Comment je suis devenue Meilleur Ouvrier de France Esthétique ?

Sophie Meyer
Je vais vous présenter une table ronde avec l’élite de notre profession. Nous avons l’honneur et le privilège de recevoir des MOF Esthétique et des Lauréates 
de la dernière session de 2018. Vous allez voir la vie en bleu blanc rouge !

C’est un honneur de les avoir à nos côtés. Elles sont accompagnées d’un représentant de ce prestigieux concours, M. Chabanne, le Secrétaire Général du COET-MOF, l’association chargée de son organisation.
On parle beaucoup du MOF, le Concours du Meilleur Ouvrier de France, pour certaines professions, notamment tous les métiers de bouche, les restaurateurs, les chocolatiers, les boulangers. Un chef MOF, c’est presque un dieu vivant. Je trouve qu’en esthétique, on ne met pas suffisamment à l’honneur ces femmes merveilleuses.

C’est avec plaisir que je vais vous les présenter :

- Séverine Gamba vient du Sud-Ouest. Elle a son propre salon qui s’appelle La Maison des Coquettes, le nom est juste sublime ! C’est un concept d’institut inter-générationnel mère/fille. Elle est lauréate pour cette année.

- Virginie Lamps est aussi Lauréate 2019. Elle est esthéticienne dans un institut qui s’appelle Rock’mantic à Parentis-en-Born, dans le Sud-Ouest.

- Nadège Dekenuydt, d’Angers, a l’un des premiers instituts vegan Un Temps pour Soi. Elle est Lauréate pour cette année.

- Béatrix Lac est également Lauréate pour 2019, elle est enseignante pour le groupe Silvya Terrade, où elle intervient dans l’école de Brive-la-Gaillarde.

- Julie Dubois, d’ Épinal, est une Lauréate médaillée de l’année 2015.

Les valeurs de ce prestigieux concours

Julie Dubois
Être MOF, c’est représenter des valeurs, c’est représenter l’excellence mais aussi la transmission et la représentation d’un savoir-faire et d’un savoir-être qui est français. Être MOF, c’est représenter l’artisanat, être artiste, technicienne spécialiste, experte. Être MOF représente tout ça. C’est vraiment le rêve d’une vie pour beaucoup, la concécration de trois ans de notre vie consacrés à ce concours. Être MOF, c’est vraiment représenter toutes ces valeurs et faire partie d’une très belle grande famille. 
Si vous avez ce rêve-là, allez jusqu’au bout car être MOF c’est vraiment beau, l’artisanat et le savoir-faire.

14 heures d'épreuves

Nadège Dekenuydt
Vous le savez toutes, notre métier est pluridisciplinaire et ce Concours des MOF représente parfaitement la profession. Ce Concours est un vrai challenge : 14 h d’épreuves devant un jury, complétées de dossiers préparés en amont pour expliquer nos protocoles, ainsi que notre démarche artistique. 

Dans ces épreuves, il y a des disciplines artistiques, par exemple, la prothésie ongulaire avec le travail de sculpture d’ongles, le body-painting qui est une des épreuves phares. Il y a également toute la partie technique de soins esthétiques : soin du visage, soin du corps et aussi les techniques plus récentes, de précision. L’extension des sourcils était au programme de nos épreuves cette année. Et puis, il y a le maquillage beauté, celui qu’on pratique tous les jours, le maquillage artistique qui va pousser encore plus le détail et la création. Voilà pour résumer les épreuves que nous avons passées cette année pendant ces 14 heures.

Mon but était d’atteindrele Graal, devenir MOF

Des motivations exceptionnelles

Béatrix Lac
Très souvent, lorsqu’on participe au Concours des MOF, notre entourage se demande pourquoi on part dans cette aventure. Pour ma part, ça a été essentiellement pour mettre en avant mes compétences, mes techniques et montrer que l’esthétique ne s’arrête pas aux prestations de base. Lors de mes études en esthétique, j’ai vraiment senti une dévalorisation du métier.

Cela fait 20 ans que je suis esthéticienne, et, pendant mon parcours, je me suis dit que j’arriverais à porter le col bleu blanc rouge et montrer les valeurs de notre beau métier. Notre métier au quotidien ne s’arrête pas à de simples épilations. Il y a beaucoup de préjugés sur les esthéticiennes.

Le Concours MOF nous permet de mettre en lumière notre profession. C’est pour moi le plus beau métier du monde, car notre principale valeur c’est d’apporter du bien aux autres. Et je suis fière de pouvoir transmettre aussi cette passion à la future génération.

