Les Français et les enjeux de la formation

La notion de formation renvoie à l'univers professionnel

- Lorsqu’ils pensent spontanément à la formation, les Français l’associent avant tout à des termes qui renvoient à l’univers professionnel («travail», «métier», «emploi») évoquant notamment «l’apprentissage», «l’évolution professionnelle», la «formation continue», voire pour certains le «changement» ou la «reconversion professionnelle.

Plus globalement, ils insistent également sur le fait d’«apprendre» de nouvelles «connaissances» ou «compétences», de «progresser».

Notons que, à ce stade, peu nombreux sont ceux qui évoquent «l’école» et les «diplômes».

- Ce regard spontané est confirmé par le fait que, quand on leur propose une liste de termes, les Français associent la formation avant tout, et de loin, à la formation professionnelle des salariés en entreprise : c’est le cas pour 48 % d’entre eux, et ça l’est encore plus pour les personnes âgées de 35 à 64 ans, majoritairement salariées elles-mêmes, celles ayant déjà suivi une formation, et les Franciliens.

Pour compléter ce lien établi entre la formation et un univers avant tout professionnel, 18 % d’entre eux l’associent aux formations en alternance. Notons que seuls 19 % des Français pensent avant tout à la formation des jeunes dans le cadre de leurs études (principalement parmi les étudiants eux-mêmes, mais aussi parmi les retraités).

Enfin, seule une petite minorité (moins de 10 %) pense avant tout à d’autres modalités de formations (MOOCs, cours du soir ou par correspondance).

93 % des Français estiment que suivre une formation est important

La formation : une bonne image d'ensemble

- De manière générale, la formation en France fait l’objet d’un jugement favorable : près de 7 Français sur 10 disent en avoir une bonne image (69 %), même s’ils se montrent nuancés à cet égard (seulement 12 % de «très bonne image»). Cette évaluation positive est avant tout liée au fait que la formation en France est majoritairement jugée utile (84 %), diversifiée (76 %) et de qualité (73 %). Elle est également, même si c’est un peu moins marqué, considérée comme plutôt efficace (65 %), ouverte à tous les publics (64 %) et valorisée tant par les entreprises (65 %) que par la société dans son ensemble (62 %).

Au global, les plus jeunes, les personnes issues des catégories populaires et celles ayant déjà suivi une formation se montrent encore plus positives que la moyenne.

En revanche, au-delà de ce regard d’ensemble, les Français se montrent plus partagés sur le fait que la formation réponde parfaitement aux besoins actuels. En effet, moins de 6 Français sur 10 estiment que la formation est aujourd’hui adaptée aux besoins du marché du travail (56 %) et qu’elle est pour cela suffisamment innovante (58 %). Par ailleurs, seulement 58 % d’entre eux estiment qu’elle est aujourd’hui accessible sur l’ensemble du territoire.

L’adaptation aux besoins réels, tant en matière de demande des entreprises que d’accessibilité géographique, apparaît donc aujourd’hui comme un enjeu majeur pour la formation.

- Au global, la formation est considérée comme ayant plutôt progressé sur ces différents points au cours des 10 dernières années, mais de manière plus ou moins marquée. Aux yeux des Français, elle a avant tout consolidé ses points forts, puisque les dimensions qui se sont le plus améliorées sont celles qui sont déjà les mieux «notées» dans l’absolu, à savoir la diversité (plus qu’il y a 10 ans : 51 %) et l’utilité (47 %) des formations. L’accessibilité à distance et la capacité d’innovation, sur lesquelles les Français sont assez partagés, sont néanmoins vues comme ayant nettement progressé (plus qu’il y a 10 ans : respectivement 47 % et 46 %).

Notons que les dimensions d’efficacité et d’adaptation aux besoins du marché du travail sont celles pour lesquelles la dynamique, si elle est positive dans l’ensemble, est la moins marquée.

Des bénéfices multiples

- Au global, l’immense majorité des Français sont convaincus de l’utilité de suivre au moins une formation au cours d’une vie professionnelle : 93 % estiment que c’est important, et même 43 % très important (particulièrement parmi les plus âgés, les personnes issues des catégories aisées, et celles ayant elles-mêmes suivi une formation). Le fait de suivre une formation est majoritairement associé à de nombreux bénéfices sur les plans personnel et professionnel. Ainsi, la très grande majorité des Français considèrent que la formation est un moyen efficace pour acquérir de nouvelles compétences (92 %), évoluer et progresser dans sa vie professionnelle (89 %) ou se reconvertir, changer de métier (88 %). Mais d’autres types de bénéfices sont également largement associés à la formation, cités par plus de 8 Français sur 10 (reprise en main de son destin en cas de difficulté, accomplissement personnel, maximisation de son employabilité, lutte contre le risque de déclassement et de précarité sociale, etc.).

- Si les bénéfices associés sont multiples, les populations potentiellement concernées par une formation le sont aussi. En effet, une large majorité de Français estiment que les formations s’adressent à de nombreux types de publics, à commencer par les personnes en reconversion professionnelle (90 %) et les salariés de manière générale (85 %), mais aussi des personnes en situation plus difficile comme les chômeurs (84 %) et les personnes les moins qualifiées (84 %). Les retraités sont la seule population peu identifiée comme un public potentiel pour les formations (seuls 36 % des Français jugent qu’elles s’adressent aussi à eux).

