Les Oméga-3, des acides gras «essentiels» pour le corps !
À la découverte des Oméga-3
Hans Egede, premier missionnaire de l’Union Dano-Norvégienne au Groendland, écrivait en 1741 à propos du peuple Inuit : «Ils sont forts et rarement victimes de maladies»(1). Plus de deux siècles plus tard, des études furent menées sur ces peuples gros mangeurs de poisson. L’une comparant la longévité des Inuits, restés sur la banquise, à celle de leurs congénères émigrés au Danemark, l’autre étudiant celle de la population d’Okinawa au Japon via son alimentation : fermiers vs pêcheurs.
Les résultats des investigateurs japonais et danois, publiés au début des années 1980, se rejoignent : les populations dont l’alimentation est riche en poisson sont plus préservés que les autres contre les maladies cardio-vasculaires.
Les Esquimaux restés sur la banquise et les pêcheurs d’Okinawa sont plus épargnés de ces pathologies que leurs frères vivant au Danemark et que les fermiers d’Okinawa.
Leur point commun ? Une consommation de poisson deux à trois fois supérieure à celle de leurs compatriotes, mais aussi la nature des poissons consommés : ils sont très riches en graisses polyinsaturées que les scienti ques appelleront Oméga-3(2)(3).
Indispensables et essentiels : les oméga-3
Ces acides gras sont source d’énergie et des constituants des membranes de nos cellules. Ils participent au bon fonctionnement du corps et sont impliqués dans de nombreux mécanismes physiologiques : le métabolisme, l’immunité.
Apport par l’alimentation
L’Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire et de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES) constate qu’en France notre alimentation ne fournit que 30 % des apports conseillés en Oméga-3. Pire que cela, un apport excessif en Oméga-6 concurrence l’assimilation des Oméga-3 par l’organisme.
Alors qu’il est recommandé de consommer des Oméga-3 dans un rapport maximum de 1 pour 5 Oméga-6, le rapport est actuellement de 1 pour 20.
Vie moderne et déséquilibre alimentaire
Ce déséquilibre alimentaire est principalement dû à notre mode de vie moderne :
- pas assez de poissons gras,
- pas assez de légumes feuilles (épinards, mâche, pourpier), de graines et de fruits à coques (noix, amandes...),
- des huiles trop riches en Oméga-6 (arachide, tournesol, olive...) au détriment de celles riches en Oméga-3 (lin, colza, noix...),
- et surtout, la consommation quotidienne de plats préparés et de produits ultra-transformés contenant surtout des graisses riches en Oméga-6, saturées et «trans».
Les 3 Oméga-3 : ALA, EPA ET DHA
L’ALA (acide alpha-linolénique) est l’acide gras Oméga-3 le plus facile à trouver dans l’alimentation, principalement d’origine végétale (huile de colza, noix, graines...).
L’EPA (acide eicosapentaénoïque) et le DHA (acide docosahexaénoïque) sont surtout présents dans les aliments issus d’animaux marins (morue, sardine, saumon, hareng...).
Notre organisme peut transformer l’ALA en EPA avec un taux évalué à moins de 1 %, tandis que le DHA est exclusivement fourni directement par l’alimentation.
Les bienfaits des Oméga-3
L’ANSES a dé ni des quantités minimales à partir desquelles les Oméga-3 ont des effets bénéfiques sur la santé :
Pour le cœur
À partir d’une consommation journalière de 250 mg d’EPA et de DHA, ils ont un effet protecteur sur le système cardio-vasculaire :
- diminution de la pression artérielle chez les adultes présentant une hypertension artérielle,
- diminution de la quantité de triglycérides dans le sang.
Pour le cerveau
À partir d’une consommation journalière de 250 mg de DHA, ceux-ci ont un effet béné que sur le fonction- nement du cerveau. Les données récentes montrent qu’ils jouent un rôle dans le bon fonctionnement céré- bral chez l’adulte et au cours du vieillissement. Ils au- raient ainsi un effet positif sur le maintien de la santé mentale, de l’humeur et dans les fonctions cognitives (mémoire, concentration, apprentissage).
Pour la vision
À partir de 250 mg par jour, le DHA contribue au maintien d’une vision normale chez l’adulte et l’enfant.
