Parcours d'esthéticienne : Jessica Debong.
Pourquoi l'esthétique ?
L'esthétique a toujours été une évidence pour moi.
J’ai passé mon Bac général avant de suivre ma passion avec le CAP à La Rochelle, le BP à Cognac.
Aujourd’hui, je poursuis un BTS à l’IFPM de Nanterre.
J’ai changé à chaque fois d’établissement en fonction des entreprises que je trouvais pour mon apprentissage.
L'inillegalillegalscription au concours des Worldskills
Je suis en effet convaincue qu’un métier artisanal s’apprend aussi en pratiquant au maximum.
En CAP, l’une de mes collègues a participé à la finale nationale des Olympiades des Métiers, première étape des WorldSkills. J’ai pu suivre toutes les épreuves, ses entraînements, tout ça m’a donné envie et, l’année d’après, je me suis inscrite !
J’ai un fort esprit de compétition. Je pense, que dans la vie, on n’a rien sans rien !
En m’inscrivant, j’avais envie de m’évaluer, je n’avais qu’un an d’esthétique derrière moi mais je voulais savoir jusqu’où je pouvais me pousser personnellement. Le seul pré-requis pour s’inscrire est d’avoir moins de 21 ans.
La pré-sélection
En une après-midi, j’ai fait un soin des ongles, un maquillage et un soin du dos. Nous étions sept.
La sélection régionale
Sur trois jours, nous avons eu des épreuves autour des ongles, la beauté des pieds, le maquillage, le soin visage, l’épilation, le soin corps. J’ai également réalisé un massage pré-natal.
Nous avions le sujet le jour J, à nous après de l’interpréter avec parfois certaines contraintes. Par exemple pour les ongles : strass et paillettes imposés, dessin à main levée, pas de pochoir. J’ai fini première de ces épreuves.
La finale régionale des WordSkills France
Nous étions seize à représenter différentes régions de France en esthétique. Pour les épreuves, nous avions des extensions de cils, de l’épilation, un soin visage, un soin corps, une beauté des mains, du maquillage, du rallongement d’ongles, on a eu tout sur trois jours et demi non-stop.
Par exemple, en maquillage artistique, le thème était «L’oiseau de feu», pas simple...
De ma région, Nouvelle Aquitaine, nous étions une cinquantaine pour représenter différents métiers (fleuriste, coiffure, tous les métiers de services, industrie technologie, imprimerie, BTP avec carreleur, maçon, ébéniste...).
C’est la région qui a pris en charge notre déplacement et notre logement sur place.
Je me suis beaucoup entraînée. Mes semaines étaient vraiment chargées entre les études, le travail en institut et les entraînements. J’ai eu la chance que l’une de mes professeurs me coache, c’est elle qui m’a conseilée, aidée et entraînée en vue de la finale nationale.
L’objectif de cette finale est de nommer la meilleure esthéticienne de France pour qu’elle défende son titre au niveau mondial lors des Worldskills internationales.
Je suis arrivée deuxième au niveau national. Tout n’était pas joué car les experts des métiers organisent une semaine de sélection au cours de laquelle nous sommes à nouveau mises en compétition.
C’est durant cette semaine de sélection que mon sort s’est joué. J’ai été désignée pour partir au concours mondial à Kazan..
Même si, depuis toute petite, je fais de la compétition en danse, j’ai un bon état d’esprit : «Que la meilleure gagne et bonne chance», telle est ma philosophie !
Avec Camille, l’autre esthéticienne, nous avons donné toutes les deux le maximum, nous nous soutenions lorsqu’il y avait une baisse de moral.
Aujourd’hui, c’est une amie, je suis très contente car c’est elle qui va représenter la France au concours européen, moi j’ai été sélectionnée pour les épreuves mondiales.
Les formations
Mon point faible, c’était le maquillage. J’ai donc suivi des formations spécifiques. Par chance, une fois en équipe de France, j’ai bénéficié de formations chez Make Up For Ever.
Je me considère à la base comme une masseuse, je viens du soin, j’aime toucher les gens, comprendre le soin, le maquillage me parle moins, j’ai plus de difficultés à être créative.