- Enfin, les différents types d’acteurs institutionnels n’ont pas tous le même niveau de légitimité aux yeux des Français pour contribuer au développement de la formation en France. Ceux qui suscitent le plus haut niveau de confiance en la matière sont les organismes de formation publics ou privés en général (76 %), parmi lesquels le CNAM est bien identifié en tant que tel (77 %), et les Chambres de Commerce et d’Industrie (76 %). Notons que le CNAM est plus particulièrement cité par les personnes âgées, celles issues des catégories aisées, et les Franciliens.

Les entreprises, les régions, et les grandes écoles et universités (ces dernières étant particulièrement citées par les plus jeunes) suscitent également un bon niveau de confiance générale (entre 69 % et 73 %). Les Français se montrent toutefois plus partagés sur la légitimité de l’État (confiance : 53 %) et de Pôle Emploi (45 %) en la matière, ce dernier acteur étant plus particulièrement cité par les personnes issues des catégories populaires.

Un niveau d'information perfectible

- Si les Français ont une bonne image globale de la formation, parce qu’ils identifient bien les différents bénéfices qu’elle peut offrir à un large éventail de publics, une majorité d’entre eux (56 %) admettent néanmoins se sentir mal informés dans l’ensemble à propos de la formation en général. On peut même noter que seulement 58 % des cadres et même 50 % des personnes ayant déjà suivi une formation disent se sentir bien informés dans ce domaine, ce qui montre bien que le déficit d’information est largement partagé.

Et ce niveau relativement faible d’information concerne l’ensemble des dimensions de la formation, à commencer par les coûts associés (65 % se disent mal informés), l’offre de formation près de chez soi (62 %) et l’offre globale en matière de formation tout au long de la vie (60 %). On peut noter plus généralement qu’il n’existe aucun aspect de la formation sur lequel une majorité de la population déclare se sentir bien informée.

86 % des personnes sont satisfaites de leur formation

Les Français et leurs expériences personnelles de formation

- Plus de 7 Français sur 10 déclarent avoir déjà suivi une formation (72 %) : 42 % il y a 5 ans ou plus, 26 % il y a moins de 5 ans, et 4 % disent en suivre une actuellement. Ce score est encore plus élevé parmi les hommes, les personnes âgées de 50 à 64 ans et celles issues des catégories aisées.

Dans la majorité des cas (67 %), la formation suivie s’est inscrite dans une logique de continuité : il s’agissait d’acquérir de nouvelles compétences dans le même métier.

Mais, dans une minorité de situations (concernant plus particulièrement les catégories populaires), l’évolution envisagée était plus radicale, qu’il s’agisse de changer de métier (19 %) ou de retrouver un emploi (17 %), les formations pour «se faire plaisir» étant plus marginales (11 %).

Notons que la plupart des formations suivies ont eu lieu soit dans une structure de formation près de chez soi (46 % et plus encore parmi les personnes issues de catégories populaires et les habitants de zones rurales), soit en entreprise (43 % et davantage parmi les cadres).

- Si les formations suivies sont diverses, le bilan qui en est tiré est nettement positif : 86 % des personnes concernées déclarent en être satisfaites (et même 34 % très satisfaites). Avant tout parce que, dans l’immense majorité des cas (85 %), ces formations ont permis d’obtenir de nouvelles compétences, répondant ainsi favorablement à leur principal objectif initial. Dans certains cas, particulièrement mis en avant par les personnes issues des catégories populaires, elles ont même permis d’obtenir un diplôme (40 %), voire de trouver ou retrouver un emploi (31 %).

- Aujourd’hui, plus de la moitié des Français (55 %) déclarent qu’ils envisageraient de suivre une formation (et même 23 % le feraient «certainement»). Plus on est jeune, et plus on se déclare ouvert à cette éventualité (82 % parmi les moins de 35 ans, 68 % parmi ceux âgés de 35 à 49 ans). Mais ceux qui envisagent le plus cette possibilité se trouvent également parmi les hommes, les cadres, les Franciliens... et ceux qui ont déjà suivi une formation. Mais pas à n’importe quelle condition : en effet, 57 % de ceux qui s’y déclarent ouverts n’envisageraient pas d’effectuer un trajet supérieur à 30 minutes entre leur domicile et leur lieu de formation, et c’est encore un peu plus le cas parmi les catégories populaires et les habitants de zone rurale.

- Enfin, la plupart des Français déclarent avoir déjà entendu parler du Compte Personnel de Formation (72 %), même si seulement une partie d’entre eux voient précisément de quoi il s’agit (38 %). Les hommes, les actifs (et plus particulièrement ceux issus des catégories aisées) et ceux qui ont déjà suivi une formation en ont plus entendu parler que la moyenne. Et, compte tenu du niveau d’importance accordé à la formation, on observe que le CPF suscite un certain intérêt auprès des Français. En effet, si l’on se concentre sur les non-retraités, 19 % déclarent l’avoir déjà utilisé (principalement des cadres) et 41 % disent envisager de le faire au cours des prochaines années. 


* Enquête réalisée par Harris Interactive en ligne du 26 au 30 avril 2019. 
Échantillon de 2 047 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé