Le régime alimentaire chinois, un modèle à suivre
En Orient
La Tradition chinoise considérait la nourriture, il y a déjà trois mille ans, comme le moyen privilégié d’entretenir la santé et de traiter de nombreux déséquilibres et affections, émotionnels ou physiologiques.
Cette approche du bien-être porte un nom : le Yang Sheng, ce qui signifie «nourrir - entretenir la vie». Il a pour objectif de maintenir l’harmonie énergétique, de prolonger la vie et de prévenir l’apparition de maladies.
La qualité du rythme de vie, le sommeil, l’alimentation, l’hygiène, la sexualité, le Qi Gong, les massages, l’usage d’armoise et de l’acupuncture sont les principaux outils au service du Yang Sheng.
En Occident
En Occident, en revanche, les choses sont un tant soit peu différentes car nous avons en grande partie perdu nos racines et nos traditions culinaires au profit d’une restauration surfaite proposant de la glace à la bière brune, du cabillaud au chorizo, ou du ris de veau braisé au pain d’épices !
Aujourd'hui
Vingt siècles après Socrate, Platon et Hippocrate, les opinions ont enfin évolué et l’Occident semble découvrir que la nourriture peut entretenir la santé et même guérir la maladie.
Serait-il naïf, voire dangereux, de laisser notre santé et nos illusions nutritionnelles aux mains d’illuminés, de pseudo-scientifiques ou d’industriels trop goinfres… ? La réponse à cette question se trouve peut-être en Orient… Et plus précisément en Chine !
Une légende
On raconte que deux siècles avant notre ère, un cuisinier inventa pour son Empereur une soupe à la cannelle qui lui évitait de tomber malade à l’automne. En guise de remerciement il fut nommé Premier Ministre.
Cette anecdote nous montre à quel point la Tradition accorde de la place au choix de l’alimentation, notamment en fonction des différentes saisons, de la constitution et de la bonne santé de chacun.
L’équation occidentale «aliment-plaisir» est remplacée par l’équation orientale «aliment-santé».
Le Yang Sheng
Pour la Tradition, le Yang Sheng passe avant tout par le respect de la nature, des saisons, des besoins et de la satisfaction intellectuelle et physique de chacun.
L’accent est mis sur des produits naturels et parvenus à maturité à la juste saison, cuisinés avec respect et consommés avec plaisir, dans une atmosphère agréable.
La Tradition chinoise nous propose une approche très particulière de la nutrition car elle classe les aliments en fonction de leur nature et de leur saveur.
La Nature et la Saveur
La Nature d’un aliment permet d’harmoniser le corps avec les saisons et de traiter divers déséquilibres Internes.
La Saveur est le Tropisme -et non forcément le goûtde l’aliment, c’est-à-dire l’Organe ou la Viscère ciblés par l’aliment en question.
La nutrition moderne
La diététique occidentale est jeune quant à elle ! Née il y a à peine cent ans, elle considère l’être humain comme une machine thermique, et l’alimentation comme du carburant. On y parle de glucides, de protides, de lipides. Pas vraiment glamour… !
L'hiver
Pour la Tradition chinoise, l’hiver commence à la minovembre et se termine dix huit jours avant le nouvel an chinois. C’est la saison de l’intériorisation, la période la plus Yin de l’année.
Elle correspond à l’introversion et à l’entrée dans ce qu’il y a de plus profond. Cette saison correspond à la «mise en réserve». C’est le moment où le corps se repose et refait le plein d’Énergie.
Dans la Tradition, l’hiver est associé au Mouvement Énergétique Eau. Ce dynamisme est gouverné par la Vessie et les Reins, qui sont tous deux responsables de son bon équilibre.
Les cinq éléments
Chaque mouvement énergétique est gouverné par un couple d’Officiels :
- le Foie et la Vésicule Biliaire pour le Bois,
- le Coeur et l’Intestin Grêle pour le Feu,
- l’Estomac et la Rate pour la Terre,
- les Poumons et le Gros Intestin pour le Métal,
- et enfin la Vessie et les Reins pour l’Eau.
Chaque couple d’Officiels est tour à tour Empereur dans la saison qui lui correspond. L’hiver est le moment du règne du Mouvement Eau, et ce sont donc la Vessie et les Reins qui sont Empereurs tout au long de cette période.
