La ménopause, la fin d'un tabou

Un changement très important a lieu depuis quelque temps : des marques de cosmétiques travaillent sur la «cosmétique hormonale», des esthéticiennes ou des coachs créent des soins spécifiques, des groupes ou des applis. Il semblerait que tout le monde s’y mette, y compris les femmes qui ont enfin compris qu’elles pouvaient regarder ce problème sous un angle différent.

Quelques rappels sur la ménopause

Sans entrer dans les grandes explications médicales, la base est la suivante : la ménopause est une étape physiologique naturelle de la vie d’une femme qui se traduit par l’arrêt des règles et de la fertilité. 

Les conséquences

La ménopause est accompagnée de symptômes désagréables : bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, prise de poids, sécheresse vaginale, affaiblissement du périnée, perte des cheveux, relâchement cutané, fatigue chronique et parfois dépression.

L’âge

Ce phénomène se produit en général aux environs de 50 ans mais l’âge est variable sans que la médecine ne puisse proposer une explication à cela : terrain familial, prise de la pilule contraceptive pendant de longuesannées, perturbateurs endocriniens contenus dans l’alimentation, les cosmétiques, les parfums (à base de pétrochimie).

Les traitements

Les traitements médicaux actuels reposent sur les supplémentations hormonales à base d’oestrogènes ou de progestérone à prescrire après un vrai bilan médical. Il existe des approches naturelles mais qui relèvent également de la médecine ou de la naturopathie. Quoi qu’il en soit, on observe que la puberté qui est l’autre étape d’orage hormonal, arrive de plus en plus tôt avec son cortège de nuisances qui sont du même ordre que la ménopause.

Les cosmétiques osent faire toQmber le tabou

Ouf ! Fini les mots qui ne veulent pas exprimer le vrai sujet. Les marques parlent enfin sans ambages de la cause du vieillissement accéléré. Les crèmes liftantes, redensifiantes ou anti-âge ne manquent pas, mais très peu ciblent précisément la cause en la nommant. Donc, entendons-nous, la plupart des marques ont des allégations de fermeté, hydratation intense, signes de l’âge, rides, etc, bien cachées dans le descriptif du produit. Il est noté que tous ces besoins traités correspondent à la ménopause.

Je souhaite cibler mon étude pour vous sur les marques qui disent officiellement que ce qu’elles vendent a été mis au point sans «langue de bois» pour la ménopause. Ce n’est pas anodin, car, en principe, la ménopause, en dehors d’être perçue comme un moment de déclin et de frustration, relève d’un concept médical. Donc, les entreprises doivent composer avec ces deux impératifs. Mais la psychologie des clientes a évolué. Elles veulent à présent une expression précise et véridique.

- Lierac, qui est expert de la ménopause depuis 25 ans, a sorti la gamme «Arkéskin in & out» revue et améliorée. C’est-à-dire des crèmes, des sérums et des compléments alimentaires. Le principe est la resynchronisation des rythmes naturels et l’ancrage dans la chronobiologie. Les gynécologues et les psychologues spécialisés sont maintenant consultés. C’est officiel.

- Maria Galland communique sur «Live your menopause with serenity» (Vivez votre ménopause avec sérénité) ou «My skin, my rythm» (Ma peau mon rythme). Je dis : bravo !

- Avec une nuance différente : les Laboratoires Payot sortent une gamme nommée : «My Period». Ce qui signifie mon cycle ou mes règles. Ce sont des sérums visage équilibrants qui varient en fonction des moments du cycle. Ils ne sont pas spécifiques à la ménopause, mais il s’agit de l’impact sur la peau des variations hormonales. Le langage direct est déjà un grand pas en avant. Donc, je vous les cite comme là aussi la fin du tabou.

- Pour Néovadiol, les Laboratoires Vichy notent en détail les déficiences liées à la ménopause sur la notice et pas sur l’étiquette du produit. C’est déjà ça. 

- Phyt’s que vous connaissez aborde cette problématique avec la «Crème Phytonagre bio Aromalliance», un soin nutritif anti-âge équilibrant à base d’onagre pour les peaux matures et ménopausées. Par ailleurs, la plupart des marques, lorsqu’elles évoquent l’anti-âge avec tout son cortège de nuisances sur le corps et la beauté, désignent dans leurs notices la ménopause comme source de toutes ces attaques sur les femmes !

Par contre, vous trouverez en abondance des sites qui donnent des conseils globalement sur comment pallier cette charnière cruciale de la vie : nutrition, exercices physiques, cosmétiques, etc. Pour vous, esthéticiennes, c’est intéressant de les consulter afin de vous cultiver et d’être prêtes à répondre à vos clientes.

- Amenovia, qui s’adresse à toutes les femmes ménopausées, donne de vraies informations sur la ménopause et les meilleures astuces sur la manière de la vivre au mieux. Ce site aborde la sexualité, ce que peu de marques font. Derrière ce site, il y a des personnes avec de très belles valeurs et une très belle histoire humaine. À découvrir.

- Havéa propose de la cosmétique et des compléments alimentaires, des huiles essentielles. Plus classique mais bien. Ça commence à bouger et on trouve des approches globales pour vivre mieux cette période inéluctable, et qui sont passionnantes.

Les témoignages

Pour vous présenter un dossier de qualité, j’ai fait appel à deux femmes expertes de la beauté et qui ont traversé cette étape et en ont retiré de véritables méthodes pour leur quotidien.

«Comment j’ai découvert ma ménopause»

J’ai eu une pensée fulgurante !

Lynda Abbas

Elle a passé sa carrière dans les marques de cosmétiques, directrice de la formation internationale pour plusieurs marques. Elle connaît bien les instituts, les boutiques, les spas. Ce qui l’intéresse avant tout, c’est l’humain. Elle est devenue coach certifiée business et life coach depuis 2002 et master coach en 2003. Elle fait partie des 4 % de coachs certifiés depuis plus de 15 ans en France. Elle dirige aujourd’hui sa propre société de coaching, formation et conseil. 

«La conscience de ma ménopause m’est arrivée de façon que je n’aurais jamais imaginée. Et c’est très important que les esthéticiennes sachent cela. Un soir, j’étais en train de ranger chez moi, je n’étais pas très en forme, ce qui n’est pas habituel chez moi. Au moment de fermer la fenêtre, je me suis approchée du bord, j’ai eu envie de sauter. J’ai eu une pensée fulgurante pour me demander ce qui me prenait. Je ne me reconnaissais pas. Je suis allée voir mon médecin généraliste : «Je ne suis pas suicidaire, que se passe-t-il ?». Le médecin m’a prescrit un dosage hormonal. J’avais 45 ans. J’étais surprise. Et effectivement, le résultat était clair, il y avait une chute d’hormones.

Conclusion : j’étais en pré-ménopause ! Pourquoi si tôt ? Je suis allée voir ma gynéco. Elle m’a dit que c’était trop tôt, j’étais trop jeune. Ma mère avait été ménopausée à 55 ans, en général c’est la référence. Ne trouvant pas cela normal, j’ai appelé ma tante paternelle pour lui demander à quel âge elle avait été ménopausée ? 46 ans ! Idem pour ma grand-mère. J’ai compris que, dans certains cas, il faut prendre également la lecture du côté du père. Pour les esthéticiennes qui voient beaucoup de femmes, c’est bien qu’elles puissent avoir cette référence.»

J’ai eu une ménopause précoce

Fabienne Crocq

Experte dans le secteur de la beauté, esthéticienne, spa praticienne, formatrice internationale, créatrice de soins signature, naturopathe well-age (c’est le nom qu’elle a trouvé pour ne plus parler d’anti-âge qui est très négatif ).

«Ma ménopause a été très précoce car à 41-42 ans, j’ai eu les premiers signes : le cycle est devenu très irrégulier. Je ne prenais rien, ni contraceptif hormonal, ni aucun médicament de ce type. Mon humeur est devenue instable. Je me suis retrouvée comme une adolescente ou comme une jeune qui veut quitter ses parents. Je n’avais qu’une envie, c’était de faire ma valise et de partir. Vraiment, la deuxième crise d’adolescence. J’étais un peu agressive et j’avais des sueurs nocturnes. À 42 ans, je me suis doutée que c’était ça. Je suis allée voir ma gynéco et elle m’a dit «Mais non, ce n’est pas ça. N’y pensez même pas. Vous êtes très loin de la pré-ménopause».

Mais moi j’ai mené mon enquête et j’ai compris. C’était ça.» On le voit : il n’y a pas la ménopause, mais des ménopauses, car toutes les femmes ne vivent pas le même scénario. Les gynécos classiques ont des réponses stéréotypées. Certains cherchent vraiment et sont ouverts à des cas complexes, et des approches plus subtiles. Au-delà, la naturopathie ou la médecine traditionnelle chinoise ont des réponses avec tout ce qui est compléments, pharmacopée ou acupuncture. Mais, jusqu’à ces toutes dernières années, c’était un sujet faiblement exploré, où les femmes se trouvaient projetées presque dans le camp des séniors avec son cortège de sentiments de dégradation ! C’était un peu tôt et surtout faux !

Comment faire ?

10 ans de bouffées de chaleur !

Lynda Abbas

«Ma gynéco était pour la prise d’un traitement hormonal. Pendant trois ans, elle a insisté pour que je le prenne et, pendant trois ans, j’ai refusé. Elle m’expliquait que ce que nous avions en France n’avait rien à voir avec ce que nous entendions dire car la majorité des tests étaient faits aux États Unis et cela ne reflétait pas la population française. Pendant trois ans, j’ai résisté. Parallèlement, je voyais une psy pour un problème qui n’avait rien à voir. Mon gros problème de ménopause a été les bouffées de chaleur.

J’en ai eu pendant 10 ans et je n’ai pas réussi à les contrôler. J’ai tout essayé, rien ne marchait. C’était insupportable. Cette gynécologue m’a prescrit quelque chose qui n’est absolument pas prescrit pour cela habituellement : du Prozac qui est un anti-dépresseur, mais à une dose minimale, en liquide. Il n’y a que cela qui a fonctionné sur mes bouffées de chaleur. J’en ai pris pendant deux ans et ça s’est bien arrangé. Puis, j’ai décidé d’aller vers un traitement hormonal. Je l’ai pris pendant cinq ans. À présent tout est rentré dans l’ordre. Je ne prends plus rien.»

J’ai cherché moi-même les outils

Fabienne Crocq

«J’ai pris la problématique à bras-le-corps et j’ai avancé. J’ai fait des recherches toute seule, j’ai acheté des livres sur les hormones féminines. En particulier un livre «Comment les hormones nous rendent folles». J’ai appris beaucoup de choses grâce aux témoignages des femmes. Elles ne contrôlaient plus du tout leurs émotions. Puis, je me suis intéressée à cette période de préménopause dont on ne parle pas, puis de la ménopause, lorsque le cycle s’arrête avec la chute des oestrogènes. Une fois que la ménopause est là, on est plus sereine, par contre le corps se transforme : douleurs articulaires, sécheresse de la peau et des muqueuses, prise de poids et bouffées de chaleur.

Et en lisant, je me reconnaissais dans tous les signes. Pourquoi n’en parle-t-on pas ? Ma mère ne m’en a jamais parlé, la gynéco ne prenait pas le temps d’entrer en détail dans tout cela. Il me semblait qu’il y avait un problème. J’ai fait des études de naturopathie en étant certaine que je pouvais rééquilibrer tout cela, via la nourriture, le yoga, la méditation, la sophrologie. J’étais certaine que je pouvais trouver les outils par moi-même. J’ai tout expérimenté sur moi et aujourd’hui je suis parfaitement équilibrée, je n’ai pas besoin de traitement hormonal. Alors que le discours des médecins est alarmiste et menaçant : «Vous verrez si vous ne prenez pas de traitement votre peau va dégringoler ! La sécheresse vaginale sera terrible, vous ne pourrez pas vous passer d’oestrogènes, vous aurez des bouffées de chaleur, vous ne vous en sortirez pas !». On m’a angoissée. Mais j’étais certaine que j’allais trouver. Et je l’ai fait.»

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Ces témoignages sont passionnants car ils nous démontrent comment des femmes normales, comme nous toutes, et comme vos clientes, tentent de s’en sortir en prenant compte des traitements classiques mais cherchent dans d’autres voies afin de trouver leurs meilleures solutions. Ce qui compte, c’est de se dire concrètement de quoi il est question pour trouver son bien-être.

Pour vous, esthéticiennes

Vous n’êtes ni gynécologue, ni naturopathe, ni psy mais, vous, qui vous avez la confiance de vos clientes, la passion pour le bien-être, vous avez une mère, des tantes ou des soeurs qui sont passées par là, vous êtes des femmes et même si vous êtes jeunes, vous savez que vous serez confrontées à savoir y répondre. L’idée ici pour moi, autant que pour les expertes que j’ai consultées à l’occasion de cet article, est de vous informer sur ce sujet et que vous en parliez à vos clientes.

Sachez que de plus en plus de marques de cosmétiques organisent des formations à la ménopause pour que les esthéticiennes se sentent à l’aise avec le sujet et sachent répondre. Sur sa chaîne YouTube, Lynda Abbas «J’Peux Pas, J’ai Ménopause» donne de nombreuses infos avec humour et tendresse sur la ménopause. Fabienne Crocq a une page Facebook nommée «Ma Newpause» qui propose une Naturopathie Well Âge. À travers ses mots et ses articles, cela devient le «bel âge !».