Virginie Lamps
J’ai commencé par le MAF, puis j’ai continué avec le Concours des Worldskills, les Olympiades des Métiers et, ensuite, mon but a été d’atteindre le Graal, devenir MOF ! J’ai participé au Concours MOF en 2011 et je suis arrivée en finale avec les dix meilleures. Je l’ai repassé et j’ai atteint l’excellence !
J’encourage toutes les candidates à continuer et à persévérer pour atteindre l’objectif.

Sophie Meyer
La persévérance s’avère toujours payante.
Ce qui m’a frappée et que je trouve admirable, c’est l’état d’esprit dans ce Concours : ce sont des candidates, elles ne sont pas des concurrentes. Il y a vraiment une entente merveilleuse, des gestes fantastiques, vis-à-vis de certaines qui ont échoué lors des épreuves qualificatives. 
Elles vibrent toutes pour une grande cause, quelque chose de superbe. Je voulais vraiment le souligner.

Virginie Lamps
Effectivement, il y a beaucoup de bienveillance entre nous et de cohésion. C’est ce qui nous a permis de nous élever toutes et d’avoir ce beau, ce magnifique challenge, celui du Concours MOF.

Sophie Meyer
C’est pour cela que l’on parle de la famille des MOF, une belle famille.
Alors, oui, c’est formidable, mais il ne faut pas se voiler la face, c’est un véritable parcours du combattant, qui nécessite une préparation digne d’un sportif de haut niveau ! Il faut savoir bien s’entourer, rencontrer des experts. Il faut aussi avoir un accompagnement humain, sans faille. Donc, il faut vraiment se remettre en question, sortir de sa zone de confort pour essayer de se dépasser et, bien sûr, surmonter des moments de doute.

En plus de mon institut et de mes enfants, je me préparais au Concours pendant 15 mois

Nadège Dekenuydt
Nous pratiquons toutes ce métier avec passion et je pense que nous avons quelque chose en commun : au travers du challenge qu’est le Concours des MOF, nous essayons de nous pousser au meilleur de ce que l’on peut produire. Si vous pensez avoir la capacité au début, et bien il va falloir vous faire accompagner pour la faire sortir de vous, pour la rendre visible. Il faut vraiment savoir s’entourer. Parfois, on a la compétence mais on ne sait pas encore la montrer. Ce qui fait la différence, c’est aussi de s’accompagner d’experts. 

Notre profession a de nombreux visages différents et nous avons la chance de côtoyer des gens que nous admirons, qui ont poussé leur discipline jusqu’au bout. 

Ces personnes-là peuvent vous faire grandir professionnellement.

Le Concours a été pour moi une leçon que je continue à appliquer dans la vie. Je remercie les personnes qui m’ont accompagnée, m’ont apporté leur regard extérieur. 

Il faut se remettre en question techniquement mais ça veut dire aussi savoir accepter le regard d’experts sur sa pratique pour grandir.

Virginie Lamps
J’ai eu une première expérience de ce concours en 2011. Je sais que j’avais manqué d’accompagnement. La première étape pour ce concours, quand je me suis ré-inscrite, était qu’il fallait que je monte une équipe, que je trouve les bonnes personnes pour m’accompagner et passer le MOF avec moi. On ne voit pas toutes ces petites mains, toutes ces personnes, famille ou amis, qui nous accompagnent et passent le concours avec nous. Moi, ça a été ma première démarche : trouver des coaches. Donc, j’ai su me faire accompagner et c’est grâce à eux que j’y suis arrivée. Si je devais remettre la moitié de ma médaille, ce serait à ceux qui m’ont accompagnée !

Un engagement financier et humain

Sophie Meyer
Concernant l’aménagement du temps de travail, l’entraînement, Séverine Gamba a tout chiffré de façon assez précise. C’est hallucinant !

Séverine Gamba
C’est vrai que très souvent on voit le côté paillettes, magie, le côté très artistique et technique, c’est particulièrement mis en avant.
Et puis, il y a l’envers du décor qui est aussi important à prendre en compte. Le Concours des MOF n’est pas un concours auquel on peut participer en se disant qu’on a une petite somme d’argent de côté. 
C’est un réel investissement. Pour ma part, ce concours m’a coûté environ 15 000 € ! 

Nous devons travailler sur tout ce qui est élément de décoration, décors artistiques, matières premières. Tout ceci coûte cher quotidiennement. Il faut s’entraîner.
Personnellement, je suis chef d’entreprise, j’ai un institut (nous sommes nombreuses à être chef d’entreprise) et il a donc fallu que je gère mon entreprise et en même temps que je dégage du temps pour me préparer au Concours. Donc, je m’étais organisé un planning journalier. Tous les soirs après avoir couché mes enfants (certaines sont aussi des mamans) je travaillais pour le Concours. Je n’ai rien lâcher pendant 15 mois. Ça paraît énorme, ça représente environ 14 heures de travail supplémentaires à gérer, en plus de ses activités ! Mais, très sincèrement, avec beaucoup de volonté, quand on rêve d’atteindre le Graal, on peut y arriver.

Aujourd’hui, j’ai un message à transmettre à toutes celles d’entre vous qui rêvent de porter le col bleu blanc rouge : vous êtes en capacité d’y arriver !

Participer au MOF est un investissement en temps mais aussi financier

Les partenariats avec les marques

Sophie Meyer
Les partenariats avec les marques ont également une importance considérable. Comment cela se passe-t-il concrètement ?

Beatrix Lac
Les partenaires sont très importants pour nous, pour pouvoir, dès le départ, donner une image à notre création, à ce que nous avons envie de présenter en termes d’innovation et de protocole. Si nous n’avons pas le budget pour pouvoir accéder à un appareil ou à une gamme de produits, malheureusement, nous ne pouvons pas créer quelque chose qui soit à l’image de ce que nous voulons proposer pour l’avenir du métier. Rappelons que le thème du Concours, c’est créer et innover.

Au niveau des partenaires, les réactions sont très variées et contrastées. Il y a des esthéticiennes qui ne sont même pas suivies par les marques qu’elles valorisent au quotidien, dans leurs instituts.

D’un autre côté, il y a des partenaires qui jouent le jeu complètement, qui nous soutiennent avec des produits, des prêts de matériels et également un accompagnement. Le fait qu’ils croient en nous nous donne déjà l’envie de nous dépasser !

Pour ma part, j’ai vraiment rencontré quelqu’un que je souhaite remercier tout particulièrement, c’est la première personne qui a cru en moi, et c’est grâce à elle que j’ai pu assouvir ma curiosité, développer mes compétences au quotidien : c’est Sophie Delsahut et son compagnon, qui, depuis 10 ans, alimentent ma passion pour ce métier. J’aimerais aussi remercier Bloomea qui m’a accompagnée avec beaucoup d’énergie et de bienveillance, et également Phyt’s, ainsi que Cécile, de la Société Marie H., qui est venue me former, m’a prêté un appareil de 23 000 € et m’a donné régulièrement toute son énergie et toutes ses valeurs humaines jusqu’à la finale. Un grand merci.

Nadège Dekenuydt
Nous sommes ravies de pouvoir les remercier.
J’ai eu la chance d’avoir plusieurs marques qui ont choisi de répondre positivement pour que je puisse présenter de belles choses : Académie Scientifique de Beauté, Les Douces Angevines, les deux sœurs créatrices d’Akwaterra, Rituel Manucure également pour la technique d’ongles. Et puis, j’ai eu la chance pour la partie innovation, d’être suivie par trois partenaires : Anti-Aging Medical System, Holiste et Luxomed, qui n’avaient qu’une seule envie, c’est que je fasse de belles choses. Donc, merci à eux.

Virginie Lamps
Je remercie Déborah de MySpa qui est une très belle réussite de MOF. Elle m’a accordé son aide. Elle m’a rassurée avec bienveillance. C’est très difficile d’acquérir des marques pour travailler ensemble. Morgane Hilgers aussi m’a donné beaucoup de son temps et m’a aidée pour le body-painting. Quand on se forme, il faut savoir s’entourer de belles personnes.

Julie Dubois
Être MOF, c’est aussi avoir une garantie de ses partenaires financiers et de ses partenaires marques. Ils savent qu’il y aura la qualité, le sérieux, la régularité, et l’excellence. Être MOF c’est vraiment représenter un métier et l’artisanat au quotidien Il y a une certaine pression mais après, on le vit bien.
Ça donne aussi envie à mes collaboratrices d’aller plus loin avec moi, c’est un travail d’équipe. Donc, j’ai une certaine fierté.

L’Après-MOF

Sophie Meyer
C’est une aventure qui est tellement intense que j’ai constaté qu’en post-concours immédiat, il y avait une période de flottement qu’on pourrait comparer au baby blues, c’est le «MOF Blues».

