La grande étude de l'esthétique (1)

Conférence présentée par Laure Jeandemange et Doriane Frère au 52ème Congrès International Esthétique & Spa (avril 2023, à Paris)

Êtes-vous passionnées par votre métier ?

Oui à 96, 1 %. Ce n'est pas une grande surprise, vous êtes passionnées par votre métier. C'est sans aucun doute le point commun de toutes les esthé­ticiennes, quelle que soit la taille de la structure, l'âge, la ville, la spécialité : l'esthéticienne est une profession­nelle passionnée tout au long de sa carrière ! Vous nous le dites en interview, vous adorez ce que vous faites, la relation avec vos clientes, vous vous sentez utiles, malgré les difficultés qu'incombe votre métier. En même temps, l'esthétique est un domaine qui permet de faire tant de choses : du corps, du visage, des ongles, du regard, tellement de possibilités s'offrent à vous! Et puis, dans la même lignée, vous êtes près de 91 % à être fières d'être esthéticiennes, c'est bien, il le faut! C'est la réponse avec le score le plus net. Être esthéticienne est une passion que l'on assume. 

Estimez-vous bien gagner votre vie ?

74,2 % des esthéticiennes estiment ne pas bien gagner leur vie. Et c'est parti­culièrement vrai pour les 18-34 ans à 75 % VS les 45-54 ans à 58 %. Les causes peuvent être multiples. Mais ce que nous observons régulièrement aux Nouvelles Esthétiques, c'est que de nombreuses esthéticiennes ne facturent pas leurs soins assez cher ! D'autres continuent de compter sur des pres­tations à faible valeur ajoutée comme les épilations... Alors oui, les épilations sont des prestations essentielles pour vos clientes mais il faut que vous propo­siez des prestations différentes, des prestations pour lesquelles vous êtes réputées. 

Les méthodes des esthéticiennes qui gagnent bien leur vie 

Les choses sont en train d'évoluer, de nombreuses esthéticiennes gagnent bien leur vie : 

- Elles ont étudié les prix de leurs prestations en incluant bien toutes leurs charges. Ainsi, elles ne font plus de prestations où elles perdent de l'argent.

- Elles ne calent pas leurs tarifs sur ceux de la concurrente qui n'a peut-être pas du tout les mêmes charges.

- Elles se spécialisent. En effet, avoir affaire à une experte pour bénéficier d'une prestation de qualité plus haute que chez quelqu'un qui ne serait pas expert, ça se paye. À vous donc de déterminer votre spécialité et de vous former pour faire la différence.

- Elles investissent dans de la technologie pour répondre à la demande des clientes qui veulent des résultats, des résultats, des résultats.

- Elles font appel à des consultants pour pouvoir prendre du recul sur leur activité et la faire évoluer. 

Souffrez-vous du syndrome de l'imposteur ?

Le syndrome de l'imposteur, c'est lorsqu'on ne se sent pas légitime dans ce que l'on fait. Et vous êtes un tiers à en souffrir. Mais c'est à tort puisque le métier d'esthéticienne, et vous le savez, nécessite des études poussées. Les esthé­ticiennes françaises bénéficient d'une renommée mondiale, c'est la french touch ! Vous êtes les expertes de la peau, c'est vous qui avez suivi les études. Et en plus, vous continuez à vous former pour approfondir encore plus vos connaissances. Rares sont les professionnels qui continuent de se faire former après leurs études et qui savent se remettre en question comme les esthéticiennes ! 

Lutter contre le syndrome de l'imposteur Oui mieux que vous peut conseiller votre cliente sur un produit par exemple après avoir étudié, analysé sa peau ? Pour éviter de souffrir du syndrome de l'imposteur, il y a un vrai travail sur votre cerveau à effectuer. Comme un athlète de haut niveau, il va falloir muscler votre cerveau et qu'il vous obéisse car votre mental ne veut pas votre bonheur mais son confort et que rien ne change, ce qui risquerait de le mettre dans une position inconfortable. Et c'est normal d'être dans l'indécision, d'avoir peur, que cela vous paraisse incommensurable, avoir la certi­tude que vous allez perdre toutes vos clientes... c'est votre mental qui est derrière tout ça. 

L'esthétique traditionnelle a-t-elle un avenir ?

Oui à 56,8 %. C'est un résultat très mitigé. La question ne serait-elle pas plutôt : l'esthétique traditionnelle a un avenir, mais lequel ? Un avenir brillant qui va exploser, ça aurait peut-être déjà été le cas ? Alors oui, l'esthétique traditionnelle va perdurer mais dans quel état ? 

Sublimez l'esthétique traditionnelle 

Il faut trouver le moyen de valoriser vos presta­tions d'esthétique traditionnelle pour que cela vous rapporte réellement. Oubliez l'épilation clas­sique. Par exemple, faites un diagnostic de peau pré-épilation, utilisez une cire adaptée à la peau de votre cliente, puis un modelage en fonction de la zone, vous pouvez ainsi augmenter vos tarifs. Vous ne vendez plus une épilation mais un soin complet. Regardez ce qui est en train de se passer chez les coiffeurs. Maintenant, ils proposent, en plus du traditionnel couleur, coupe, coiffage, un véritable soin profond à faire en même temps que la couleur ou bien des Leds pour renforcer la fibre capillaire. Et cela a un prix ! C'est pareil pour vous, vos prestations premium ont un prix.

Alors, l'esthétique traditionnelle a un avenir mais elle sera sublimée. 

Comment le marché de l'esthétique va-t-il se structurer ?

De plus en plus de centres experts 

Vous êtes assez d'accord pour reconnaître que dans l'avenir, il y aura de plus en plus de centres experts pour chaque spécialité de l'esthétique. Vous êtes près de 61 % à avoir donné cette réponse. C'est vrai, de plus en plus d'esthéticiennes se forment afin de devenir de vraies expertes en visage ou en corps par exemple. C'est une bonne nouvelle et c'est à vous de prendre les choses en main. Les clientes ont de moins en moins de temps et d'argent, ce qui veut dire qu'elles veulent des résultats et ne pas se perdre en soins approximatifs. Minceur, regard, ongles, épilation, visage, massage, peu importe ce que vous choisissez, allez-y à fond ! 

Avec quels autres professionnels les esthéticiennes auraient intérêt à travailler ?

La collaboration entre esthéticiennes

9,4 % des esthéticiennes souhaitent davantage colla­borer entre el les pour associer leurs expertises. Collaborer entre esthéticiennes peut vous rapporter beaucoup. C'est quelque chose qui ressort souvent lors d'échanges avec des esthéticiennes qui ont déjà travaillé ou qui travaillent à l'international. Les esthéticiennes étran­gères développent des modèles encore peu présents en France, alors soyez avant-gardistes et vous n'aurez pas de concurrence. C'est ainsi que l'on voit apparaître des centres de coworking avec des esthéticiennes. C'est très intéressant car chacune a son expertise, il n'y a donc pas de concurrence, chacune peut envoyer des clientes à l'autre et, surtout, vous mutualisez de nombreux frais. 

La collaboration avec les médecins 

8,6 % des esthéticiennes trouveraient intéressant de collaborer avec les médecins. Comme dans de nombreuses professions, les médecins ont un besoin cruel d'assistantes. Le toucher d'une esthéticienne est particulièrement apprécié, une infirmière ne l'a pas. C'est une première voie de développement. L'autre voie, c'est l'esthéticienne experte qui collabore avec un médecin esthétique, un nutritionniste ou un psychologue pour proposer des parcours de soins personnalisés et tota­lement sur-mesure à vos clientes. C'est un véritable partenariat gagnant-gagnant. 

Quelle est la tendance qui va s'ancrer durablement en ethétique ?

En ce qui concerne les tendances, vos réponses sont assez hétérogènes, mais c'est normal, vous avez chacune vos spécialités ! 

La technologie 

Parmi les grandes tendances qui vont s'ancrer en esthé­tique, vous avez cité en premier à 24 % la technologie. La technologie se développe en effet beaucoup, et est de plus en plus accessible aux esthéticiennes. Et ce qui est génial, c'est que la technologie vous permet de proposer des prestations à forte valeur ajoutée et cela assoit encore plus votre expertise auprès de vos clientes. On le voit au Congrès, la technologie se développe de plus en plus. Pourquoi ? 

- Les clientes veulent des résultats que ne peuvent offrir les mains.

- Les soins technologiques se vendent plus cher et les clientes ne voient aucune objection à cette augmenta­tion de prix.

- La législation est en train d'autoriser les esthéticiennes à utiliser de plus en plus de technologies.

- Les fournisseurs de technologies sont devenus de véri­tables partenaires qui vous accompagnent pour donner une autre dimension à votre institut. Car, souvent, les instituts s'équipent de plusieurs technologies. Ils ont donc tout intérêt à vous bichonner... 

La relaxation et le bien-être 

S'ensuivent la relaxation, la détente, le bien-être à 20,4 %. C'est vrai que depuis le Covid, les gens ont appris à prendre du temps pour eux. Ils n'hésitent plus à partir en retraite bien-être ou à s'offrir une parenthèse dans vos instituts dès qu'ils en ressentent le besoin. Une vraie demande a émergé en ce sens, alors innovez dans vos protocoles et n'hésitez pas à apporter de la détente à des prestations dont ce n'est pas l'ob­jectif initialement. Nous ne sommes pas ici dans des prestations massages (qui n'ont eu que 4,3 % des votes) mais dans tous les soins qui peuvent aider à lâcher-prise et, là, le vivier de clientes est gigantesque et le panel de soins manuels ou technologiques est également très important. 

Les prestations beauté 

Enfin, la troisième tendance citée concerne les prestations beauté (ongles et regard) à 12, 1 %. Il est plus qu'indispensable de vous démarquer. Vous avez beaucoup de concurrence qui arrive tous les jours sur cette branche de l'esthétique et, en plus, ce ne sont pas des esthéticiennes! Mettre en avant votre savoir-faire et vos connaissances sur ces prestations et vous faire former régulière-ment est donc indispensable. 

Comment jugez-vous votre formation initiale ?

Vous êtes 34,7 % à juger votre formation initiale en école d'esthétique bonne et 26,4 % à la juger de qualité moyenne. Ce résultat est assez surprenant car vous nous dites souvent que la formation à l'école n'est pas suffisante. Vous le savez sans doute, le problème vient du référentiel qui n'évolue pas... À l'école d'esthé­tique, on vous donne les bases, mais c'est à vous de vous faire former par la suite sur l'expertise qui vous intéresse de développer dans votre institut. D'ailleurs, vous êtes tout de même 98,5 % à reconnaître que la formation en école d'esthétique est une base et qu'il est essentiel de se former en continu. 

Il y a tant de formations à suivre... 

L'univers de l'esthétique est particulièrement riche et dynamique. Il suffit de vous promener dans les allées du Congrès pour voir toutes les nouveautés qui sont propo­sées. Ajoutez à cela la demande de résultats des clientes, une concurrence féroce, et le développement de centres experts avec tous ces paramètres. Il apparaît évident que pour rester à la page malgré tout, la formation continue est inévitable. Avec les nombreuses aides que vous avez, il n'y a donc pas de raison pour vous en priver et vous l'avez bien compris. 

Est-il utile de vous rendre dans des congrès professionnels sur l'esthétique ?

Une grande majorité, 83,5 %, estime qu'il est impor­tant de se rendre à des salons professionnels. Ainsi, le Congrès est l'endroit idéal pour les esthéticiennes : dernières innovations technologiques ou cosmétiques, conférences B to B, échanges avec les autres profes­sionnelles, vous avez au Congrès tout ce qu'il faut pour être une professionnelle à la pointe et performante ! Vous rendre dans un événement professionnel est un accélérateur pour prendre toutes vos décisions : vous rencontrez en direct les marques, vous pouvez tester, comparer, vous créer un réseau. Ces contacts sont précieux, vous font gagner énormément de temps et vous permettent de vous rebooster et dynamiser votre activité.