Le Yang Sheng de l’hiver doit donc impérativement veiller à tonifier le Qi, à réchauffer le Yang, à nourrir le Yin et le Jing. Les Reins -vous l’avez bien compris à présent- doivent être favorisés, sans oublier la Rate et l’Estomac sources du Sang et du Qi.
Un certain nombre de principes généraux et forts simples permettent de bénéficier d’une alimentation saine, équilibrée et facteur de bien-être au quotidien.
Le rôle essentiel des Reins
Le Rein est à l’origine du Jing, du Yin et du Yang. Il est le réservoir de ces trois substances lesquelles sont le fondement même de la Vie.
Le Jing est considéré comme l’Essence du Ciel Antérieur. C’est notre capital énergétique, légué par nos parents, il contient en lui tous nos devenirs possibles.
Il est entretenu grâce à la bonne qualité de notre Yang Sheng et son importance est capitale et déterminante.
Mais les émotions négatives, les stupéfiants, l’alcool, la mal-bouffe, la pollution sont autant de facteurs de dégradations importantes, voire irréversibles, de ce bagage énergétique plus que précieux.
La qualité
La qualité des aliments est la première des choses à considérer. Plus un aliment est proche de son état naturel et sauvage plus il contient de vitalité - de Jing.
Il lui a fallu développer une bonne capacité de résistance pour arriver à maturité sans l’aide ou l’intervention de l’homme. Sa richesse en Jing va alors se transmettre à celui qui le consomme lui permettant à son tour de renforcer son capital énergétique.
Des aliments sains et vivants ne doivent contenir ni pesticides, ni engrais chimiques, ni conservateurs, ni agents de saveur… et la liste est hélas très longue.
Par ordre décroissant, l’on peut alors considérer que le maximum de vitalité - de Jing se trouve dans les produits :
- à l’état sauvage,
- élaborés de façon bio-dynamique,
- élaborés façon biologique,
- élaborés de façon conventionnelle,
- élaborés hors sol.
La vitalité
Elle dépend très précisément de la quantité de Jing que contient un aliment. Celle-ci se manifeste dans l’aspect extérieur de l’aliment, notamment par l’entremise de la fraîcheur de l’aliment. Le Jing de l’aliment a pour support les liquides qui le constituent, et donc le contact avec l’air -l’oxydation- qui assèche et détériore ces liquides, lui fait perdre sa vitalité.
Il est bien plus judicieux par exemple de découper les aliments tout juste avant leur cuisson. Et surtout de ne pas les conserver trop longtemps, même au frais.
Les repas
Le repas se doit d’être empreint d’un certain cérémonial et obéir à quelques principes simples et de bon sens :
- manger lorsque le repas précédent est digéré pour laisser aux organes un temps de repos salutaire,
- manger à des heures régulières pour ne pas consommer inutilement de l’énergie,
- manger avec modération et sans être totalement rassasié,
- manger un véritable petit déjeûner le matin, un véritable repas à midi et manger tôt, un repas très léger le soir,
- manger lentement en mastiquant avec application et avec plaisir, dans le calme et en étant concentré,
- manger chaud et limiter les aliments crus, froids et surgelés,
- boire des liquides à température ambiante, boire une boisson chaude après le repas afin de favoriser la digestion,
- manger le moins possible si l’on est fatigué,
- pratiquer un massage de l’estomac et une marche après le repas.
Les cuissons
Surtout évitez le plus possible le cru et privilégiez des modes de cuisson plus Yang -à l’étouffée, au four, sauté ou frit- pour passer un hiver douillet.
Les piliers centraux du corps
Dans la Tradition, la Rate et l’Estomac ont une place très importante et sont considérés comme les piliers centraux du Qi du corps : le Centre en un seul mot !
Ils reçoivent la nourriture et en extraient l’Essence afin de produire le Qi et le Sang. Si la Rate et l’Estomac sont en bon équilibre, la production du Qi et du Sang l’est aussi et grâce à cela l’ensemble des Organes Internes est bien approvisionné et nourri en Qi et en Sang.
En cas de déséquilibre de cette fonction, la digestion est laborieuse, avec pour conséquences des ballonnements, de la fatigue après le repas, des selles molles ou irrégulières, des diarrhées, des douleurs dans les hypocondres, des lourdeurs, des éructations, un affaiblissement de tous les organes et une baisse générale de vitalité de tout l’organisme.
