Les esthéticiennes bientôt autorisées à utiliser la lumière pulsée

Ce texte concernerait les «actes d’épilation réalisés par des professionnels utilisant des appareils d’épilation à la lumière pulsée intense» ou IPL (Intense Pu/sed Light), à l’exclusion des appareils à lumière monochromatique de type laser.

Ces actes ne seraient donc plus réservés aux seuls médecins, mais seraient étendus à «tout infirmier, tout professionnel paramédical exerçant sous la responsabilité d’un médecin ou toute esthéticienne qui délivre une prestation d’épilation avec ce type d’appareil au consommateur».

Garantir la sécurité des patientes/clientes

Pour autant, cette ouverture s’accompagnerait de contraintes censées garantir la sécurité des patientes/clientes. C’est ainsi que, selon le texte, les utilisateurs seraient tenus au respect de «contre-indications absolues et relatives», précisées par arrêté ministériel, et devraient délivrer «le conseil aux consommateurs de prendre à ce sujet, en cas de doute, l’avis de leur médecin».

Notons aussi que les professionnels paramédicaux et les esthéticiennes sont logés à la même enseigne, puisque tous devraient suivre une formation préalable et disposer d’une «attestation de compétence» d’une durée de 5 ans, délivrée soit après une première formation, soit après une formation de renouvellement. Rien que cela est, en soi, une avancée tant des barrières infranchissables avaient été érigées entre les compétences des esthéticiennes et des professionnels paramédicaux. Rappelons en effet que chacun, à sa manière, et avec des compétences différentes mais de plus en plus pointues pour les esthéticiennes, délivrent des soins à leurs patients pour les premiers et à leurs clientes pour les secondes.

Sans aucune formation,les particuliersutilisent des appareils IPL

Une obligation de formation

Les formations apporteraient aux professionnels «les connaissances relatives, d’une part, à la pratique des actes d’épilation à la lumière pulsée intense, aux effets biologiques des rayonnements émis par la lumière pulsée intense, aux risques sanitaires liés à l’exposition à ces rayonnements, aux indications et contre-indications médicales d’utilisation, aux règles de sécurité et à l’obligation de déclaration des événements indésirables relatives à l’utilisation de ces appareils ainsi que, d’autre part, à la réglementation en la matière».

Le contenu et la durée de la première formation et de la formation de renouvellement, ainsi que les modalités de contrôle des connaissances théoriques et de l’épreuve pratique permettant de valider ces formations seront précisées dans un arrêté publié au Journal Officiel de la République Française.

Le projet de décret impose aux distributeurs et aux fabricants des appareils d’effectuer une démonstration de leur utilisation et de leur maintenance lors de leur installation. Les utilisateurs auront également l’obligation de signaler les événements indésirables.

Toujours afin de garantir la sécurité de ses patients/clients, l’exploitant des appareils en établissement de santé ou en centre d’esthétique devra afficher dans ses locaux, de manière visible, un avertissement détaillant les risques pour la santé, les contre-indications à l’épilation par IPL, les recommandations d’utilisation et de signalement d’effets indésirables.

Rappelons que s’il est interdit aux esthéticiennes d’utiliser les appareils IPL pour la photo-épilation, elles sont autorisées à le faire pour réaliser des soins de «photo-rajeunissement». Sachez enfin que rien n’interdit la commercialisation ainsi que l’usage de ces appareils par les particuliers, alors qu’ils n’ont aucune formation. 

Les médecins crient à l'exercice illégal

Le Syndicat National des Dermato-Vénérologues (SNDV) dénonce cette évolution réglementaire et rappelle que l’utilisation des appareils à rayonnement électromagnétique par des non-médecins constitue «un exercice illégal de la médecine».

Le SNDV alerte «le public sur le danger encouru du fait de la manipulation de dispositifs médicaux complexes par des non-médecins (ou hors la surveillance directe d’un médecin)».

«Les technologies fondées sur la lumière, qu’elles soient utilisées à des fins médicales ou esthétiques, ont des actions thérapeutiques en profondeur sur les cellules et les tissus. À ce titre, un diagnostic doit être posé avant toute utilisation d’un appareil à rayonnement optique et doit rester dans un cadre médical» juge le SNDV.

«L’utilisation par des non-médecins peut provoquer un retard de diagnostic, notamment des cancers de la peau, ainsi que des pathologies endocriniennes, et donc une perte de chance pour le patient» ajoute le syndicat qui considère qu’un regard non médical est incapable de déceler, par exemple, un mélanome. Notons cependant que les esthéticiennes qui voient leurs clientes plus fréquemment que les médecins et souvent plus longtemps sont, par essence, amenées à observer leur peau et donc parfaitement à même déceler l’évolution douteuse d’un grain de beauté. 

Le syndicat oppose les professionnels paramédicaux et les esthéticiennes en indiquant que si les professionnels de santé paramédicaux «sont tenus de suivre une formation médicale substantielle d’une durée de 3 ans» ; à l’inverse, les esthéticiennes ont la possibilité d’exercer à l’issue d’une formation dans le cadre d’un Certificat d’Aptitude Professionnelle d’une durée de 2 ans, représentant 800 heures en centre et 420 heures en entreprise au cours de laquelle aucune formation médicale n’est dispensée». 

Conclusion

Le SNDV oublie certainement que le projet de décret oblige à une formation spécifique sur l’utilisation de ces appareils ainsi qu’au respect des contre-indications. Il oublie aussi et surtout que les esthéticiennes sont des professionnelles responsables et dont la formation va, pour nombre d’entre-elles, au-delà du Baccalauréat !
À suivre donc…