanciel se sont beaucoup développés. C’est intéressant pour des révisions, mais pas pour des formations initiales. Apprendre à masser avec les gestes, la sensibilité, le toucher précis est impossible à distance sans contact et corrections tactiles d’un professeur. Nous sommes dans l’ère de la professionnalisation, voire de la spécialisation, de notre métier, il faut donc aller dans cette voie aujourd’hui. Nous devons nous renouveler régulièrement afin de satisfaire une clientèle de plus en plus exigeante.
Formatrice, c’est un vrai métier !
Être formatrice est un métier qui ne s’improvise pas. J’ai effectué une formation à deux personnes dans un spa de dix-huit spa praticiennes. Ces deux personnes ont été chargées de former toute l’équipe. Ces praticiennes a qui j’ai enseigné ce massage ne sont pas formatrices ! Elles n’ont pas le regard du formateur qui voit tout: la posture, le geste, la technique, l’énergie qui circule, les états intérieurs… C’est un réel métier. C’est sur cet aspect-là qu’il faut faire de vraies prises de conscience et trouver des solutions. Il est temps que cela bouge concrètement.