La prise en charge de la ménopause in et out

Savez-vous que cinq ans après la ménopause avérée, la production de sébum est interrompue et que celui-ci est essentiel pour limiter le PIE (Perte Insensible en Eau) et maintenir une bonne immunité à la peau ? Vous comprenez bien par cet exemple que des connaissances sont essentielles : la peau, son fonctionnement, ses carences, ses dysfonctionnements, l’accélération du vieillissement, l’affaissement cutané mais aussi les actifs, les techniques manuelles ou technologiques adaptés à cet état de peau/de vie.

Où en êtes-vous de vos connaissances ?

Pour élaborer un protocole cohérent et efficace à vos clientes, vous devez vous appuyer sur vos connaissances. Pour proposer les bonnes synergies et utiliser au mieux vos soins, cosmétiques, technologies, vous devez connaître cet état de peau. Par exemple, faire de la radiofréquence pour raffermir n’est pas la bonne solution sur une peau amincie et affaiblie par la ménopause, il faut avant tout lui donner les moyens de répondre à la radiofréquence qui viendra en second temps. La radiofréquence chauffe le derme afin de créer une néocollagénèse, il faut donc une peau avec un pourcentage hydrique conséquent dans les différentes couches et des fibroblastes en forme ! Comment ? Pourquoi ? Avec quels outils ? Cet exemple vous permet de comprendre d’autant plus, la nécessité de connaître cet état de peau.

Classification du vieillissement cutané

Le vieillissement cutané est le résultat de facteurs multiples dont les facteurs génétiques (intrinsèques) et les facteurs extérieurs (extrinsèques) :

- le vieillissement intrinsèque, génétique, programmé, étroitement lié aux fluctuations hormonales,

- le vieillissement extrinsèque, exogène, non génétique comme le soleil, la mauvaise alimentation, les mauvais traitements de peau, les médicaments, le stress, les maladies, le tabac, l’alcool, le sommeil perturbé, la pollution.

Les signes visibles du vieillissement sont entre autres les rides, le relâchement, les désordres pigmentaires, vasculaires et l’atrophie Les facteurs environnementaux représentent environ 70 % du vieillissement (et oui). Ils s’ajoutent tel un mille-feuille aux facteurs intrinsèques. Une bonne nouvelle (parce qu’il y en a), certains sont réversibles.

Et la ménopause dans tout ça ?

La ménopause est un processus biologique naturel qui se produit chez les femmes d’un certain âge et qui impacte la structure, la fonction et l’apparence de la peau dues à une diminution des hormones et des composants protecteurs synthétisés par la peau. La déficience en oestrogènes influence la peau et son épaisseur :

- l’épaisseur cutanée diminue de 1,13 % par an et la synthèse en collagène de 2 % par année ménopausée,

- le derme perd en épaisseur : 30 % de collagène en moins cinq ans après la ménopause.

La ménopause fait partie de ce processus de vieillissement, elle accélère celui-ci. Des changements surviennent plus vite lors de cette étape, la peau (mais pas que) prend un coup, «le fameux coup de vieux».

Le peau à la ménopause

La peau prend un aspect différent en raison de la baisse des oestrogènes et de la progestérone, des sécrétions lipidiques, du collagène, de l’élastine, de l’acide hyaluronique et de l’affinement de la barrière de défense. Mais ce n’est pas que sur le plan cutané que les modifications opèrent, le plan structurel est affecté aussi par cette baisse de production.

La peau comme le ballon…

Lors de mes formations, conférences, j’aime prendre l’image d’un ballon gonflable, celui que l’on gonfle pour les anniversaires des enfants. Imaginez ce ballon chez vous, au sol depuis quelques jours. N’avez-vous pas remarqué qu’il a perdu en densité, qu’il est moins gros ? Avez-vous noté comme il paraît fripé ? L’air contenu dans le ballon est comme la structure de soutien de la peau, quand il se raréfie, l’enveloppe extérieure du ballon (la peau) n’est plus soutenue et elle ptôse, elle n’est plus «ajustée». Ces caractéristiques sont associées au processus de vieillissement de la peau ménopausée.

Les signes du vieillissement cutanés pré-ménopause et ménopause

Dessèchement, perte de l’éclat, peau plus pâle, amincissement avec diminution de 5 à 6 % de l’épaisseur de la peau tous les dix ans (avec de grandes variations individuelles), perte progressive de la tonicité et de l’élasticité ; associés à des signes d’élastose solaire, des troubles de la pigmentation et vasculaires… En périménopause, on peut avoir des signes d’hyperandrogénie (acné, pilosité, chute de cheveux) suite à la perte d’équilibre androgènes, estrogènes, progestérone.