Julie Dubois
J’ai participé à beaucoup de concours pendant 15 ans. 
J’ai rencontré ma première MOF, Carole Peyrefitte, qui m’a donné l’envie de me dépasser encore plus. J’ai consacré au Concours MOF trois ans de ma vie, trois ans très intenses. J’ai côtoyé des gens merveilleux, j’ai fait de belles rencontres, telles que Sophie Meyer qui a été l’une de mes coaches.

Je me souviens de l’après MOF. Deux jours après avoir eu les résultats, j’ai reçu un mail de ma présidente de classe qui était Catherine Rolland. Elle me disait que j’avais vécu beaucoup de pression pendant trois ans, mais que le pire allait arriver. Je ne l’ai pas crue, c’était juste pas possible. Et pourtant, si, il y a eu la descente de pression, le moment où on se demande qui on est, ce qu’on va faire de notre titre MOF, et même pourquoi on a ce titre MOF. J’ai eu tout ce questionnement. 
Pendant un an et demi, j’ai cherché à savoir qui j’étais... 
Je ne voulais pas croire Catherine et, pourtant, comme elle avait raison !
J’ai créé mon entreprise, la Maison de Beauté Égérie avec de la coiffure, de l’esthétique et du conseil en image.

Allez au bout de vos rêves et représentez votre métier avec passion

Soyez fière de vous

Vraiment, je vous encourage à aller jusqu’au bout de vos rêves, représentez votre métier avec votre passion et avec votre cœur. 
Quand on fait les choses avec son cœur, tout va !
Je félicite mes nouvelles consœurs, je sais ce que vous avez vécu, ce n’est pas évident, il faut un certain temps avant de se remettre de tout ça. Au quotidien, nous nous efforçons de représenter l’excellence du métier et l’artisanat. 
Je remercie également Sophie Meyer d’avoir organisé cette table ronde et d’avoir voulu mettre en valeur les MOF.

Sophie Meyer
Vous êtes toutes dans l’extrême générosité, dans le partage, vous n’avez qu’une envie c’est de vous investir pour notre belle profession donc, merci. Si vous êtes enseignante, vous allez transmettre toutes ces valeurs au sein des écoles d’esthétique, si vous êtes présidente de région pour la CNAIB, vous allez transmettre toutes ces valeurs à vos adhérentes...

Je tiens particulièrement à remercier Catherine Rolland qui nous a fait le bonheur en 2015 d’organiser les épreuves finales du MOF au Congrès. C’était un moment magique. La répercussion a été phénoménale, à tel point qu’il y a eu beaucoup plus d’inillegalillegalscriptions lors du Concours MOF 2018.

Catherine Rolland
Je suis ravie de vous accueillir dans la grande famille des MOF. Nous avons des valeurs, nous les partageons, nous avons un métier fabuleux. Il faut continuer dans cette voie, et surtout ne rien lâcher, aller jusqu’au bout, jusqu’à l’excellence !

Conclusion

M. Chabanne
Tout d’abord, je voudrais remercier toutes les MOF et je voudrais aussi vous dire trois choses :
- le COET est fier. Nous sommes là pour valoriser la voie professionnelle et ça peut vous servir dans vos métiers donc tant mieux,
- je pense en deuxième lieu que nous favorisons la rencontre,
- et puis, enfin, c’est une aventure humaine.

À l’instant, vous êtes Lauréates, vous êtes reconnues par les professionnels qui ont apprécié votre talent. 

Maintenant, il va y avoir le passage en Sorbonne, où l’État Français va vous reconnaître. C’est important parce que la voie professionnelle est un processus qui malheureusement s’inscrit toujours par défaut, c’est une problématique en France. Albert Lebrun qui a été un président important pour la France, a su voir chez ces femmes et hommes de métier, cette reconnaissance nationale. Donc, vous allez passer d’une situation de talent professionnel au service de votre profession, au service de l’État, donc vous allez mettre votre réussite individuelle au service du collectif. Nous aurons besoin de vous parce que vous êtes l’effigie de demain pour les plus jeunes qui vont prendre «le risque de réussir» dans leur métier. Je crois qu’il faut qu’on le dise haut et fort, vous pouvez réussir dans vos métiers, bien gagner votre vie et bien vous épanouir ! 

Réussir votre vie, c’est aussi choisir un métier. C’est un point important pour nous : la promotion des métiers.

Sophie Meyer
J’espère que nous aurons été inspirantes et je souhaite que le prochain Concours MOF ait lieu ici même au Congrès !