La médecine esthétique au service de l'intime

C'est à la Senfina Clinic, située 16 place Verdun à Neuilly-sur-Seine, que le Dr Brigitte Desporte, médecin en morpho-esthétique et anti-âge, nous a accueillis. Le lieu est chaleureux, moderne, et met en confiance. Installée à son bureau, le Dr Desporte, accompagnée de sa fille Beverley, directrice de Senfina Clinic, et de Gaelle, conseillère médicale, commence son récit avec une histoire poignante.

L'excision, encore aujour'd'hui

Avant de se spécialiser en médecine esthétique, le Dr Desporte a travaillé dans divers services dont les urgences, le handicap, l’EHPAD et la médecine générale. Elle dit avoir une vision très médicale de ce que peut être l’esthétique. Un jour, elle fait une rencontre bouleversante : «J’étais médecin généraliste et je pratiquais des IVG. Une patiente vient me voir et me dit qu’elle n’arrive pas à avoir de rapports sexuels avec son mari. Sur le moment je ne comprends pas et décide donc de l’examiner. À l’examen, je suis sidérée. Je ne savais pas que cela existait en France, cette femme égyptienne avait été excisée ! Elle n’avait plus rien à part un tout petit trou d’épingle pour l’écoulement de ses menstruations. Je l’ai redirigée vers une gynécologue pour la prise en charge. La semaine suivante, j’ai assisté au premier congrès de médecine générale à Nice. L’une des salles de conférences était dédiée à la médecine chez la femme avec une conférence sur l’excision. J’ai alors appris que de nombreux pays d’Afrique pratiquaient encore l’excision avant l’âge de deux ans ! Ces femmes ne sont pas informées et grandissent sans savoir ce qu’elles ont subi.  Elles ne comprennent pas ce qui leur arrive, comme ma patiente... La rencontre de cette femme a été pour moi le déclenchement d’une prise de conscience : les femmes ne sont pas assez prises en charge au niveau de leur intimité, ou du moins, elles ne sont pas assez informées des techniques qui peuvent leur permettre de se reconstruire».

Reconstruire la patiente physiquement et psychologiquement

Cela fait 15 ans que le Dr Desporte pratique la médecine esthétique. Elle a ouvert la Senfina Clinic, il y a un an à Neuilly-sur-Seine, au sein de laquelle elle propose des soins intimes pour les femmes. La spécialité du centre est une prise en charge spécifique, personnalisée et holistique dans l’embellissement et l’anti-âge. Lors de sa réflexion pour ce projet, elle savait qu’il fallait donner une tout autre image de la médecine esthétique : «Dans la médecine esthétique, je trouve qu’il y a des connotations très négatives. Ce n’est pas qu’un simple acte esthétique».

Les soins intimes

Le Dr Desporte prend en charge des femmes de tout âge : «Les plus jeunes, autour de 25-35 viennent le plus souvent pour de la rééducation post-partum, mais aussi pour la sécheresse vaginale ou bien pour éclaircir les zones qui ont tendance à brunir suite à de l’épilation au laser. À partir de 40 ans, les femmes viennent pour traiter leur sécheresse vaginale et la réjuvénation». Le Dr Desporte pratique les injections d’acide hyaluronique, le laser CO2, la radiofréquence et, en complément, la luminothérapie. Elle utilise le champ magnétique pour la rééducation périnéale : «Cette technique est efficace, en complément du suivi gynécologique. Toutes ces techniques peuvent s’adapter aux différents besoins de la patiente. Malheureusement, les patientes concernées sont très peu informées des techniques qui existent». Si la demande d’éclaircissement des zones intimes hyper pigmentées est de plus en plus fréquente, la plus forte demande au sein de Senfina Clinic concerne la sécheresse vaginale et la réjuvénation.

Pourquoi développer les soins intimes ?

Lorsque le Dr Desporte travaillait en clinique de méde- cine esthétique, elle était la seule femme médecin à l’époque : «J’avais beaucoup de demandes en médecine intime, mais cela restait très discret, très caché. C’est quelque chose qui est encore très tabou. Toutefois, cela a tendance à se développer car les femmes ont souvent une deuxième vie. Après un divorce ou un changement familial, elles ont parfois besoin de renouveau. Il n’y a pas de raison que cela s’arrête lors de la ménopause ou d’un changement personnel de vie». Le Dr Desporte regrette que les gynécologues ne communiquent pas assez, ce qui explique donc son souhait de développer cette médecine autour de l’intime.

Démocratiser les soins intimes

Communiquer autour des soins intimes n’est pas chose facile : «C’est difficile de communiquer car personne n’en parle. Les femmes en parlent peu à leur gynécologue et eux-mêmes ne sont pas toujours informés des techniques à caractère «esthétique».

Tous ces traitements peuvent rendre service, ils font partie de la dimension bien-être, souvent occultée en médecine traditionnelle.

3 millions de femmes concernées

La clinique essaye par exemple de mettre l’accent sur la rééducation périnéale et les fuites urinaires. On estime que 3 millions de femmes en France souffrent d’incontinence urinaire : «On voit beaucoup de publicités à la télévision pour vendre des culottes/couches, mais rien n’est fait pour promouvoir les techniques de laser et de radiofréquence qui permettent de retrouver vraiment un confort de vie, bien plus considérable qu’avec les culottes/ couches» explique le Dr Desporte qui essaye de démocratiser les soins de l’intime. «Nous avons, dès l’ouverture du centre, proposé des soins intimes. On en parle, on développe le sujet et petit à petit les choses se font.»

La demande des clientes

Étant donné l’approche peu évidente des patientes pour ces techniques, il est difficile d’avoir une forte demande : «Mais petit à petit, les demandes augmentent, elles représentent 10 % de nos prestations».

L’évolution des soins intimes

«Nous allons mettre en place très prochainement un protocole qui va combiner les différentes techniques afin de potentialiser les effets. Par exemple, nous allons associer les injections avec la radiofréquence pour maximiser les résultats de la réjuvénation. Ce traitement a été étudié, les effets sont multipliés, c’est efficace. On améliore ainsi la prise en charge de la patiente. C’est une approche plus globale, qui interpelle encore plus de patientes». Le Dr Desporte se retrouve souvent confrontée au fait que les soins ne sont pas pris en charge par la Sécurité sociale : «Nos patientes nous font souvent la remarque. Quand on regarde, la sénescence des os, l’arthrose, est considérée. En revanche, la sénescence vaginale elle, ne l’est pas».

La collaboration médecin-esthéticienne

Dans la médecine, tout est dans le travail d’équipe : «Je suis tout à fait d’accord pour travailler main dans la main avec d’autres professionnels, dont les esthéticiennes, en complément de ce que je fais. Cela permet une prise en charge encore plus globale. Les esthéticiennes dans leur institut, en parlant avec leurs clientes, peuvent tout à fait aborder le sujet des techniques médicales qui pourraient correspondre aux problèmes de leurs clientes». Une communication croisée permettrait de faire connaître ces techniques au grand public.

*Étude Omnibus réalisée du 26 au 28 juin 2020 auprès de 1 003 femmes repré- sentatives de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.