Les solutions in

La ménopause est un véritable chamboulement dans la vie de vos clientes, tant sur le plan cutané que psychique. De nombreuses femmes vivent cette étape avec beaucoup d’appréhension. Voir son corps, sa peau changer entraînent une diminution de l’estime de soi, une perte de confiance dans son pouvoir de séduction, une souffrance qu’il faut entendre. Vous pouvez, lors de vos consultations, être cette oreille attentive, cette professionnelle bienveillante comme vous l’êtes depuis toujours, et aussi une professionnelle de la peau apte à conseiller et recommander les soins adaptés à cet état de peau, cette étape de vie. Mais les seuls soins ne seront pas suffisants pour une prise en charge en total accord avec les besoins de la peau, du corps.

Plusieurs expertises

Il faut lier judicieusement plusieurs domaines d’intervention, comme nous l’appelons à la Skin Académie le «In/ Out». Nutrition et micro-nutrition, le choix de nutriments spécifiques aideront à passer le cap, une hygiène de vie équilibrée, pratiquer une activité sportive régulièrement. La Skin Académie vous propose une formation nutri et micro nutrition anti-âge pour vous permettre de donner les précieux premiers conseils. Sinon vous pouvez envoyer vos clientes vers un naturopathe pour une prise en charge in.

Les conseils

La peau ménopausée manque de calcium. L’importance des produits laitiers dans notre alimentation a été largement surestimée et une étude récente de Harvard a conclu que les humains n’ont aucun besoin nutritionnel pour le lait animal ! Conseillez à votre cliente :

- acquérir du calcium à partir d’autres sources telles que les amandes, les légumes-feuilles et le saumon,

- s’exposer et prendre sa dose de vitamine D en bonne intelligence, toujours avec une protection adaptée,

- proscrire le tabac et l’alcool,

- dormir sept heures par nuit,

- limiter les stress dans la mesure du possible (conseillezlui le yoga, la sophrologie, la méditation…),

- maintenir, cultiver l’optimisme et la joie, développer des activités en interactions avec les autres, sortir, s’amuser !

N’oubliez pas : la peau et le cerveau partagent récepteurs, hormones et neuromédiateurs : «Si je vais bien, ma peau aussi».

Les solutions out

• L’hygiène de peau avec ces six commandements principaux est à répéter à votre cliente : Nettoyer, Hydrater, Nourrir, Stimuler, Accompagner et Protéger.

• Les cosmétiques topiques ont leur rôle à jouer même si beaucoup d’actifs restent en surface, ils sont intéressants et ils aideront dans la lutte contre la sécheresse cutanée.

• Il faut reconstituer l’équilibre de la barrière cutanée. Ceci est possible par l’apport de substances hygroscopiques et humectantes et par certains lipides et leur ratio.

Saviez-vous qu’il en existe aussi proches que nos constituants de peau naturels ? Voici quelques exemples de composants cosmétiques qui sont ma référence pour la peau ménopausée :

- un lait démaquillant sans composants tensio-actifs pour renforcer la barrière cutanée,

- de l’acide linoléique, vitamines A, B, C, D et E (attention de ne pas mélanger les vitamines A et C en même temps), des phospholipides. Les phospholipides sont les composants essentiels des membranes cellulaires, issus principalement du soja,

- une crème de jour sans huiles minérales car elles bouchent les pores et sans émulsifiants qui sont irritants et considérés comme des perturbateurs endocriniens,

- il existe des actifs naturels à privilégier comme la lécithine E322 (jaune d’oeuf). Voici quelques émulsifiants nocifs, la liste est non exhaustive, vous les trouverez aussi bien en alimentation que dans les cosmétiques : E120, E210 et son dérivé E214, E220, E242, E249,

- un sérum contenant des extraits de pépins de raisin et de thé vert (par exemple) pour soutenir la protection de l’ADN.

Techniques et technologies

Je vous recommande également certaines techniques manuelles et technologies pour soutenir plus en profondeur le derme et l’épiderme et pour stimuler naturellement les EGF (Epidermal Grow Factors), les facteurs de croissance épidermiques.

Les techniques manuelles :

Fascialiste, kobido, ventouse, daishido, dien chan, luxoponcture et tous les massages profonds du visage, du cou, du crâne (cervical et dos).

Les technologies :

(Liste non-exhaustive)

- ACS Pen (thérapie par induction au collagène) pour les facteurs de croissance,

- Led : soutient les mitochondries, accompagne la régénération cellulaire,

- RF/RJ : raffermissement, traitement des troubles pigmentaires et vasculaires,

- peelings : ils sont des alliés pour les peaux ménopausées. Les acides vont aider à rétablir l’acidité du pH de la couche cornée. Attention aux concentrations et à l’utilisation quotidienne qui pourraient être contre-productives,

- technologies d’infusion d’actifs : ultrasons, galvanique, électroporation…

L’intérêt de la technologie, ce n’est pas d’en maîtriser l’utilisation mais bien de savoir quand l’utiliser et si vous pouvez l’utiliser sur cette cliente pré/ménopausée. Et pour ça, il n’y a que vous qui pouvez mettre en place des protocoles intelligents et personnalisés, à l’inverse des protocoles standardisés délivrés à la va-vite. Et pour cela, pas de secret : vous former !