Comment tonifier le Centre ?
Les céréales, toujours correctement cuites, constituent la base de l’alimentation de tous les peuples du monde et doivent figurer à chacun de nos repas. À la fois nutritives et digestes, de Saveur généralement Douce, elles tonifient et renforcent la Rate et l’Estomac.
L’avoine, le riz, le maïs, le seigle, sont de Saveur Douce, de Nature Neutre et proposent un Tropisme Estomac-Rate. Le blé, le millet et le sarrasin sont de Saveur
Douce et de Nature Fraîche et, s’ils proposent le même Tropisme, peuvent être consommés mais plus modérément en hiver du fait de leur Nature Fraîche.
La saveur des aliments
La Saveur associée à la saison de l’hiver est sans conteste la Saveur Salée. C’est la saison où l’on consomme viandes et poissons conservés au sel, voire fermentés. Elle va permettre d’accompagner avec douceur le Mouvement de Concentration et de Culmination Passive du Qi qui est propre à cette saison, et de Tonifier le Rein qui est Empereur.
Les Saveurs Piquantes et Acides sont aussi indiquées en petite quantité.
La Saveur Salée a pour grandes fonctions de désobstruer, de débloquer, de disperser le dur, de purger et d’abaisser les selles. Elle favorise le Mouvement d’Immersion de l‘Énergie mais ne doit pour autant qu’être consommée en quantité raisonnable sous peine de blesser le Rein et à terme le Coeur.
La nature des aliments
Les Natures Tièdes et Chaudes des aliments devront être privilégiées en hiver.
Pour composer l’ensemble de tous vos menus, gardez toujours à l’esprit les proportions proposées par la pyramide alimentaire… et il va donc falloir organiser chacune de vos assiettes autour des légumes, des légumineuses et des céréales qui représenteront alors environ les deux tiers de celles-ci… si si !
Le petit-déjeuner
Le petit déjeûner est un repas très important dans la journée. Il doit être à la fois digeste et suffisamment rassasiant pour accompagner jusqu’à l’heure du déjeûner.
C’est une première étape vers le changement des habitudes alimentaires. Les fonctions digestives qui commencent leur activité doivent être sollicitées sans être submergées !
Si vous n’avez pas d’appétit le matin au réveil, deux facteurs peuvent être en cause :
- un réveil trop tardif,
- de la stagnation alimentaire.
La stagnation alimentaire
La stagnation alimentaire provient souvent d’un repas de la veille trop copieux ou pris trop tard dans la soirée.
Les aliments stagnent dans l’estomac ou les intestins et provoquent une sensation de plénitude, voire de nausée, le matin au réveil. La solution consiste alors à réduire la prise de nourriture le soir.
Ce premier repas doit être rassasiant mais être suffisamment léger pour laisser l’appétit se faire à nouveau sentir une bonne heure avant le déjeuner.
Il doit contenir le moins de sucre possible et peu de gras ! Votre petit déjeuner moderne est consternant car c’est une succession de desserts sucrées et trop gras ! Trop de sucre au petit-déjeuner lèse en effet gravement la Rate et l’Estomac, affaiblissant la digestion des aliments.
La boisson
La boisson du petit-déjeuner ne sera en aucun cas du lait animal. Le lait végétal -soja amandes riz, avoine, orge- est une boisson parfaitement adaptée à votre premier repas de la journée. Attention cependant au lait de soja qui est de Nature Fraîche à Froide. Pensez alors à varier votre boisson en alternant différents laits végétaux.
Une soupe de légumes, une soupe miso, ou de la tisane feront parfaitement l’affaire aussi.
Les fruits
Les fruits doivent avoir toute votre circonspection car ils sont de Saveur Acide et ne se marient pas toujours bien avec les céréales - à part la banane qui n’est pas Acide et ne gêne pas l’assimilation desdites céréales et des légumineuses.
Pour éviter les désagréments -ballonnements, fatigue après la prise du repas, difficulté à digérer- il faut consommer les fruits en dehors du repas, au goûter par exemple, ou les consommer cuits, ils seront plus digestes.
Les céréales
Les céréales seront elles aussi de préférence cuites et chaudes. Le millet, l’avoine, le maïs, le blé, le seigle, l’épeautre, le riz… le choix est très vaste. Elles vont constituer la base de ce premier repas.