ÉQUILIBRER SES APPORTS QUOTIDIENS EN OMÉGA-3
L’ANSES recommande une consommation quoti- dienne de 250 mg d’EPA et 250 mg de DHA par jour pour béné cier de leurs bienfaits.
Les apports d’origine végétale pour 100 g* :
- huile de colza : 7,54 % d’ALA (0% EPA, 0% DHA), - huile de lin : 53,3 % d’ALA (0 % EPA, 0 % DHA), - huile de noix : 11,9 % d’ALA (0 % EPA, 0 % DHA).
Avec un taux de transformation d’ALA en EPA et DHA de 0,25 %, il faudrait absorber :
- 200 ml d’huile de colza (1956 kCal),
- ou 29 ml d’huile de lin (284 kCal),
- ou 170 ml (1665 kCal) d’huile de noix,
pour atteindre les recommandations de l’ANSES.
Les apports d’origine animale pour 100 g* :
- let de hareng doux fumé : 0 % ALA, 0,49 % EPA, 0,56 % DHA,
- maquereau cuit ou rôti : 0 % ALA, 0,8 % EPA, 1,34 % DHA,
- saumon cuit vapeur : 0 % ALA, 0,64 % EPA, 1,11 % DHA.
Ces poissons procurent en moyenne plus de 100 % des recommandations de l’ANSES en EPA et DHA, pour des apports caloriques de 162 à 228 Kcal pour 100 g (dont un apport important en protéines).
L'expertise du Professeur William Harris
Professeur de médecine à l’Uni- versity of South Dakota Sanford School of Medecine, il est co-au- teur de plus de 350 publications scienti ques sur le rôle des Omé- ga-3.
Indice de mesure du taux sanguin d’Oméga-3
Il est aujourd’hui possible de mesurer le taux sanguin d’Oméga-3 pour, le cas échéant, corriger son alimen- tation. L’indice Oméga-3, selon le Pr William Harris, co-inventeur du test, est un marqueur de risque très utile et précis pour les maladies cardio-vasculaires.
*(Source Table Ciqual des aliments 2017).
«Les études épidémiologiques montrent une associa- tion très forte entre l’indice Oméga-3 et ces patholo- gies. C’est-à-dire qu’entre des personnes présentant les plus bas et les plus hauts taux d’Oméga-3, le risque de maladie coronarienne diminue de 90 %.»
«En outre, cet index est indépendant d’autres facteurs de risques, et surtout, il est facilement modi able.» Ses travaux ont permis de xer un niveau recommandé d’Oméga-3 entre 8 et 12 % et de mesurer les écarts considérables selon les régions du monde et les cultures alimentaires.
Les Japonais et les Norvégiens sont les champions (8- 12 %) en vertu de leur consommation élevée de pois- sons gras, tandis que les Américains sont à un niveau critique (autour de 4 %).
Quant aux Français, il y a une marge de progression... l’index se situant autour de 6 %.
Améliorer son capital Oméga-3
Deux études* montrent qu’il est possible facilement et rapidement d’augmenter le taux d’Oméga-3 :
Avec 1 500 mg d’EPA + DHA par jour (= 7,5 ml d’huile de foie de morue), il est possible de passer d’un indice de 4 % à 8 % en 5 mois.
L’HUILE DE FOIE DE MORUE, STAR DES OMÉGA-3
Si l’huile de foie de morue est historiquement connue pour ses bienfaits sur la santé, sa forte teneur en Omé- ga-3 n’est reconnue que depuis la n des années 70.
En effet, la fameuse cuillère à café donnée tous les matins à la maison ou à l’école depuis le début du siècle dernier, visait surtout à lutter contre le rachitisme et les troubles de la croissance des enfants.
Ceux-ci en gardent un souvenir amer : «L’huile de foie de morue ? L’amer à boire !».
Mais ces générations d’enfants devenus grands et ro- bustes ne savaient pas qu’en plus de la vitamine D, l’huile de foie de morue leur procurait aussi un apport substan- tiel en vitamine A et surtout en acides gras essentiels, les Oméga-3. Leurs remarquables propriétés ne seront découvertes et objectivées que bien après leur majorité ! L’on sait aujourd’hui que cette petite cuillère si redou- tée apporte à elle-seule la quantité suf sante d’Oméga-3 pour exercer un effet béné que sur le bon fonctionne-