J’ai également suivi des formations en soin corps et visage avec le kobido. Cette formation kobido a été l’une de mes meilleures expériences car j’ai découvert une technique magique pour les soins visage qui m’a apporté un vrai plus pendant la compétition.
Pour les soins du corps, je me suis inspirée de tous les professionnels que j’ai rencontrés pour proposer un modelage totalement inédit qui me fasse plaisir et qui réponde aussi aux attentes de ma cliente.
Aujourd’hui, ce modelage, je l’ai pour la vie, c’est le mien, je l’aime profondément. C’est le plus beau souvenir de cette compétition.
D’ailleurs, je tiens à remercier toutes ces marques partenaires qui m’ont permis d’évoluer, Ingrid Millet, Make Up for Ever, Peggy Sage...
Je suis sélectionnée pour les Worldskills !
Février 2019, je reçois l’annonce comme quoi je vais partir à l’international ! Immédiatement, un flot de questions m’arrive :
- Comment ça va se passer ?
- Qu’est-ce que je vais devoir faire ?
- Comment je vais m’entraîner ?
- Avec qui je vais m’entraîner ?
- Est-ce que je vais pouvoir poursuivre mes études ?
Je me suis libérée de toutes obligations de travail et je ne me suis consacrée qu’au concours.
Les centres d’excellence : l’IFPM à Nanterre et l’École de Touraine à Tours m’ont accueillie durant six mois et m’ont fait bénéficier des formations de leurs marques partenaires, de leurs professeurs et de toute l’infrastructure dont j’avais besoin.
J’ai pu m’entraîner dans des conditions optimales jusqu’au concours en Russie.
J’ai aussi appris que j’allais devoir partir en Irlande, en Hongrie et en Australie !
En Australie, nous avons été invités par la délégation australienne pour faire un mini concours d’entraînement avec les compétitrices australiennes.
En Hongrie, j’ai suivi une formation au siège de Pandhy’s, dont j’étais partenaire pour l’épilation au sucre.
En Irlande, j’ai suivi un entraînement avec plusieurs délégations.
En Angleterre, j’ai été invitée pour suivre des entraînements.
L’organisation
Pour les épreuves nationales, j’ai posé des jours de vacances. Dès que j’avais du temps libre, je m’entraînais.
Finalement, je n’ai eu qu’une semaine de vacances, il y a deux ans, sinon je travaillais ou je m’entraînais.
Au début du concours, je voyais chaque épreuve comme une nouvelle étape à franchir.
À chaque fois, je me suis donnée à 400 %, j’ai foncé sans jamais me dire « Mais c’est énorme, je ne vais jamais y arriver !».
Step by step en travaillant, je me suis donné les moyens d’y arriver.
Entre les Olympiades des Métiers au niveau national et le Concours Mondial des WorldSkills, il s’est passé six mois, je m’entraînais tous les jours avec un planning bien précis et des modèles prévus.
Tout était hyper carré, j’arrivais le matin à 8h30 et repartais à 19h, je travaillais non-stop.
Pendant six mois, j’ai arrêté de travailler en entreprise pour me consacrer exclusivement au Concours.
Les Worldskills en Russie
Six mois après l’annonce et des entraînements intensifs, je suis partie à Kazan, en Russie. Les compétitions ont duré quatre jours et demi. Il y avait vingt-six pays représentant l’esthétique.
Les épreuves
Nous avions les mêmes épreuves que lors des Olympiades des Métiers : extensions de cils, soin visage, soin du corps, épilation, ongles, face painting.
Nous devions adapter nos produits en fonction du diagnostic de peau du modèle rédigé en anglais.
- Nous avons découvert le sujet du soin corps sur place, c’était un amincissant. Mais je m’étais entraînée sur tous les protocoles que j’étais susceptible d’avoir.
- Pour l’épilation, l’épreuve portait sur une épilation demi-jambes au sucre.
- Pour les ongles, nous devions piocher au hasard une couleur de robe et en fonction adapter notre couleur de vernis. À part ça, nous étions totalement libres de notre création. Nous avions une heure.
- Idem pour le maquillage, je devais juste adapter mon maquillage à la couleur de la robe.
- L’épreuve des extensions de cils s’est déroulée sur une fausse tête avec un cil à cil.
- Pour les pieds, l’épreuve consistait en une pose de vernis semi-permanent rouge.
Je devais être bonne partout ! Nous étions positionnées les unes à côté des autres, cela aurait pu ajouter de la pression, moi, j’étais dans ma bulle, totalement absorbée par mon travail et par tout ce que je devais faire.
Il n’y avait pas beaucoup d’ambiance entre les filles, on se disait bonjour, au revoir et c’était tout, mais il n’y avait pas de mauvaise ambiance avec des messes basses par exemple.
Les résultats
Sur les vingt-six candidates en esthétique, j’ai fini huitième au niveau mondial avec une médaille d’excellence.
Évidemment, quand on a l’esprit de compétition et qu’on donne le meilleur de soi, on espère pouvoir être sur le podium, mais j’ai bien conscience qu’on était à l’international avec un niveau extrêmement difficile.
Selon Anne Robert-Bonnay qui m’accompagnait, j’ai été la meilleure sur les massages et les soins visage. J’ai perdu des points sur le rangement de mon poste, la serviette un peu de côté, j’ai perdu des points bêtement.
Mon esprit de compétiteur est toujours là, alors je réfléchis aux MOF, ce serait un challenge supplémentaire et puis, de toute façon, une fois qu’on a le virus de la compétition, on ne s’arrête plus !
Les bénéfices des Worldskills
Ce concours m’a tellement apporté ?
Personnellement, ça m’a fait grandir, j’ai appris à mettre mes tracas de côté, à avoir conscience que le positif attire le positif, qu’il fallait toujours relativiser, aussi bien dans ma vie pro que dans ma vie perso. J’ai appris que si je m’en donnais les moyens, les choses se passaient bien.
J’ai vraiment grandi, j’ai appris à prendre du recul, à me vraiment grandi, j’ai appris à prendre du recul, à me remettre en question.
Finalement, j’ai énormément gagné en maturité.
Professionnellement, j’ai gagné quatre ans d’expérience professionnelle, j’ai fait des rencontres formidables avec des professionnels, et je suis toujours en relation avec beaucoup d’entre eux.
J’ai rencontré énormément de gens : l’équipe, les jeunes, les encadrants, les experts comme Anne et Myria resteront dans mon cœur pour toujours...
Les experts
Tout au long des épreuves, nous sommes coachés par des experts.
J’ai eu la chance d’avoir à mes côtés Myria Legatelois de l’École d’Esthétique de Tours et Anne Robert Bonnay, responsable Esthétique de l’IFPM de Nanterre. Elles ont travaillé en binôme.
Anne était plus sur le soin et Myria plus sur le maquillage et les ongles, elles se sont complétées, j’allais dans l’établissement de l’une ou l’autre pour m’entraîner.
Mon message aux esthéticiennes
Il faut le vivre le massage avec ses tripes et vivre chaque soin comme si c’était le dernier. Soyez passionnée par votre métier. Il faut avoir envie d’aller travailler tous les jours, pour moi ça n’a pas de prix.
Travailler sans avoir l’impression de travailler, n’est-ce pas magique ?
Vous avez tout à gagner à participer à une telle compétition, même si vous n’allez pas jusqu’aux finales à l’international, juste participer, voir comment ça se passe, échanger avec toutes ces personnes passionnées, c’est déjà tellement magique.
J’invite toutes les esthéticiennes à s’inscrire à ce concours car c’est absolument fabuleux et elles ont tout à y gagner, il n’y a rien à perdre, vraiment !
L’avenir
En ce moment, en parallèle de mon BTS à l’IFPM, je travaille chez Urban, anciennement Urban Massage.
Ma mission consiste à recevoir les praticiennes pour les tester sur ce qu’elles savent faire et les valider ou pas pour qu’elles puissent pra- tiquer après sur la plateforme.
Je gère donc également cette communauté, je gère aussi nos relations avec les marques et les partenariats en cours.
Plus tard, j’aimerais partager ma passion de l’esthétique via la formation ou l’enseignement pour convaincre les élèves qu’elles ont choisi le plus beau des métiers du monde !