Vous pouvez les consommer sous forme de bouillies (à partir de la farine…), de porridges (à partir de flocons…) de gruaux, de crêpes, de pudding, de pain d’épices, de gâteaux de semoule ou de gâteaux de riz.
Consommées crues elles sont en revanche très difficiles à digérer et risquent d’épuiser le Feu Digestif.
Associées à des fruits et un produit laitier froid, c’est une véritable agression en règle pour la Rate.
Le déjeuner
C’est le repas le plus important de la journée et c’est souvent celui que vous négligez le plus !
Il est soit insuffisant, soit trop copieux et de toute évidence ne vous apporte pas les nutriments essentiels à votre bon équilibre.
Au moment de la mi-journée, le Yang est à son apogée et les fonctions digestives en capacité maximum. Le déjeuner doit apporter au corps l’essentiel de ses nutriments.
Il devra être copieux et rassasiantsans toutefois déséquilibrer les capacités digestives du corps.
Si le repas est trop copieux, l’assimilation des aliments sera laborieuse et source de fatigue. La Rate et l’Estomac vont devoir mobiliser beaucoup d’Énergie pour cuire le bol alimentaire et le bénéfice énergétique sera alors faible, voire négatif.
Si le repas est systématiquement pris froid, s’il est constitué de sandwichs, de salades et de crudités accompagnés de produits laitiers, c’est une catastrophe alimentaire et sanitaire pour le corps.
Pour cette raison, les mêmes symptômes de lourdeur et de fatigue peuvent survenir après un tel repas, exactement comme si vous aviez déjeuné d’un repas trop copieux… !
Il résulte de ce type de déséquilibre de simples inconforts pouvant aller jusqu’à la maigreur, voire à la carence nutritionnelle en passant par la prise de poids et une accumulation de Mucosités et de Tan dans le corps, qui se traduira par des infiltrations, de la cellulite, des oedèmes.
Les soupes
Vous pouvez -au moins six mois par an- commencer agréablement le déjeuner ou le finir avec une soupe de légumes ou un bouillon maigre.
Le reste de l’année -les mois compris entre mai et septembre- les soupes froides, les crudités -«blanchies» afin de les rendre digestes pour les intestins fragiles- les terrines et pressés de légumes ou de poissons froids, les aspics, les caviars de légumes, les tartines grillées -avocats et crevettes épicées ou sardines et caviars de poivrons- les pains de poissons par exemple, sont autant d’entrées laissées à votre imagination.
Les protéines
Les légumineuses et les protéines végétales -le fromage de soja par exemple- sont également bienvenues plusieurs fois par semaine. Un plat de pâtes et de légumes de printemps ou un couscous pois chiches-légumes, sont aussi des solutions pertinentes… et savoureuses qui associent harmonieusement légumes, légumineuse et céréales.
Un peu de matière animale -viande maigre ou poisson est envisageable de temps en temps. Mais il n’y a rien de systématique à cela. Les oeufs sont aussi très bons s’ils sont bien tolérés. Un peu de laitage n’est pas à proscrire, c’est-à-dire un peu de crème ou de beurre frais qui entrent dans la composition de certains plats ou certaines quiches.
Le dessert
Et pour finir fromage ou dessert ? Ni l’un ni l’autre, enfin tout le moins pas tous les jours. Gardez les fromages pour vos pâtes et autres gratins. Le fromage et les desserts seront réservés aux repas de fêtes ! Vous devez sortir de table légère.
Le dîner
Le dîner est un repas rhétorique à mon sens, mais pour le considérer de la sorte, il faut aimer se lever tôt ! Si vous ne dînez pas le soir, ou alors exceptionnellement, ou alors à peine, le matin vous serez affamée. Il vous faut donc prendre un peu de temps pour préparer à manger, ce qui implique de vous lever plus tôt qu’à votre habitude.
Pour en savoir plus sur les fonctions de la Rate et du Rein, sur la Nature des aliments à consommer, et la saisonnalité des produits, pour découvrir comment composer vos menus d’hiver, pour apprendre à Tonifier le Centre et le QI, pour savoir comment cuire les aliments à la saison de l’hiver et découvrir quelques recettes, retrouvez : «Le Yang Sheng de l’hiver» au complet sur le site : www.fleur-docean.com