Les idées reçues sur l'hygiène bucco-dentaire

Notre bouche est un réservoir à bactéries d’espèces variées qui protègent cette cavité mais qui parfois peuvent aussi engendrer un déséquilibre. Des bactéries peuvent adhérer sur les dents et former ainsi la plaque dentaire. La régulation entre les bonnes et les mauvaises bactéries se fait au quotidien grâce à une bonne hygiène bucco-dentaire. Mais lorsque le brossage est insuffisant, irrégulier, mal adapté, que le nettoyage interdentaire est négligé, oublié, s’installe alors un déséquilibre de la flore buccale entraînant des caries ou des maladies infectieuses comme la parodontite (inflammation et destruction des tissus qui entourent et soutiennent les dents).

Aujourd’hui, 74 % des Français suivent les recommandations officielles de brossage des dents (deux fois par jour durant deux minutes). Pourtant, les chirurgiensdentistes diagnostiquent toujours des caries chez un enfant sur deux et chez 98 % des adultes ainsi que des parodontites chez un adulte sur deux. Cela illustre bien une mauvaise pratique des gestes pour maintenir une bonne hygiène bucco-dentaire.

Certaines croyances sur l’hygiène bucco-dentaire continuent d’avoir la dent dure : se brosser les dents suffit pour éliminer la plaque dentaire..., l’usage du fil dentaire est inutile..., faire des bains de bouche ou mastiquer un chewing-gum permet de faire l’impasse sur le brossage...

L’Association Dentaire Française revient sur les grandes idées reçues qui perdurent dans les esprits. L’occasion de lever une bonne fois pour toutes les derniers doutes.

Le dentifrice enlève à lui seul la plaque dentaire

Faux. Aujourd’hui, on trouve pléthore de dentifrices avec des promesses plus alléchantes les unes que les autres : blanchissant, reminéralisant, contre la plaque dentaire, antibactérien... Il faut cependant savoir que seul 49,2 % de la plaque dentaire est enlevé lors du brossage avec le dentifrice contre 50,3 % sans dentifrice. Le dentifrice n’a pas d’effet concret sur la plaque mais apporte un confort lié à la sensation de fraîcheur et de propreté. Pour éliminer efficacement la plaque dentaire, il ne faut pas tant s’attarder sur le choix du dentifrice mais bien plus sur l’action mécanique du brossage des dents pour casser les adhésions créées par les bactéries de la plaque dentaire.

Il n'y a qu'une seule méthode de brossage

Faux. Il existe une dizaine de méthodes de brossage dont la plus connue en France est celle du rouleau. Elle consiste à effectuer un mouvement qui commence de la gencive et continue vers la dent. Dans d’autres pays, la technique de Bass est aussi couramment employée. Elle vise à nettoyer avec plus de précision la jonction entre les dents et la gencive avec des mouvements horizontaux de faible amplitude sur chacune des dents.
Acquérir une bonne méthode de brossage exige un temps d’apprentissage et d’appropriation. Si la force du brossage des brosses à dents est régulée, il faut être vigilant sur celle exercée avec une brosse à dents manuelle qui peut se révéler traumatique. D’autre part, selon les caractéristiques liées à la dentition (forme des dents, épaisseur des gencives...), le brossage ne sera pas le même. Une ou plusieurs séances pour améliorer l’hygiène orale peuvent être réalisées par le chirurgien-dentiste au cabinet (cf. encadré).

98 % des adultes auront des caries !

Toutes les brosses à dents se valent

Faux. Il existe deux catégories de brosses à dents : manuelle ou électrique. Pour les premières, le choix est très large (souple, dure, à tête ronde ou ovale...). De l’usage classique au cas particulier (patient opéré de la cavité buccale ou possédant un appareil d’orthodontie), les caractéristiques de la brosse à dents ont toutes leur importance pour répondre aux besoins des utilisateurs : le type de brins (ceux souples apportent un brossage tout en douceur), un manche rigide est préconisé pour un meilleur contrôle de la pression exercée, la forme de la tête (une petite taille permet d’accéder à toutes les zones de la bouche), le type d’implantation des brins (forme biseautée, poils croisés ou coniques, etc.)...

Les brosses à dents électriques quant à elles proposent plusieurs mouvements possibles dont les plus connus sont : oscillationrotatifs (haut-bas et cercles) et soniques (vibrations). Perçue souvent à tort comme plus intuitive, la manipulation des brosses à dents électriques nécessite également un apprentissage pour un usage optimal. Le chirurgien-dentiste est à même de dispenser les conseils pour une bonne utilisation.

Qu’elle soit électrique ou manuelle, l’efficacité de ces brosses sur la charge bactérienne et l’inflammation gingivale est similaire et dépend plus de l’utilisateur que du matériel.

Quelle que soit la catégorie de brosse à dents, il est recommandé d’utiliser celles à brins souples. Néanmoins, 38 % des Français utilisent encore des brosses à brins durs ou médiums. Il est également préconisé de changer de brosse à dents tous les 3 à 4 mois.

Le fil dentaire n’est efficace que s’il est bien utilisé

Nettoyer l'espace interdentaire est inutile

Faux. 10 milliards de bactéries peuvent se loger dans un espace interdentaire mal nettoyé. 59,3 % à 77,5 % des faces interdentaires, hors molaires, sont touchées par une carie, tandis que les parodontites attaquent préférentiellement les racines dans l’espace entre les dents. Le passage du fil dentaire ou des brossettes interdentaires permet d’éliminer la plaque dentaire dans ces espaces et y assure la prévention des caries et de l’inflammation gingivale.

Le fil dentaire n’est efficace que s’il est bien utilisé : il ne faut pas simplement passer le fil mais plutôt frotter sur la surface dentaire. Cela nécessite un apprentissage que le chirurgien-dentiste est à même de dispenser auprès des patients. Le fil dentaire présente une limite qui est de ne pouvoir atteindre les concavités de certaines surfaces dentaires.

Les brossettes interdentaires prennent alors le relais pour pallier cette limite et nettoyer ces zones difficiles d’accès. Il existe différents calibres qui peuvent être déterminés avec l’aide du chirurgien-dentiste pour un usage optimal. Malgré la diversité des outils disponibles pour conserver une bonne hygiène bucco-dentaire, cela ne suffit pas à prévenir l’apparition de maux dentaires comme une carie, une parodontite ou le déchaussement des dents... Afin de les éviter, il est crucial d’allier les bons instruments aux bons gestes. Un apprentissage de ces bonnes pratiques auprès de son chirurgien-dentiste est la meilleure solution pour un usage répondant à des besoins personnels.


Comment se déroule une séance consacrée à l'hygiène orale ?
Le chirurgien-dentiste observe au cabinet la manière dont le patient se brosse les dents. Il établit un bilan sur les gestes utilisés par le patient notamment les critères de pression exercée sur la brosse, orientation des gestes...
Par la suite, il fait un contrôle dans la cavité buccale pour repérer les caractéristiques propres à chacun qui permettront d’adapter le brossage et d’orienter l’utilisation de différents outils disponibles : forme des dents (présence ou non de concavités...), épaisseur de la gencive, etc.
Il donne ensuite des conseils sur le type de brosse à dents à adopter, sur les moyens de nettoyage interdentaire à utiliser quotidiennement et sur la méthode d’utilisation de ces instruments.